A prendre ou à laisser
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Lifewithwords
Marvejols
Poussetontraino
zenobi
Cyanhydric
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A prendre ou à laisser
Hier, j'ai vendu ma fierté.
J'étais en rade, sérieux.
Je l'ai foutue sur Ebay,
Après quelques photos,
Un peu ratées.
Merde, ce qu'elle a pu changer,
C'est ce que j'me suis dit sur le coup.
C'est qu'elle s'en est pris des beignes,
La pauvrette...
Elle s'en est pris plein la tête.
Et pourtant j'me rappelle encore
Du bon vieux temps
Où j'aurais tout fait pour elle.
C'était mon âme, j'étais son corps,
Pour la vie et pas de remords.
Et puis je l'ai rayée,
En faisant le con dans les rues de Rio,
Ou d'ailleurs, je sais plus.
Et puis je l'ai froissée,
A force de m'asseoir dessus.
Ce matin, je l'ai posée
Doucement, dans du papier-bulles.
J'en ai fait claquer un peu, entre mes doigts,
Et ma fierté m'a fait rougir,
Une dernière fois.
Et puis je l'ai envoyée,
A ce type, un peu trop pâle, un peu trop gras,
Qui a l'air d'en avoir besoin,
Et qui en prendra soin un peu mieux que moi.
Je n'ai pas vraiment honte. C'est comme ça.
J'étais en rade, sérieux.
Je l'ai foutue sur Ebay,
Après quelques photos,
Un peu ratées.
Merde, ce qu'elle a pu changer,
C'est ce que j'me suis dit sur le coup.
C'est qu'elle s'en est pris des beignes,
La pauvrette...
Elle s'en est pris plein la tête.
Et pourtant j'me rappelle encore
Du bon vieux temps
Où j'aurais tout fait pour elle.
C'était mon âme, j'étais son corps,
Pour la vie et pas de remords.
Et puis je l'ai rayée,
En faisant le con dans les rues de Rio,
Ou d'ailleurs, je sais plus.
Et puis je l'ai froissée,
A force de m'asseoir dessus.
Ce matin, je l'ai posée
Doucement, dans du papier-bulles.
J'en ai fait claquer un peu, entre mes doigts,
Et ma fierté m'a fait rougir,
Une dernière fois.
Et puis je l'ai envoyée,
A ce type, un peu trop pâle, un peu trop gras,
Qui a l'air d'en avoir besoin,
Et qui en prendra soin un peu mieux que moi.
Je n'ai pas vraiment honte. C'est comme ça.
Cyanhydric- Nombre de messages : 34
Age : 36
Date d'inscription : 17/09/2010
Re: A prendre ou à laisser
Si c'est au choix, et pour le jeu, alors je préfère laisser.
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 53
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: A prendre ou à laisser
j'aime bien , c'est sympa , il n'y a pas de pretentention la dedans , de la simplicité dans le bon sens ...
Re: A prendre ou à laisser
Cyanhydric a écrit:
Et pourtant j'me rappelle encore
Du bon vieux temps
Où j'aurais tout fait pour elle.
C'était mon âme, j'étais son corps,
Pour la vie et pas de remords.
:le passage que je préfère, un ton désabusé, pas désagréable à lire (le dernier paragraphe ne me plait pas vraiment)
Invité- Invité
Re: A prendre ou à laisser
....H..mm, bien aimé. Ça tient de la prose, genre urbaine, un peu déglingué, pas sérieux mais quand même y'a un air tragique là-dedans. Y a une blessure, une perte. La littérature de ce texte est d'abord dans le contraste entre les images quotidiennes, banales, le ton parlé et quotidien, le pauvtypisme et puis la croissance du tragique dans la montée progressive du sens. C'est quelque part un poème amerloque, un roadtext comme il y a des roadmovies, un truc fait d'errance... Le pauv'type qui traîne et se pose quelque part, nulle part, in a no-where coffee. Mais la littérature de ce texte est aussi dans un rythme, une musique: pas de doute ça poétise.
....Je me suis également interrogé sur la dernière strophe (ce que je n'aurais sans doute pas fait -surtout à cette heure- sans la remarque d'Eclaircie): j'en déduis (hasardément?) que la dernière strophe est américaine alors que l'européen finit à l'avant-dernière, précisément là :
Ce matin, je l'ai posée
Doucement, dans du papier-bulles.
J'en ai fait claquer un peu, entre mes doigts,
Et ma fierté m'a fait rougir,
Une dernière fois.
.... Finir là c'est finir sur une chute, sur le tragique, sur un abîme sans retour. C'est venir après Eschyle et Sophocle ou Racine.
....Alors que finir là :
"Et puis je l'ai envoyée,
A ce type, un peu trop pâle, un peu trop gras,
Qui a l'air d'en avoir besoin,
Et qui en prendra soin un peu mieux que moi.
