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Enième variation sur la page blanche

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Message  Bubu Ven 25 Mar 2011 - 14:23

Un petit préambule histoire de ne pas balancer comme ça de brut en blanc mon écrit. J'avoue que le sujet est un rien banal et bateau mais c'est le premier truc qui me soit venu en tête lorsque je me suis fait à l'idée de pondre un texte. Donc je m'excuse par avance pour ceux qui tomberont sur ma revisite de ce thème.
Vie et mort de la page blanche

Elle est là. Elle le nargue. Elle est allongée sur le bureau. Lui est assis sur la chaise, une main en poing et l'autre crispée sur un stylo plume, ces dernières posées sur le bord du meuble.
Cela fait déjà un moment qu'ils sont ainsi; deux chiens de faïence oubliés du temps.

Il est possible qu'elle ait pu frémir au passage d'un courant d'air; mais inébranlable et virginale, elle reste toujours devant lui. Son immaculée pâleur brûlerait les rétines si les lumières n'étaient pas tamisées. Elle a pleinement conscience que sa pureté peut l'anéantir.

Il sait, lui aussi, qu'il peut gagner ce duel à mort. Toutefois sa condition d'homme, imparfaite et versatile, ne peut que le frustrer face à ce rempart format A4.
Il doit la vaincre. Cela ne pas en être autrement. Mais pour l'instant, sa détermination reste hermétique à toute tentative d'écriture.

C'est dans son esprit que tout se passe. Son esprit qui est un immense hall, où se grouille une nuée de lui-même : ses idées.
Elles lui ressemblent physiquement, à ceci près qu'elles sont différentes; l'une, c'est lui obèse et l'autre, c'est lui avec des cheveux longs. Tiens! Celle la, c'est lui en bas résille.
Elles sont toutes uniques, mais s'accordent à l'unisson pour se chamailler joyeusement. Dans ce brouhaha, chacune veut s'imposer à l'autre ou bien avoir le dernier mot.
Soudain, la foule se fend et se tait pour laisser passer un autre de ses mini-lui. Ce dernier, illuminé par une poursuite, se dirige imperturbable et avec une certaine grâce vers un pupitre.
"Qui est ce ?" se murmure t'on dans l'assemblée hypnotisée par cette mise en scène.
Et un autre de répondre de manière un peu hésitante" - C'est la main je crois...
- En es tu sûr? demande un troisième incrédule.
- Je pense l'avoir déjà vu une photo, réplique t'il sans conviction, mais ..."
La main s'installe devant son auditoire. Tous les regards sont vers lui. Il entame alors son discours.
Il se présente comme celui qui les rendra immortels : la main qui les gravera à jamais dans l'immuabilité de la feuille de papier. Il fait vibrer leurs cordes sensibles.
Puis il parle de l'ennemi; celle qui, défiante, semble se refuser à eux. Il invite les idées, désormais acquises à sa cause, de bien regarder un cliché, projeté sur un écran derrière lui, que la vue lui a prêté : ce rectangle blanc couché sur le bureau que la main appelle la page blanche.
Bien sur, il n'hésite pas à insister sur les tremolos lorsqu'il dit que certaines des idées n'atteindront jamais ce jardin d'Eden au grain fin de 60g, qu'une partie se perdra en route immanquablement, errant même jusqu'au pied. Il achève en glorifiant le sacrifice de celles qui ne reviendront pas, ces idées perdues pour la cause des autres.
C'est alors l'explosion de ferveur, l'apothéose, le raout. Toutes les idées se mettent en place selon les voeux et ordres de la main.
Leur marche commence.

Sortons donc de son esprit pour revenir à lui, celui qui est devant la feuille. Son iris se contracte, son coin de bouche tressaute, son épaule se soulève. Ca y est, sa main armée de son stylo se soulève. Il va écrire.

Non! C'est inconcevable pour la page blanche, devenu à présent un tigre de papier. Elle fixe impuissante la plume Parker décrire une trajectoire parabolique; elle en louche presque lorsque cette terrible pointe va se poser sur sa superbe texture satinée.

