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Tout début de roman (besoin de quelques avis)

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Intemporelle
hugofan
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Tout début de roman (besoin de quelques avis) Empty Tout début de roman (besoin de quelques avis)

Message  hugofan Dim 16 Jan 2011 - 23:56

Voilà, j'ai déjà posté le tout début de cette nouvelle sur ce site, mais l'idée m'en est venue de faire un véritable roman, et je ne peux me lancer dans une semblable entreprise sans avoir au moins deux ou trois avis sérieux, soit pour m'encourager, ou au contraire pour me corriger, selon le besoin. Merci d'avance à tous ceux qui auront la patience de me lire ^^


C'est aujourd'hui mon anniversaire. Ce matin, alors que j'écoutais les oiseaux chanter dans le jardin, Mireille est montée dans ma chambre et m'a chaleureusement congratulé pour avoir réussi à survivre douze ans en sa compagnie. Que cette vieille femme me fait peur ! Qu'elle est repoussante et laide ! Toujours morose, toujours courbée, et bien que son âge ne lui permette plus d'exercer une activité physique intense, pas même le fait de se déplacer sans sa canne, elle ne laisse pas de me briser les reins lorsqu'elle se sent d'humeur acariâtre ! Ses coups me font parfois si mal que je m'évanouis. Alors, pour me ranimer, elle utilise une méthode très simple, qui consiste à m'injecter entre les dents une liqueur extrêmement forte, ayant la particularité de me redonner des couleurs et de me faire tituber en regagnant ma chambre. Mireille elle-même ne saurait se défaire de cette mystérieuse boisson et souvent, surtout le soir, elle en ingurgite une telle quantité que le salon tout entier retentit sous ses chansons grivoises, jusqu'à ce qu'elle s'endorme sur son fauteuil en ronflant, non sans m'avoir au préalable administré d'énormes soufflets. Il m'incombe alors systématiquement d'éteindre moi-même le feu dans la cheminée et de monter me coucher la mort dans l'âme, tout en me dirigeant à tâtons dans le sombre couloir du premier étage, que les souris dévalent parfois à toute allure en croisant mon chemin. Ce matin cependant, l'évènement important que constituait pour moi le douzième de mes anniversaires me faisait trouver ma condition moins pénible, moins misérable. En réalité, j'espérais toujours secrètement le retour de mes parents, dont la probabilité me semblait plus éclatante au cours de ce jour-là, en cette date symbolique. Hélas ! le soleil se coucha sans nulle trace de mes géniteurs. Profondément abattu, je regagnai le salon les joues en feu, ravagées par les larmes. Mireille s'en aperçut aussitôt et me lança un regard gourmand, comme si elle se réjouissait au plus haut point de ma cuisante déception. Je remarquai alors sur ses genoux la présence de Félix, son abominable chat noir qu'elle ne quittait jamais. Cet animal avait des yeux absolument étranges, au regard fixe et lumineux, semblant exercer une surveillance jalouse sur le moindre de mes mouvements. Sa compagnie m'était aussi insupportable que celle de Mireille et je m'apprêtais à traverser le salon pour gagner la cuisine en silence, lorsque celle-ci m'apostropha : " Hé ! petit démon ! (elle me désignait sans cesse au moyen de cet adjectif diffament) t'as l'air triste, pas vrai " ? Et elle éclata derechef d'un rire bilieux, jusqu'au moment où elle faillit s'étrangler sous une quinte de toux, qu'elle soulagea par une copieuse lampée de sa boisson préférée. Mon chagrin ne fit que s'accroître face à cette démonstration de mépris, hélas ! et j'éclatai en sanglots.

" Bah ! reprit-elle, ça sert à rien de pleurer ; de toute façon tu es si laid, si repoussant, que personne au monde ne voudrait de toi ; pas même tes propres parents ! Y a même fort à parier que s'ils te revoyaient aujourd'hui, avec ta tronche de têtard, ils te cracheraient dessus !. " Suite à cette encourageante déclaration, elle s'appliqua à caresser son animal, mais de manière si brusque et précipitée, si à rebours d'un geste ressemblant de près ou de loin à une démonstration de tendresse, que celui-ci ne tarda à se dresser sur genoux en montrant les griffes, avant de déguerpir pour se réfugier dans un coin sombre de la pièce. Je profitai aussitôt de cet incident pour me réfugier dans la cuisine, où je me laissai tomber sur un tabouret, plus mort que vif. Je ne pouvais m'empêcher de m'appesantir douloureusement sur l'allusion qu'avait faite Mireille à ma laideur, tout en songeant, avec un pincement au cœur, que ce n'était peut-être pas tout à fait un mensonge, compte tenu des brefs regards qu'elle me lançait quelquefois, à la dérobée, et où je croyais lire un mélange de fascination et d'effroi, qui ne me laissait guère présager d'éléments favorables quant à mon apparence physique. Cette sombre réflexion, où je m'enfonçai pendant presque une heure, acheva de me désespérer, et je décidai, pour me changer les idées, d'aller me promener un instant dans le jardin situé derrière la maison, auquel j'avais accès par la porte branlante de la cuisine.

C'était un tout petit morceau de pelouse, hermétiquement clos par un grillage aux barreaux immenses, gluants en hiver, et que je m'amusais en été à essayer de tenir le plus longtemps possible au creux de ma main, alors que le soleil les avait chauffés au point de les rendre absolument incandescents. Il y avait en outre, dans un coin, une grande niche à chien, sans la moindre présence d'un pareil animal, tandis que quelques poules boiteuses, entourées de petits poussin maladifs, semblant prêts à rendre l'âme à chaque pas, arpentaient l'herbe en tous sens et me procurait une agréable distraction. Seulement il faisait nuit à ce moment- là, et terriblement froid, si bien que je trouvai l'endroit désert, lugubre et abandonné. En levant mon regard vers le ciel, j'aperçus le disque argenté de la lune, escorté de quelques pâles étoiles, comme si le ciel de l'hiver, dans sa soif de vengeance et de destruction, avait broyé dans sa course infernale les milliers d'astres qui en été projettent sur la terre une lumière réconfortante et sacrée.........

