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Hurlante nova

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Message  Jano Mar 26 Avr 2011 - 16:39

Je ne sais qui je suis et j'ignore où je vais. La lumière file dans la nuit par les ondes translucides d'une gondole arlequin. Dans les eaux je m'enfonce, le verre de vin sur la table. Monde inconséquent qui exécute l'innocence.
Les yeux fiévreux je lui demande si elle m'aime, voilà qu'elle me tend sa croupe, si pâle. Le sexe est beau mais je n'y comprends rien. Grand dieu, pourquoi cette chair envahissante quand je n'aspire qu'à la paix des sens ? Autant d'effluves perfides qui viennent troubler les reflets du lac.

Je suis las de respirer

L'antique tromblon n'attend qu'un ordre pour exploser ma tête octogonale mais ce n'est qu'un fantasme, une gaudriole inventée par un pauvre lâche. La vérité c'est que je mourrai comme un vieillard sénile qui aura oublié depuis longtemps les falaises du Mont Perdu. Entre les murs blafards d'une chambre ingrate, le cul torché par une aide-soignante impassible. Ironie du sort.

Je crie de peur
de peur du silence
d'un silence étranger
d'étranges béances


J'étais si bien avant, enveloppé dans l'écharpe aveugle des météores, flottant au sein de replis qui n'existaient pas. Partout et nulle part. Je me souviens des atomes qui crépitaient d'extase et me susurraient les promesses d'une vie nouvelle. Le souffle des nébuleuses – ô mères ! - dessinait mon ébauche en agitant les lignes de l'espace. Et l'opacité qui maquillait ma peau n'attendait que mon expulsion pour réfléchir les couleurs.

Puis je fus rattaché à un corps
et donné en souffrance


Je ne pouvais savoir que dehors la félicité s'écrasait contre le désordre de la matière, l'entropie inévitable de la grande roue. J'ignorais que les formes n'étaient que des esquisses dérisoires implorant le ciel pour repousser la terre, en quête d'un équilibre impossible.
J'ai pleuré l'infini puis j'ai couru à perdre haleine, moi aussi, derrière toutes ces choses merveilleusement inutiles. A l'unisson de mes pairs j'ai tenté de remplir l'imperfection par un fatras de paroles creuses, d'actes illusoires, de vociférations ridicules et de coïts désordonnés. Je me suis donné une apparence pour camoufler l'impavide néant, celui qui sommeille au fond de nos âmes et nous reprend l'être à la fin.

Mais ici les molécules sont friables, polymorphes, et la première tempête m'a remis les pieds dans la glaise.

piégé
piégé
piégé
piégé


Soit. Au nom de l'éphémère je transformerai l'immonde réalité. Je lui ferai rendre gorge - rouge - à coups de pinceaux vengeurs, d'hémorragies acryliques - vertes - d'images écorchées - bleues - débordant le simple cadre - noir.
Je l'obligerai à plier, à rompre sous des volumes de pages furibondes les mains tâchées d'un nouveau sang. Des verbes, des lettres et des maux.
Créateur d'un monde égocentrique, elliptique, magnétique, je remplacerai ma condition humaine par le cri !

Va lui dire qu'il est temps.

Jano
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Message  Invité Mer 27 Avr 2011 - 3:13

Un texte qui prend son ampleur au fil de l'écrit.
Si le début m'a semble un peu convenu (la première phrase), je n'ai pas regretté d'avoir poursuivi. La force quasiment violente de la fin est une bonne réaction à l'absurdité ressentie par l'auteur.

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