Trous d'eau
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Trous d'eau
Au flanc des roches rouges bouillonne le ruisseau
Dans le frais crépuscule s'enhardit de ressauts
A la montagne violette abreuve ses sanglots
Et jaillit, terrifiant, dans ce curieux berceau
Que forme la vallée au fond des gorges sourdes.
Des maëstroms d'eau amère et des tourbillons gourds
Des éclatements de sable dans le fond des cuvettes
Au flanc du ruisseau rouge se perdent les roches noires
Les cairns ancestraux battis sur les chemins
Les gravas ébouliques boulimiques d'orteils
Qui s'abattent en cadence sur les arêtes drues
Et l'eau jaillit puissante dans ses moindres détails
De l'écume blanchâtre dans le creux des ardoises
Des baignées de reflets sur les galets usés.
Il porte les embruns et les nuances du jour
Qui s'éteint dans les cieux délavés d'ondes claires
Il porte encore sa robe, et poursuit fort son cours
Entre les arbres tièdes et la chaleur des pierres
Il porte le Destin, qui descend ombrageux
Dans les plis verts et bleus de ce Tumultueux
Filin d'argent noirci par la suie des averses
Giclant entre les boues et l'éclat des lumières
Teintées encore des parfums dilués
Des mauves du ciel et des couleurs du soir
Des passions des cœurs et violents désespoirs
Des mistrals du Midi et de l'envie d'y croire.
Le tumulte des flots grossit contre les pierres
Roule dans les cavernes et caves minérales
Au grès terne et aux lianes, aux toiles et aux nids
Aux gueules des aubes claires et des aurores blanches
Il porte les images et le son de la vie
Des cabanes empierrées l'orageux roucoulis
Des bruissements de cris et des échos d'orgasmes
Tout au bord des ravines, dans les ventres des femmes
Qui enfantent avec rage le cri de la Nature
Le beau des frustrations et le coulis des mûres
Qui s'égouttent sur leurs lèvres et leurs mentons rougis
Par ce sang sucré qu'elle perdent encore Vierges
Dans le creux des buissons entre les ronces fines
Dans les bergeries blanches que gardent les herbes crues
Dans les nuages pâles qui éclatent aux cimes
Comme des outres fendues sur les crêtes aiguës.
La forme initiale du poème était la suivante, je ne sais laquelle convient le mieux :
- Spoiler:
- Au flanc des roches rouges bouillonne le ruisseau
Dans le frais crépuscule s'enhardit de ressauts
A la montagne violette abreuve ses sanglots
Et jaillit, terrifiant, dans ce curieux berceau
Que forme la vallée au fond des gorges sourdes.
Des maëstroms d'eau amère et des tourbillons gourds
Des éclatements de sable dans le fond des cuvettes
De l'écume blanchâtre dans le creux des ardoises
Des baignées de reflets sur les galets usés
Il porte les embruns et les nuances du jour
Qui s'éteint dans les cieux délavés d'ondes claires
Il porte encore sa robe, et poursuit fort son cours
Entre les arbres tièdes et la chaleur des pierres
Il porte le Destin, qui descend ombrageux
Dans les plis verts et bleus de ce Tumultueux
Filin d'argent noirci par la suie des averses
Giclant entre les boues et l'éclat des lumières
Teintées encore des parfums orangés
Des mauves du ciel et des couleurs du soir
Des passions des cœurs et violents désespoirs
Des pleurs du Midi et de l'envie d'y croire
Il porte les images et le son de la vie
Des cabanes empierrées l'orageux roucoulis
Des bruissements de cris et des échos d'orgasmes
Tout au bord des ravines, dans les ventres des femmes
Qui enfantent avec rage le cri de la Nature
Le beau des frustrations et le coulis des mûres
Qui s'égouttent sur leurs lèvres et leurs mentons rougis
Par ce sang sucré qu'elle perdent encore Vierges
Dans le creux des buissons entre les ronces fines
Dans les bergeries blanches que gardent les herbes crues
Dans les nuages pâles qui éclatent aux cimes
Comme des outres fendues sur les crêtes aiguës.
Au flanc du ruisseau rouge se perdent les roches noires
Les cairns ancestraux battis sur les chemins
Les gravas ébouliques boulimiques d'orteils
Qui s'abattent en cadence sur les arêtes drues
Et l'eau jaillit puissante dans ses moindres détails
Le cours descend intense dans les moindres ressacs
Dans sa couche de gravas et d'aiguilles mouillées
Le tumulte des flots grossit contre les pierres
Roule dans les cavernes et caves minérales
Au grès terne et aux lianes, aux toiles et aux nids
Aux gueules des aubes et des aurores blanches
Et emporte dans son lit le bruissement enroué
De la nuit qui se meurt au fond de la vallée.
Espérance- Nombre de messages : 25
Date d'inscription : 13/03/2010
Re: Trous d'eau
Je me suis laissée entraîner par ce flux chatoyant et capricieux sans trop me demander vers quoi il menait tant les reflets ci et là font miroiter un trésor.
Invité- Invité
Re: Trous d'eau
J'ai vraiment adoré l'univers que tu nous proposes, les images sont fortes, elles font voyager, attention à la lourdeur cependant, que cette forme nous impose (ne serait-ce que visuellement) : il me semble que ce sont des alexandrins, mais si tel est le cas, le nombre de pied est un peu fluctuant, je crois ; je pense que le tout y perd en rythme, en harmonie.
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 34
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: Trous d'eau
Merci pour vos commentaires !
Loreena : Les alexandrins ne sont pas voulus ! Souvent j'ai un rythme dans la tête, et je forme mon poème dans l'instant, sans m'occuper de la métrique. En fait, ce sont réellement des vers libres, et les alexandrins sont presque des "hasards".
Pourriez-vous me dire, par contre, si vous préférez la forme initiale du poème ( en spoiler dans mon premier post ) ou celle que j'ai présentée ? Je n'arrive pas à me décider sur celle que je dois garder, la première me semble plus maladroite, mais elle finit sur le ruisseau et en quelque sorte la boucle est ainsi bouclée. Qu'en pensez-vous ?
Loreena : Les alexandrins ne sont pas voulus ! Souvent j'ai un rythme dans la tête, et je forme mon poème dans l'instant, sans m'occuper de la métrique. En fait, ce sont réellement des vers libres, et les alexandrins sont presque des "hasards".
Pourriez-vous me dire, par contre, si vous préférez la forme initiale du poème ( en spoiler dans mon premier post ) ou celle que j'ai présentée ? Je n'arrive pas à me décider sur celle que je dois garder, la première me semble plus maladroite, mais elle finit sur le ruisseau et en quelque sorte la boucle est ainsi bouclée. Qu'en pensez-vous ?
Espérance- Nombre de messages : 25
Date d'inscription : 13/03/2010
Re: Trous d'eau
Un rendu honnête, il y a cependant des rythmes incertains, des prises de risques inutiles ( mistral au pluriel), de lettres Capitales un peu sauvages, un couplet sur la mûre qui, probablement, n'en demandais pas tant :
Un bon texte à remettre sur le métier, encore et encore, ce qui ne pose pas de problème vue l'âge plein d'énergie que tu/vous affiches (ez).
quelques Michauxteries un peu trop évidentes (Le beau des frustrations et le coulis des mûres
Qui s'égouttent sur leurs lèvres et leurs mentons rougis
Par ce sang sucré qu'elle perdent encore Vierges
Dans le creux des buissons entre les ronces fines
)ébouliques boulimique
Un bon texte à remettre sur le métier, encore et encore, ce qui ne pose pas de problème vue l'âge plein d'énergie que tu/vous affiches (ez).
Invité- Invité
Re: Trous d'eau
J'ai lu l'autre version : honnêtement difficile de faire un choix ; disons que la version spolier reste vraiment centrée autour du ruisseau alors que la première version nous ouvre, par l'évocation des bergeries à la fin, sur l'homme et le paysage par delà le ruisseau, la vie à laquelle nous sommes amenés à retourner après le voyage. Si tu choisis de conserver la version spolier, essayes de marquer plus la différence entre les univers, peut-être, pour nous donner l'impression d'un voyage "au-delà" du ruisseau avant d'y revenir...
Cependant, les deux textes présentent le même défaut, à travailler selon moi (et si tu veux vraiment jouer de ton vers libre !) : la pesanteur ! pour évoquer l'eau, son jaillissement, pourquoi ne pas distiller davantage ton texte, tes images, en plusieurs poèmes par exemple (comme autant de cours d'eau, de gouttes projetées) ? Ici, l'ensemble est quand même un peu "mastoc" alors que tes images sont belles, fortes.
Quelques passages sont par ailleurs lourds, soit par la répétition de la rime ici :
Enfin, l'usage de la majuscule, surtout au mot "Destin", a tendance à donner un effet caricatural, parce que trop vu et revu...
Le lyrisme de tes textes est fort, on te sent emporté par ce chant poétique dans lequel tu te lances : c'est agréable, au point d'emporter aussi ton lecteur ; mais peut-être faut-il pour toi apprendre à cadencer cet élan, à laisser des respirations à celui qui te lit, pour que tes belles images prennent l'ampleur qu'elles méritent et nous transportent encore plus loin et plus longtemps...
Au plaisir de te lire !
Cependant, les deux textes présentent le même défaut, à travailler selon moi (et si tu veux vraiment jouer de ton vers libre !) : la pesanteur ! pour évoquer l'eau, son jaillissement, pourquoi ne pas distiller davantage ton texte, tes images, en plusieurs poèmes par exemple (comme autant de cours d'eau, de gouttes projetées) ? Ici, l'ensemble est quand même un peu "mastoc" alors que tes images sont belles, fortes.
Quelques passages sont par ailleurs lourds, soit par la répétition de la rime ici :
soit par la reprise de l'indéfini "de/des" comme ici :Au flanc des roches rouges bouillonne le ruisseau
Dans le frais crépuscule s'enhardit de ressauts
A la montagne violette abreuve ses sanglots
Et jaillit, terrifiant, dans ce curieux berceau
Des maëstroms d'eau amère et des tourbillons gourds
Des éclatements de sable dans le fond des cuvettes
De l'écume blanchâtre dans le creux des ardoises
Des baignées de reflets sur les galets usés
Enfin, l'usage de la majuscule, surtout au mot "Destin", a tendance à donner un effet caricatural, parce que trop vu et revu...
Le lyrisme de tes textes est fort, on te sent emporté par ce chant poétique dans lequel tu te lances : c'est agréable, au point d'emporter aussi ton lecteur ; mais peut-être faut-il pour toi apprendre à cadencer cet élan, à laisser des respirations à celui qui te lit, pour que tes belles images prennent l'ampleur qu'elles méritent et nous transportent encore plus loin et plus longtemps...
Au plaisir de te lire !
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 34
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: Trous d'eau
Un beau poème fauviste, chatoyant et passionné. Je trouve tout de même le texte trop long, on s'ennuie au bout d'un moment.
Invité- Invité
Re: Trous d'eau
J'ai aimé, car dans les gravats les mots forts s'éclaboussent.
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
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