Lendemain

[Allover]

Les rayons d’un soleil rouge
Caressaient les corps tuméfiés
Plus personne ne bouge,
La mort a encore gagné.

Le vent soufflait les vies une à une,
Faisant danser les oriflammes.
A la lueur du jour, blêmit la lune brune,
Outrée d’avoir assisté au drame.

Un nuage s’est mis à pleurer
Sur les chairs écarlates.
Un page finit d’agoniser,
Au loin, un éclair éclate.

Un ciel de colère
Saluait les guerriers.
Le rimmel de la guerre
Ruisselait dans la vallée.

Hagards, les vautours
En ont perdu l’appétit.
Leur regard sont lourds,
Venus juste par dépit.

Le merle refuse de chanter
Et s’envole, en larmes.
Ses perles accusent l’humanité
De n’avoir pas de charme.

Combien de nuit et de jours
Avait duré le fracas des armes ?
Combien de cris , d’au secours
Avaient fait trembler d’effroi les arbres ?

La rosée, sur le sang coagulant,
Se permet de jouer des reflets.
Les gouttes de pluie, s’y mêlant,
Faisaient scintiller les saignées.

Corps sans tête aux bras ballants,
Accroché par une lance à un chêne,
Un héros vedette ou un roi vaillant,
S’est rappelé que la puissance est vaine.

Les gémissements des guerriers valeureux
Se taisent pour laisser place aux larmes.
Les combattants enragés sont silencieux.
Sur la cimaise de la fatalité, s’efface les âmes.

Alors que s’attarde ce lendemain de bataille
Et que s’effacent les mobiles de la violence,
Elle regarde les chiens fouiller les entrailles,
La mort est lasse de cette futile engeance.

Tout cela pour les charmes d’une divinité
Qui clamait le règne de l’amour quitte à tuer.
Tout cela pour que les armes d’une royauté
Puissent conter qu’un jour elle fût ensanglantée.

Rappelle toi le bruit des larmes,
Qui ruisselèrent préparant les cadavres.
Souviens toi du bruit des larmes
Qui coulèrent avant le sang des braves.

[Marvejols]

Il y a un certain souffle épique qui me plaît dans ce texte qui gagne en intensité au fur et à mesure qu'il se déroule. D'ailleurs il commence vraiment avec "Combien de nuit et de jours" et développe des réminiscences hugoliennes (son père au champ de bataille qui donne l'eau, Waterloo morne plaine etc). Je pense d'ailleurs que le texte hésite entre deux styles ou même deux textes, deux histoires différentes. Au début je pensais à la Libye et aux chars détruits (hommes explosés et calcinés avec) en banlieue de Benghazi. Puis, restant incertains, un Moyen Age ou des Thermopyles se précisent (mais ça reste peut-être la Libye ou en tout cas la guerre de toujours). Cependant il y a dans le texte quelques ruptures de temps gênantes à mes yeux :
"Les rayons d’un soleil rouge
Caressaient les corps tuméfiés
Plus personne ne bouge" .......... ou encore

"La rosée...
Se permet .....
Les gouttes de pluie, s’y mêlant,
Faisaient..."

Quelques points à reprendre grammaticalement aussi ("s’effacent les âmes." ou "Combien de nuits et de jours") et quelques artificialités ("la cimaise de la fatalité", "cette futile engeance"). Evidemment je me suis longuement interrogé (et le fais encore) sur le "fût" accentué de "Puissent conter qu’un jour elle fût ensanglantée" : j'aurais vu un simple FUT plutôt qu'une sorte de conditionnel 2è forme (aurait été), vrai qu'n italien ou en espagnol on aurait un subjonctif passé...

Ce texte, qui me semblerait gagner à être retravaillé un peu sinon quelque peu épuré, nous change en tout cas des poésies du moi ou du destroy qui finissent par clore l'horizon et vous faire chercher le premier arbre ou vous pendre.

[Marvejols]

* où

[Invité]

Rien de neuf à déclarer sous le dernier commentateur, saluer le texte et par là-même son auteur.
s’efface les âmes c'est un peu pousser le bouchon trop loin dans l'inattention, fait donc reposer le texte une nuit ou plus pour y jeter un Zœil le lendemain. J'ai beaucoup apprécié les intentions pacifiques du texte, merci.

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