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Meringue et Chantilly

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Message  Lizzie Dim 6 Mar 2011 - 14:16


Comme chaque semaine, l’association Mémoires Vives vous propose de clore sa séance par le thème de notre prochaine rencontre. Aujourd’hui : « Amours éternelles ». Laissez parler vos sentiments, ouvrez votre cœur ! Décrivez une rencontre amoureuse, un instant magique ou cruel, mettez en scène le trio éternel, la femme, le mari, l’amant. Vos œuvres seront lues samedi prochain par notre conteuse préférée, Maïté. Bonne semaine à tous !


***

Je pense à toi.
A l’abri de mon décor familier, un livre sur les genoux, je pense à toi. Comme une faiblesse, comme une brûlure presque négligeable, qui consume et qui démange pourtant sans relâche…
Je pense à toi.

L’appartement vibre des cris des enfants, disputes et réconciliations, jalousie et amour indéfectible. Je suis lasse de leurs débordements, fatiguée de négocier, d’imposer. Je supporte les petits matins froids, les trains bondés, les collègues aigris et les chefs incompétents. J’encaisse sans broncher, depuis des années. J’assume.
J’aimerais parfois disparaître, me fondre dans la ville, descendre acheter le pain et ne jamais remonter. Une fugitive… Céline et Hugo se débrouilleraient avec Bertrand, je m’enfuirais avec toi, nous commencerions une vie à deux, pour nous deux.

La porte d’entrée claque:

— Chérie ! C’est moi !
— Bonsoir… Ton avion était à l’heure, pour une fois ?
— Oui, tout arrive.

Bertrand s’approche, effleure mes cheveux de ses lèvres. Je me dérobe à peine. Il ne le remarque pas.

— Tu ne vas pas à ta chorale, ce soir ?
— Si, bien sûr. Je vais me préparer.

Devant la glace de la chambre, j’hésite. Tu ne me connais qu’en jeans et chaussures plates, pour le chant j’aime être à l’aise, comment m’habiller pour notre premier rendez-vous ?
Oui, ce soir, pas de chorale, le cours est annulé. Pas de groupe pour m’entourer, me protéger par la magie des notes qui s’élèvent. Tu ne me connais pas, ou si peu. Tout est commencement, instant si délicat… Je ne veux pas brouiller ce que tu as aperçu de moi, ce que je t’ai laissé deviner. Je contemple dans le large miroir ma silhouette, mon corps longiligne dans ce Levi's un peu usé, si doux au toucher. J’ai choisi ce tee-shirt ramené de Florence, il me portera chance ce soir. Comme j’aimerais vivre là-bas avec toi… Les ruelles calmes et ombragées, les pierres chaudes sous ma paume. Je rêve de ta silhouette penchée sur mon cou, offert, de tes lèvres sur ma peau, de tes mains… tes yeux qui m’acceptent dans mes imperfections, tes mots qui se moquent de ma retenue. Me laisser aller avec toi. Poser les armes. Me remettre à ton jugement. M’abandonner, enfin…

Je me maquille avec soin. Je veux être jolie, ce soir, séduisante, gaie. L’unique ride qui barre mon front ne m’effraie pas. Je me sens belle lorsque tu me regardes, je me sens puissante lorsque tu m’encourages à me lancer, seule devant les autres.
Dès le premier cours, tu m’as demandé de t’appeler Patrick, tu m’as souri et tranquillement ton charme a opéré. Ma voix, sourde et muette depuis tant d’années, étouffée sous l’indifférence polie de Bertrand, a ressuscité pour toi. Tu m’as donné la parole. J’ose désormais chanter la félicité divine, la beauté absolue. Et de ce chant est né mon amour.

— Tu veux grignoter un morceau avant d’y aller ?

La sollicitude de Bertrand me pèse. Oh, il m’aime, bien sûr. Du même amour paternel dont il abreuve nos enfants. J’ai envie de le secouer, de lui crier : Arrête ! Arrête de passer à mes cotés sans comprendre… Je suis une femme, une simple femme, je veux que tu me regardes, que tu me cherches, que tu t’emportes. J’ai besoin de passion, d’embrasement, et non pas de grignoter quelque chose.

