Croquis de Londres

[Nathanaël Zenou]

La rumeur de la ville, et la folie des gens
Doucement s’évanouissent,
Pâle dans le ciel bleu, c’est la lune d’argent
Du soleil bas complice

Qui git dans la grisaille atone d’un nuage ;
Que de lentes fumées
Zèbrent. J'aime courir les rues : à leur passage
Qu’elles sont parfumées!

Le soir doux tombe, et son établissement semble
Engourdir tout mon être,
Le givre fait son œuvre et un amas s'assemble
Aux angles des fenêtres.

Voici venu l’hiver cet apanage blanc
Des mendiants de la rue,
Les bourgeois sont au chaud, un clochard sur un banc,
—Ivre sans doute— éternue.

Voici les chiens ont peur du froid, craignent la boue,
Les clients de la nuit
Eux courent dans les rues l’hiver, et les tabous
Laissent place à l'ennui.

Enfin moi je chemine, et il fait bon marcher
Dans cette ville immense
Par la neige et la boue, loin du vilain porcher
Et de sa triste manse.



Un texte par semaine en prose et poésie. Celui-ci sera déverrouillé lundi 16 mai.
La modération

[Chako Noir]

C'est joli, mais je suis chagriné de n'avoir reconnu Londres que dans le titre. Ici, ça pourrait être, peut-être pas n'importe quelle autre ville, mais beaucoup d'autres en tout cas.

[Marvejols]

Humm.. pas mal du tout. Il y a un petit côté Appollinaire (une infinie tristesse dans l'ordinaire des choses et dans un registre souvent proche du parler).
"J'aime courir les rues : à leur passage
Qu’elles sont parfumées!"

Moi les QU'ELLES je les lis comme les femmes même s'il peut s'agir des rues (mais des rues de Londres parfumées...), à moins qu'il ne faille garder l'ambiguïté.

[Yoni Wolf]

Vraiment je suis étonné. Moi qui m'étais arrêté à "De l'art pour l'art", je découvre qu'en fait, tu es capable d'écrire de très belles choses.
Et cent mille fois plus humble que le texte mentionné ci-dessus.
Bravo.

[Artnow]

J'ai bien aimé ces croquis, bien construits (dessinés) et remplis d'images.

Dans l'ensemble ce texte m'a plu, je relève juste qq points.

Tout d'abord je rejoins la 1ere remarque sur « Londres ». J'aime bien le titre « croquis » et sa cohérence avec le texte; en revanche « Londres » je ne le retrouve pas, ni dans les constructions ni dans le choix des mots (je ne me suis pas senti à Londres).

La 2nde strophe m'a semblé manquer de fluidité (rythme / images)

« Qui git dans la grisaille atone d’un nuage ;
Que de lentes fumées
Zèbrent. J'aime courir les rues : à leur passage
Qu’elles sont parfumées! »

Sinon j'ai bien aimé le « Qu 'elles sont parfumées ! »

Je relève encore « un amas s'assemble » pas très joli et répétitif

Et ici : « Voici les chiens ont peur du froid, craignent la boue, »

L'écriture m'est apparue bizarre, peut être voulue néanmoins.

Merci pour la lecture

[François T]

Je trouve ce poème excellent. Le seul grief qui vous est fait concerne le titre qui fait référence à la ville de Londres ;mais il doit bien y avoir des aspects de Londres qui présentent ceux que vous avez si bien suggérés .

[Invité]

Je ne connais pas Londres, à votre poème l'envie me vient d'y aller.
Je trouve ce texte particulièrement musical et agréable, (je ne connaissais pas "manse", merci)
Un texte "riche".

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