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Message  hugofan Lun 17 Jan 2011 - 2:27

Après quelques minutes de promenade fort mélancoliques, je décidai, transis de froid, de regagner rapidement ma chambre, en traversant le salon de manière à ce que Mireille me remarquât le moins possible. Toutefois cette opération se révéla parfaitement inutile, car au moment où j'entrebaîllai timidement la porte, je la vis tout bonnement affalée par terre, la bouche ouverte, les paupières écrasées par un sommeil impérieux. Il semblait que, cette-fois, elle n'avait pas même eu le temps de regagner son fauteuil, mais s'était brusquement évanouie. Cette circonstance ne me causa pas le moindre étonnement, car je connaissais intimement les effets de sa précieuse liqueur, dont la bouteille était en ce moment vide, et avait roulée, en partant de sa main entre-ouverte, jusqu'à la cheminée. Je regagnai ma petite chambre de manière habituelle, c'est à dire en martelant brutalement le plancher pour faire fuir les souris.
Puis, lorsque je fus parvenu au bord de mon lit, je me déshabillai prestement et plongeai au milieu de mes draps. Cependant, au lieu de m'enfoncer dans le sommeil, je me laissai de nouveau happer par mes réflexions. Mireille avait en effet déclaré de nombreuses fois que j'étais horrible, affreusement laid, et que ma seule présence ferait fuir n'importe quel individu, (sauf elle, bien entendu ; mais je ne sais si on pouvait la compter parmi les êtres humains normalement constitués). La vieille femme s'était donné une peine infinie pour m'enfoncer cette idée dans la tête, à grand renfort de gifles, de bourrades et de pinçons. Mais pouvais-je me fier à ses propos ? Pouvais-je ajouter foi à n'importe quelle déclaration sortie de sa bouche, lorsque je savais qu'elle ne nourrissait pas la moindre intention qui ne fût strictement pernicieuse, sauvage et destructrice ? Allais-je me laisser guider par ses mensonges, instruire par ses fadaises et blesser par ses injures ? Ce dilemme me pesait. Pourtant, je savais bien que le seul moyen d'en avoir le coeur net, serait d'avoir le privilège, ne serait-ce qu'une seule fois dans ma vie, de pouvoir contempler mon propre reflet. Je n'avais en effet pas la moindre idée de mon apparence !
Mireille s'était ingénié à me la cacher farouchement. Cependant, je savais qu'il existait dans la maison un objet lumineux, de forme triangulaire, sur lequel le visage de Mireille se peignait systématiquement lorsqu'elle le pointait en sa direction. Seulement lorque je m'approchai, moi aussi, de cet objet magique, elle le renfoncait jalousement dans son manteau, comme si j'eusse voulu le lui dérober ! Je demeurai donc dans une ignorance angoissante, injuste et qui me plongeait dans un état voisin de la névrose.

Cependant le sommeil a bien vite raison d'un petit garçon malheureux et bientôt mes réflexions se brouillèrent, s'effacèrent et disparurent complètement, pour laisser place au repos. Il me souviens néanmoins d'avoir rêvé de ma mère, dont il ne me restait plus qu'un lointain souvenir. Son air jeune, son sourire bienveillant me remplirent le coeur de tendresse, mais ce ne fût, hélas, que pour me mieux me faire sentir mon état de disgrâce et d'abandon lorsque le chant matinal des oiseaux me rappela à la réalité. Je me levai en sursaut et couru me poster devant ma petite fenêtre, car je savais que le facteur, flanqué de son chapeau noir et armé d'un gros sac duquel il extrayait toujours le courier, allait traverser la cour pour venir retrouver Mireille. C'était le seul être humain qu'il me m'était donné de contempler hormis la veille dame. Il me reconnaissait systématiquement lui aussi, et soulevait son chapeau en signe de salutation. Je le vis ce matin là se poster devant notre porte et frapper deux petits coups très discrets. Ne recevant pas de réponse, il renouvela son appel, un si grand nombre de fois qu'il finit tout bonnement par marteler la porte de son poing velu. J'entendis de ma chambre Mireille gémir, puis se lever péniblement pour se diriger vers la porte d'une démarche pesante, empreinte de rhumatisme. En plongeant de nouveau mon regard par la fenêtre, je vis le facteur reculer et toucher son chapeau en esquissant un sourire, tandis que la tête de Mireille, exclusivement composée de cheveux blancs, non sans pour autant que la présence de crasse en quantité éblouissante n'y fît çà et là quelques tâche noires, apparut précipitement en face de lui.

-Bonjour, madame Bonnefoy, dit poliment le facteur, d'un air enjoué. C'était un homme encore jeune, au visage ouvert et aux manières engageantes, absolument propres à inspirer la confiance et la bonhomie.

- Ouais ! rétorqua pesamment Mireille, encore embrumée par sa beuverie de la vieille, vous avez du courier ou vous êtes venu que pour m'ennuyer ?

- Toujours aussi charmante ! prononca le facteur, et le sourire s'épanouit encore davantage sur son visage enthousiasmé. Voici, deux lettres : une des impôts et une autre de votre soeur.

Mireille s'en empara avec un flegme mortifiant, doublé d'une indifférence colossale.

- A ce propos, ajouta le facteur, j'espère que vous serez des notre à l'occasion de la grande foire qui se deroule dans notre petit village, le mois prochain. On y fait étalage de toutes sortes de curiosité, et je crois que vous en possédez une qui ne manquera d'enchanter la populace.
Et son regard se leva vers moi.

- Bien sûr que j'y viendrai, dit Mireille, mais je vous préviens, je me déplace que très rarement, et il est hors de question que vous me reteniez à un de vos dîners, ou vos receptions que vous organisez âprès la foire. J'arrive avec le p'tit. J'le montre aux bourgeoises pour qu'elle s'en mette plein les yeux. J'empoche le magot, et j'me tire !

Le facteur aquiesca, sourit encore une fois et, après m'avoir lancé un dernier regard, tourna les talons et s'éloigna en sifflotant. De quelle foire était-il donc question ? Et qu'allait-on faire de moi ?