Le pauvre… Il est gentil. Je suis monstrueuse de ne penser qu’à tes lèvres face à lui. Ce baiser fougueux jeudi dernier, ton regard sur moi, attentif, exigeant.

— Regarde, je suis prête.
— Oui, tu es ravissante, ce soir.

J’hésite encore. Je suis le funambule entre deux gratte-ciel, je tergiverse et je tangue, personne ne m’acclame aux fenêtres, je retiens mon souffle et pose les pieds, un pas après l’autre. Une dernière tentative, un appel :


— Tu ne m’embrasses pas ? Je pars, tu sais…
— Bien sûr, mon amour.

Bertrand me lance un baiser du bout des doigts, le regard tourné sur l’écran de télévision.

Je ferme la porte doucement.

***


— Alors, qu’en penses-tu ?
— Ouh là… C’est sûr, il y a de l’amour… mais c’est beaucoup trop sucré, mon pauvre Loulou… Ta chantilly est belle, pas de doute, aérée, légère, soufflée… mais écœurante. La pauvre fille qui se sent si seule, l’incompréhension naïve du mari… Non, l’adultère larmoyant et culpabilisé, très peu pour moi…
— Pfff ! Tu critiques toujours tout, avec ton mauvais esprit… Vas-y, prends ta plume, brode les amours éternelles, je t’écoute. Ah, on fait moins la maligne, au pied du mur, n’est-ce pas ?
— Mais pas du tout, Môssieur. Attends un peu, je me concentre…


***


Je pense à toi.
Le réveil n’a pas encore sonné, je m’étire dans le lit, mes doigts de pied tâtent les draps froids à la place vide de Bertrand. Nous sommes jeudi. Ce soir, chorale…
Je chantonne « Fuck you » de Lilly Allen, j’allume chez Hugo qui me hurle dessus.

— Mamannnnn !
— C’est l’heure, chéri.

Je continue mon périple sadique vers la chambre de ma fille. Céline dort, calme, douce. Pourquoi le sommeil des enfants est-il si merveilleux ? Je me penche, je l’embrasse. Elle se blottit sous la couette, j’insiste, mes lèvres se frayent un chemin sous les longs cheveux, je chatouille, je mordille, mon nez hume son odeur sucrée, le parfum magique, unique, fugace, d’une petite fille de huit ans.

— Debout, ma Choupette.

Je pense à toi.
J’ai des ailes.

Petit déjeuner de tartines grillées, Hugo est embroussaillé, pas faim, l’angoisse du devoir de math. C’est grognon, le matin, un petit mec. Je n’ai pas le cœur à le reprendre, ce diable a la grâce de son père, les yeux d’un bleu profond qui feront tourner les têtes et pardonner les péchés. Un grand bol de lait chocolaté pour Céline, du beurre bien épais, il y a piscine aujourd’hui, ma grenouille aime l’eau.

Je coupe la radio après la météo. Les informations asséneront leurs horreurs demain, nous sommes jeudi, et je suis amoureuse.

Je prends ma douche, hop, le temps file vite, si je m’applique bien nous serons à ce soir dans une heure à peine. Le téléphone sonne, c’est Bertrand, forcément. Céline s’est déjà précipitée, elle veut être la première à parler à Papa. Roucoulades et chuchotements, bisous et encore un « je t’aime » avant de me tendre le combiné.

— Bonjour, chérie. Quoi de neuf ?
— Pas grand-chose. Bien dormi ?
— Oui… Je ne t’ai pas appelée hier soir, le resto s’est fini trop tard.
— Je m’en suis doutée … Ton avion atterrit à quelle heure, demain ?
— Dix-neuf heures trente, normalement. Ne m’attendez pas pour diner. Je te laisse, faut que j’y aille. Bisous.
— Bisous.

Je raccroche. Pourvu que le brouillard ne contrarie pas son vol… Bertrand passe sa vie dans les avions. Les hôtesses au sol de Roissy le connaissent toutes ou presque, il maîtrise chaque raccourci, chaque terminal. Air France nous offre nos vacances d’été, milliers de points de fidélité accumulés comme autant de cailloux de petit poucet. Les points de fidélités… Tatoués sur sa peau, les points d’infidélités ne m’émeuvent plus depuis longtemps. Envers du décor, parfums trop sucrés, j’ai su dès la première fois, dès le premier coup de poinçon au contrat… Il a longtemps résisté, douze années avant que sa voix ne le trahisse, que son regard ne se voile sous mes questions anodines. Aujourd’hui, je l’en remercie. Oui, merci, Bertrand, de cette première tromperie, si inconséquente, si légère finalement.

