L'escroc

[Lord Longford]

De nouveau bonjour à tous ! Peut-être devrais-je aussi faire quelques commentaires sur les textes postés, mais je m'estime encore trop mal formé à l'esprit critique pour m'y risquer, du coup pour l'instant je préfère juste recevoir quelques avis...Voici le début d'un court roman que je vais écrire - l'Escroc.

1.



« De ma personne je ne dirai pas grand-chose, je n’ai rien à dire, sinon que je m’appelle Elias Liar. Votre argent m’intéresse, je suis un escroc sur le papier. Je raconte des histoires étranges juste le temps d’arnaquer le plus de monde possible. Avec le temps je me suis fait beaucoup d’ennemis, bien sûr, et parfois, parfois il semble que l’ironie me condamne à payer le fruit de ma malveillance. »

Le petit bout de papier trainait encore sur la table de chevet, tout à côté de mon lit, lequel baignait dans un beau rayon de soleil. On avait peine à croire qu’on était en hiver tant le soleil était rieur et chaleureux. Sa lumière pénétrait dans les pièces et leur donnait un air plus accueillant, et ce matin je me disais que toute cette lumière devait avoir une signification, pour nous autres hommes. Et pour les magiciens surtout.

Hier j’avais commencé une lettre, que je destinais à ma femme. Une lettre douce, chaleureuse comme le soleil, un petit parchemin dans lequel j’aurais voulu mettre toute la lumière joyeuse du ciel. Les magiciens disent que dans chaque âme du monde brille une lumière, et qu’il suffit d’apprendre à voir pour la capter. Elle brille, cette flamme intérieure, elle brûle de vie, elle pétille de force et d’enthousiasme. Il faudrait qu’on sache la voir. Elle donnerait aux hommes une puissance éternelle. Une véritable et inépuisable magie.

Comme tout magicien c’est cette lumière que je capte dans les gens que je rencontre. Du moins je m’y attache. Il y a une tête, des yeux qui me regardent et une vive lumière qui les traversent et m’irradie. Je m’en enveloppe et tisse des illusions avec, ou des tours de magie si vous voulez. Je prends aux gens un peu de cette lueur, de couleur à chaque fois différente selon les personnalités, j’y rajoute mes désirs, les illusions que je veux faire passer pour réalité auprès d’eux, puis je la leur renvoie doucement. Et abracadabra. Eux ne voient pas, c’est normal, c’est fait pour cela. Mais nous, magiciens, vrais magiciens devrais-je dire, non seulement nous nous exerçons à percevoir avec subtilité toute cette lumière, mais en plus nous la manipulons à notre guise. Ainsi font les magiciens.

J’avais voulu mettre de ma luminosité dans ma lettre, mais je n’y arrivai pas. Les mots sont des symboles difficiles à manipuler. Ils ne voulaient pas de ma magie. Je crois toujours qu’ils ont la leur.
Pour faire un test, avant d’écrire à ma femme, j’avais délibérément tenté de parler de moi. Je n’aime guère écrire. Pas non plus parler de moi. J’avais amorcé une simple présentation pudique et penaude, et je m’étais aperçu que là non plus la magie n’opère pas. J’étais désespéré, je n’arrivais pas à me décrire ! Alors comment parler à ma jolie femme ? Comment sembler juste, comment sembler bon et délicat quand les mots restaient capricieux et imbus de leurs propres enchantements, ces artifices littéraires qui m’étaient horriblement inaccessibles ? Ah ! Quelle désillusion m’avait alors prise !
« De ma personne je ne dirai pas grand-chose, je n’ai rien à dire, sinon que je m’appelle Elias Liar… » Si je suis doué pour l’introspection, chers amis ! Si je suis aussi doué pour la magie des mots que ma magie à moi !

Alors j’avais abandonné mon début de lettre raturée, je l’avais posée sur ma table de chevet, cette terrible lettre, puis j’avais taché de l’oublier un peu le temps de me remettre de ma frustration.
Les mots me lâchèrent la grappe, certes, mais pas les pensées. Je ne pouvais pas oublier ces heures dernières. Je ne pouvais pas oublier que Mefestus Hyde, un ancien voisin, que j’avais escroqué, venait quelques temps auparavant de piétiner ma douce épouse et de la laisser pour morte sur le trottoir juste pour se venger de moi.  Il semble que l’ironie me condamne à payer le fruit de ma malveillance, disais-je. Parfois, parfois oui, il semblerait.

2.

Faire semblant, telle doit être la devise de tous les hommes, me disais-je, alors que cette lettre resplendissait ironiquement sous le soleil matinal. Prétendre à, se dire ceci ou cela, faire semblant d’être ce que l’on sait fort ne pas être…Ah ah, oh, oh, rire à des blagues qui ne nous amusent pas, en société, pour ne blesser personne et paraître agréable à tous et à chacun…Je sais bien faire tout cela, excellemment même puisque mon métier est encore de mentir, mentir, illusionner, éblouir pour escroquer… Car je suis un escroc, et un bougre de magicien reconnu dans toute la ville. J’utilise ma magie pour voler, et le vol pour ma magie. Je suis double, je suis complémentaire. Je suis même complet.

