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Cernunnos

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elea
Hellian
Jano
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Message  Jano Lun 21 Fév 2011 - 10:48

Il s'empara de la gourde et la porta à ses lèvres. Une longue gorgée bienfaisante. D'un geste las, il s'essuya la moustache du revers de la main. En contrebas, Lucien continuait de taper comme un sourd sur les billots alignés. Les uns après les autres, ils éclataient en deux sous les coups puissants de sa hache. Les frappes se répercutaient dans cette forêt dense. Il cogne toujours aussi fort ce bougre, s'amusa André. « Lucien, oh Lucien, arrête-toi donc un peu !  Lucien !!! P'tain, il m'entend pas. »
Il jeta d'une pichenette son mégot puis se leva du tronc sur lequel il était assis. Posée au milieu des fougères, il reprit sa tronçonneuse encore chaude. D'un mouvement rapide, il tira la cordelette d'allumage. Fumante et pétaradante, la machine emplit à nouveau l'atmosphère d'un bruyant moteur deux-temps.
Ses bottes traçant l'humus, André remonta avec peine la pente sur laquelle était couché l'arbre. Un beau hêtre abattu par la dernière tempête, qui promettait quatre ou cinq stères de bois de chauffe. Trois jours maintenant qu'ils étaient dessus. La soixantaine approchante, ces travaux lui devenaient réellement éprouvants mais il n'avait pas le choix. Les hivers étaient rudes dans la région.

Au niveau de la coupe, il abaissa la grille de son casque, se campa fermement sur les jambes et plongea la lame dans le bois. Comme un fauve qu'on lâche enfin, la tronçonneuse se mit à rugir. Lancée à plein régime, la chaîne tranchante s'enfonça dans le tronc noueux. Des jets ininterrompus de sciures giclèrent de la machine en action.
Méthodiquement, André faisait rouler les tronçons débités vers le bas où les attendaient la hache de Lucien. Des années de bûcheronnage en commun les avaient rendus efficaces et précis. Chacun tenait sa place. A André de couper, à Lucien de fendre et charger les bûches dans la remorque.
Une vieille amitié qui datait de la communale. Le même village, les mêmes centres d'intérêts. En période de chasse ils faisaient équipe. Un binôme redoutable qui ne comptait plus les sangliers tombés sous leurs chevrotines.
Il y a deux ans Lucien avait perdu sa femme. Ça l'avait secoué, isolé, rapproché un peu trop de la boisson. Alors André s'était mis à venir plus souvent chez lui. Dans la cuisine où ronronnait un vieux poêle, André caressait les chiens auprès de son ami affalé devant la télévision. Peu de paroles chez ces gens de la terre avares de leurs sentiments. Ils restaient ainsi de longues heures à tuer le temps. Seules les coupes de bois en forêt parvenaient à faire sortir Lucien toute une journée.

Il songeait à tout cela en attaquant les derniers mètres du chablis. Avec inquiétude, il se demandait comment lui réagirait si sa femme venait à partir. Distrait par ses pensées, il se fit surprendre par un mouvement de l'arbre, subitement décoincé, qui roula d'un seul coup vers lui. Lâchant aussitôt la tronçonneuse, il n'eut que le réflexe de bondir en arrière pour l'éviter : « Bon dieu, j'l'avais pas vu venir ! »
Alerté, Lucien l'appela :
- Ca va !? 
- C'est bon, j'ai failli me faire attraper ! Au moment où j'allais terminer … tiens … c'est quoi ça ?

Derrière l'espace libéré par le hêtre, il distingua une anfractuosité au milieu des buis. Quelque chose qui ressemblait à la tanière d'un animal. Son instinct de chasseur en éveil, il attrapa un bout de branche et s'approcha doucement. Il observa d'abord le sol pour déceler d'éventuelles traces de pattes ou repérer une sente. Rien. Il s'agenouilla et se mit à sonder l'intérieur avec le bâton. Le vide rencontré, la résonance, lui indiqua que le trou était plus profond qu'il n'y paraissait. En se mettant de profil il y avait moyen de passer, tout juste.
- Lucien, amène-moi la torche s'il te plaît !
- Et pour quoi faire !?
- Discute pas, amène et viens voir.

Perplexe, Lucien partit récupérer la torche dans le 4x4 puis remonta vers son ami. Hissant son embonpoint, il le rejoignit alors qu'il dégageait des pierres. « Merde, une grotte !! » s'exclama-t-il le souffle court.
- Tu étais au courant qu'il y avait une grotte dans le coin ?
- Non, ça se saurait ! On n'est pas les premiers à traîner nos guêtres par ici.
- C'est bien ce que je pensais, elle était cachée par l'arbre, il lui a poussé dessus. En plus y'avait une dalle devant.

Brisée en deux, une grande plaque de schiste gisait effectivement à leurs pieds. Dans sa chute, la souche du hêtre l'avait emporté entre ses racines, mettant à jour l'excavation.
André se remit à déblayer l'entrée tandis que Lucien, songeur, grattait du bout de sa botte la surface de la dalle. "Ah ben ça ! Ah ben mince alors, regarde ça André !!"
Interrompant sa tâche, il s'approcha de son ami éberlué. Lui aussi resta pétrifié, muet d'étonnement. Bien visibles sous la mousse et les débris de racines, des gravures courraient sur la pierre. Des ronds, des spirales, des entrelacs virevoltant, se croisant, se perdant dans un fouillis qui semblait correspondre à un ordre étrange.
- Qui c'est qui a pu faire ça ? Tu crois que c'est ancien ?
- On dirait. A mon avis on a trouvé quelque chose d'intéressant.
- Putain, faut prévenir le maire !
- Laisse-le où il est. On va d'abord rentrer dedans, après on avisera.

Rendu fébrile par cette découverte, André n'attendit plus et se contorsionna avec vigueur pour forcer le passage. Une prégnante odeur d'humidité et de moisissures l'accueillit sitôt dans la pénombre.
- A toi Lucien !
- Tu rigoles, j'suis trop gros pour passer.
- Bon, donne la torche et attends-moi.
- Fais gaffe que ça s'éboule pas !
- T'inquiète.


L'éclairage lui dévoila un boyau souterrain au départ duquel il se tenait. Assez bas, André ne put se lever entièrement, demeurant courbé pour continuer sa progression. Le faisceau illumina des parois suintantes. Il se rendit compte qu'elles étaient entièrement striées de marques, de toutes évidences portées par des outils. Assurément des hommes étaient passés là, creusant ou élargissant une cavité déjà existante.
Il n'entendit plus que sa respiration se fondre dans un silence sépulcral. Seules quelques gouttes au son cristallin résonnaient ici et là. Une sourde angoisse commença à l'envahir. Peut-être valait-il mieux rebrousser chemin et passer la main à des gens compétents, ces explorations n'étant plus vraiment de son âge. La curiosité, l'excitation d'une découverte importante, il ne savait trop, le poussa à continuer.

Au bout d'une dizaine de mètres, il constata avec soulagement que le boyau allait en s'élargissant pour aboutir dans une sorte de salle. Reins endoloris, il parvint à se redresser complètement. Avançant davantage, il sentit qu'il écrasait des objets sous ses pieds. La torche lui montra des tessons de poteries. Parvenu au centre de la salle, il balaya d'un mouvement circulaire tout autour de lui. « Oh bordel !!! » Une violente montée d'adrénaline affola son cœur, ses jambes flageolèrent. Il n'était pas seul !! Paniqué, il ramena le rayon lumineux vers l'endroit où il avait entrevu une forme humaine. « Mais quel con, une statue ! »
Il lui fallut un petit moment pour retrouver son calme tant le choc avait été brusque. Son rythme cardiaque revenu à la normale, il s'approcha de la statue dressée dans un renfoncement. Il comprit mieux sa méprise en constatant qu'elle était de la taille d'un homme. Dans l'obscurité n'importe qui aurait pu se tromper. Il s'aperçut ensuite que le renfoncement avait été aménagé par des banquettes creusées dans la roche, formant un demi-cercle. Autant d'indices qui prouvaient qu'un culte avait été rendu ici. Quant à la statue en elle-même, dès l'instant où il y posa véritablement les yeux, il fut saisi d'une émotion indescriptible.

Jamais il n'avait vu ce personnage auparavant et pourtant André savait, oui, il savait qui était représenté là ! Il aurait été bien incapable de dire d'où lui venait cette affirmation, par quel mystère ce nom s'inscrivait dans son esprit, mais il avait l'intime conviction de retrouver quelqu'un de connu. Comme si ce visage juvénile, souriant, surmonté de longues cornes de cervidés l'attendait depuis toujours, faisait partie intégrante de sa vie. Il reconnaissait le lourd bracelet tenu à la main droite, le serpent dans la main gauche et s'étonnait de ne pas trouver la bourse accrochée à la ceinture, son troisième attribut. « Cernunnos ... souffla-t-il en tombant à genoux … Cernunnos je suis revenu ! »
Il crût perdre la raison, mais qu'était-il en train de raconter ?! Ces mots étaient sortis de sa bouche malgré lui, sans qu'il n'en comprenne la signification. Par tous les pores de sa peau il ressentait quelque chose de profondément enfoui ; une connaissance, une vérité tapie quelque part et qui lui échappait. C'est à ce moment précis qu'il lui sembla entendre une voix lointaine, étouffée. Lucien. Lucien l'appelait ! Plus distinctement, il perçut de nouveau des appels répétés, pressants, d'une façon qui lui parut inquiétante. André fit volte-face pour se précipiter vers la sortie. Dans sa hâte, il oublia l'entame surbaissé du boyau qu'il reçut de plein front. Il s'écroula en arrière, un filet de sang dévalant vers les tempes.

- - - - - - - - - -

Une clairière dans une forêt de chênes. Le soleil est à son zénith. Vêtu d'une bure grise, Ollamh traverse l'assemblée qui s'écarte avec respect sur son passage. Trois enfants le suivent. C'est le jour de l'imbas forosnai, la grande prophétie.
Devant le mégalithe, un autel de marbre. L'animal ligoté se débat faiblement. Ollamh le contourne, se place face à la foule. Il lève les bras au ciel et commence à réciter des incantations d'une voix forte. Deux des enfants répandent des fleurs de bruyères sur l'animal.
Ollamh termine par un bref claquement de mains. Aussitôt toutes les têtes s'abaissent. Le troisième enfant lui tend un poignard.
D'un geste la lame effilée tranche la gorge de l'animal. Le sang jaillit, se répand en abondance sur l'autel.
Ollamh claque de nouveau les mains, les têtes se relèvent. Ferveur, c'est l'explosion de joie. Les hommes frappent leurs poitrines avec le poing, les femmes lancent des cris stridents. A l'unisson, tous se mettent à entonner : « Cernunnos ! Cernunnos ! »

Ollamh se tourne vers André et lui sourit : « Mon frère, seul le sacrifice perpétuera notre race. »


- - - - - - - - - - -

La phrase résonnait encore dans le cerveau d'André quand il reprit connaissance. Ce songe lui apparut dément, insensé, à la limite du supportable, sans doute causé par le choc pensa-t-il. Sa blessure au front se mit à le lancer cruellement. « André ! André ! » Et Lucien qui continuait d'appeler. Il fallait sortir de ce trou de cauchemar, vite, avant qu'il ne perde définitivement les pédales. Chancelant, il s'appuya sur la paroi du tunnel pour regagner l'air libre.

La lueur du jour, intense, commença par l'aveugler. La première chose qu'il découvrit fut la mine horrifiée de Lucien devant sa figure maculée de terre et de sang :
- Mon dieu André, qu'est-ce que tu t'es fait ? 
- Rien, j'me suis cogné. Pourquoi tu braillais comme ça ?

Sans répondre, Lucien désigna une direction du doigt. Stupéfait, André vit alors à quelques mètres de la grotte un cerf, immobile, d'une noblesse incomparable. Il crût défaillir. Dans son rêve l'animal égorgé était aussi un cerf.
Il comprit mieux les appels angoissés de Lucien. Jamais il n'y avait eu de cerfs dans ces piémonts ! D'aussi loin qu'il se souvienne, aucun chasseur n'en avait rapporté la présence, ni son père, ni même son grand-père.
Celui-ci ne paraissait nullement effarouché, il semblait attendre. Sa ramure démesurée lui donnait l'apparence d'un arbre vivant. Et ses yeux. D'un noir de jais, profonds, graves, qui fixaient André avec insistance, qui transperçaient son âme.

