Un rond de rose

[Marvejols]

.......Un rond de rose

Elle s’appelle Rose
Aux joues toujours
Un rond de rose.

On ne la voit que quelques jours
Quand elle sort dans notre rue.
Lui manque la voix
Sans moi vous n’auriez su.
Comme les oiseaux
Les plus beaux
A chanter ne sortent
Qu’après la pluie aux beaux rayons,
Vous la verrez petite pension
Passer sa porte
Dès qu’elle aura senti poser sur soi
Quelque soleil des gens.

Aux joues un rond de rose
Elle sort, hésite elle ose
Elle va à petit pas
S’appuyant à son petit chariot
Futur fardeau, elle descend
La rue sans un mot
Sans être vue.

Elle est coquette Rose
Elle est sur l’avenue


Chemisier blanc et casquette
Elle demande bien peu de choses.
Elle va Rose comme chaque midi
Faire ses courses son emplette
Et rien ne dit ni rien ne prie
Qu’à moi, parfois.

Vous la verrez alors
Pour régler ses quelques achats
Sortir une petite bourse
Non pas des assignats
Ni de l’or
Et sans mot dire.
Maintenant voyez qu’elle pousse
On craint le pire
Son lourd chariot
Rempli de petits rien,
De quelques pots.
Elle le tire jusqu’à demain
Avec de petits cris
On dirait qu’elle cause
Sinon qu’elle rit.

Elle s’appelle Rose
Aux joues toujours
Un rond de rose.

Au tramway elle trouve
La porte souvent close
Elle appelle qu’on lui ouvre
De ses mots muets
De sa bouche bée
Mais nul ne comprend
Derrière la vitre et la buée.
Derrière la vitre et la buée
Que le monde rapide
Aux petites gens
Aux petits vieux s’impose.

Elle s’appelle Rose
Elle est bien peu de chose.
Qu’on lui parle le temps d’une pause
Alors vous la verrez elle s’illumine
Vous accompagne et chemine
Avec son petit chariot
Du rose à sa mine
Et toujours sans mot.

Voyez comme elle est digne
Et comme elle cause
Elle vous raconte en signes
En petits cris mille grandes choses.
Tenez elle va bientôt
Partir en maison de repos.
Fini l’escalier trop raide
Et le bar en bas et son bruit
Qu’elle fuit sans qu’on l’aide.
A son langage ses petits cris
Et comme elle m’écrit
Sur un petit papier
En me serrant le bras
Je comprends lentement
Que là-bas elle retrouvera
Un amant d’il y a longtemps.

Elle s’appelle Rose
Aura toujours aux joues
Un rond de rose.

Et nous dit sans mot
Nous dit en petits cris
Que le monde repose
Sur quelques cœurs
Aux joues de rose.

...............Marvejols

[Invité]

J'ai trouvé ça vraiment sympa !
Mais je suis toujours surprise pas l'absence de rythme ou alors je ne sais pas lire ?

[Invité]

petite pension
à petits pas
son petit chariot
petite bourse
de petits riens
de petits cris
aux petites gens
aux petits vieux
petit chariot (à nouveau)
et petits cris (à nouveau)
ses petits cris (trois fois)
un petit papier
en petits cris (quatre fois)

en somme, un poème...petit

[Celeron02]

très joli et tendre
(que seront nos âges mûrs ?)
la quête du bonheur est pleine
d'étonnement

[Loreena Ruin]

Je suis désolée, même si j'apprécie une poésie ici (il me semble) libérée des contraintes de la versification classique, je n'ai vraiment pas accroché, c'est trop long pour moi, la thématique ne m'a pas traversée, comme si son traitement en était un peu trop "rose" (justement), et aussi, pas assez épurée...

Une remarque : ici, le quatrième vers me semble de trop (il a interrompu ma lecture, rompu la fluidité du propos, de l'image) :

On ne la voit que quelques jours
Quand elle sort dans notre rue.
Lui manque la voix
Sans moi vous n’auriez su.

[Marvejols]

le quatrième vers me semble de trop

Sans moi vous n’auriez su.

Je crois que vous avez raison, cette intrusion du moi dans une position de narrateur omniscient est une rupture qui ne présente pas d'intérêt convaincant. Ce vers est à retirer. Je note toutefois avec amusement que bien des textes ici s'avèrent sans Je ni Moi tout en étant remplis du moi, parfois jusqu'à l'hypertrophie. Vous me rappelez à juste titre que la règle est l'effacement de l'auteur derrière son texte.

Embellie, je vous trouve un peu sévère quand vous affirmez que le texte serait lui-même "petit", le jeu de mot est facile et je crains d'avoir échappé de peu au "poème à l'eau de rose". Ceci dit je suis sensible à votre pistage des "petit". Je ne m'étais pas rendu compte qu'il y en avait autant et je crois qu'il y aurait un mieux à en retirer quelques uns. Notons toutefois que cette répétition participe de la caractérisation de la personne, peu de chose dans un monde quelque peu rude. Rose existe vraiment, elle est muette et descend ou remonte la rue du Pila à Montpellier.

[Loreena Ruin]

Je note toutefois avec amusement que bien des textes ici s'avèrent sans Je ni Moi tout en étant remplis du moi, parfois jusqu'à l'hypertrophie. Vous me rappelez à juste titre que la règle est l'effacement de l'auteur derrière son texte.

Je n'ai pas de telles règles en tête, Marvejols. Je crois d'ailleurs que c'est plus l'adresse au lecteur ("vous") que le "moi" qui m'ennuyait dans le vers que j'ai cité...

Et puis, en poésie, il est difficile de ne pas parler de "soi", non ? Même en le cachant, ce que nous proposons (ou tentons de proposer), au final, c'est une vision du monde qui nous est propre, des questionnements et sensations singulières que nous voulons faire exister !

[Maryse]

Sans toi nous n'aurions su...
Que les chants d'oiseaux les plus beaux sont toujours après la pluie
Très émue!
Je l'ai vu cette dame les joues "blushées"de vie

[nini031]

J'ai apprécié votre poème et cette strophe en particulier :

Au tramway elle trouve
La porte souvent close
Elle appelle qu’on lui ouvre
De ses mots muets
De sa bouche bée
Mais nul ne comprend
Derrière la vitre et la buée.
Derrière la vitre et la buée
Que le monde rapide
Aux petites gens
Aux petits vieux s’impose.

J'aime bien les répétitions et le ton, la simplicité qui ressort du poème, et l'émotion qu'il véhicule, en fait ça ressemble un peu à une chanson.

[Marvejols]

J'ai trouvé ça vraiment sympa !
Mais je suis toujours surprise pas l'absence de rythme ou alors je ne sais pas lire ?

ColineDé - qu'entendez-vous au juste par "absence de rythme"? merci à vous.

......Marvejols

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