Prisonnier

[redstar]

Spoiler:

Ses semelles molles tapaient doucement sur le pavé froid et les restes de pluie finissaient de tremper les bords de son jean, de plus en plus sales à mesure qu'il s'enfonçait dans la ville et dans les flaques.

Ce n'était pas vraiment la nuit, mais la fin du crépuscule, c'était quand les gens normaux venaient de rentrer chez eux et que les rues paraissaient vides mais trop pleines, habitées d'une présence dont on ne voulait pas. Bien sûr, il n'y croyait pas, à ces conneries, les gens normaux n'existent pas. Tout au plus la masse paraît-elle normale et l'individu sain, mais d'un regard plus attentif, on s'apercevait que derrière l'apparence les êtres pensaient, pour les moins inconscients d'entre eux.

Il s'était longtemps fait des réflexions de ce genre. Il avait, pendant une partie de sa jeunesse, ses études, pensé que s'il n'était pas heureux, c'est qu'il devait être trop intelligent. Evidemment; on ne pouvait pas être heureux tout en réfléchissant. Quelqu'un de censé ne peut pas vouloir d'une joie salie par la laideur du monde. Puis il avait grandi, et s'était dit que s'il n'avait pas été heureux, c'était justement parce qu'il n'était pas assez intelligent, et qu'il fallait être bête pour vouloir passer sa courte vie à être peiné.

Puis il avait cessé d'y penser, le temps allant.

Mais ce soir-là, alors que l'eau glissait entre les pavés sous ses pas lents, alors qu'il plongeait ses mains dans ses poches en jetant son regard dans le vide sans rien chercher, il repensait. Lui, l'homme libre, le citoyen, le fonctionnaire, le propriétaire, le possédé, le fils de la société, il pensait. Plus à des malheurs vagues comme il en avait eu l'habitude, plus à des angoisses incertaines qui se dessinaient à cause d'un avenir flou, mais plutôt à sa vie maintenant.

Maintenant.

Il y avait rarement pensé : après tout, l'instant présent est celui qu'on vit le moins, se disait-il. Si l'on ne se projette pas constamment dans l'avenir alors on ressasse le passé, personne ne vit l'instant présent.

Qui était-il ? Dans ces rues peuplées de déserteurs, dans les couloirs de la ville où l'on ne circulait plus, il ne se sentait plus très différent et finalement, il avait l'impression d'appartenir à cette masse d'étrangers autant qu'à la foule bruyante du jour. Il se disait qu'après tout, il n'était qu'un prisonnier. Que malgré ses rêves, ou plutôt les rêves et pensées qui avaient été celles de nombreuses personnes dans leur jeunesse, il avait fini par grandir, se sentir heureux, se caser dans l'emplacement que depuis toujours on lui réservait.

Il sourit et s'assit à la lumière pâle d'un réverbère à deux mètres de l'arrêt du bus. Les mots qui tourbillonnaient dans sa tête n'avaient fait que des mots flous, quelques paragraphes sans ordre ni but, même pas vraiment des phrases ; il s'acquitta de son triste bonheur en haussant les épaules et regarda le ciel noir, vide de toute étoile, prisonnier en plein air.

[Revan]

Ce qui me frappe, ce sont les coquilles qui parsèment ton texte. Un bon texte est un texte équilibré, or là on n'a pas cette impression.
* Les adverbes en -ment. Lourds, inutiles car pouvant être remplacés par une expression plus fluide.
* Les participes présents. Mieux vaut les éviter. Un ou deux judicieusement placés d'accord. Mais pas autant dans un si petit texte.
* Les "c'était". Ils ont tendance à avoir pour origine un manque de vocabulaire. Ils sont fluides, mais basés sur un verbe dit faible et peu élégants. La même phrase réécrite a bien plus de poids et d'élégance. Personnellement, je ne les utilise plus du tout contrairement aux deux précédents que je ne fais que restreindre
* Les répétitions. Qu'elles soient des répétitions d'idées ou de sons. Je pense notamment au son "-ant" qui suit les associations participes présents et adverbes en -ment
* Mauvaise utilisation de la ponctuation. Je pense au "évidemment ;", j'aurais mis une virgule.
* Mauvaises formulations. Lis ton texte à haute voix et note les phrases qui passent mal par cette étape puis réécris-les.

Voilà. En tout cas, tu as franchi une étape importante: se remettre à écrire. Peut importe la qualité du texte, tu es au moins sorti de cet état. Et c'est déjà bien.

Bon courage !

[bertrand-môgendre]

La position du narrateur apporte une notion de vide, de creux.
Le personnage manque de volume. Et les tripes, où sont-elles ?
Désolé, je n'accroche pas. J'attends de lire un autre texte.

[redstar]

Bien le bonjour,

Effectivement il y a des lourdeurs et j'ai été bien maladroit. Quoique j'avoue volontiers que le "c'était" me paraissait assez bien au moment de l'écriture, il y avait un aspect assez "parlé" et fluide qui me plaisait bien sans pour autant que ce soit joli, c'est vrai.

Je suis tout de même heureux que des personnes aient prit le temps de s'attarder un peu sur ce texte et votre jugement me parait tout à fait bon, je sais ce qu'il vaut et j'en ai fait beaucoup des comme ça ...
Vous m'avez un peu guidé dans ma maladresse et j'espère obtenir un meilleur résultat lors d'une future écriture plus sérieuse.

Amicalement,

[Clarisse]

Même si les maladresses relevées plus haut sont justes, ce texte m'a touchée et je crois qu'en le retravaillant (non pas le fond mais la forme) vous pouvez arriver à qqchose de très bien.
Un conseil (que je m'applique) : lisez vos textes à voix haute. Les défauts éventuels seront mis en relief (la voix de la justesse?)

[redstar]

Bonsoir Clarisse,

C'est agréable tout de même de voir que tout n'est pas à jeter (j'exagère), merci de votre commentaire.

Oui ce conseil revient souvent, je l'appliquerai si je le peux, mais la présence d'autres personnes chez moi me freine assez, je pense que vous comprenez

Amicalement

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