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Message  Intemporelle Lun 17 Jan 2011 - 8:54

"alors que j'écoutais les oiseaux chanter", ce n'est pas de ta faute, mais cette expression me hérisse à force de l'entendre partout, si elle n'a pas d'importance dramatique en tant que telle, tu pourrais la remplacer par autre chose, une activité moins stéreotypée.
"pas même le fait de se déplacer sans sa canne", je trouve cette proposition inutilement lourde, et elle casse la fluidité du texte.

" Cet animal avait des yeux absolument étranges, au regard fixe et lumineux, semblant exercer une surveillance jalouse sur le moindre de mes mouvements."
> des yeux..., au regard... ? Ce serait plus logique de dire qu'il avait des yeux étranges, (et), (qui accentuaient), (...) un regard fixe...
> absolument me semble incongru ici

Je trouve ton style intéressant, agréable la plupart du temps, très peu de fautes d'orthographe, si ce n'est quelques accents ici et là, et "diffament", qui devrait être "diffamant", puisqu'il s'agit d'un adjectif et non de la forme conjuguée ici. L'histoire en elle-même m'a également intéressée, avec de nettes variations cependant. J'ai été un peu déçue au début, je pensais qu'il s'agissait du mari de Mireille, et que donc ils étaient mariés depuis douze ans, et que l'histoire tournait autour de celle d'un homme battu, sujet très peu abordé, mais finalement le thème choisi est tout aussi prenant, j'ai apprécié les tonalités ironiques et distanciées par endroits, un peu moins les passages pathétiques où l'on sent beaucoup trop que le narrateur cherche à émouvoir "je suis l'être le plus malheureux du monde" et même si c'est en partie vrai, le ton plus sarcastique qui pointait par endroits m'a plus fait éprouver la détresse du personnage que les passages (trop) pathétiques. Il y a quelques détails que je trouve incohérents, et qui ne le sont peut-être pas : le fait qu'il n'est jamais vu son visage, même si elle lui cache le miroir, il y a bien des fenêtres dans la maison, ou même un jour de pluie, puisqu'il peut (dans une certaine mesure) se rendre à l'extérieur, il a pu apercevoir son reflet dans une flaque d'eau, pas suffisant pour avoir une image nette de lui-même effectivement, mais quand même pour en avoir une minuscule idée. Le fait aussi qu'il porte un regard aussi critique sur ce que lui dit Mireille concernant son aspect physique, si vraiment il a été totalement coupé du monde, et n'a eu de contact qu'avec elle, qui lui a en quelque sorte fait un "lavage de cerveau" durant douze années, il est plus probable que le travail de sape est fait son chemin, à la rigueur il peut mettre en doute ses propos, mais de manière moins claire, moins décidée. Enfin, ce ne sont que des détails, j'ai apprécié ce début, j'ai néanmoins l'impression qu'on s'achemine vers une histoire à la Elephant Man, j'espère que ce sera quand même différent.

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Message  elea Lun 17 Jan 2011 - 20:59

L’écriture est soignée, quoique parfois un peu ampoulée pour mon goût, le texte se lit tout seul, plutôt agréablement.
Mais je m’interroge sur le vocabulaire et la manière de parler de ce gamin de 12 ans. En lisant, je n’entendais pas la voix de l’enfant. Et je concède que ce n’est sans doute pas obligatoire dans ce genre de récit mais du coup ce discours très élaboré, adulte, distancie du personnage et de l’histoire, et ça ne me touche pas, je ne ressens pas la détresse et la souffrance du petit garçon.
En revanche l’histoire me plait, m’intrigue et me donne envie de poursuivre pour voir où elle mène.
Une petite réserve sur le fond mais qui se discute sans doute : je me demande si l’histoire du miroir n’est pas en trop ou mal orientée. Je crois qu’un enfant se sent beau ou laid aussi par les regards extérieurs. Si celui-ci s’entend dire depuis toujours qu'il est repoussant, et ce, par la seule personne qu’il ait jamais côtoyée, je ne suis pas certaine qu’il puisse avoir un regard objectif en se voyant, qu’il ait le recul nécessaire pour juger de son apparence et se rassurer dans son reflet.
Qu’il en ait la curiosité ça oui, celle d’observer sa laideur, d’avoir une représentation de lui, de savoir à quoi il ressemble, de poser une image sur ce qu’il est, oui. Enfin c’est mon avis.
Et puis je n’ai pas compris comment il pouvait avoir des souvenirs de sa mère s’il vit depuis sa naissance avec Mireille, ce que le début laisse entendre. Mais peut-être que la suite l’explique.

Je précise que même si je semble avoir plein de réserves, j’ai apprécié cette lecture et ai bien envie de lire la suite.

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Message  hugofan Mar 18 Jan 2011 - 15:20

Cette allusion que venait de faire le facteur, à propos de la foire aux curiosités qui se tiendrait dans le village le proche au cours du mois prochain (bourgade où je n'avais jamais mis les pieds) me plongea dans une indicible consternation. J'avais bien remarqué, en effet, qu'au moment où le bonhomme avait allusion à un certain objet que possédait Mireille, et dont la vue réjouirait selon lui au plus haut point la foule en mal de sensation, son regard s'était lentement levé vers moi. Et, à moins que ce ne fût qu'une illusion, car il faut préciser que je venais à peine d'être arraché au sommeil à cet instant précis, et qu'en vertu de ce fait, mon jugement pouvait tout aussi bien s'en trouver fort altéré (comme il l'était régulièrement tous les matins, en vérité, jusqu'au moment où Mireille, grâce à un prodigieux coup de poing, dissipait complètement la brume mentale qui m'enveloppait) ; il est probable, dis-je que ce ne fût qu'une illusion, mais il m'avait semblé remarquer, dans le regard du facteur, le même sentiment d'effroi, mêlé à une profonde curiosité, que j'avais déjà noté à mes dépens dans les yeux de la vieille dame, comme je l'ai rapporté plus haut. Le fait est que j'en fus profondément troublé, et que je n'osai pas même toucher à mon petit déjeuner, que Mireille m'octroyait sous la forme d'un sandwich au beurre, agrémenté d'un bol de lait, (mais coupé cependant d'une quantité d'eau si remarquable qu'il eût été, je pense, plus honnête de ne pas mettre de lait du tout). Au reste, ma journée se déroula de manière habituelle, entre des allées et venues dans le petit jardin misérable, où le froid avait transformé la rosée en givre ; j'essuyai aussi quelques insultes de mon infernale gardienne, qu'elle rendait plus sensibles, quelquefois, en me tirant les oreilles. Cependant la nuit arriva bientôt, à mon grand soulagement, et lorsque l'heure fût venu de me mettre au lit, la torture dans laquelle me plongeait mon ignorance au sujet de mon apparence physique devint plus douloureuse, plus aiguë qu'elle ne l'avait jamais été. Je baignai mon oreiller de larmes, et m'endormis bientôt en sanglotant.

