Nos faiblesses

[Celeron02]

Amour, nous ne pouvons plus rien
Contre nos faiblesses
Amour n’est plus ni mien ni tien
Quoique nos caresses

Ce bel amour n’est que chagrin
Plus rien ne presse
Que d’ivraie qui n’a plus de grain
Plus de confesse

Ange, trésor, rêve dans tes retraites
Garde ton secret
Ange, toi que tes jouissances maltraitent
Prends mon décret

Seul je survis à mon adresse
Mien je demeure
Seul j’oublierai la maladresse
Mon heure se meurt

Quoiqu’aussi tout idem demeure
Rien ne s’efface
Car l’amour immense, seule humeur
Reste face à face

[zenobi]

Pas mal.
Je trouve que, hors la première strophe, les premiers octosyllabes nuisent à la fluidité du texte. Faibles ou disgracieux, le plus souvent, ils cassent la simplicité retorse et caressante du reste.

[Invité]

@Celeron;
Voilà un beau poème qui me parle, et qui reflète un chagrin, celui de l'ultra moderne solitude de Alain souchon.

[Arielle]

Je garderais volontiers ces trois strophes en remplaçant confesse par tendresse, allégresse... :

Amour, nous ne pouvons plus rien
Contre nos faiblesses
Amour n’est plus ni mien ni tien
Quoique nos caresses

Ce bel amour n’est que chagrin
Plus rien ne presse
Que d’ivraie qui n’a plus de grain
Plus de confesse

Seul je survis à mon adresse
Mien je demeure
Seul j’oublierai la maladresse
Mon heure se meurt

J'y retrouve le charme, la grace de la poésie lyrique de la fin du Moyen-Age.
Le sens ne disparaît plus noyé sous les rimes et les jeux de sonorités dont tu nous abreuvais dans tes précédents poèmes et je salue ce renouveau.

[Celeron02]

Merci à tous trois de vos commentaires, particulièrement à Arielle, qui a semble-t-il sélectionné la partie la plus aboutie.

Allégresse, avec le son "g" ou "gr" me semble en effet fort joli, et accordé avec le reste du quatrain.

Cependant, si les autres strophes sont sans doute moins réussies, il me tenait à coeur de conserver à la fois la modernité & l'incertitude dans le sens.
Le narrateur n'est pas désespéré, il ne dit pas que 'tout est fini". C'est juste le constat d'une limite (qui peut n'être que temporaire), d'une faiblesse...

En effet, à propos du message, s'il obéit toujours à une personnalité qu'on trouverait dans une lettre, mon idéal serait que ce message approche le caractère partagé, et si possible, universel, des Lettres d'un auteur du XVIème ou XVIIème siècle (mais ce n'est qu'un point vers lequel toujours tendre).

Là se mesure une espèce de manque insurmontable dans l'instant, mais qu'on peut (qu'on doit) assumer.
La fin d'une illusion n'est pas le début du pessimisme, mais d'un optimisme plus éclairé !

A bientôt,

[Invité]

Le thème de l'amour courtois habilement revisité ! Par les sonorités et le schéma rythmique, on pense effectivement aux formes poétiques de la fin du Moyen-Âge, le lai ou la villanelle, par exemple. Tu devrais perséverer dans cette voie.

[Clarisse]

En lisant ton poème, je me suis replongée dans le bain de jouvance moyennageux et m'est revenu en mémoire ceci que tu connais peut-être....

Plus ne suis ce que j'ai été
Et plus ne saurais jamais l'être
Mon beau printemps et mon été
Ont fait le saut par la fenêtre ...

Clément Marot

[Invité]

Oui ! Merci Clarisse, c'est exactement ça : je pensais aux épigrammes de Marot.

[Contenu sponsorisé]