La lagune s'endort
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Maryse
Clarisse
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La lagune s'endort
Je regarde ta lettre qui gondole
et se plisse
et tes mots dilués
qui doucement rejoignent
des milliers d'autres mots,
jetés par-dessus bord
dans ces canaux putrides
près des palais mémoire
que la mer a rongé
comme le temps notre histoire.
Les pigeons sur la place
s'enfuient à tire d'aile
et flottent çà et là
quelques plumes duvets.
Les passants-passerelles
Posent pour la photo.
Il faut nourrir le rêve
avant que d'oublier.
Les boutiquiers exhibent
des masques impavides
sans regard et sans âme
comme peut l'être la mort.
Dans Venise sanguine,
la lagune s'endort
et songe, impassible,
à changer de décor.
et se plisse
et tes mots dilués
qui doucement rejoignent
des milliers d'autres mots,
jetés par-dessus bord
dans ces canaux putrides
près des palais mémoire
que la mer a rongé
comme le temps notre histoire.
Les pigeons sur la place
s'enfuient à tire d'aile
et flottent çà et là
quelques plumes duvets.
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Dans Venise sanguine,
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et songe, impassible,
à changer de décor.
Clarisse- Nombre de messages : 227
Age : 72
Date d'inscription : 10/03/2011
Re: La lagune s'endort
J'ai un peu de mal à me représenter une lagune comme une identité qui songe, de plus celle de Venise, qui ne quitterais pas son décor pour rien au monde. Sinon j'aime bien le texte, pas le découpage, il serait très beau à plat:
Je regarde ta lettre qui gondole, se plisse et tes mots dilués qui doucement rejoignent des milliers d'autres mots, jetés par-dessus bord dans ces canaux putrides près des palais mémoire que la mer a rongé comme le temps notre histoire.
On y est , dans le roman, dans le lieu, dans cette histoire, en conservant l'aura poétique initiale.
Invité- Invité
Re: La lagune s'endort
Jolie plume Clarisse, simple et émouvante.
Il restera sur l'eau quelques duvets....
Il restera sur l'eau quelques duvets....
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: La lagune s'endort
Ahah ! je suis d'accord avec panda ! En prose ça rend vraiment bien.
Mais bon, c'est déjà agréable comme ça, même si quelques tournures me semblent un peu bizarres : "quelques plumes duvets", "avant que d'oublier". J'ai beaucoup aimé la première "strophe" et le deuxième et troisième quatrains.
Mais bon, c'est déjà agréable comme ça, même si quelques tournures me semblent un peu bizarres : "quelques plumes duvets", "avant que d'oublier". J'ai beaucoup aimé la première "strophe" et le deuxième et troisième quatrains.
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 34
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: La lagune s'endort
Je ne vais pas être originale, parce que les copains ont déjà tout dit et qu'ils ont raison. Il y a un souffle très vif dans ce texte, une énergie, on est vraiment transporté là-bas, à cet instant précis. Je regrette juste la proximité de "impavide" (qui - j'ai vérifié dans le dictionnaire - est en effet le mot adéquat) et "impassible".
Pour Loreena (je me permets) : avant que de + vb infinitif est une tournure littéraire.
Pour Loreena (je me permets) : avant que de + vb infinitif est une tournure littéraire.
Invité- Invité
Re: La lagune s'endort
Merci pour vos commentaires. Je retravaille ce poème dont la première "tirade" mérite effectivement la disposition préconnisée par Panda. Je vais tenter d'intercaler entre chaque quatrain une tirade plus longue, c'est pas encore gagné, je manque un peu de souffle! En tout cas, la lagune ne rèvera plus à changer de décor, c'est promis!
Clarisse- Nombre de messages : 227
Age : 72
Date d'inscription : 10/03/2011
Re: La lagune s'endort
Voici le nouveau jet.
Je regarde ta lettre qui gondole, se plisse et tes mots dilués qui doucement rejoignent des milliers d'autres mots, jetés par-dessus bord dans ces canaux putrides près des palais mémoire que la mer a rongés comme le temps notre histoire.
Les passants-passerelles
Posent pour la photo
Broderies et dentelles
Cachent les oripeaux
La ville a la pâleur de ces roses fanées que l'on n'ose jeter par peur de s'oublier.