« Mais qu'est-ce qui se passe ici ? » murmura-t-il d'une voix blanche.














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Message  Invité Lun 21 Fév 2011 - 20:00

Ah que j'aime ! Autant dans la partie "quotidien" que dans celle qui nous emmène vers le fantastique ! L'écriture juste, précise, le décor campé juste ce qu'il faut, et j'aime beaucoup la sobriété avec laquelle tu amènes le fantastique, sans trompettes ni effets spéciaux, ça donne beaucoup plus de force à l'insolite de la situation en la rendant crédible.
Bravo !

Juste ceci, qui me semble bizarre :
L'éclairage lui dévoila un boyau souterrain au départ duquel il se tenait. Assez bas, André ne put se lever entièrement, demeurant courbé pour continuer sa progression.
j'aurais plutôt mis ce "assez bas" après souterrain ( c'est pas A,dré qu'est assez bas, si ? ^^)

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Message  Hellian Lun 21 Fév 2011 - 21:18

Beaucoup aimé, oui ! un récit vraiment bien mené de bout en bout où l'émergence de l'étrange est subtilement distillée. On y adhère très vite, ce qui est un critère de qualité et l'on ne décolle plus avant la fin...
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Message  elea Lun 21 Fév 2011 - 21:32

Beaucoup aimé, je n’ai pas grand-chose à dire parce que je n’ai rien remarqué dans ton texte à relever et commenter plus précisément, ni dans le fond, ni dans la forme.
J’ai été prise dans l’histoire, j’ai regardé et écouté Lucien et André scier, j’ai parcouru le boyau souterrain jusqu’à la grande salle et me suis laissée émerveiller par la scène de sacrifice.
J’espère juste qu’une suite est prévue, sinon la fin me laisse dubitative.

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Message  Lizzie Lun 21 Fév 2011 - 22:19

Oui, un texte qui part du réel, les pieds droits dans les bottes, pour peu à peu s'envoler. J'ai suivi, sans me poser de question, j'aime beaucoup ces dérapages controlés hors frontière.
Pour chipoter, deux remarques:"une pregnante odeur d'humidité" : l'adjectif m'a paru trop littéraire pour André, mais pas très grave, et, de même, j'ai trouvé incongru le rapprochement des deux prénoms André (moderne) et Ollahm (ancien): est-ce intentionnel ?
Une chouette lecture, merci !

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Message  Invité Mar 22 Fév 2011 - 11:43

Apprécié aussi le soin porté à écrire ce texte. Le fantastique n'est pas ma tasse de thé mais il est ici suffisamment dilué et naturellement amené pour ça passe tout seul. C'est d'autant plus remarquable que le cadre, les personnages se prêtent à priori et communément peu à ce genre de transposition. Cela dit, j'ai l'impression que le texte appelle une suite, sinon il me ferait l'effet d'être un peu "gratuit".

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Message  Mirelie Mar 22 Fév 2011 - 21:38

J'aime le fantastique lorsqu'il est bien ficelé, et là c'est le cas.
J'adore les forêts et la nature et là aussi, je m'y suis retrouvée
Très bonne description, excellent style, dialogues très cohérents
On croit partir sur une piste, celle d'un éventuel accident de travail, et puis, non, tout bascule
EXCELLENT

Mirelie

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Message  Jano Jeu 24 Fév 2011 - 8:54

Juste pour dire qu'il n'y aura pas de suite. Je préfère que chacun laisse libre cours à son imagination. Merci d'avoir lu et commenté cette nouvelle qui s'inspire de la mythologie celtique.
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Message  Palimpseste Jeu 24 Fév 2011 - 13:17

Je me suis laissé emporter par l'engrenage mystérieux de ta nouvelle ! J'ai vraiment aimé, et n'ai aucunes remarques à faire vis-à-vis de cette dernière. Bravo pour ce court texte, tant bien écrit que penser.

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Message  Hellian Jeu 24 Fév 2011 - 23:58

Mais si, mais si, il y aura une suite...
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Message  midnightrambler Sam 26 Fév 2011 - 0:09

Bonsoir,

Un texte très beau servi par une écriture ample et précise.
Malheureusement ou pas, je ne suis guère passionné par ce genre de littérature ... ce n'est donc pas moi qui écrirai la suite !

Amicalement,
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