Aaaaaaaahhh! C'est le hurlement de la page blanche; mélange d'un crissement hérissant le poil avec le râle pathétique d'un taon.
Serrer les dents! Voila ce que se martèle la piteuse feuille. Ne rien lui laisser voir. Rester digne.
Rahhhhhhhhhh! Elle laisse échapper malgré elle une plainte étouffé lorsque son bourreau fait sa première rature.

Et lui, sentant sa volonté plus ferme, pose sa pleine paume moite sur elle pour mieux appuyer ses écrits.

Aiiiiiiie! La feuille ne peut pas étouffer ce cri douleur, ne comprenant pas pourquoi ce saligot doit être violant avec la ponctuation.

Il se sent de plus en plus fougueux. Il ne bride plus le flots des mots qui s'entrechoquent à présent sur les lignes imaginaires qui strient la page. Il se penche emporté par son élan sur sa victime, l'oeil humide et un brin lubrique.

Le supplice touche à sa fin. La feuille est bafouée par l'ultime baffouille. Elle est lasse. Elle se sent salie par les torrents d'encre qui ont scarifié sa peau délicate avec d'affreuses arabesques et d'hideuses pattes de mouche.

Il se redresse après son effort pour contempler son oeuvre.
Elle voit dans son oeil le mécontentement poindre au fur et à mesure qu'il se relit. Malgré le traumatisme, elle ressent du triomphe lorsqu'elle le voit maugréer et puis se tirer les cheveux, signe qu'il dénigre son travail.
Deux mains nerveuses froissent alors subitement la feuille, la concasse et la malaxe rageusement. Et d'un geste d'humeur, il jette le résidu de son carnage par dessus son épaule.
Pour elle tout est noir maintenant. Lors de sa chute, quelques images fuguasses la traversent : ses copines de la ramettes, son passage à l'usine de fabrication, la forêt...
Le "Pok! Pok ! Pok!", son du papier qui rebondit sur le parquet, sonne son glas.

Il est seul, courbé, le menton dans ses mains. Puis d'un geste trop de fois répété, il tend une main vers la pile de feuille, en saisit celle que se trouve au sommet, et la pose devant lui.
Redressé sur son séant, il attend à nouveau de se résoudre à écrire.
Elle est là. Elle le nargue...

Bubu

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Message  Invité Ven 25 Mar 2011 - 14:48

En effet, le sujet est loin d'être exaltant. Je vais être honnête et avouer un ennui quasi incommensurable après un début plein de bonne volonté de ma part. J'ai décroché à partir de la valse des idées, raccroché un peu après mais à peine. L'écriture me semble prometteuse, à tout le moins aisée, mais aussi trop chargée, apprêtée, affectée. Certaines maladresses ici et là, par exemple, l'utilisation discutable de "ce/ces dernie(è)r/e/s".
J'attends un autre texte de toi bientôt (mais pas avant la semaine prochaine, en prose du moins) et d'ici là te souhaite la bienvenue sur le site.

Remarque : "fugace(s)". Il y a d'autres fautes, je n'ai pas relevé .

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Message  Bubu Ven 25 Mar 2011 - 15:25

En effet, je trouve en me relisant que je tombe sur la même analyse. Mais comme j'etais la tete dans le guidon, je ne pouvais pas avoir de recul suffisement objectif pour critiquer ce jet. Cependant, une question me taraude : est il possible ou permis de rééditer son oeuvre au sein du même topic ?(dans le fil de ce message).
Je suis très tenté de reprendre mon boulot histoire de le rendre plus acceptable, couper ici et la et rendre le style un peu moins pateaud.

Bubu

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Message  Invité Ven 25 Mar 2011 - 15:39

Oui bien sûr, tu peux reposter ci-après une version revue et corrigée, voire améliorée (je taquine :-)), c'est tout le but du jeu, si jeu il y a. C'est en tout cas le but de l'atelier d'écriture que nous sommes.