Cette trahison qui me libère.

Je pense à toi, et je marche aux côtés de Céline. Son cartable tressaute sur ses épaules, elle babille et je ne l’écoute pas. L’air du matin m’enchante, cette heure si fraiche lorsque le jour s’installe sous les chants du merle. Rien ne viendra ternir mon humeur aujourd’hui. Je serai douce avec l’odieux Delmarre, je rirai aux blagues de René, le poisson racorni du self ne m’indisposera pas, ni l’eau de vaisselle baptisée « café ». Je serai plus efficace, plus rapide que jamais. Et si je consulte un peu trop souvent ma montre, nul n’y prêtera attention.

Je n’ai qu’une attente, qu’une espérance : toi.

Le soir arrive enfin, Laurette sonne, précise comme chaque semaine :

— Bonsoir, madame Canal.
— Bonsoir, Laurette. Vous avez pris votre pyjama ? Vous vous souvenez, ce soir, j’ai un diner après la chorale, je risque de rentrer tard…
— Oui, ne vous inquiétez pas.

La jeune fille tend son sac de voyage, s’installe dans la chambre de Céline. J’ai déjà déplié le lit d’appoint, préparé les draps. Sans état d’âme.

Je laisse Laurette s’occuper du diner des enfants ; leurs rires m’atteignent à peine dans l’intimité de ma chambre. Un peu fébrile, tout de même. Je me maquille, léger, et cette femme qui me regarde avec coquetterie m’effraie soudain : suis-je sûre de vouloir ça ?
Je balaie du regard ce décor si familier qu’il en est usé, le lit, le bureau, la bibliothèque… la photo de Bertrand à Séville, l’an passé. Un beau week-end, un fiasco. Nous déambulions, deux amis intimes à la découverte de la ville, l’un ne songeant qu’à son téléphone, l’autre aux musées. A contretemps, nous marchions cahin-caha, je ne savais plus l’attirer dans mes envolées, il me souriait sans comprendre mon désarroi. Mais qu’importe, me disais-je, nous étions encore debout, ensemble, heureux malgré tout.

Ce bonheur, je ne veux pas le perdre. Mais je veux plus, bien plus. Je veux des mains pour me caresser, des bras pour me serrer fort. Je veux des lèvres inconnues, des saveurs douces et interdites. Je veux la fureur du désir, la violence des sens, et ton corps sur le mien.

Tout a commencé au retour de Séville, donc. Ironie du sort, c’est Bertrand qui me proposa de m’inscrire dans une chorale. Après tout, j’avais des années de musique classique derrière moi, j’aimais cet univers.
Pourquoi pas ?

Il avait sous-estimé la puissance de Pergolesi.

J’arrivai en cours de trimestre, forte de mon enthousiasme et de l’expérience d’années de conservatoire. Tu étais debout face à tes élèves, tu t’es présenté, Patrick Richard, responsable des chœurs. Tu es venu vers moi, tes yeux si amicaux, tu t’es planté là et j’ai pris la partition que tu me tendais. Ma voix n’était plus aussi claire, tu m’as placé avec les Altos, tu avais un livret simplifié pour une chorale de quartier, mais tu y croyais. Tu avais raison.

Semaine après semaine le chant prenait. Un soir, tu t’es approché, tu te tenais dans mon dos, contre moi. J’ai senti ta respiration sur ma nuque, ton bras m’a enlacé, ta main s’est posée doucement, à peine, sur mon ventre, ici, juste au centre, et tu m’as dit :

— Respire, ma belle. Laisse-toi aller, lâche ton souffle du plus fort, de là, de tes tripes.

Alors je t’ai obéi, j’ai inspiré profondément, j’ai soufflé, expulsé les tensions, les barrières, les défenses. Je ne me souviens plus de l’instant où tu as ôté ta main, c’était juste une éternité.

