Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

Sosie

5 participants

Aller en bas

Sosie Empty Sosie

Message  Marvejols Mar 1 Mar 2011 - 0:48

........Préambule

Rien n’est pire
Pour la poésie
Que son sosie
Espérons avec celui
Ou celle qui lit
Que c’est Elle
Et non Lui
Qui nous aura choisis.


Marvejols

Nombre de messages : 1887
Age : 57
Localisation : agglomération de Montpellier
Date d'inscription : 08/11/2010

http://marvejols-poesie.e-monsite.com/

Revenir en haut Aller en bas

Sosie Empty Re: Sosie

Message  Louis Mar 1 Mar 2011 - 17:43

Plusieurs idées dans ce court texte :
La première, c’est que la poésie a son double ( mais pas au sens où le théâtre a le sien, selon A. Artaud ). Ce double est un « sosie », un frère jumeau qui lui ressemble ( la poésie est féminine ; son sosie, masculin, est-il affirmé dans l’insistance produite par l’usage des pronoms « elle », « lui » ).
Le premier vers déclare, de façon péremptoire et dogmatique, que « rien n’est pire » que ce double. Rien par la suite, en effet, ne justifie et ne fonde cette déclaration.
Il nous faudrait donc distinguer entre une poésie authentique, la vraie, et son double inauthentique, la fausse. Ce qui est suggéré, c’est que ce simulacre de poésie, frère, faux frère, est un imposteur, il se fait passer pour ce qu’il n’est pas. Il a toute l’apparence de la poésie, mais n’est pas elle. Il la trahit.
On retrouve ainsi l’opposition traditionnelle entre l’être et le paraître, entre l’être de la poésie et son paraître.
Mais qui peut dire ce qu’est l’être de la poésie ?
Y aurait-il seulement une essence intemporelle de cet art qui le distinguerait de ses copies, toujours inférieures à leur modèle, toujours moins parfaites, et des critères sûrs qui permettraient de le reconnaître infailliblement ? On peut en douter.
Le texte pourtant pose son auteur comme celui qui sait.
Eh bien, dites-nous, Marvejols.

La deuxième idée, c’est que la poésie, ou la non-poésie, choisit son auteur. La poésie et son double seraient donc antérieurs au poète. Maurice Blanchot déjà avait remarqué que, si l’on va jusqu’au bout de la croyance en « l’inspiration », alors il faut affirmer que « Du poème naît le poète ». C’est encore poursuivre l’idée qu’il y a une essence éternelle de la poésie, une essence divine, qu’elle préexiste au poète, qu’elle l’appelle à lui, l’élu d’entre les hommes, se donne à lui, à lui seul qui sait la reconnaître pour la révéler, dans toute sa grâce, au lecteur admiratif.
Vous, qui êtes un élu de la divine poésie, mais dites-nous donc à quoi elle se reconnaît !

La dernière idée, sous-jacente, c’est que ce texte qui parle de poésie et met en garde contre son double malfaisant, en parlerait poétiquement. Le texte serait un texte poétique sur la poésie. Peut-être. Mais on peut, de nouveau, concevoir quelques doutes. Si elle est présente, ce qui est certain pourtant, c’est qu’elle est mêlée à une réflexion théorique, mais que celle-ci n’est pas développée, qu’elle se présente dogmatiquement, et prend pour alibi l’aspect poétique pour éviter débats, fondements et justifications.

La forme poétique est-elle bien choisie pour exprimer des idées sur la poésie ? Un texte de réflexion authentique, sans son double dogmatique, ne serait-il pas préférable ?


Louis

Nombre de messages : 458
Age : 68
Date d'inscription : 28/10/2009

Revenir en haut Aller en bas

Sosie Empty Re: Sosie

Message  Celeron02 Mar 1 Mar 2011 - 22:57

hélas dans la vie nombre sont ceux qui choisissent le sosie
tellement plus sécurisant quand on se dessaisit...
Celeron02
Celeron02

Nombre de messages : 713
Age : 51
Localisation : St-Quentin
Date d'inscription : 19/12/2009

Revenir en haut Aller en bas

Sosie Empty Re: Sosie

Message  Marvejols Mar 1 Mar 2011 - 23:53

Bonsoir,

Grands Dieux! Ce petit texte sans prétention n'avait aucunement l'intention de faire naître de grands débats (et moins encore de citer à comparaître Antonin Artaud -et son sosie Sami Frey- ou Maurice Blanchot, quoique ce ne soit pas de refus). Il n'avait pas non plus l'intention de lancer une joute mais puisqu'en découdre ne me déplaît pas toujours et puisque ma foi vous m'y invitez avec tact et avec le plaisir visible du rhéteur... Allons-y un court instant.

Il convient de noter que Sosie n'est pas un jumeau mais un esclave (donc en principe un assexué ou du moins privé de descendance, ce qui constitue le propre des esclaves) qui devait jouer un rôle d'imitation, de double. Donc Sosie ne ressemble pas, il imite. Il n'est pas un double, un clone ou un jumeau, il est un autre, une tromperie, un leurre actif.