Néanmoins, un léger changement intervint quelques jours plus tard, qui dissipa un peu ma mélancolie. Ce furent l'arrivée des fêtes de Noël. Je ne l'ai pas précisé jusqu'ici, mais nous étions alors en plein mois de Décembre, et le vingt-quatre au soir, Mireille s'était procuré un minuscule sapin tout rabougri, qu'elle avait agrémenté de quelques décorations rudimentaires. Une guirlande écarlate avait en outre été accrochée tout autour de la cheminée, et la neige, comme si elle ne voulait pas manquer de manifester sa présence en cette période symbolique, envahit bientôt à grands flocons notre petit jardin. L'humeur de la vieille dame, contre toute attente, s'adoucissait quelque peu à l'occasion de ces fêtes, ce qui se manifestait par le fait qu'elle consentait à me parler, tout en me proposant de temps à autres, en signe d'une générosité sans bornes, d'avaler quelques gorgées de sa mystérieuse bouteille. Tandis que le feu crépitait dans la cheminée, que le vent mugissait au dehors, elle me faisait le récit détaillé de sa défunte jeunesse, en s' appesantissant sur sa beauté de jeune fille (dont il ne lui restait pas la moindre trace, à en juger par ses rides) ; elle évoquait également, les larmes aux yeux, le souvenir de Robert, feu son mari, emporté plus de trente ans en arrière par une syncope inattendue. Parvenue à ce stade du récit, elle se dirigeait toujours vers une sombre armoire située dans un coin du salon, pour en extirper un tout petit portrait en miniature de l'objet de ses plus tendres affections. Il apparaissait comme un homme absolument obèse, bouffi, avec de tous petits yeux gris très enfoncés et des joues de hamster, physionomie qui laissait entrevoir à mon imagination enfantine le fait que l'histoire de la syncope n'était peut-être qu'un affreux mensonge, et qu'en vérité il avait tout bonnement éclaté un matin au déjeuner, après s'être goinfré plus que de coutume. Au total, la soirée n'était pas si mauvaise, et se terminait par des anecdotes cocasses que Mireille me narrait en éclatant de rire elle-même ; mais si, par malheur, je me laissais aller moi-même à tels accès, elle me giflait derechef, ce qui derechef me donnait envie de pleurer. Ce soir-là, au terme d'une soirée bien arrosée, aussi bien pour Mireille que pour moi, elle m'informa qu'elle allait me conduire trois jours plus tard à la foire du village, et qu'à cette occasion, je pourrais juger moi-même de ma "laideur extrême". C'était un bon moyen de me mettre l'âme en paix ! Cependant la liqueur me donnait l'impression de n'être plus qu'un énorme visage endolori. J'allai vomir dans le jardin, et tombai trois dans le couloir du premier étage, sans que le moindre obstacle en fût la cause............

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Message  elea Mar 18 Jan 2011 - 18:58

J’ai eu un peu l’impression de lire un texte ébauché, bien moins travaillé que le début, vite relu, brouillon. Il manque des mots dans plusieurs phrases et j’ai trouvé certaines tournures lourdes. Pour l’histoire en elle-même je suis toujours mais pour la fluidité de sa lecture je crois que tu devrais reprendre un peu et corriger.


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Message  Invité Mar 18 Jan 2011 - 19:49

Ce n'est pas désagréable à lire, bien que le langage soit un peu affecté et pas du tout dans le ton d'un petit garçon, ou alors d'une autre époque ?
Cela me fait assez fort penser à un conte de fée : la sorcière, son chat et le malheureux petit prince prisonnier. J'aime bien les contes de fée.
Il y a une phrases qui n'est vraiment, vraiment pas passée :
tandis que la tête de Mireille, exclusivement composée de cheveux blancs, non sans pour autant que la présence de crasse en quantité éblouissante n'y fît çà et là quelques tâche noires
J'ai eu l'impression d'avoir avalé une enclume !

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Message  Invité Mar 18 Jan 2011 - 19:56

Comme Elea, je trouve cette suite moins travaillée.
Et j'adorerais avoir une syncope qui me transporterait 30 ans en arrière !!!
emporté plus de trente ans en arrière par une syncope inattendue

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Message  wald Mar 18 Jan 2011 - 20:18

Et, à moins que ce ne fût qu'une illusion, car il faut préciser que je venais à peine d'être arraché au sommeil à cet instant précis, et qu'en vertu de ce fait, mon jugement pouvait tout aussi bien s'en trouver fort altéré (comme il l'était régulièrement tous les matins, en vérité, jusqu'au moment où Mireille, grâce à un prodigieux coup de poing, dissipait complètement la brume mentale qui m'enveloppait) ; il est probable, dis-je que ce ne fût qu'une illusion, mais il m'avait semblé remarquer, dans le regard du facteur, le même sentiment d'effroi, mêlé à une profonde curiosité, que j'avais déjà noté à mes dépens dans les yeux de la vieille dame, comme je l'ai rapporté plus haut.

Il y a des digressions à l'intérieur de digressions, et tu t'y perds toi même. Par exemple, qu'est ce qu'il introduit le "et" placé au début de la phrase? En plus les virgules sont mal placées donc ça n'aide pas à s'y retrouver.
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Message  Modération Mar 18 Jan 2011 - 20:30

Hugofan, pour plus de cohérence les deux extraits de votre roman ont été fusionnés sur ce fil, merci de continuer à poster ici.

