Géographie fluviale

[Clarisse]

"Sous le pont Mirabeau coule la Seine"...

Nom d'un chien, faut qu'on s'en souvienne,

Car nous, on est là, on rigole
On fagocite, on batifole
On s'angevine plein d'espoir
Et sous les ponts coule la Loire

On s'entrechoque une demi-brune
Et les yeux rivés sur la lune
On se lit un dernier brûlot
Sous les ponts l'Escaut coule à flots

On s'attaque aux fonds de tiroir
Pour s'amuser, par désespoir
On s'en prend même aux demoiselles
Sous le pont le meurtre est Moselle

On s'insupporte, on se conspue
On se rabiboche à la glue
On se traboule, on franc-maçonne
Entre les ponts de Rhône et Saône

On se bordélise au gros rouge
On se l'entonne oh Toulouse
En attendant que l'Heure sonne
Sous les ponts coule la Garonne

On se questionne, on s'indolore
On fait semblant, on branquignole
On s'invective, on vocifère
Le Styx nous mènera aux Enfers

[mitsouko]

le rythme de l'eau qui coule sous nos ponts , nos souvenirs, bien rendu par la cadence des vers

il suffit de passer le pont........jusqu'au dernier

je m'incline sous vos arches

[Arielle]

Jolie chanson au rythme entraînant dont le refrain-hommage des deux premiers vers m'a fait sourire dès la première lecture. (J'adore ces réappropriations intelligentes d'un poème connu). Particulièrement appréciéOn s'angevine, on se bordélise, on s'indolore, on branquignole. La chute est bien trouvée aussi... En un mot : Bravo !

[Invité]

"On se bordélise au gros rouge" à Toulouse? Dis-donc, t'exagère !!!

Malgré tout ton écrit m'a fait sourire, je le trouve réussi. Bonne idée d'extrapoler à partir du "pont Mirabeau".

A te lire encore.

[Maryse]

Je dis "bravo" moi aussi!

[Invité]

Tous les fleuves mènent donc au Styx. Sympa la leçon de géographie et compliments pour les clins d'oeil, celui-ci en particulier :
On se traboule, on franc-maçonne
Entre les ponts de Rhône et Saône

[Rebecca]

Voilà un texte qui est vivant ! On y farniente , on y sourit, on s'en réjouit .

[Annie]

Excellent!
"Penses tu devenir sage, en regardant couler l'eau?" Sage, je ne sais pas, mais séduite sans aucun doute.

[Invité]

T'en a détourné, des cours ! Pas un poème "bateau", ça, c'est sûr, et j'ai aimé beaucoup " on s'angevine" le côté impertinent et primesautier...
Je le relis, j'aime encore plus, j'adore la poèsie qui n'est pas permanentée !

[zenobi]

Une jolie chute- d'eau.

[Marvejols]

... Belle inspiration, plus que du charme. (une remarque, mesquine : dans tous ces octosyllabes je trouve 7 pieds à "On se l'entonne oh Toulouse", sauf peut-être si on écrit Ho Toulouse..! mais cela ferait cheval). En fait il faudrait inventer le silence en poésie, comme en musique. D'ailleurs il n'y a pas de raison que cela soit absurde puisqu'à l'origine (et encore: Brel, Brassens...) la poésie (Homère) est chantée (ne serait-ce que comme nmémotechnie du récit). Ici il est évident que Clarisse a pensé "On se l'entone : "Oh Toulouse" (et non pas "Oh TououzE" puisque le E de rouge est muet).
... Les ":" devraient valoir ce pied silencieux. Peut-être certains auteurs modernes s'y sont essayés. D'ailleurs à mon avis la poésie classique, les alexandrins, avait un problème avec l'accent méridional qui faisait sonner les e finaux puisqu'en occitan c'est une voyelle intermédiaire entre a et o (il n'y a qu'à écouter la restitution des Gascons dans Cyrano). M'est avis que cela devait être un vrai problème. Z'ont donc inventé des règles pour diminuer, amuisser -parisianiser?- les E , sonores si suivis de consonnes, muets si finaux. Si des savants sur VosE connaissent des articles sur le sujet je suis preneur)

[Clarisse]

Dommage que vous ne puissiez pas entendre la petite musique qui va avec …

Mitsouko : le dernier pont, ne serait-ce pas le Pont Saint-Esprit?
Arielle, Maryse, Annie, Rebecca, Zenobi, merci.de votre passage.
Embellie, rassure-toi, c'est à Bordeaux qu'on se bordélise.
Coline, c'est un poème-péniche !
Easter : oui, ils mènent tous aux Enfers, hélas!
Marvejols : On se l'entonne : "oh Toulouse", petit hommage à Nougaro. Pour le coup, ce sont des pieds occitans!

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