Je n'ai pas vraiment honte. C'est comme ça."
..c'est quelque part refuser de finir, refuser la fin dramatique. En rajoutant une seconde fin, de type happy End, en dédramatisant par du banal. Retour au quotidien. Or le quotidien était au début :
"Hier, j'ai vendu ma fierté (comme ma bagnole)
J'étais en rade, sérieux.
Je l'ai foutue sur Ebay,
Après quelques photos,
Un peu ratées.
....Un quotidien d'emblée ("Hier, j'ai vendu") avec une torsion du sens banal (" j'ai vendu ...ma fierté.") qui lance notre voyage dans le non-quotidien justement. Tout l'effort du texte, et dans lequel gît sa littératurité, réside dans le développement, l'amplification de cette distorsion. Alors revenir et finir sur un retour au quotidien trivial me paraît annuler en quelque sorte le porter du texte. Avez-vous d'ailleurs remarqué que beaucoup de fictions (télévisées) américaines (et leurs clones européens) finissent, après le drame, après un mort, par des flics qui retrouvent instantanément leur sourire, comme si le drame, sitôt effacé, n'avait pas eu lieu et ne pouvait les affecter. Et tous vont se boire une bière ou rentrent chez eux, se coulant dans la vie normale. Cette dernière strophe est le correspondant de ce procédé d'effacement, de haine du dramatique. C'est pourquoi je vote contre.
....Je me suis également interrogé sur la dernière strophe (ce que je n'aurais sans doute pas fait -surtout à cette heure- sans la remarque d'Eclaircie): j'en déduis (hasardément?) que la dernière strophe est américaine alors que l'européen finit à l'avant-dernière, précisément là :
Ce matin, je l'ai posée
Doucement, dans du papier-bulles.
J'en ai fait claquer un peu, entre mes doigts,
Et ma fierté m'a fait rougir,
Une dernière fois.
.... Finir là c'est finir sur une chute, sur le tragique, sur un abîme sans retour. C'est venir après Eschyle et Sophocle ou Racine.
....Alors que finir là :
"Et puis je l'ai envoyée,
A ce type, un peu trop pâle, un peu trop gras,
Qui a l'air d'en avoir besoin,
Et qui en prendra soin un peu mieux que moi.
Je n'ai pas vraiment honte. C'est comme ça."
..c'est quelque part refuser de finir, refuser la fin dramatique. En rajoutant une seconde fin, de type happy End, en dédramatisant par du banal. Retour au quotidien. Or le quotidien était au début :
"Hier, j'ai vendu ma fierté (comme ma bagnole)
J'étais en rade, sérieux.
Je l'ai foutue sur Ebay,
Après quelques photos,
Un peu ratées.
....Un quotidien d'emblée ("Hier, j'ai vendu") avec une torsion du sens banal (" j'ai vendu ...ma fierté.") qui lance notre voyage dans le non-quotidien justement. Tout l'effort du texte, et dans lequel gît sa littératurité, réside dans le développement, l'amplification de cette distorsion. Alors revenir et finir sur un retour au quotidien trivial me paraît annuler en quelque sorte le porter du texte. Avez-vous d'ailleurs remarqué que beaucoup de fictions (télévisées) américaines (et leurs clones européens) finissent, après le drame, après un mort, par des flics qui retrouvent instantanément leur sourire, comme si le drame, sitôt effacé, n'avait pas eu lieu et ne pouvait les affecter. Et tous vont se boire une bière ou rentrent chez eux, se coulant dans la vie normale. Cette dernière strophe est le correspondant de ce procédé d'effacement, de haine du dramatique. C'est pourquoi je vote contre.
Re: A prendre ou à laisser
Merci pour vos commentaires.
Un (regrettable) retour au réel donc? Sans-doute. Je pense que je m'y suis réfugié pour donner à cet acte des airs de bulle. Qu'il ne devrait peut-être pas avoir. Mais sans-doute était-ce plus rassurant à l'écriture, un petit besoin de dédramatiser, de justifier... Comme vous l'avez bien senti, cette strophe a été écrite un peu après les autres.
Un (regrettable) retour au réel donc? Sans-doute. Je pense que je m'y suis réfugié pour donner à cet acte des airs de bulle. Qu'il ne devrait peut-être pas avoir. Mais sans-doute était-ce plus rassurant à l'écriture, un petit besoin de dédramatiser, de justifier... Comme vous l'avez bien senti, cette strophe a été écrite un peu après les autres.
Cyanhydric- Nombre de messages : 34
Age : 36
Date d'inscription : 17/09/2010
Re: A prendre ou à laisser
Je suis d'accord avec Poussetontraino sur cette simplicité agréable et sincère.