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Message  Bubu Ven 25 Mar 2011 - 18:01

Version corrigée et je l'espère plus accrocheuse.
Quelques corrections orthographiques. Epuration du style vers quelque chose d'un peu plus percutant. Exit l'histoire des idées, ca faisait tache au sujet. C'est mieux je pense, mais ca doit pas encore etre ça. Certaines metaphores sont encore bancales mais j'ai pas encore trouver mieux.


Vie et mort de la page blanche, version corrigée



Elle le nargue, là, allongée sur le bureau. Lui est assis devant, sur la chaise, un poing et une main crispée sur un stylo plume, posées sur le bord du meuble.
Cela fait déjà un bon moment qu'ils se font vis-à-vis, comme deux chiens de faïence.

Il est possible qu'elle ait pu frémir au passage d'un petit courant d'air; mais inébranlable et virginale, elle reste devant lui. Sa blancheur lui brûlerait la rétine si les lumières n'étaient pas tamisées.

C'est un duel à mort. Pour lui, sa condition d'homme, imparfaite et versatile, le frustre face à ce rempart formidable format A4.
Il doit la vaincre. Cela ne pas être autrement. Mais pour l'instant, sa main reste hermétique à toute tentative d'écriture.

Soudain, son coin de bouche tressaute. Ca y est, son stylo se soulève. Il va écrire.

Non! Cela est inconcevable pour la page blanche, devenu à présent un tigre de papier. Elle fixe impuissante la plume Parker et en louche même lorsque la pointe va se poser sur sa texture satinée.
Aaaaaaaahhh! C'est son hurlement, un mélange de crissement hérissant le poil avec un râle pathétique.
Serrer les dents. Voila ce qu'elle se répète. Ne rien lui laisser voir. Rester digne.
Rahhhhhhhhhh! Elle laisse échapper malgré elle une complainte lorsque son bourreau fait sa première rature.

Et lui, sentant sa volonté plus ferme, pose sur elle sa pleine paume moite pour mieux appuyer son écriture.

Aiiiiiiie! La feuille ne peut pas étouffer ce cri. Ce saligot est violant avec la ponctuation.

Lui est de plus en plus fougueux. Il ne bride plus le flots de mots qui strient la page. Emporté par son élan, il se penche sur elle, l'oeil humide un brin lubrique.

Le supplice touche à sa fin. La feuille est bafouée par l'ultime baffouille. Elle est lasse. Elle se sent salie par l'encre qui a scarifié sa peau d'affreuses arabesques et d'hideuses pattes de mouche.

Il est immobile un moment. Puis il se redresse pour contempler son oeuvre.
Au bord de l'inconscience, elle voit dans l'oeil du barbare le mécontentement poindre au fur et à mesure qu'il se relit. Et malgré le traumatisme, elle jubile de le voir maugréer et se tirer les cheveux. Bien fait! Que cette ordure dénigre son travail.
Subitement, deux mains la froissent rageusement. Et d'un geste d'humeur, il la jette par dessus son épaule.
Pour elle tout est noir maintenant. Lors de sa chute, quelques souvenirs fugaces lui traversent l'esprit : ses copines de la ramette, son passage à l'usine de fabrication, la forêt...
Le "Pok! Pok ! Pok!", son du papier qui rebondit sur le parquet, sonne son glas.

Alors, résigné, il tend d'un geste trop de fois répété une main vers la pile de feuille, en saisit celle que se trouve au sommet, et la pose devant lui.

Elle le nargue, là, allongée sur le bureau...

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Message  Invité Ven 25 Mar 2011 - 19:52

Et en plus il est infidèle ! Oui, c'est bien mieux ainsi, rigolo, enlevé.

J'imagine que "violant" est fait exprès ?

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Message  elea Ven 25 Mar 2011 - 20:59

J’aimais bien moi le passage sur les idées, pas tel quel cependant, il méritait d’être allégé, aéré.
Mais c’est vrai que sans, le texte se recentre sur l’essentiel, le bras de fer entre la feuille et celui qui veut la dominer. L’idée est amusante, l’écriture pas déplaisante, la chute est un éternel recommencement de textes qui tournent en boucle sur les feuilles.
Peut-être revoir le "cela ne pas être autrement" qui fait tache d’encre.
Bienvenue.