Les pigeons sur la place
s'enfuient à tire d'aile
et flottent çà et là
quelques légers duvets.
La douceur de ta peau revient me caresser dans un souffle de vent, l'espace d'un instant.
Les boutiquiers exhibent
des masques impavides
sans regard et sans âme
comme peut l'être la mort.
D'une oreille distraite j'entends les commentaires d'un groupe d'étrangers, visite organisée, j'aime à ne pas comprendre, j'aime à imaginer.
Des ombres sibyllines
Effleurent le décor
Dans Venise sanguine,
la lagune s'endort.
Je regarde ta lettre qui gondole, se plisse et tes mots dilués qui doucement rejoignent des milliers d'autres mots, jetés par-dessus bord dans ces canaux putrides près des palais mémoire que la mer a rongés comme le temps notre histoire.
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Broderies et dentelles
Cachent les oripeaux
La ville a la pâleur de ces roses fanées que l'on n'ose jeter par peur de s'oublier.
Les pigeons sur la place
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La douceur de ta peau revient me caresser dans un souffle de vent, l'espace d'un instant.
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D'une oreille distraite j'entends les commentaires d'un groupe d'étrangers, visite organisée, j'aime à ne pas comprendre, j'aime à imaginer.
Des ombres sibyllines
Effleurent le décor
Dans Venise sanguine,
la lagune s'endort.
Clarisse- Nombre de messages : 227
Age : 72
Date d'inscription : 10/03/2011
Re: La lagune s'endort
Une nouvelle version intéressante, on sent de vraies possibilités, un vrai souffle, mais je trouve la poésie comme étriquée ici par cette alternance prose/quatrain où certaines phrases comme "La douceur de ta peau revient me caresser dans un souffle de vent, l'espace d'un instant." me semblent un poil artificielles, juste là pour la cohérence formelle, pas pour faire sens... Les passages en prose pourraient par exemple prendre des dimensions plus importantes, pour ne pas donner ce côté très "haché" qui convient mal (je trouve) au rythme de la contemplation/réflexion... En l'état, le rythme et les images suggérées par la prose se font, je trouve, happer par la forte cohérence formelle et rythmique des quatrains.
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 34
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: La lagune s'endort
J'aime beaucoup la deuxième version avec son alternance de prose et de quatrains.
Je regrette seulement la phrase : " D'une oreille distraite j'entends les commentaires d'un groupe d'étrangers, visite organisée, j'aime à ne pas comprendre, j'aime à imaginer." Elle fait trop note de carnet de voyage. Inclus dans la poésie, les propos entendus pourraient devenir murmures qui passent par les por(t)es de la ville, sous les ponts, avant de parvenir à l'oreille vagabonde du poète. Venise et son atmosphère humide se prête bien à une telle propagation des sons.
Ceci est juste un point de vue personnel. Mise à part la phrase citée, ce poème, à mes yeux, a beaucoup de charme.
Je regrette seulement la phrase : " D'une oreille distraite j'entends les commentaires d'un groupe d'étrangers, visite organisée, j'aime à ne pas comprendre, j'aime à imaginer." Elle fait trop note de carnet de voyage. Inclus dans la poésie, les propos entendus pourraient devenir murmures qui passent par les por(t)es de la ville, sous les ponts, avant de parvenir à l'oreille vagabonde du poète. Venise et son atmosphère humide se prête bien à une telle propagation des sons.
Ceci est juste un point de vue personnel. Mise à part la phrase citée, ce poème, à mes yeux, a beaucoup de charme.
Carmen P.- Nombre de messages : 537
Age : 69
Localisation : Ouest
Date d'inscription : 23/04/2010
Re: La lagune s'endort
J'aime bien également et préfère la deuxième version, même si je crois que tu peux, encore, affiner la présentation. (Peut-être des blocs de prose aux lignes plus courtes ?)