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Message  hugofan Sam 22 Jan 2011 - 13:52

L'intervalle entre cette mémorable soirée de Noël et le grand évènement qui devait à jamais marquer mon existence au fer rouge, fut remplie d'une attente fiévreuse, angoissée, que je tentai d'adoucir au maximum, c'est à dire en me livrant à toutes les démonstrations imaginables de désespoir : larmes, soupirs, petits cris étouffés ; j'allai même jusqu'à mortifier ma chair par de terribles morsures que je m'infligeais à moi-même, lorsque l'attente se faisait trop intolérable et que je ressentais le besoin impérieux d'extérioriser mon désespoir par un moyen quelconque. Enfin le grand jour arriva. La matinée s'était écoulée lentement, et un brouillard épais, très humide, s'était amoncelé devant ma fenêtre, tant et si bien que je ne parvenais plus du tout à distinguer notre petite cour, et encore moins les vastes champs de blé qui se déployaient au delà, comme un immense éventail doré. Il était une heure de l'après-midi, je crois, si je m'en rapportais aux indications de la petite horloge qui se trouvait sur ma commode, lorsque Mireille entra dans ma chambre en coup de vent. Je sursautai d'abord, puis tâchai de me ressaisir immédiatement après, ayant souvent remarqué que la violence de la veille femme, comme c'est le cas pour beaucoup individus aux penchants tyranniques (et ici mon expérience ultérieure me permet de l'affirmer solennellement), s'accroissait et devenait extraordinaire sitôt que je manifestais de la crainte, comme si elle se nourrissait littéralement de mon épouvante. " Viens par ici, espèce d'animal ! " me lança-t-elle de sa voix enrouée, en me saisissant par le bras. Je me laissai faire sans la moindre résistance. Elle me fit quitter la chambre et nous descendîmes lourdement l'escalier, avant de gagner la cour par la porte du salon. C'était la première fois, du moins aussi loin que je pouvais remonter dans mes souvenirs, que je franchissais le portail de l'entrée, pour m'enfoncer ensuite dans la confusion de la brume, une main dans celle de Mireille et l'esprit singulièrement agité. Cette fois ça y est ! me dis-je, elle m'emmène à la foire ! Mon Dieu ! que vais-je devenir ?

Ces sombres pensées, ainsi que des centaines d'autres du même acabit, torturèrent mon esprit et me firent monter le feu aux joues. J'étais au paroxysme de ce phénomène lorsque Mireille attira mon attention en m'adressant brusquement la parole : " Si t'essaie de t'échapper, ou si tu te débrouille pour créer un scandale, crois-moi, je te brise la tête en mille morceau avec ma canne, et je t'enterre au milieu des champs de blé de notre maison, où les corbeaux viendront dévorer ta carcasse ! " Telles furent les tendres paroles qui firent office de préambule à mon arrivée brutale, au moment où un léger vent dissipait la brume, au milieu d'une vaste place publique, fourmillante de monde. Un foule compacte, agitée et bruyante, ondulait tel un fleuve sombre entre des centaines de kiosques, de marchandises étalées sur des tapis, à même le sol, se composant aussi bien de vieux vêtements que de nourriture, de ferraille et autres éléments métalliques dont je ne concevais absolument pas l'utilité. Derrière ces instruments se dessinaient les silhouettes butées des commerçants, dont certains tentaient d'aguicher les clients en ventant leur marchandise à haute voix, tandis que d'autres les surveillaient d'un regard fort jaloux et méfiant, comme s'ils eussent juger indécent de se livrer à de telles démonstration d'enthousiasme en public. Mireille resserra alors son étreinte sur mon bras, et me conduisit jusqu'aux pieds d'une fontaine bruyante, dont le son harmonieux se confondait avec les exclamations de la foule. Là, elle déploya avec dextérité un tissus gris et propre, tira de sa poche une espèce de timbale en porcelaine qu'elle posa dessus et, ayant achevé ses préparatifs avec un empressement frénétique, elle me saisit par les cheveux et me traîna jusqu'au centre de cet appareil. Alors, tandis que je regardais la foule qui évoluait en face de moi, j'eus la stupeur, l'horreur, la consternation d'entendre la voix de Mireille s'élever et dire : " Mesdames et messieurs ! Voici pour vous aujourd'hui, devant vos regards ébahis, l'enfant monstre, mi-homme, mi-animal, trouvé au cœur de la jungle amazonienne, et amené jusqu'à moi par des matelots anglais, tandis qu'il évoluait parmi les animaux comme au milieu de sa famille ! " Aussitôt des centaines de têtes moutonnèrent dans ma direction, et des cris de terreur montèrent de la foule.
" Oh ! ah ! " firent des voix, qui me parurent toutes sinistres et me donnèrent envie de pleurer. Il y eut même quelques rires, et des commentaires fusèrent dans la direction de ma détentrice : " qu'il est laid ! " s'exclama un vieil homme, à la figure sale et rechignée. " Un vrai monstre ! " ajouta une femme élégante, qui se couvrit le visage avec son châle en fine mousseline blanche.
Une jolie jeune fille, aux cheveux blonds et bouclés, mit le comble à mon désespoir en s'écriant : bah didon ! Bravo la vieille ! tu as chez toi un vrai petit démon ! Est-ce qu'il viendrait pas plutôt de l'enfer ? " Cette interrogation suscita des chuchotement d'abord, puis des rires ensuite et même quelques applaudissements.
Enfin, des dizaines de pièces affluèrent dans la timbale de Mireille et l'amusement fut grand pour tous, sauf évidement pour moi. Car que pouvait faire un petit garçon humilié, souillé sur la place publique, au milieu de gens inconnus, et accompagné d'une tutrice qui ne se souciait que d'alimenter son chagrin ? Je pleurai, je pleurai toutes les larmes de mes yeux. Mais à ce moment là, une petite charrette insignifiante appartenant à un marchand ambulant passa devant moi et s'arrêta. Sur cette charrette, il y avait le même objet que je convoitais tant à Mireille, cet espèce de rectangle lumineux et magique, qui jusqu'alors m'avait toujours été refusé. Cependant mon attention fut aussitôt attirée par un petit garçon que je remarquai alors pour la première fois et qui se tenait devant moi les bras ballants, les yeux rougis par les larmes et fort abattu. J'observai son visage, il était si horrible ! D'énormes balafres sillonnaient son front, et l'un de ses sourcils, extrêmement broussailleux, se déployait sur toute la surface d'une bosse énorme, qui faisait paraitre tout petit l'œil qu'elle surmontait. En outre, il semblait qu'un couteau eu fendu ses joues à partir de ses lèvres, donnant ainsi l'impression que le pauvre garçon souriait jusqu'aux oreilles. J'étais terrifié. Instantanément je fis un pas en arrière. Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis que le petit garçon fit de même ! Intrigué, je levai les bras ; il m'imita. J'ouvrai de grands yeux ; il me contrefit. C'est alors que je compris. C'était moi ! Cette horreur incarné, c'était moi ! Une minute plus tard, la charrette du commerçant s'ébranla et emporta avec elle mon propre reflet, car c'était bien cela que j'avais eu sous les yeux. La véritable nature de ma situation m'apparut alors comme dans un éclair : J'étais indiciblement laid, mais certains aspects de ma physionomie ne m'étaient pas apparu comme résultant d'un phénomène naturel, ce qui impliquait nécessairement que ce fût Mireille, et Mireille seule, l'architecte de mon physique repoussant. Elle m'avait déformé, à l'aube de mon enfance, pour faire de moi son gagne pain ! Mais quelle horreur ! Une haine mortelle prit forme dans mon coeur et je résolus fermement, les poings serrés, de me venger.

PS : je précise que je situe l'action au 19 ème siècle, et qu'il s'agit d'un récit rétrospectif, le narrateur se trouvant dans une certaine position au moment où il l'écrit, qui ne sera précisée qu'à la fin. ^^



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Message  hugofan Sam 22 Jan 2011 - 13:56

Je suis désolé que la suite que je poste face à chaque fois remonter mon sujet dans l'ordre des textes, je m'en excuse ^^

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Message  elea Sam 22 Jan 2011 - 16:45

hugofan a écrit:Je suis désolé que la suite que je poste face à chaque fois remonter mon sujet dans l'ordre des textes, je m'en excuse ^^

Ne t’inquiète pas, c’est normal pour les suites et ça ne prend pas plus de place que si tu ouvrais un nouveau fil à chaque fois !

Quelques remarques de forme : il y a des tournures lourdes, des fautes, des emplois de mots inappropriés ou maladroits (à mon avis, je suis loin de détenir la science infuse mais ça me heurte à la lecture).
Je me permets de te le dire car ça gâche un peu ton texte pour moi, je crois que tu devrais le reprendre pour mieux mettre en valeur ton histoire.

Concernant le fond : si elle l’enterre les corbeaux auront du mal à dévorer sa carcasse. Comment elle a pu le défigurer sans qu’il s’en aperçoive ?
J’ai bien aimé les morsures de l’attente, au sens littéral, et la description de la foire.
L’intrigue se tient. A suivre...

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Message  hugofan Sam 9 Avr 2011 - 12:29

Bonjour, tout d'abord, je tiens à m'inscrire de reprendre brusquement le fil de mon récit au bout d'une très longue interruption, mais je n'ai vraiment eu la tête à écrire ces derniers temps ^^

Sur le chemin du retour, j'étais trop sonné, trop interloqué pour avoir une conscience bien précise de ce qui se passait autour de moi. Cependant, confusément, à travers le voile tiède et salé de mes larmes, je vis Mireille remballer précautionneusement son vieux tissu, m'envelopper d'un regard narquois puis se lancer avec extase dans la contemplation des nombreuses pièces giclantes de lumière que le spectacle de mon horrible personne avait fait pleuvoir dans son panier. Enfin, après quelques minutes de rêverie, elle se ressaisit soudain, me prit fermement par le bras et m'emmena. Le soleil, à présent à son zénith, dardait ses rayons incandescents sur mon visage ; j'avais mal au front ; mes veines, sous la peau, battaient à l'unisson, douloureusement. J'étais floué. Ma tutrice, quant à elle, manifestement mise en train par le bon déroulement de la matinée, marchait d'un air alerte, presque enjoué ; elle éclatait parfois carrément de rire, tout haut, d'un ton sec, fripon, bilieux. Mais nous n'avions pas fait plus de cent pas quand soudain deux silhouettes sombres, surgissant de quelque part au milieu de la foule, nous barrèrent le passage, doucement, mais fermement. Deux hommes nous toisèrent du regard d'un air farouche, à mon grand étonnement. L'un d'eux était grand, maigre, au visage démesurément long ayant quelque chose de chevalin. Son compagnon, quant à lui, possédait pour son agrément personnel un corps énorme, obèse, agrémenté d'un visage bouffi aux yeux vitreux, comme ceux des poissons chats. Mireille, bien qu'elle fût forcée de s'arrêter, fronça les sourcils et lança, d'un air irrité :

- " Ah ça ! Vous allez me laisser passer, bande de charogne ! "

Mais le premier homme, loin de s'émouvoir, assombrit encore davantage son visage, avant de répliquer :

- " Tu sais très bien ce qu'on veut la vieille ! T'as oublié ce que tu nous dois ? "
- " Ouais ! surenchérit l'homme obèse, manifestement très excité, on attendra pas plus longtemps, sinon on viendra chez toi, et t'imagine pas qu'on sait pas où t'habite, surtout que j'ai un oncle... enfin une tante.... ou.... non....je ....euh.... " Mais le géant le fit taire en lui administrant un violent coup de coude au niveau des côtes. Inutile de se demander qui dirigeait l'autre dans ce singulier duo.