Ce petit texte n'a d'autre ambition -outre de n'être qu'une amuserie- que de traduire la peur qui peut saisir un écrivant devant le risque immense, et grotesque, de pondre non point quelque poésie mais (au choix) une pâle copie, une mièvrerie, une cul-culterie ou une banale suite de mots, une chaîne de blêmes morphèmes. Ce texte bien modeste consiste tout simplement en un clin d'oeil à l'interrogation existentielle de qui écrit et a peur, pouvant céder à la tentation de se croire auteur, de n'être finalement qu'un écrivant, un rimailleur. En d'autres mots tout simples : est-ce que ce que j'écris vaut le coup? y a-t-il quelque chose d'artistique, de quelque valeur dans mon texte? Rien de bien original à cette interrogation.
Mais qui se pose avec peut-être plus d'acuité pour qui balance son texte sur un forum de "poésie" avec le retour rapide et souvent vif, voire blessant, de ses homologues. C'est que voyez-vous, mes mots sont comme mon ordi, un vrai prolongement de moi et de mon corps et trop les rudoyer c'est me blesser. A chaque "poème" posté je suis comme vous, je tremble et m'apprête à mourir.
Là où vous voulez ne voir, j'espère par jeu, que du dogmatisme et de la vérité révélée, il n'y a chez moi que du doute, de l'hésitation de la fragilité. Qui, d'ailleurs, n'a jamais éprouvé cette crainte à s'exposer à une certaine dureté des forums où (sous prétexte d'égalité, d'anonymat, d'antériorité) tous les coups souvent semblent permis et où les élans affectifs soudains côtoient les calamicrimes les plus tranchants?
Je vous invite donc, en quelques lignes sans prétention, à la même crainte. Celle qui fait avec justesse trembler lorsque la plume, levée, a cessé de tracer le fil ombré des mots* et que la forme et le sens s'envolent à vous échapper, à rejoindre vos semblables pour être tantôt et à la fois pâturés, foulés, rejetés, moqués, appréciés, recueillis parfois dans le silence accueillant de l'âme. Si je vibre d'un plaisir prairial à écrire, toujours je tremble à chaque texte abandonné à l'aventure intime et publique du lecteur. La gloire est rare et j'ai toujours peur de mourir à cette douce et volontaire ordalie. Mais si écrire pour vous est parfois une épreuve cruelle, Dieu qu'écrire pour soi et seul et sans elle est triste...
J'ai quant à moi toujours peur, oui, de n'être pas saisi de poésie mais empoigné par son sosie et jeté au feu du ridicule. Je vous envie de ne pas avoir cette crainte native.
Je vous envie moins -quoique votre réponse à mon agression poétique rigide ait une certaine aisance et que je me suis cru un instant en Sorbonne années 20 - dans le fait d'opposer à 8 lignes à 2 balles l'artillerie e tout un savant cours. Mon cher Louis je n'avais aucunement l'intention de développer en ces 8 lignes une vision ou une théorie sur la poésie et je suis surpris qu'on trouve à la pourchasser puisqu'elle n'est pas.

A l'une de vos questions " Mais qui peut dire ce qu’est l’être de la poésie ?" et sans aborder le sujet de l'hyperelativisme anglo-saxon (tout se vaut, aucune instance ne peut dire -alors que leur société est sans cesse en train de dire, de dicter, d'émettre des injonctions!) je ferai une réponse brève : mais le Temps mon cher Watson, le temps qui trie plus sûrement que vous et moi le bon grain de l'ivraie, le chef d'oeuvre de l'objet besogneux, le poète de l'écrivaillon.

Et OUI je crois profondément que « Du poème naît le poète » justement parce qu'il n'y a pas antériorité d'un être par essence poétique, ni de transcendance de la poésie qui planerait dans les éthers et subitement s'incarnerait dans un "élu". Vous avez privilégié la rhétorique de l'antériorité et vous en avez oublié la dimension dynamique : la poésie naît, se fabrique, est secrétée strata facienda au cours de l'acte d'écriture et il n'est pas de poète sans poèmes. S'autoproclamer poète (Eh! regardez-moi, oyez braves, je suis un poète...) se poser comme premier à toute poésie ce serait à la fois loufoque et tragique, vous le savez autant que moi.

Enfin, quant au côté affirmatif et "péremptoire" du début de ce petit texte, il s'agit d'un artifice qui permet de poser la crainte de celui qui écrit d'être non pas dans la poésie mais dans son semblant. C'est donc un simple procédé d'ordre si l'on veut théâtral. De même le jeu de cache-cache ou de répons entre Il et Elle. Il y a de la badinerie (dans le labyrinthe de buis de la villa d'époque classique) dans ce procédé. De même encore le fait d'être choisi par la poésie comme par une demoiselle pour le bal (avec le Nous et le pluriel de choisiS qui suggèrent la complicité de l'auteur et du lecteur). Dans le même temps je préfère être choisi par la poésie plutôt que croire l'avoir choisie moi-même.