Puis nous avons entamé le Stabat Mater Dolorosa, tu me dévisageais, et j’ai su.


***



— C’est tout ?
— Oh, tu m’ennuies, à la fin. Rien ne te plaît jamais…
— Et ton style, ma pauvre fille… Tu veux écrire « jeune », c’est artificiel au possible. A qui as–tu piqué le titre de cette chanson, là, « Fuck you » ?
— Le week-end dernier, c’est la nièce des Damato, tu sais ? Elle m’a fait écouter cette musique sur son i-pod. L’air est gai, entrainant. J’ai aimé…

Louis hausse les épaules, faussement atterré :

— Ton histoire ne tient pas debout. Cette fille n’est pas amoureuse du chanteur, elle est juste amoureuse de l’idée de l’amour. Dans la vraie vie, aucune femme ne réagirait ainsi, aussi follement.
— Crois-tu ?

Marie se relit attentivement :

— Tu sais ce qui me chagrine, moi, dans cette meringue ? Le mari. Rien à faire, toujours le dindon de la farce.
— Je ne te le fais pas dire…
— Et si les amours éternelles ressemblaient plutôt à cela :


***


Je pense à toi.
Dans cet avion qui me ramène de Francfort, je ferme les yeux et j’imagine tes mains sur moi. Ta bouche sur ma peau. Je puise dans nos nuits la folie nécessaire à ma décision. Ce soir, tout sera joué.
Je tiendrai parole, je me sens suffisamment fort.

J’ouvre la porte de l’appartement, j’entre. Alice m’attend, un livre posé sur ses genoux.

— Bonsoir, chéri. Les enfants dorment déjà, je le crains. As-tu fait bon voyage ?
— Bonsoir, Alice.

Je dépose un baiser furtif sur les cheveux de ma femme. Je ne peux faire mieux. Que dire ? Tout ici est tellement douillet, tellement ancré dans un décor de carton-pâte, tellement rose… Comment lui avouer, comment puis-je oser expliquer l’indicible, détruire sa vie, briser celle de mes enfants ?

— Tu as l’air fatigué. Viens, je te prépare un en-cas. Veux-tu du gigot froid ?

Du gigot froid… Je déteste le gigot froid, depuis douze ans déjà je supporte cette viande sanguinolente, répugnante, qu’Alice me réserve avec constance lorsque je rentre tard. Le gigot froid me donne la nausée, me ramène à la réalité. Je dois lui parler. Ce soir. J’ai promis, juré. Avant minuit. Alors, mon amour m’attendra, comme convenu, pour m’aider à franchir ce cap. Je quitterai à jamais cette appartement, cette femme, cette vie.

Je t’en prie, donne-moi la force. Dis-moi que tu seras toujours là à mes cotés, que je ne saccage pas ces existences pour une passade. Murmure-le moi encore, répète-le moi : « Je t’aime ».

— Alice, je ne veux pas de gigot.
— Ah bon ? Tu n’as pas faim ?
— Non… Alice…
— Quoi ? Pourquoi restes-tu planté là ? Viens, allons dans la chambre défaire ta valise, au moins.
— Je… je ne reste pas.
— Pardon ?
— Alice… Je… Il n’y a plus d’amour entre nous. Enfin, tu vois bien… Plus cet amour là, en tout cas. Je ne peux pas continuer ainsi.

Je respire. J’y suis. Je ne peux plus reculer. Alice me dévisage, interdite.

— Que dis-tu ?
— Tu m’as très bien entendue. Je … suis désolé. Je te quitte.

Alice se laisse tomber sur une chaise, éberluée. J’attends une réaction, des cris, des pleurs… Ce serait plus simple pour tout avouer. Mais non. Elle se tait, et c’est terrible.

— Alice…Alice…
— Mais nous ne nous sommes jamais disputés ! Tout va bien entre nous, nous nous aimons, les enfants sont heureux…
— Comment ne pas te faire souffrir… non, je ne t’aime plus. Je ne peux plus t’aimer, tu comprends. Je ne me supporte plus. Je veux vivre à nouveau, je veux pouvoir me regarder dans la glace.

Elle réagit enfin :

— Tu as rencontré quelqu’un ? C’est ça, hein ?
— Oui, Alice. Je suis désolé.
— C’est pas vrai ?!… Qui est-ce ? Une fille de ton équipe ?
— Non.
— Pas Sophie, tout de même ? Tu n’aurais pas osé me faire ça, le cliché total, coucher avec ma meilleure amie ?
— Arrête, tu ne connais pas.
— Comment ça, arrête ? Tu m’annonces que tu me quittes et moi, comme une conne, je dois rester là, stoïque, à te regarder culpabiliser, te trémousser et n’avoir qu’une idée : vite, se débarrasser de moi ? Tu veux foutre en l’air notre mariage, presque quatorze ans de bonheur, pour une coucherie avec une fille, c’est ça ? Une minette de vingt ans aux seins siliconés, aux lèvres pulpeuses, à la cervelle vide ?
— Tu n’y es pas du tout…
— Mais bien sûr ! Non, je me trompe, cette fille t’aime, bien entendu ! Elle t’aime avec tes quarante balais bedonnants, tes cheveux rares et ton esprit d’escalier. Laisse-moi rire ! Ce qu’elle aime, c’est ton compte en banque, ton titre de directeur financier, tes cadeaux et ta carte Gold !
— Ça suffit maintenant !

J’ai crié. On tousse à l’autre bout de l’appartement. Nous nous regardons, puis je reprends, plus bas :

— Je ne veux pas que l’on se déchire ainsi. C’est entièrement de ma faute. Ne t’inquiète pas, je te laisse tout.

Alice semble comprendre, enfin. Elle renifle, mais tient bon, Dieu merci.

Je regarde ma montre. Minuit moins cinq.

— Je… je vais te laisser. Essaie de dormir, je t’appelle demain.

Sans la regarder, surtout sans la regarder, je prends ma valise et quitte l’appartement. Je me sens minable. Même pas capable de tout révéler, de me montrer tel que je suis. Une vraie loque.

Sa voiture est garée devant le bateau de l’immeuble. La portière s’ouvre dès que je passe le seuil de l’immeuble.

— Bertrand… Tu l’as fait, alors ? Tu lui as dit ?
— Si tu savais… je me sens si mal, si horriblement mal…

Patrick m’enlace, pose un baiser sur ma tempe.

— Ne t’inquiète pas. Je suis là. Je serai toujours là, à présent...

***


— Ah, oui, je crois que tu y es…
— N’est-ce pas ?

Louis contemple Marie, ses yeux rieurs, ses beaux cheveux ramenés en chignon lâche. Il l’aime…

— Dis-moi, Loulou, m’as-tu déjà trompée ? Tu peux bien me l’avouer, à présent.

Il lève les yeux au ciel :

— Marie, enfin… Tu sais bien que je ne m’en souviens plus… Et toi, alors ? Tu es bien inventive pour décrire un amant…
— Quelle importance… puisque nous sommes là, ensemble, aujourd’hui. Je suis toujours amoureuse de toi, tu sais…

Louis tend le bras, sa main se pose sur celle de sa femme, son regard s’assombrit.

— Loulou… Je sais à quoi tu penses, vieux sacripant !
— Alors ?
— Voyons… Où pourrions-nous aller ? Un endroit pas encore visité…
— La nouvelle salle d’infirmerie ? Ils ont évacué la vieille Madame Martin hier, il n’y a personne en ce moment.
— Chiche !
— Chiche…

Les deux septuagénaires se lèvent lentement. Ils disparaissent par la porte de derrière, sans que personne ne prête attention à leur sortie discrète du salon de télévision de la maison de retraite.



Lizzie

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Message  CROISIC Dim 6 Mar 2011 - 15:08

Je sais qu'il ne sert a rien de personnaliser les textes. Les hasards sont rares, ma mère s'appelle Marie MARTIN, elle est Alzheimer, et aura 98 ans en août 2011 ; elle est également placée en centre spécialisé depuis plus d'un an. Tout est plus ou moins explicite dans le catalogue depuis mon arrivée dans ce forum... je m'étonne.
Je n'enlève rien à la qualité de votre tryptique mais permettez-moi d'en souffrir !!!
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Message  Invité Dim 6 Mar 2011 - 15:22

Croisic, une nouvelle recrue n'a pas forcément lu tout le catalogue !
Lizzie, cette malheureuse coïncidence n'enlève rien à ton texte que je trouve très abouti, plein de malice et d'humanité, bref un texte qui me séduit tout à fait §
Appelle donc cette septuagénaire Coline Dé je jure solennellement que je n'en souffrirai pas et notre Croisic sera rassérénée, j'espère !