- " Mais laissez-moi passer, hein ! " hurla Mireille, et pour la première fois il me sembla qu'une notre d'inquiétude résonna dans sa voix. Certes, j'étais bien trop jeune, trop inexpérimenté pour me rendre compte de quoi il retournait exactement, mais je ressentis dès ce moment-là, avec la sensibilité de l'enfance, que ma tutrice connaissait intimement ces deux hommes, et qu'elle leur était redevable de quelque chose, qui savait de quoi ? Les deux hommes s'écartèrent mais le dernier regard dont il nous enveloppèrent suffit à nous faire comprendre qu'ils n'étaient pas près de nous lâcher. La main Mireille trembla même, je le sentis, dans la mienne.

En rentrant à la maison, elle barricada toutes les portes, se saisit d'une barre de fer qu'elle posa au beau milieu de la table du salon, et enfin se jeta sur sa chaise, près de la cheminée, haletante. Jamais je ne l'avais vue aussi inquiète. De grosses gouttes de sueur perlaient sur ses temps, et j'entendais distinctement sa respiration, lourde, saccadée. Le chat noir fit son apparition de la pièce et entreprit de monter sur les genoux de sa maîtresse, comme il le faisait d'habitude. Mais celle-ci le repoussa violemment, puis parcourut toute la pièce d'un regard frénétique, qui finit par s'arrêter sur moi. " Va t'en ! hurla-t-elle en m'apercevant, va t'en ! petit démon ! bâtard ! bohémien du malheur ! " Elle écumait. Je me précipitai dans ma chambre dont je fermai la serrure avec précaution. Puis je me couchai sur mon lit et attendit patiemment la tombée de la nuit. Celle-ci arriva bientôt, sombre, humide, très froide, recouvrant ma petite fenêtre d'un voile de velours si épais que je ne distinguais absolument rien au-delà. Du reste, le silence dans la maison était complet. Jusqu'à ce que des aboiements, frénétiques, jaillissent soudain dans notre cour. C'était le chien de Mireille, dont je n'ai pas signalé l'existence jusqu'à présent. Je l'entendis tirer sur ses chaîne, de toutes ses forces, mais celle-ci le retenait. Soudain, il se tut. Le silence était de nouveau total. Mais cependant, au rez-de chaussée, j'entendis bientôt Mireille faire quelques pas traînants, puis un bruit métallique ; elle se s'armait sans doute de la barre de fer. Mon cœur battait chamade ; je sentais que quelque chose de terrible se préparait. Soudain, avec un fracas épouvantable, la porte en bois de l'entrée céda à un violent coups de pied, et des pas rapides se firent entendre dans le salon. Mireille poussa un cri ; un coup lourd retentit ; et puis plus rien. J'étais terrorisé. Je ne savais que faire ni quoi penser. Enfin, rassemblant tout mon courage, je descendis l'escalier, lentement, prêt à défaillir à chaque pas. J'arrivai bientôt au salon et là, là, je vis un spectacle que je n'oublierai jamais : Mireille, ma tutrice, mon bourreau, celle qui avait détruit mon existence, allongée par terre, la bouche ouverte, dans une mare de sang.......elle ne me tourmenterait plus désormais, elle s'était tue ; pour toujours. Mais tandis que je contemplais ce terrible spectacle, les yeux écarquillés, des pas rapides se firent entendre dans la cuisine : apparemment les deux hommes n'étaient pas encore partis ! Mais par quelle imprudence étais-je donc descendu aussi tôt ! Vite ! je devais m'enfuir, avant qu'ils ne me voient............

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Message  elea Sam 9 Avr 2011 - 23:13

Concernant l’histoire, je suis de nouveau entrée dedans, le rebondissement est plaisant, l’intrigue se suit bien, avec une dose de mystère et de suspens. Sur le fond donc, un seul petit bémol : l’apparence des deux hommes, un peu déjà-vu pour moi. J’ai envie de lire la suite des aventures.

En revanche j’ai trouvé ton histoire desservie par l’écriture. Ça fait brouillon par endroits, non relu, il manque des mots. Au-delà de ça, les phrases sont parfois chargées, dans un style qui fait recherché, pas naturel et avec un emploi étrange de certains mots.
Je te relève quelques exemples :

- elle éclatait parfois carrément de rire, tout haut, d'un ton sec, fripon, bilieux ça me fait bizarre d’associer fripon à bilieux
- Deux hommes nous toisèrent du regard d'un air farouche je trouve que toiser s’accorde mal avec farouche
- possédait pour son agrément personnel un corps énorme, obèse, agrémenté d'un visage bouffi en dehors de la répétition, je trouve que "possédait pour son agrément personnel" c’est lourd
- et pour la première fois il me sembla qu'une notre d'inquiétude
- La main Mireille trembla même
- De grosses gouttes de sueur perlaient sur ses temps tempes
- Le chat noir fit son apparition de la pièce dans la pièce
- elle se s'armait sans doute de la barre de fer
- Mon cœur battait chamade il me semble que cela ne s’utilise qu’avec la
- porte en bois de l'entrée céda à un violent coups de pied c’est plutôt céder sous

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Message  hugofan Dim 17 Avr 2011 - 14:26

Absolument perclus de terreur, je sentais la nécessité impérieuse de courir, de gagner la porte restée entrouverte du salon, et de partir, loin, très loin ! Seulement la peur me tordait l'estomac et m'empêchait d'esquisser le moindre geste ! Ce phénomène atteignit son paroxysme lorsque sur le seuil de la cuisine apparut la silhouette obèse d'un homme vêtu d'un manteau sombre, qui s'arrêta net à ma vue. " Hé ! hé ! fit-il en direction des profondeurs de la cuisine, y a le gamin qu'est là ! " Son compagnon, absolument gigantesque, apparut bientôt lui aussi ; il semblait beaucoup moins surpris de me voir. Un sourire tordit même ses lèvres minces, exsangues. C'est alors que les reconnus ! Jusqu'ici j'avais été trop sonné, trop floué pour observer avec discernement ; j'avais devant moi les deux hommes de la foire, ceux qui avaient menacé Mireille de venir chez elle au cas où ils n'obtiendraient pas leur dû ! Mais que leur devait-elle ? Je n'en savais rien ! Ils échangèrent un regard, firent quelques pas en avant et m'encerclèrent, calmement, mais fermement. Je reculai, épouvanté. " Calme-toi mon petit, on te veut pas de mal, on va juste te ramener d'où tu viens ! " me lança le géant, d'un ton qui se voulait rassurant mais où perçait l'ironie. Son acolyte, d'ailleurs, éclata de rire. " Qui êtes-vous ? laissez-moi tranquille, laissez-moi ! criai-je ". Mais rien n'y fit. Ils se jetèrent sur moi avec une brutalité animale, me soulevèrent et, tandis que je me débattais, m'administrèrent un coup de poing sur la nuque qui m'assomma.


