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Souvenirs d'hivers

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Message  Nathanaël Zenou Jeu 3 Fév 2011 - 16:55

SOUVENIRS D’HIVER

J’ai écrit des poèmes dans mes vingt ans: je recherchais la bonne formule, le mot dont on se souviendrait ; que l’on dise que ma bouche « savait les suprêmes baisers » comme j’avais pu le lire dans mes livres de poésie.

***
Je passais dans la rue comme un errant qu’on aurait jeté sur la route. Ma vie fuyait sans que j’en saisisse tout le sens.

***

Adolescent j’écrivais :
« Qui suis-je, pauvre fou, dans ma petite-maison
Entourée d’acrimonieuses parcimonies.»

***
J’avais un dégoût particulier et anarchique pour tous les représentants de la race humaine, et je voulais connaître dans mes livres une façon de brandir à la face des hommes le bras d’honneur le plus singulier. Un dégoût des hommes mêlé d’une Quête du Beau, du Pur, du Vrai. Peut-être que le lecteur se reconnaitra dans ces lignes, au moins pour ce qui concerne la Recherche du Beau, autrement c’est qu’il ne vit déjà plus. C’est ainsi que je fis ma rencontre avec la poésie. La poésie plus que les romans. Le roman est long, et fastidieux, et il faut un souffle à la Hugo pour en tenir le verbe, mais le poème, dans sa règle et son condensé, offrait à ma paresse et à mon désir d’immédiateté de l’œuvre finie une belle planche de salut.

***

Les grands poètes qui figurent dans nos Anthologies étaient pour moi des exemples, et des pères à tuer.

***
Mon esprit désirait une étreinte avec le Beau, mon corps appelait un attouchement de la Beauté, coûte que coûte. Je crus trouver mon compte dans les ivrogneries, dans le haschich et dans l’absinthe, - qui dans mes nuits d’ivresses me donnaient de vivre d’incroyables transports qu’il serait difficile de relater ici –

***
Je me souviens encore de ma première bouffée de haschich ! ô volupté ! je voyageais par le biais de ce parfum dans la poudre des plaines marocaines inondées de soleil, - plaines qui en réalité ressemblent au détail près à l’image que je me figurais en esprit puis-je dire, maintenant que je les ai foulées – A terre, au pied de mon lit, entre une vielle casserole où pourrissait un reste de raviolis, des livres écornés et des boules de papier chiffonnés, triomphait royalement une boite remplie d’herbe et un cendrier fumant, comme une antique idole d’argent que mes yeux contemplaient longtemps.

***
Je trouvais à ce Capharnaüm des aspects sacrés et romanesques : la fumée de mon joint s’élevant religieusement au plafond, et mon esprit soupirant après ses volutes comme un homme pieux dans un lieu de culte je pensais être enfin un artiste accompli. –Je n’avais aucune idée de ce qu’était la piété, ni la foi-, j’étais tout simplement contre, comme tout idolâtre je crois, et c’est naturellement que je distillais à l’égard du Christ le plus infect des venins, Christ que je méconnaissais.
***
Je voulus être poète. Monter à Paris. Livrer mon corps et mon cœur à Paris, dans tout ce que cela comporte. Aller plus loin que mes contemporains et mes prédécesseurs, - perdu dans ma campagne je rêvais des orgies parisiennes, de mille compagnes et des fumées d’opium-. J’étais prêt, puisqu’apparemment il le fallait, à offrir mon corps à toutes les folies physiques et métaphysiques, pour arriver enfin au Vrai, au Bon, au Beau !
***
On me dit que je devrais parler de mon Enfance dans un livre comme celui-ci. Si je n’en parle pas, c’est qu’elle semble si loin de moi et que je ne parviens pas à en délimiter le début ni la fin. L’adolescence et sa révolte me parle déjà mieux. Ai-je jamais été enfant ?
***
Mon Enfance : Je suis né en Février, mois sacrifié. Il fallait choisir un mois pour que le calendrier grégorien soit techniquement au point, aussi a-t-on choisi ce mois couleur de neiges, de boues et de pluies, mois aimé des poètes seuls qui trouvent à son apanage l’écho le moins traître à leur spleen. Trois jours avant ma naissance un incendie a ravagée la maison voisine. Les médecins pensent que ma mère, prise de frayeur, m’a en quelque sorte pris en otage de sa peur, en me droguant avec son adrénaline. A deux ans, âge où les enfants décrivent des ronds sur leurs feuilles, ma main faisait virevolter mon stylo en des triangles suspects. D’aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours reconnu comme un maudit. Un damné de la terre.
***
Voici les souvenirs de mon hiver.

