Je revois la villa sur la route de Portes
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Loreena Ruin
loic
6 participants
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Je revois la villa sur la route de Portes
Vers Portes
Je revois la villa sur le chemin de Portes
Galéjant sur les combes, coiffée de tuiles rousses.
Une pinède sombre en déchire les toits
Ses murs étaient de grège, étouffés de cyprès, et plus loin sur la route vers les marnes désertes
S’en venaient les charrois aux ridelles ventrues, les bras chargés d’essarts
Leurs roues cerclées de fer recourbant les épis
Graminées laminaires, toutes ocrées par le sec
Les bâtisses de brique, les pins de soutènement garés en allumettes
L’approche des recettes aux tourelles puissantes, le roulis des molettes, la remonte des hommes.
Je revois la villa sur la route de Portes
Persiennes entrouvertes dans le feu des cigales, et l’agonie d’un jour orangé d’inquiétude.
Plus loin
Dans cette immense chambre, celle où tu m’attendais
Le craquement des planches, une sentence d’été
Le sombre de tes yeux, rêves assassinés.
Je revois la villa sur le chemin de Portes
Galéjant sur les combes, coiffée de tuiles rousses.
Une pinède sombre en déchire les toits
Ses murs étaient de grège, étouffés de cyprès, et plus loin sur la route vers les marnes désertes
S’en venaient les charrois aux ridelles ventrues, les bras chargés d’essarts
Leurs roues cerclées de fer recourbant les épis
Graminées laminaires, toutes ocrées par le sec
Les bâtisses de brique, les pins de soutènement garés en allumettes
L’approche des recettes aux tourelles puissantes, le roulis des molettes, la remonte des hommes.
Je revois la villa sur la route de Portes
Persiennes entrouvertes dans le feu des cigales, et l’agonie d’un jour orangé d’inquiétude.
Plus loin
Dans cette immense chambre, celle où tu m’attendais
Le craquement des planches, une sentence d’été
Le sombre de tes yeux, rêves assassinés.
Re: Je revois la villa sur la route de Portes
Un beau texte. J'ai aimé, avec une mini (mais alors mini) réserve pour le dernier vers, avec cette l'allusion un peu convenue aux yeux, et ces "rêves assassinés" qui sonnent comme le titre d'un roman policier...
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 34
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: Je revois la villa sur la route de Portes
Alors là, moi je vais vous dire! J'adore.
J'aime tes mots Loïc qui caillassent tes textes.
C'est un bonheur de les lire fort.... Juste un "pitit pitit" mot pour te dire après "toutes ocrées" (.... PAR le sec... ne coule pas! Comme le reste) Mais juste ça.
J'aime tes mots Loïc qui caillassent tes textes.
C'est un bonheur de les lire fort.... Juste un "pitit pitit" mot pour te dire après "toutes ocrées" (.... PAR le sec... ne coule pas! Comme le reste) Mais juste ça.
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: Je revois la villa sur la route de Portes
Moi aussi j'ai trébuché sur "par le sec", trop sec sans doute...
Mais toujours ta belle manière évocatrice,tes mots qui frappent là où il faut.
Beau texte.
J'ai aimé les charrois aux ridelles ventrues, graminées laminaires
et le roulis des molettes, mots bien choisis pour leurs sonorités.
Invité- Invité
Re: Je revois la villa sur la route de Portes
pour le toutes ocrées par le sec, je m'attendais à vos remarques
si je disais que c'est volontaire, pour briser justement une première fois la poésie du propos avant d'arriver au vers final
un peu comme en musique j'ai voulu mettre une cadence plagale avant la cadence finale
ca tiendrait la route?
si je disais que c'est volontaire, pour briser justement une première fois la poésie du propos avant d'arriver au vers final
un peu comme en musique j'ai voulu mettre une cadence plagale avant la cadence finale
ca tiendrait la route?
Re: Je revois la villa sur la route de Portes
Loic est aussi à l'aise dans le ballast qui grince au talus, en banlieue ferroviaire, qu'en cade ou cyprès qui frottent au mur calcaire. Un beau moment de femme & roc ...
J'ai bien aîmé notamment ces passages ou évocations:
J'apprécie aussi le lexique des ocres ou de la rouille (même si les ridelles / haridelles....), par exemple:
"Leurs roues cerclées de fer "
" toutes ocrées par le sec"
"Les bâtisses de brique,"
" les pins"
sans doute aussi "le roulis des molettes,"
puis encore "le feu des cigales, et l’agonie d’un jour orangé".
Dommage une pointe savante décalée : plagal... mais que, qu'est-ce? au secours! Ah, enfin là:
http://www.cnrtl.fr/definition/plagal euh...
Merci Loïc pour ces marnes du temps qui nous sont si près.