* Se pareba boves,
alba pratalia aràba,
et albo versorio teneba,
et negro semen seminaba.


Marvejols

Nombre de messages : 1887
Age : 57
Localisation : agglomération de Montpellier
Date d'inscription : 08/11/2010

http://marvejols-poesie.e-monsite.com/

Revenir en haut Aller en bas

Sosie Empty Re: Sosie

Message  Louis Mer 2 Mar 2011 - 18:41

Il n’est nullement dans mon intention de polémiquer, ou de participer à une joute. J’ai juste voulu commenter votre texte, et dire de façon argumentée, et non par une remarque lapidaire, qu’il est insuffisant, qu’il n’en dit pas assez. Vos explications sur les intentions du texte confirment qu’il en est bien ainsi : il est trop peu explicite.
C’est un « petit texte sans prétention », et une « amuserie » dites-vous. Je veux bien l’admettre, mais rien ne l’indique dans le texte. Je me contente, pour ma part, de commenter ce qui est écrit, en creusant du côté de ses présupposés. J’ai connu d’autres auteurs qui, ailleurs, bien que je n’aie pas grande expérience des forums d’écriture, par de semblables textes, exprimaient de grandes prétentions, affirmaient avec orgueil et arrogance, qu’ils savaient, eux, ce qu’est la littérature et la poésie, et se posaient en censeurs méprisants de tous ceux qui, « scribouilleurs », seraient tout juste capables de singer littérature et poésie. Heureux d’apprendre que vous n’appartenez pas à cette catégorie de suffisants.

Vos interrogations : « est-ce que ce que j'écris vaut le coup? y a-t-il quelque chose d'artistique, de quelque valeur dans mon texte? », à propos desquelles je n’ai aucune raison de douter de leur sincérité, me semblent des questions légitimes que chacun, « écrivant », devrait être amené à se poser. Ma remarque alors sur le texte reste la même : pourquoi ce poème est-il si bref, et ne développe pas les idées qu’il veut exprimer ?

« Là où vous voulez ne voir, j'espère par jeu, que du dogmatisme et de la vérité révélée, il n'y a chez moi que du doute, de l'hésitation de la fragilité. » écrivez-vous encore. De nouveau, je n’ai pas de raison de douter de cette fragilité, préférable de loin à toute fatuité. Mais non, je ne « veux » pas voir du dogmatisme, c’est juste que le texte tel que vous l’avez écrit peut le laisser penser.
Bref, c’est la brièveté de votre texte qui fait défaut, me semble-t-il. Pour le reste, je ne préjuge de rien.


Louis

Nombre de messages : 458
Age : 68
Date d'inscription : 28/10/2009

Revenir en haut Aller en bas

Sosie Empty Re: Sosie

Message  Invité Mer 2 Mar 2011 - 20:44

Marvejols, je suis étonnée ( agréablement) de vous trouver dans ce registre de doute alors que nombre de vos commentaires semblaient si péremptoires et donneurs de leçons. De manière générale, je n'aime pas ce que vous écrivez - à de rares exceptions près, dont cette explication - et si vous vous mettez à écrire comme ça, je vais devoir revoir mes positions, ce que je ferai avec plaisir !

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Sosie Empty Re: Sosie

Message  loic Mer 2 Mar 2011 - 21:15

"du poème nait le poète", oui et re-oui, il y a une paire d'années je ne savais pas ce qu'était la poésie
la poésie m'a fait naitre à une nouvelle approche des choses, plus sensible au sens philosophique

merci de ce débat
loic
loic

Nombre de messages : 1304
Age : 65
Localisation : auray
Date d'inscription : 11/11/2008

http://loic-le-meur.over-blog.com/

Revenir en haut Aller en bas

Sosie Empty Re: Sosie

Message  zenobi Jeu 3 Mar 2011 - 8:31

Oui pour l'idée, mais la forme m'a parue bien pâle.

zenobi

Nombre de messages : 892
Age : 53
Date d'inscription : 03/09/2010

Revenir en haut Aller en bas

Sosie Empty Re: Sosie

Message  Marvejols Mar 8 Mar 2011 - 13:37

zenobi a écrit:Oui pour l'idée, mais la forme m'a parue bien pâle.

Merci de vos commentaires à tous et à ColineDé pour sa franchise (ceci dit je préfère en général mes textes à mes commentaires). Louis, votre texte ne m'a pas lésionné et j'ai apprécié son riche contenu. Simplement "la brièveté de votre texte qui fait défaut" : mais pourquoi diable voulez-vous que je glose en long et large ou ponde un traité sur la poésie et l'art poétique? Ce bref texte ne prétendait tout simplement qu'exprimait une crainte primordiale : "lorsque j'écris quelques lignes, suis-je dans la poésie? suis-je dans son Sosie trompeur?"

Marvejols

Nombre de messages : 1887
Age : 57
Localisation : agglomération de Montpellier
Date d'inscription : 08/11/2010

http://marvejols-poesie.e-monsite.com/

Revenir en haut Aller en bas

Sosie Empty Re: Sosie

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum