L'anticyclone des Açores

[milo]

Aujourd'hui il y a du blanc devant mes phrases. Des silences dans tout ce qui existe. Aujourd'hui, j'ai l'air malheureux.
J'ai ma tête de peuchère, celle qui te fait pitié
celle qui te rend un peu mère.
Alors, tu passes doucement ta main dans ma barbe et tu appuies ta paume contre ma joue. Comme pour me dire, que si j'en avais envie, je pourrais oublier tout ça. Comme pour me dire, que si j'en avais envie, je ne serai plus jamais seul...
Je t'avoue que j'aimerais bien que tu me suces.

Je poserais ma main sur le haut de ton crâne et tu serais à genoux ; les pieds serrés, les mains dans le dos. Je baiserais ta vilaine petite gueule en te disant des mots d'amour. Je te ferais croire que tu es la première, la seule, et je jouirais dans ta bouche. Ça serait merveilleux et je te dirais de cracher parce que c'est dégueulasse. Tu me croirais...
Tu te lèverais et tu voudrais m'embrasser ; par amour, surement. Alors, je tournerais la tête.
Parce que ça va mieux.


Dans la droite ligne de tout ce qui tombe, j'ai posé mon pouls, quelques bières et ce que je suis, sur la table basse du salon.
Mon cœur, finalement, ne vaut pas cher.
Il fait du bruit dans la poubelle à verre, des rimes faciles dans les petits textes.

À la télé, le ciel est bleu, dégagé sur le Golfe du Lion. L'anticyclone des Açores n'a décidément rien à voir avec la vie :

Hier, tu as fait un arrêt cardiaque.
Réanimation. Une main au dessus de l'autre.


Des fois, le cœur s'arrête vraiment.

[Invité]

Milo, c'est grâce à l'anticyclone que le soleil brille ;-)
Je laisse commenter les véliens plus avisés.

[Invité]

Voilà. Milo, ça écorche. Toujours.

[elea]

J’ai aimé le début, mélancolie, douceur, quelque chose de poignant en quelques mots, dans un joli blanc devant les phrases et la douceur d’une main consolante. C’est feutré, à demi-mots, suggéré et fort, tout ce que j’aime.
Vient ensuite la crudité du paragraphe en italique qui tranche net sur ce début, que je ressens comme un cri, une violence, peut-être un regret.
Et cette fin qui éclaire, tragique et sobre.
Beaucoup aimé.

[Invité]

J'ai trouvé ça très très fort, et pourtant, en général je n'aime pas du tout la provo. Mais là, il y a une vraie poésie, un vrai renversement des sentiments, de la morale, à l'image de cet anticyclone... Je suis sous le charme

[Bouli]

Tu joues subtilement sur le rythme, sur les évocations, des très claires au moins abruptes ; émotion et humanité s'en dégagent, on s'y plonge. Les essentiels y sont. Une réussite.

[mentor]

Je poserais ma main sur le haut de ton crâne et tu serais à genoux ; les pieds serrés, les mains dans le dos. Je baiserais ta vilaine petite gueule en te disant des mots d'amour. Je te ferais croire que tu es la première, la seule, et je jouirais dans ta bouche. Ça serait merveilleux et je te dirais de cracher parce que c'est dégueulasse. Tu me croirais...
Tu te lèverais et tu voudrais m'embrasser ; par amour, surement. Alors, je tournerais la tête.
Parce que ça va mieux.

pas que je sois particulièrement prude
mais je n'aime pas du tout quand c'est trop explicite
et là, franchement... :-(

[Yoni Wolf]

Up!

[Chako Noir]

Avec toi, quelle humilité qu'appartenir au genre humain, ça j'aime. Quelle nostalgie, aussi.

[Sahkti]

Le souci, après avoir lu ceci, c'est que je ne sais pas trop quoi dire parce que j'ai tout aimé, sans chipoteries ni distinction. Tu parles d'un commentaire pauvret ! :-)
J'ai particulièrement apprécié la violence de l'ensemble, d'abord dans l'attitude du type qui sous couvert de tendresse se regarde lui et uniquement lui, en vivant par l'autre. ensuite parce que ce repère vacille à la fin et là encore, c'est très fort et bien mené, ça percute.

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