***
J’écrivais : « Je me sens mal aux entournures ! ». J’aurais aimé être un roi fainéant, un de ces rois de France, inconnus et blafards, qui se déplaçaient avec une cour et tout un harem, menant grande vie et n’ayant jamais rien entrepris que pour soi.

***

J’aurais aimé être un homme de la terre. Je rêvais de m’enfuir loin dans un pays d’Afrique, d’avoir ma case, une femme noire, et de travailler une terre difficile. Sécher ma peau au soleil comme du cuir, boire dans des outres en rude peau de chèvre, user ma carcasse jusqu’à ce qu’on m’enterre, jusqu’à ce que mon être rentre dans la poussière. Cela alimentait mes rêveries. Je me comparais au mendiant, le bol à la main appelant la charité des passants. Et j’aurais pleuré de voir comme un homme peut être ignoré. Je me serai tenu au seuil des églises, entre les deux portes, dans le lieu du passage.
***
J’étais ambitieux. Peut-être que dans les hautes sphères on aurait remarqué mon génie ! Peut-être me gratifierait-on du titre de « Poète », quel rêve de gloire. J’y pensais sérieusement.
***
Je me suis promené comme un ivrogne dans les rues, plein comme un tonneau, la bouche béante pour mieux respirer, et proche de vomir. Je devais bien chercher quelque chose, déjà je voulais être vu, vu que j’ai marché le soir comme un amoureux, des étoiles pleins les yeux, parcourant la ville transie, une cigarette à la main et les poumons brûlés, mais mes yeux restaient collés à la quête d’une étoile, comme les yeux d’un enfant à la fenêtre de la maternelle. Je brûlais ma vie bêtement.
***
Je gardais la mémoire des lieux mais les lieux eux ne me reconnaissaient pas. J’attendais « celle qui ne viendra pas». De toute façon elle était dans es bras d’un autre. Je n’ai jamais été le plus chanceux en amour. (C’est de l’ironie.)
***
Je ressemblais au lion qui lèche de vielles plaies, et j’avais la fureur de
l’aigle quand on s’approche de son aire envers ceux qui me questionnaient pour me connaître intimement. Mes amis me trouvaient de nombreuses et singulières similitudes avec les ours. Il faut dire que j’habitais une caverne, alors que dans ma solitude, je fumais de l’herbe jusqu’à tard la nuit, jusqu’à « faire s’évanouir le soleil » aurais-je pu écrire.
***
Ecrire. J’ai observé le ciel attentivement…Et le sable m’a semblé bien plus bleu que lui des fois.
***
Je ne savais pas.

Nathanaël Zenou

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Message  Invité Jeu 3 Fév 2011 - 22:01

Cela a un ( lointain) air de parenté avec Les nourritures . Je pense que Nathanael n'est pas là par hasard.
Mais, et je le dis gentiment : il faudra encore du boulot.

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Message  Invité Sam 5 Fév 2011 - 13:04

Nathanaël Zenou a écrit: SOUVENIRS D’HIVER

…d’acrimonieuses parcimonies

(…)
Je ne savais pas.

"d'acres hypocrisie" disait Rimbaud à 16 ans !
N'ai pas peur de ne pas savoir, lâche-toi.

C'est pas mal de placer haut son exigence. Mais il ne faut pas rester coincé !
C'est la peur de ne pas parvenir à faire de la littérature qui t'empêche d'en faire me semble-t-il : lâche-toi !
On ne sait jamais.

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Message  Intemporelle Sam 5 Fév 2011 - 17:29

J'ai vraiment adoré, je me suis retrouvée dans l'idée générale du texte, et surtout ici :
Les grands poètes qui figurent dans nos Anthologies étaient pour moi des exemples, et des pères à tuer.

Il y a une faute de frappe tu as oublié le "l" de "les bras d'un autre", et je trouve que le "(C'est de l'ironie)" gâche un peu le texte, tu pourrais rendre explicite cette ironie autrement. Mais voilà, reste que j'ai énormément aimé.
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Message  Jano Dim 6 Fév 2011 - 12:18

Tout ceci me paraît fortement influencé par les vies de Baudelaire et Rimbaud dans un style pas encore affirmé. Les poètes maudits et leurs paradis artificiels ont toujours eu un impact sur la jeunesse. Beaucoup sont passés par là avant de trouver leur voie.
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Message  Sahkti Ven 11 Mar 2011 - 15:47

Quelques inspirations très inspirantes justement, un peu trop pour moi, c'est comme le Canada Dry et la longueur de l'ensemble rend le phénomène encore plus visible. S'inspirer oui, se libérer c'est encore mieux et tu disposes certainement du potentiel te permettant de le faire.
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