Lorsque je m'éveillai, j'étais glacé. Ma vision était encore comme brumeuse, à moins que ce ne fût un brouillard réel, qui striait le paysage de flocons d'un blanc laiteux. J'étais assis sur quelque chose qui avançait, mais d'une manière chaotique cependant. Peu à peu, je commençais à distinguer la forme noire d'un cheval, devant moi. Mais aussi, et cela avec douleur, la présence d'un homme à ma gauche, l'obèse, et un d'un autre à ma droite, le géant. J'étais donc encore avec eux ! Ils discutaient

: - "La vieille garce ! dit le gros, elle s'imaginait qu'elle allait pouvoir continuer sans nous payer ! hein ! qui sait qui s'tapons le sale boulot toujours hein ? C'est nous !

- "La ferme ! coupa l'autre, on a commis un assassinat je te signale ! Jusqu'ici on avait jamais été aussi loin ! "

- " Oh mon Dieu ! reprit l'obèse, comme s'il venait à peine de réaliser le tour macabre que prenait la situation. Mais deux minutes plus tard il se mit siffloter, à se ronger les ongles et même à rire, tout seul, sans savoir pourquoi. J'avais alors complètement recouvré mes esprits. La charrette sur laquelle nous étions et que l'obèse conduisait progressait péniblement sur un chemin rocailleux, de chaque côté duquel s'étalait de vertes prairie, où l'on voyait tantôt des vaches, tantôt des moutons. S'apercevant de mon éveil, le maigre me sourit. Je frissonnai de terreur.

-"Alors mon garçon, on a bien dormi ? "
L'autre encore une fois, à ma gauche, se prit à ricaner.

-"Où m'emmenez-vous dis-je, s'il vous plaît ?"

- "On t'emmène où que t'étais avant qu'on te vende à la vieille charogne, qui tenait même pas assez à toi pour t'acheter entièrement ha ha ! "

- " Et où est-ce ? demandai-je, tout à fait désemparé.

- " A Paris mon garçon, chez le père Landru, il va être sacrément content de te revoir ! "

Pendant le reste du trajet, qui dura fort longtemps, je pensais, sans savoir pourquoi, au cadavre de Mireille. C'est elle qui m'avait dit un jour que le corps humain, quand la vie l'abandonnait, commençait à pourrir. Elle m'avait même décrit le cadavre d'un prostituée qu'elle avait aperçu un jour, au détour d'un sentier : " Elle avait les jambes en l'air mon gars, encore lubrique bien que morte ! Et le soleil la cuisait ! Ça sentait si fort, que j'ai cru que j'allais m'évanouir ! Et les mouches, bruyantes comme de petits oiseaux, se collaient sur son ventre putride, et y avait des larves qui en sortait, et du pus, et même une chienne, cachée derrière un arbre, qui attendait le moment de venir s'en régaler ! ". Je me demandais si le corps de Mireille était dans le même état. Enfin, las de cette réflexion, je tombais dans un profond sommeil, d'où je ne m'éveillais qu'au moment d'atteindre ma destination..........


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Message  drayano Lun 18 Avr 2011 - 11:30

« l’animal avait des yeux absolument étranges, au regard fixe et lumineux, semblant exercer une surveillance jalouse sur le moindre de mes mouvements. »
Montre plus l’étrange, et dis le moins:
« Les yeux du chat de la dame ressemblaient à ceux d’un hibou, et me surveillaient partout où j’allais. »
Imite le langage parlé de ton petit frère ou de ton cousin de 12 ans, imagine juste que c’est lui qui te raconte cette histoire fantastique.
Vire les mots soutenus, (« derechef », « d'humeur acariâtre »), le cynisme et le mépris trop direct (« Que cette vieille femme me fait peur ! Qu'elle est repoussante et laide! »)
« la dame, n’est pas jolie et gentille, et chaque fois qu’elle s’approche de moi elle me fait peur.»
Remplace « la femme » par la dame, « l’homme » par le monsieur.
Il me semble que c’est le temps que t’utilise pour la narration qui accentue encore plus la distance entre ce qu’une créature de 12 ans dirait et celle de 20 ans:
Privilégie l’imparfait et le passé composé dans les temps de narrations, le passé simple me semble sonner trop intelligible pour cet âge.
« Après quelques minutes de promenade fort mélancoliques, je décidai, transis de froid, de regagner rapidement ma chambre, en traversant le salon de manière à ce que Mireille me remarquât le moins possible. »
-…J’ai décidé de retourner dans ma chambre, en passant cette fois par le salon.
Je voulais le traverser sans faire de bruit, pour ne pas risquer de réveiller Mireille, mais…
Mise plus sur la douceur naïve, la crainte, l’innocence, la curiosité, entre dans les triples de ton personnage jusqu’à ce que le lecteur croit que toi et lui vous ne faite plus qu’un!
Pour la vielle tu lui donne les sentiments contraires: pourquoi pas une belle sorcière méchante, et un monstre moche-mais humain, ou tu inverse, à toi de voir.
Et si tu donnais la parole au chat?!
Ses conseils ne tiennent que si ton petit monstre représente le dérivé fantastique d’un gamin de 12 ans. Sinon ils ne servent à rien!
J’ai aimé la lecture; ton récit a un fort potentiel, tu peux fortement l’améliorer; si tu ne veux pas imiter la voix d’un gamin de 12 piges, tu changes juste l’âge du monstre, mais tu devras le faire faible physiquement (handicap) pour que l’emprise malsaine de la sorcière soit crédible.
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