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Message  Bubu Ven 25 Mar 2011 - 22:18

@Easter: c'est une coquille que j'avais fait sur mon premier jet.Et puis je me suis dit que ce mot avait quelque part sa legitimité, que c'etait veritable le sens profond de cette action que j'avais en tête qui s'exprimait par cette liberté orthographique. Maintenant mettre violent à la place aurait à mon avis rendu le passage plus noir et glauque . Deja que je pense etre bien "borderline" avec ce texte, si en plus j'y enleve ce peu de fantaisie... mais trêve de justifications.
En tout cas, je me sens soulager de voir que l'humour que j'y souhaite mettre arrive à transpirer.

@Elea: merci de soutenir ce passage sur les idées, mais franchement il meritait un autre traitement, et dans une autre piece d'ecriture. Ici, je me suis rendu compte qu'il etait, en plus d'être un vaine tentative d'imiter le talent de Woody Allen lorsqu'il met en scene les méandres du cerveau dans son "tout ce que vous avez voullu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander", ridiculement plat et ennuyeux.
Pour ce qui est de certaine tournure de phrases, j'avoue que n'etant pas quelqu'un de forcement litteraire-litteraire, je dois me trainer des boulets stylistique que j'ai glané ici et la dans des romans de gare.
Maintenant je pourrais mettre a la place du "cela ne peut être autrement" un plus simple et moins lourd "Pas d'autre alternative."

De plus, une autre tournure de phrase qui me chagrine est " Cela fait déjà un bon moment qu'ils se font vis-à-vis". Plus je la relis, plus elle sonne gauche, pas français. Je ne veut pas mettre "se font face" car pour moi le terme "vis-à-vis" connote mieux la confrontation. Mais là, je m'incline car je seche completement à trouver des termes ou une phrase mieux appropriés. Si une bonne âme peut me donner des pistes, je suis volontiers preneur.
Même chose pour l'entame qui ne me satisfait pas non plus, parce que pas assez "rentre-dedans". J'ai beau m'amuser à chercher quelque chose de percutant, mais la encore rien de bien ne sort. Peut être un "Là! Elle le nargue, allongée sur le bureau." mais je ne me suis pas encore convaincu.

Je continue à vouloir ameliorer.

Bubu

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Message  Bubu Dim 27 Mar 2011 - 10:37

3ème version du texte.
Je pense resserrer le rythme de la narration, afin d'éviter les temps morts. L'entame me satisfait plus; j'ai plus le sentiment qu'elle prend plus fermement le lecteur par le bras pour venir assister a cette scène. Du moins ce sera au lecteurs de me donner leurs sentiments a ce point ci.
Quelques tournures de phrases ont été encore épurées, moins litteraire mais moins fabriquée.
Changement de titre, vers quelque chose de plus punchy.
Voila, j'attends vos critiques, car je commence à apprecier ce jeu.

Mort de la page blanche, version 3


Comme elle le nargue! Là! Elle allongée sur le bureau, lui assis sur la chaise, son poing et sa main crispée sur un stylo plume, les deux posées sur le bord du meuble.
Voila un bon moment qu'ils se toisent. Deux chiens de faïence.

Il est possible qu'elle ait pu frémir au passage d'un petit courant d'air. Mais inébranlable et virginale, elle reste devant lui. Sa blancheur lui brûlerait la rétine si les lumières n'étaient pas tamisées.

C'est un duel à mort. Pour lui, sa condition d'homme, imparfaite et versatile, le frustre face à ce rempart formidable format A4.
Il doit la vaincre. Pas d'autre alternative. Mais pour l'instant, sa main reste hermétique à vouloir écrire.

Soudain, spasme d'une de ses paupières. Ca y est, son stylo se soulève.