Sur la dernière strophe, je suis partagée. Je comprends et adhère à l'avis de Marjevols, cependant, je pense que c'est ton choix, cette dernière strophe. Comme le voleur qui vient reposer tout doucement son butin...
Et j'aime bien le "c'est comme ça". Cela reflète bien l'esprit du texte, simple, sans jugement, sans prise de tête. Un constat.
Sur la dernière strophe, je suis partagée. Je comprends et adhère à l'avis de Marjevols, cependant, je pense que c'est ton choix, cette dernière strophe. Comme le voleur qui vient reposer tout doucement son butin...
Et j'aime bien le "c'est comme ça". Cela reflète bien l'esprit du texte, simple, sans jugement, sans prise de tête. Un constat.
Lifewithwords- Nombre de messages : 785
Age : 32
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 27/08/2007
Re: A prendre ou à laisser
Ouais. Un texte humble. C'est exactement ça. Et c'est particulièrement rafraîchissant.
Re: A prendre ou à laisser
Ouaips. On peut se demander ce que tu as foutu dans les rues de Rio ou d'ailleurs tu ne sais plus. C'est un peu une pose tout ça non? Humilité n'est pas le terme que j'emploierais
Bedouin- Nombre de messages : 3
Age : 52
Date d'inscription : 02/05/2011
Re: A prendre ou à laisser
Je trouve celui-ci beaucoup moins intéressant que ton histoire de rampe en fer forgé, dans la mesure où il me semble sentir que tu cherches à plaire. Il y a même des tentative de rimes et de métrique classique. Mais je ne m'y trompe pas, ce n'est pas modestie qu'il s'agit, c'est de détachement.Cyanhydric a écrit:Un (regrettable) retour au réel donc? Sans-doute. Je pense que je m'y suis réfugié pour donner à cet acte des airs de bulle. Qu'il ne devrait peut-être pas avoir. Mais sans-doute était-ce plus rassurant à l'écriture, un petit besoin de dédramatiser, de justifier... Comme vous l'avez bien senti, cette strophe a été écrite un peu après les autres.
Invité- Invité
Re: A prendre ou à laisser
Bien aussi celui-là, beaucoup d'humilité et de l'idée, faut y penser à vendre sa fierté !!
Seul problème : je t'ai déjà tout lu... Alors s'il te plaît, d'autres vite !!!!
Seul problème : je t'ai déjà tout lu... Alors s'il te plaît, d'autres vite !!!!
Lisa Decaen- Nombre de messages : 199
Age : 58
Date d'inscription : 17/06/2011
Re: A prendre ou à laisser
Mais c'est terrible de perdre sa fierté.
Que nous reste t 'il après l'avoir perdue, vendue, que sais-je encore?
D'autant que même sur ebay on est pas sûr de trouver preneur. C'est que la fierté n'est pas une denrée très à la mode aujourd'hui. On s’accommode assez facilement d'un peu de lâcheté, de beaucoup d'indifférence, d'un zeste de mépris à l'égard de l'autre. Mais se porter acquéreur de fierté! C'est engager un bras de fer avec sa conscience, c'est remettre en cause des vacuités civiques, des paresses patriotiques.
J'imagine volontiers que le prix de réserve n'a pas été atteint?
Que nous reste t 'il après l'avoir perdue, vendue, que sais-je encore?
D'autant que même sur ebay on est pas sûr de trouver preneur. C'est que la fierté n'est pas une denrée très à la mode aujourd'hui. On s’accommode assez facilement d'un peu de lâcheté, de beaucoup d'indifférence, d'un zeste de mépris à l'égard de l'autre. Mais se porter acquéreur de fierté! C'est engager un bras de fer avec sa conscience, c'est remettre en cause des vacuités civiques, des paresses patriotiques.
J'imagine volontiers que le prix de réserve n'a pas été atteint?
Tollelege- Nombre de messages : 194
Age : 82
Date d'inscription : 27/08/2011
Re: A prendre ou à laisser
Tollelege a écrit:Mais c'est terrible de perdre sa fierté.
Que nous reste t 'il après l'avoir perdue, vendue, que sais-je encore?
D'autant que même sur ebay on est pas sûr de trouver preneur. C'est que la fierté n'est pas une denrée très à la mode aujourd'hui. On s’accommode assez facilement d'un peu de lâcheté, de beaucoup d'indifférence, d'un zeste de mépris à l'égard de l'autre. Mais se porter acquéreur de fierté! C'est engager un bras de fer avec sa conscience, c'est remettre en cause des vacuités civiques, des paresses patriotiques.
J'imagine volontiers que le prix de réserve n'a pas été atteint?
Merci pour cette belle leçon de morale et de civisme. Je vais passer la semaine à méditer ça !
Il faut en effet que je me réforme de toute urgence. je n'avais pas pris conscience de la gravité de la situation.
Merci Tollelege.
Invité- Invité
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