J'ai bien aîmé notamment ces passages ou évocations:
ainsi queloic a écrit:Une pinède sombre ..déchire les toits
ou encore (et encore plus)loic a écrit:Ses murs... étouffés de cyprès,
A lire la fin, sans doute est-ce aussi le mas des mânes désertes.loic a écrit:les marnes désertes
J'apprécie aussi le lexique des ocres ou de la rouille (même si les ridelles / haridelles....), par exemple:
"Leurs roues cerclées de fer "
" toutes ocrées par le sec"
"Les bâtisses de brique,"
" les pins"
sans doute aussi "le roulis des molettes,"
puis encore "le feu des cigales, et l’agonie d’un jour orangé".
Dommage une pointe savante décalée : plagal... mais que, qu'est-ce? au secours! Ah, enfin là:
http://www.cnrtl.fr/definition/plagal euh...
Merci Loïc pour ces marnes du temps qui nous sont si près.
Re: Je revois la villa sur la route de Portes
Plus je le lis, plus j'aime! Même à "sec"
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: Je revois la villa sur la route de Portes
on pense très fort à Giono......
et aussi , je ne sais pourquoi, cette photo de Willy Ronis, dans le sud, sa femme nue se rafraîchissant devant une cuvette dans une maison du sud
les images sont si fortes chez toi, qu'elles emportent les mots
et aussi , je ne sais pourquoi, cette photo de Willy Ronis, dans le sud, sa femme nue se rafraîchissant devant une cuvette dans une maison du sud
les images sont si fortes chez toi, qu'elles emportent les mots
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Willy Ronis
pour la photo de Willy Ronis
http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.tout-paris.org/wp-content/uploads/2010/04/expo-Willy-Ronis.jpg&imgrefurl=http://www.tout-paris.org/exposition-willy-ronis-monnaie-de-paris-8953&usg=__Lv5wbFOSA8YdW33qlevNqwKnLr0=&h=500&w=391&sz=60&hl=fr&start=1&sig2=yy-pmgI_6k-pI1IC5HtHcA&zoom=1&tbnid=Y0zSYa-Z1BPLpM:&tbnh=130&tbnw=102&ei=MxmPTZOYB4Op8QOym9mZBg&prev=/images%3Fq%3Dwilly%2Bronis%26um%3D1%26hl%3Dfr%26client%3Dsafari%26sa%3DX%26rls%3Den%26biw%3D1918%26bih%3D987%26tbs%3Disch:1&um=1&itbs=1
mitsouko- Nombre de messages : 560
Age : 63
Localisation : Paris
Date d'inscription : 08/11/2008
Re: Je revois la villa sur la route de Portes
Vers Portes, le village au nom d’une ouverture. Portes, ville ouverte…
Sur le chemin de Portes, ce qui retient la mémoire, ce n’est pas une ville, mais une villa, très féminine, rousse.
La villa n’est pas fermée ; « persiennes entrouvertes », elle semble tout de même accueillante, à demi ouverte sur les chants de l’été, ajourée à demi sur l’orangé d’une inquiétude, entre sérénité et anxiété, jour et nuit, vivacité, létalité. Plus loin, les jours et les travaux. Charrois et émois. Saisons.
C’est elle pourtant, la villa au milieu des champs, qui marque la mémoire. Plus que la scène finale, d’une chambre immense. Plus que des yeux sombres sans soleil.
La villa comme un signe sur la route de Portes, prémonitoire, on ne sait. Comme lieu du crime des rêves assassinés, qui sait ?
Mais « une sentence d’été », assurément. Et ce n’est pas seulement un arrêt de la mémoire, le fini encore de la lumière, l’ombre, l’arrêt de mort. Fin de toute saison. Portes ouverte et refermée.
Un beau texte.
Sur le chemin de Portes, ce qui retient la mémoire, ce n’est pas une ville, mais une villa, très féminine, rousse.
La villa n’est pas fermée ; « persiennes entrouvertes », elle semble tout de même accueillante, à demi ouverte sur les chants de l’été, ajourée à demi sur l’orangé d’une inquiétude, entre sérénité et anxiété, jour et nuit, vivacité, létalité. Plus loin, les jours et les travaux. Charrois et émois. Saisons.
C’est elle pourtant, la villa au milieu des champs, qui marque la mémoire. Plus que la scène finale, d’une chambre immense. Plus que des yeux sombres sans soleil.
La villa comme un signe sur la route de Portes, prémonitoire, on ne sait. Comme lieu du crime des rêves assassinés, qui sait ?
Mais « une sentence d’été », assurément. Et ce n’est pas seulement un arrêt de la mémoire, le fini encore de la lumière, l’ombre, l’arrêt de mort. Fin de toute saison. Portes ouverte et refermée.
Un beau texte.
Louis- Nombre de messages : 458
Age : 68
Date d'inscription : 28/10/2009
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