Non! Cela est inconcevable pour la page blanche, devenu à présent un tigre de papier. Elle fixe impuissante la plume Parker, louche lorsque la pointe va se poser sur sa texture satinée.
"Aaaaaaaahhh!" C'est son hurlement, un mélange de crissement strident et de râle pathétique.
"Serre les dents, qu'elle se répète. Ne lui laisse rien voir. Reste digne".
"Mmmpff! laisse t'elle échapper malgré elle cette complainte quand son bourreau fait sa première rature."

Lui, de plus en plus absorbé, pose sur elle sa pleine paume moite pour mieux appuyer son écriture.

"Aiiiiiiie!" Elle n'étouffe pas ce cri. Ce saligot est violant avec la ponctuation.

Il est de plus en plus fougueux, ne bride plus le flots de mots qui strient la page. Emporté par son élan, il se penche sur sa victime, l'oeil humide un brin lubrique.

Le supplice s'achève enfin. La feuille est bafouée par l'ultime baffouille. Pantelante, elle se sent salie par l'encre qui a scarifié sa peau d'affreuses arabesques et d'hideuses pattes de mouche.

Il est immobile un moment. Puis il se redresse pour contempler son oeuvre.
Au bord de l'inconscience, elle voit dans l'oeil du barbare le mécontentement poindre au fur et à mesure qu'il se relit. Malgré le traumatisme, elle jubile de le voir mugir et se tirer les cheveux. Bien fait! Que cette ordure dénigre son travail.
Subitement, deux mains la froissent rageusement. D'un geste d'humeur, il la jette par dessus son épaule.
Pour elle maintenant, tout est noir. Lors de sa chute, quelques souvenirs fugaces lui traversent l'esprit : ses copines de la ramette, son passage à l'usine de fabrication, la forêt...
"Pok! Pok ! Pok!", son du papier qui rebondit sur le parquet, sonne le glas.

Lui, résigné, tend d'un geste trop de fois répété une main vers la pile de feuilles, en saisit celle que se trouve au sommet, puis la pose devant.

Comme elle le nargue! Là! Elle allongée sur le bureau...

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Message  Invité Mer 30 Mar 2011 - 19:09

La troisième version a considérablement amélioré l'accroche.
Restent quelques scories, par exemple
Mmmpff! laisse t'elle échapper malgré elle cette complainte quand son bourreau fait sa première rature."
qui me parait bien boîteuse.
Mais tu bosses, c'est indéniable et encourageant.

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Message  Invité Mer 30 Mar 2011 - 19:22

Si tu veux resserrer encore, tu pourrais éliminer des détails du style : "si les lumières n'étaient pas tamisées." pour ne conserver que "Sa blancheur lui brûle la rétine".

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Message  Bubu Jeu 31 Mar 2011 - 11:19

Quatrième version de mon exercice.
Je resserre encore le texte. J'ai élidé les qualificatifs pesants sur le rythme, à l'exeption de "inébranlable et virginale " que je pense nécessaire. Sur vos conseils judicieux j'ai changé
"Mmmpff! laisse t'elle échapper malgré elle cette complainte quand son bourreau fait sa première rature."
par un
Elle gémit pourtant quand son bourreau fait sa première rature.
Puis, convaincu à vos arguments, j'ai effectivement supprimé ce détail superflu des lumières tamisées. Dans le même esprit, j'ai decidé d'employer un effet de style audacieux en tronquant le "Pour" de la phrase "Pour lui, sa condition d'homme..." A mes yeux, cela semble tenir debout mais ce n'est qu'un point de vue très subjectif. Des petites modifications ici et la.
Je pense que j'atteins mes limites à présent. Je crois que la forme est agréablement lisible. Par contre je sais que ce texte est encore trop pensé et pas assez vrai. Pour changer le fond, il faut que je le laisse un moment. J'y mets temporairement l'étiquette "fini", pour me libérer l'esprit et me pencher sur un autre sujet peut-être plus personnel.

Mort de la page blanche, version 4



Comme elle le nargue! Là! Elle allongée sur le bureau, lui assis sur la chaise, ses poings, dont un crispé sur un stylo plume, posés sur le bord du meuble.
Voila un moment qu'ils se toisent. Deux chiens de faïence.