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 53
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: La lagune s'endort
.....Je préfère absolument la première version même si la remarque de PandaW est judicieuse. En fait il a repéré une certaine plasticité formelle de quelque passage. Mais vous avez eu tort de rentrer dans un exercice formel, dans l'effort : il a détruit la force expressive et "suggestionnelle" du poème, sa prime gnaque*. De plus il vous a déstabilisée et vous fait écrire des choses à proscrire ("s'oublier", la "villàla", les "zoripeaux" etc. Pas de doute pour moi la prima stesura era molto migliore. Seule chose que je sauverais de la seconde : le retrait du "changer de décor". Je n'aime pas que Venise -que je connais- soit ramenée à un décor, ça c'est lorsqu'on ne parvient pas à s'en pénétrer (il est vrai que le dépaysement est radical). Quindi, che s'addormenti la laguna mi va benissimo.
* à ce propos (ce que je vais dire est un peu horrible de prime babord) il me semble que le travail nuit souvent au poème. Le travail (la machine à 3 pieux à torturer les esclaves), le labeur (la peine harassante du laboureur), généralement se sent. Il transparaît et tend à affleurer. Il vampirise le texte. Le travail convient sans doute mieux aux poèmes narratifs et je ne crois pas que les racines passaient 6 ans sur une pièce en alexandrins. Non ces gens avaient le rythme dans la peau et les mots pour le dire arrivaient plutôt aisément. Le vrai travail (qui n'est pas forcément la chose la plus longue) devait être ailleurs. En revanche un poème "sensitif" pour moi vous vient d'un coup. Il y a éruption, irruption. Ça monte des profondeurs (la mémoire, le subconscient), même si souvent on a ruminé des bribes, capté une image à l'orle de sa fuite et qu'on l'a stockée (elle va devenir un "moment" essentiel du texte ou même son point d'origine). L'auteur le sait toujours : il n'a pas trop intérêt à s'éloigner de son premier geyser poétique. Cela n'interdit pas bien entendu un certain travail, mais genre ciselure, orfèvrerie, fine finition finale. C'est Rodin qui se jette d'un seul coup sur sa glaise et façonne; c'est qu'il doit assouvir une demande impérative et vitale de son cerveau et donner forme à ce qui est déjà, à ce qui est là, une idée. Après ce moment paroxystique, cette genèse, cet acte thaumaturge, vient la lente finition, le polissage. Mais la lumière s'est déjà posée sur l'objet et le donne à voir. Et l'objet est là qui exprime ou bien ne dira jamais rien et mérite le rebut. Le chef d'oeuvre ne vient jamais de la finition. Enfin, il y a toute une typologie du poème et de l'écriture que cela ne vaut sans doute que pour certains filons.
* à ce propos (ce que je vais dire est un peu horrible de prime babord) il me semble que le travail nuit souvent au poème. Le travail (la machine à 3 pieux à torturer les esclaves), le labeur (la peine harassante du laboureur), généralement se sent. Il transparaît et tend à affleurer. Il vampirise le texte. Le travail convient sans doute mieux aux poèmes narratifs et je ne crois pas que les racines passaient 6 ans sur une pièce en alexandrins. Non ces gens avaient le rythme dans la peau et les mots pour le dire arrivaient plutôt aisément. Le vrai travail (qui n'est pas forcément la chose la plus longue) devait être ailleurs. En revanche un poème "sensitif" pour moi vous vient d'un coup. Il y a éruption, irruption. Ça monte des profondeurs (la mémoire, le subconscient), même si souvent on a ruminé des bribes, capté une image à l'orle de sa fuite et qu'on l'a stockée (elle va devenir un "moment" essentiel du texte ou même son point d'origine). L'auteur le sait toujours : il n'a pas trop intérêt à s'éloigner de son premier geyser poétique. Cela n'interdit pas bien entendu un certain travail, mais genre ciselure, orfèvrerie, fine finition finale. C'est Rodin qui se jette d'un seul coup sur sa glaise et façonne; c'est qu'il doit assouvir une demande impérative et vitale de son cerveau et donner forme à ce qui est déjà, à ce qui est là, une idée. Après ce moment paroxystique, cette genèse, cet acte thaumaturge, vient la lente finition, le polissage. Mais la lumière s'est déjà posée sur l'objet et le donne à voir. Et l'objet est là qui exprime ou bien ne dira jamais rien et mérite le rebut. Le chef d'oeuvre ne vient jamais de la finition. Enfin, il y a toute une typologie du poème et de l'écriture que cela ne vaut sans doute que pour certains filons.
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