Mais à l’époque où ce que je raconte venait d’arriver, je n’avais pas conscience que j’étais complet. Je volais des gens et je me figurais que personne ne pouvait vraiment m’en vouloir. J’avais oublié l’adage selon lequel la nature a horreur du vide, que lorsqu’il y a un escroc, il y a forcément des victimes prêtes à se venger de lui. J’avais aussi oublié que certaines victimes pouvaient fort bien être bourreau elles-mêmes et avoir fabriqué bien d’autres victimes encore dans leur sillage. Et surtout, j’avais oublié à quel point il est facile pour un bourreau de se retrouver victime…Victimes qui se cachent sous des apparences de bourreaux, bourreaux qui se retrouvent affublés de l’habit de la victime mais qui n’en restent pas moins bourreaux…Oui, me disais-je dans ma chambre à coucher, le camouflage est chose pernicieuse pour celui qui est trompé ! Il ne peut pas savoir où est son ennemi et quand et où celui-ci va frapper. Alors il lui faut redoubler de prudence. Circonspect, agile comme un chat, prêt à dégainer n’importe où contre n’importe quoi…

Ce matin-là, en pensant à ce que Mefestus Hyde venait de faire à ma femme, je me disais que j’allais devoir endosser le costume du paranoïaque.

Car ce Hyde était alors un sacré bougre, comme moi. C’était mon double, mais à l’opposé. Dangereux rival, il revêtait l’habit de l’expert en camouflage. Il était un fin comédien, et sur la scène des plus grands théâtres il éblouissait de sa sombre lumière tous les spectateurs. Aucun costume ne lui avait résisté, ni celui des femmes, ni celui des enfants ou des vieillards, pas même celui des riches ou des pauvres. Il était expert en camouflage, en déguisements infinis jusqu’au bout des ongles, et surtout, il l’était pour camoufler une laideur naturelle telle qu’il n’avait eu à son enfance d’autre choix que de devenir acteur et changer de peau et d’apparence.

Mefestus Hyde était né hideux pour devenir comédien, et moi presque aveugle pour devenir magicien. La lumière était à moi, le déguisement l’apanage de Hyde. Et l’escroquerie était pour tous les deux. Car Hyde n’était pas seulement ma victime, évidemment. Il était aussi bourreau.

[Invité]

Décidément, je fais dans la démolition ce soir...

J'ai lu et je me suis ennuyée. C'est long, par endroits confus, brouillon, et très répétitif. Ce que tu introduis en deux chapitres tiendrait en quelques paragraphes avec un peu de ménage, voire un vrai coup de torchon. J'ai trouvé amusant aussi que ce magicien qui n'aime pas parler de lui s'étale à qui mieux mieux sur deux chapitres. Cela dit, il y a des éléments intéressants, notamment l'apparition de Hyde et le meurtre de la femme. Je suis toutefois tentée de te conseiller de reprendre l'intro et de la rendre parfaitement lisible avant de poursuivre plus loin - avis personnel.

Ah oui, j'ai bien aimé le choix du nom : Elias Liar.

[Yali]

Décidément, je fais dans la démolition ce soir...

J'ai lu et je me suis ennuyée. C'est long, par endroits confus, brouillon, et très répétitif. Ce que tu introduis en deux chapitres tiendrait en quelques paragraphes avec un peu de ménage, voire un vrai coup de torchon. J'ai trouvé amusant aussi que ce magicien qui n'aime pas parler de lui s'étale à qui mieux mieux sur deux chapitres. Cela dit, il y a des éléments intéressants, notamment l'apparition de Hyde et le meurtre de la femme. Je suis toutefois tentée de te conseiller de reprendre l'intro et de la rendre parfaitement lisible avant de poursuivre plus loin - avis personnel.

Ah oui, j'ai bien aimé le choix du nom : Elias Liar.

Pas mieux !

[elea]

Il y a de l’idée, il y a un ton aussi, une atmosphère. Mais le tout me parait souffrir d’étalement. Je m’explique : j’ai parfois eu l’impression que les idées, les informations étaient étalées sur des phrases alors qu’une ou deux aurait suffit à dire la même chose. Par exemple sur les paragraphes concernant la lumière.
D’autre part, j’ai eu du mal à suivre (ça vient peut-être de moi), j’ai dû relire certains passages plusieurs fois pour comprendre de quoi on parlait et j’ai trouvé la construction un peu confuse.
Et pourtant il y a quelque chose qui m’accroche, j’ai envie de suivre l’histoire et peut-être de lire un début remanié, plus ramassé, notamment entre le début avec la lettre et la fin du 1. avec l’apparition de Hyde et de la mort de la femme.

[hi wen]

un côté photographique, et quelque chose qui tient du vampirisme ou de la captation.
il y avait aussi cela dans les textes de rebecca.

[hi wen]

Décidément, je fais dans la démolition ce soir...

Cela dit, il y a des éléments intéressants, notamment l'apparition de Hyde et le meurtre de la femme

Easter, je vous mets les menottes, car le meurtre de la femme n'est nullement mentionné dans le texte, et vous ne pouvez pas savoir ce que l'auteur n'a pas encore divulgué.
Au cachot !

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