Il est possible qu'elle ait pu frémir au passage d'un petit courant d'air. Mais inébranlable et virginale, elle reste devant lui. Sa blancheur lui brûlerait la rétine.

C'est un duel à mort. Lui, sa condition d'homme le frustre face à ce rempart format A4.
Il doit la vaincre. Pas d'autre alternative. Mais pour l'instant, sa main reste hermétique à vouloir écrire.

Soudain, de la détermination dans son regard. Ca y est, son stylo se soulève.

Cela est inconcevable pour la page blanche, devenu à présent tigre de papier. Elle louche impuissante sur la plume Parker qui va se poser sur sa texture satinée.
"Aaaaaaaahhh!" C'est son hurlement, une sorte de crissement.
"Serre les dents, qu'elle se répète. Ne lui laisse rien voir. Reste digne".
Elle gémit pourtant quand son bourreau fait sa première rature.

Lui, complètement absorbé, étale sur elle sa paume moite pour mieux appuyer.

"Aiiiiiiie!" Elle n'étouffe pas ce cri. Ce saligot est violant avec la ponctuation.

Il est plus fougueux, ne bride plus le flots des mots qui strient. Emporté par son élan, il s'écrase sur sa victime, l'oeil humide un brin lubrique.

Le supplice s'achève, enfin. La feuille est bafouée par l'ultime baffouille. Pantelante, elle sent sa peau scarifiée d'affreuses arabesques.

Il est immobile un moment, puis se redresse pour contempler son oeuvre.
Au bord de l'inconscience, elle voit le mécontentement dans l'oeil du barbare poindre à mesure qu'il se relit. Malgré le traumatisme, elle jubile de le voir mugir. Bien fait! Que cette ordure crache sur son travail.
Subitement, deux mains rageuses la froissent. D'un geste d'humeur, elle est jeté par dessus l'épaule.
Pour elle, tout est noir. Lors de sa chute, quelques souvenirs fugaces lui traversent l'esprit : ses copines de la ramette, son passage à l'usine de fabrication, la forêt...
"Pok! Pok ! Pok!", son du papier qui rebondit sur le parquet, sonne le glas.

Lui, résigné, d'un geste trop de fois répété, tend une main vers la pile de feuilles, en saisit celle que se trouve au sommet, puis la pose devant.

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Message  Invité Jeu 31 Mar 2011 - 12:38

J'arrive au bon moment, pour lire la (très) bonne version.
Je préfère moi aussi violantà violent. J'aime beaucoup cette épuration au maximum, tant il est vrai qu'il faut se relire plusieurs fois avant de livrer...
Il reste encore deux petites fautes: "la page blanche devenue à présent", et bafouille un seul F.
J'ai bien aimé ce texte. Vraiment.

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Message  Bubu Jeu 31 Mar 2011 - 13:13

Merci, mais le mérite est surtout à ceux qui m'ont correctement aiguillé.

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Message  Invité Jeu 31 Mar 2011 - 17:06

Intéressant de voir l'évolution du texte au fil des variations.
Une chose encore, un truc qui m'a chiffonnée depuis le début : la nécessité de préciser "Parker" ? ça semble superflu vu le souhait de t'en tenir à l'essentiel.

Deux fautes que j'ai repérées dans cette dernière lecture :

La feuille est bafouée par l'ultime bafouille.
D'un geste d'humeur, elle est jetée




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Message  Bubu Jeu 31 Mar 2011 - 17:54

Pour le fameux Parker, y a matière à discuter. Mon point de vue est que si je ne le préçise pas, tout de suite je n'ai plus l'image en tête du stylo plume, mais celle d'une véritable plume d'oie. C'est sur; ce n'est mon confort que je dois viser. Cependant le supprimer me perturbe encore trop. Je propose quand même une autre solution un peu pieds de nez, parce qu' a part ça je suis complètement séché.
Version corrigée des fautes d'orthographe.