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Message  Invité Dim 6 Mar 2011 - 15:23

Le § est un point d'exclamation merdé !

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Message  Invité Dim 6 Mar 2011 - 15:51

Changez donc ce nom et voilà tout, un petit Martell pour Croisic et ça repart.
Je n'ai pas lu les italiques, mais le reste fonctionne très bien, je suis comme atterré de ces petits vaudevilles comme vous le seriez d'autre choses comme la soupe au chien.
Concluant donc ! J'ai aimé la vivacité de l'écriture, les variations. Reste à intégrer un de ces fragments dans un roman, ou une vraie grande nouvelle.

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Message  Lizzie Dim 6 Mar 2011 - 16:39

@ Croisic: Croyez bien que je suis la première surprise de votre commentaire. A vrai dire, je n’ai lu que vos derniers textes, et sans doute pas tous. Les thèmes qui m’inspirent sont universels (je dirai même «bateaux », de cette banalité qui fait notre quotidien et notre humanité), s’ils vous parlent, tant mieux. Quant aux prénoms… Marie ? Lorsque j’écris une nouvelle marquée dans le temps, je cherche des prénoms à la mode dans les années choisies (c’est facile avec internet). Là, j’ai choisi Marie, prénom intemporel. Enfin, si vous voulez tout savoir, j’ai écrit cette nouvelle en 2009, après la sortie de la chanson Fuck you, bien avant de fréquenter VE. J’ai aussi écrit des histoires de frères. Et bien d’autres. Avez-vous des frères ?
Bon, je peux changer les prénoms, ça n’a AUCUNE importance !

@ Coline : heu… Promis, je ne pensais pas à toi… (ha bon, dans la nouvelle infirmerie ? Rhôôô^ !)

@ Panda : J’ai pas encore mon dico panda-lizzien, mais je crois comprendre que vous avez aimé. Cool ! Un roman ? Chuis fainéante, j’en ai bien peur. Une vraie grande nouvelle : oui, plus à ma portée.

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Message  CROISIC Dim 6 Mar 2011 - 17:39

Je ne suis pas une emmerdeuse, juste susceptible ! Votre dernier texte traitait du même sujet et je vous avais fait part de ma difficulté à le lire.
VOUS N ECRIVEZ PAS POUR MOI. JE LE SAIS.C'est juste une accumulation de détails qui me heurtent et comme je l'ai déjà dit, n'enlèvent rien à la qualité de VOS ECRITS.
L'hiver a été long !
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Message  CROISIC Dim 6 Mar 2011 - 17:42

Oui, cher Panda, car avec Remi... le ressenti serait identique !
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Message  CROISIC Dim 6 Mar 2011 - 21:32

coline Dé a écrit:Croisic, une nouvelle recrue n'a pas forcément lu tout le catalogue !
Lizzie, cette malheureuse coïncidence n'enlève rien à ton texte que je trouve très abouti, plein de malice et d'humanité, bref un texte qui me séduit tout à fait §
Appelle donc cette septuagénaire Coline Dé je jure solennellement que je n'en souffrirai pas et notre Croisic sera rassérénée, j'espère !

Merci Coline pour ta bonté... je te rends ta liberté. Quelques heures d'oubli et j'ai retrouvé mes esprits. J'ai trouvé mes propos désuets et un peu ridicules à la relecture... trop tard pour les rattraper. Je hais les dimanches je devrai donc m'abstenir de tout commentaire ce jour là ! (et les lundi aussi)
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Message  Invité Lun 7 Mar 2011 - 11:04

Bonne idée, bon traitement, j'ai lu sans m'ennuyer une seconde. Bien bien bien...

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Message  elea Lun 7 Mar 2011 - 21:02

J’aime beaucoup ta variation autour d’un même thème, même si ça peut faire exercice. Les tons différents sont bien vus et l’histoire en italique relève le tout d’une pointe de tendresse et d’émotion parfaitement dosées.

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