Enclumes

[loic]

Enclumes

Ma femme écoute Hervé Vilar, j’épluche un dictionnaire.
En sorte de retraite, une table de cuisine
La porte ouverte du jardin
Et la fenêtre étroite dévorée par les fleurs.

Une quiétude écrouie sous le joug des années

De mes années de fer saturées de limaille, je revois la douceur.
Les rangées de placards, calendes érotiques
La graisse des essieux, les palanquées de rouille
Le rangement du Samedi, les canons de piquette.

De mes années de guerre saturées de mitraille, je revois la langueur
Chambrées de pauvres gars, histoires faméliques
L’Aurès sous le feu, les offrandes aux filles
Le retour au pays, le charbon des recettes

De nos années amères, saturées de marmailles, je revois la splendeur
Mes amours avortées, cette petite hercheuse
Des promesses fébriles, les bois de Pourcheresse

Des années d’infortunes, résonnantes enclumes.







En écoute je proposerai « le cœur des jeunes filles » d’Offenbach « la belle Hélène »

[Maryse]

J'ai adoré.

[mir0ir0bscur]

Des mots, sur l'enclume forgés.
Tournés avec adresse, dessinant des images en relief.
J'ai passé la porte et je me suis laissée emportée.

[loic]

en fait je ne crois pas que le titre ai été bien choisi

j'ai essayé Hervé Vilar, mais ça faisait iconoclaste...

[Chako Noir]

Non, "Enclumes" n'est pas bien choisi pour titre, je trouve. Très bien comme mot de la fin, mais en titre pas vraiment, le texte semble un envol et ne peut être attaché à une ancre d'un tel poids.

[Rebecca]

La vie comme une cotte de mailles tricotée trop serrée

[Invité]

Je n'y peux rien, j'achoppe sur Vilar (Hervé). Cela conditionne ma lecture. Et puis ce "érotique" me semble presque trop sophistiqué dans cet univers humble, de petits riens...

[Annie]

Je lis toujours avec intérêt les textes de Loïc (eh, oui, il y a du favoritisme sur VE!) mais celui m'a déçu: bien trop mécanique.
Les trois strophes reconstruites sur le même schéma, avec l'accumulation, l'inventaire des états ou des faits que ne relie aucune construction.

La répétition - autrement dit l'usage du refrain - et l'énumération - à titre un peu plus restreint - sont des pratiques usuelles de l'écriture poétique, mais dans ce cas, j'en ai une indigestion.

Dommage, j'attends le prochain.

[mitsouko]

enlevons "érotique"
et je prend tout le reste


que c'est bon de lire cela

[Invité]

Le contraste entre les souvenirs au qualificatif plutôt léger et la description de ces souvenirs, le rythme presque lancinant, donne une vision d'ensemble d'une douce mais routinière retraite qui n'échappe pas aux cadences imposées par une vie de labeur "industriel"-je dirais.
J'ai regretté que "Le rangement du samedi" casse le rythme des "presque" alexandrins.
Et toujours un vocabulaire globalement si bien choisi.

[Annie]

les "calendes érotiques": je l'ai compris comme décrivant les calendriers illustrés de femmes à poil, c'est juste un élément concret de l'énumération.
Donc pas très érotique, mais que mettre à la place?

[Soliflore]

Plaisir de lire
Un décor fait de nostalgie.

Plénitude et manques se côtoient.

Bien le bonjour, Loïc

[Invité]

je relis et me souviens bien...
je relis et corrige, nuance mon premier commentaire : H. Villard me fait toujours grincer mais il s'inscrit parfaitement dans cet univers, comme tout le reste.
c'est simple, dépouillé, âpre, réalité d'une vie qui ne l'était pas moins.

[Jean Lê]

Peut-être en titre : la petite hercheuse. J'ai chercher le sens sur le net et ça m'a renvoyé aux métiers de la mine alors que le passage des années de fer m'évoquait l'univers d'un atelier de cheminots. Bien sûr le rail et les wagons existaient aux mines avant l'invention du train. Les bois de Pourcheresse m'ont permis de localiser l'histoire. Un bel écrit.

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