Mort de la page blanche, version 4 et demi


Comme elle le nargue! Là! Elle allongée sur le bureau, lui assis sur la chaise, ses poings, dont un crispé sur un stylo plume, posés sur le bord du meuble.
Voila un moment qu'ils se toisent. Deux chiens de faïence.

Il est possible qu'elle ait pu frémir au passage d'un petit courant d'air. Mais inébranlable et virginale, elle reste devant lui. Sa blancheur lui brûlerait la rétine.

C'est un duel à mort. Lui, sa condition d'homme le frustre face à ce rempart format A4.
Il doit la vaincre. Pas d'autre alternative. Mais pour l'instant, sa main reste hermétique à vouloir écrire.

Soudain, de la détermination dans son regard. Ca y est, son stylo se soulève.

Cela est inconcevable pour la page blanche, devenue à présent tigre de papier. Elle louche impuissante sur la plume Par-Coeur qui va se poser sur sa texture satinée.
"Aaaaaaaahhh!" C'est son hurlement, une sorte de crissement.
"Serre les dents, qu'elle se répète. Ne lui laisse rien voir. Reste digne".
Elle gémit pourtant quand son bourreau fait sa première rature.

Lui, complètement absorbé, étale sur elle sa paume moite pour mieux appuyer.

"Aiiiiiiie!" Elle n'étouffe pas ce cri. Ce saligot est violant avec la ponctuation.

Il est plus fougueux, ne bride plus le flots des mots qui strient. Emporté par son élan, il s'écrase sur sa victime, l'oeil humide un brin lubrique.

Le supplice s'achève, enfin. La feuille est bafouée par l'ultime bafouille. Pantelante, elle sent sa peau scarifiée d'affreuses arabesques.

Il est immobile un moment, puis se redresse pour contempler son oeuvre.
Au bord de l'inconscience, elle voit le mécontentement dans l'oeil du barbare poindre à mesure qu'il se relit. Malgré le traumatisme, elle jubile de le voir mugir. Bien fait! Que cette ordure crache sur son travail.
Subitement, deux mains rageuses la froissent. D'un geste d'humeur, elle est jetée par dessus l'épaule.
Pour elle, tout est noir. Lors de sa chute, quelques souvenirs fugaces lui traversent l'esprit : ses copines de la ramette, son passage à l'usine de fabrication, la forêt...
"Pok! Pok ! Pok!", son du papier qui rebondit sur le parquet, sonne le glas.

Lui, résigné, d'un geste trop de fois répété, tend une main vers la pile de feuilles, en saisit celle que se trouve au sommet, puis la pose devant.

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Message  bertrand-môgendre Sam 2 Avr 2011 - 4:14

Texte malaxé alimente souvent corbeille de papier. La dernière version semble toujours meilleur que la précédente. Que dire de la suivante ? L'insatisfaction est un moteur, non, une dynamique. Bonne continuation.
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Message  Invité Sam 2 Avr 2011 - 9:26

Je rejoins tout à fait le commentaire de Bertrand. Et réitère l'intérêt de cet exercice.

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Message  Bubu Sam 2 Avr 2011 - 12:33

Merci, je crois que j'ai saisi la mise en garde. Pour ce qui est de l'insatisfaction, elle est due à ma nature, dirons-nous, bouillonante. Je me garde donc de poster encore une version plus conforme à ce que je veux que le lecteur perçoive.
Pour l'intérêt de l'excercice, c'est que je puisse seul surligner les travers de mes premiers jets en absorbant l'essence de vos critiques. Car j'espère à l'avenir pouvoir pondre des textes d'un seul post comme certains. Comme un acteur doit apprendre à articuler sur des textes pas franchement émouvant, je dois donc apprendre à rendre attrayant un texte dont le sujet semble usé. C'est un travail purement d'habilité, je ne m'en cache pas.

Bubu

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Message  Invité Sam 2 Avr 2011 - 16:41

M'enfin Bubu ! Pas de mise en garde, pas d'avertissement, rien de ça. Des commentaires, juste des commentaires :-)

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