Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
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Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Non je n'ai jamais habité l'Éden. Non je n'habite pas les roses. J'habite le soufre, la passion et l'incertitude. J'habite par là, entre tes impostures et mes impatiences.
Je n'ai jamais aimé les fleurs.
Je n'ai jamais pris ta main.
Je ne connais pas ton nom ni ta manière de dire bonjour.
Je t'ennuie.
Je bouffe la terre pour mieux te regarder en face.
Je parle d'une pute pour mieux me faire comprendre. Je parle et quand il n'y a plus rien à dire
j'entends les talons hauts qui giflent le trottoir
Et la joie du colon qui vient crever le vide
Et le silence
le silence sans fond qui soudain se destine à un tout autre sang.
Non je n'habite pas l'Éden.
Mais j'ai suivi d'autres traces, comme ça pour rien. J'ai glissé mes mains à l'intérieur d'un phare et j'ai laissé le fou faire un tour dans mes tripes. Comme ça pour rien. Pour gagner du temps.
J'avais peut-être oublié que les petites mains sont faites pour nager, qu'on ne fait pas de pain sans faire des affamés.
Je marchais à l'ombre des statues. Comme un voleur d'enfants
Je mordais tes entrailles pour prendre tes secrets
J'avalais tout, je ne donnais rien.
Je livrais des batailles à des êtres sans chair. Je haïssais les mots et sans jamais me taire j'entrais par d'autres portes.
Sans jamais prendre ta main.
Non je n'ai jamais habité l'Éden.
Je n'ai pas connu la panne, pas connu le manque, je n'ai pas dit amour.
L'amour trop grand, l'amour trop sale, l'amour comme un bijou sur la peau qui s'abîme, l'amour comme un flan comme une absence de trop emportée par les raz de marée, un déluge sans relève
l'amour sans courants d'air
Sans mort et sans regrets, sans mort ni poulailler
parce que je n'ose pas cracher ce que je sème.
Un texte par semaine en prose et poésie. Celui-ci sera déverrouillé lundi 16 mai.
La modération
Je n'ai jamais aimé les fleurs.
Je n'ai jamais pris ta main.
Je ne connais pas ton nom ni ta manière de dire bonjour.
Je t'ennuie.
Je bouffe la terre pour mieux te regarder en face.
Je parle d'une pute pour mieux me faire comprendre. Je parle et quand il n'y a plus rien à dire
j'entends les talons hauts qui giflent le trottoir
Et la joie du colon qui vient crever le vide
Et le silence
le silence sans fond qui soudain se destine à un tout autre sang.
Non je n'habite pas l'Éden.
Mais j'ai suivi d'autres traces, comme ça pour rien. J'ai glissé mes mains à l'intérieur d'un phare et j'ai laissé le fou faire un tour dans mes tripes. Comme ça pour rien. Pour gagner du temps.
J'avais peut-être oublié que les petites mains sont faites pour nager, qu'on ne fait pas de pain sans faire des affamés.
Je marchais à l'ombre des statues. Comme un voleur d'enfants
Je mordais tes entrailles pour prendre tes secrets
J'avalais tout, je ne donnais rien.
Je livrais des batailles à des êtres sans chair. Je haïssais les mots et sans jamais me taire j'entrais par d'autres portes.
Sans jamais prendre ta main.
Non je n'ai jamais habité l'Éden.
Je n'ai pas connu la panne, pas connu le manque, je n'ai pas dit amour.
L'amour trop grand, l'amour trop sale, l'amour comme un bijou sur la peau qui s'abîme, l'amour comme un flan comme une absence de trop emportée par les raz de marée, un déluge sans relève
l'amour sans courants d'air
Sans mort et sans regrets, sans mort ni poulailler
parce que je n'ose pas cracher ce que je sème.
Un texte par semaine en prose et poésie. Celui-ci sera déverrouillé lundi 16 mai.
La modération
Hue- Nombre de messages : 51
Age : 35
Date d'inscription : 31/08/2008
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
facile de s'en tirer ainsi.
J'aimerais bien une version moins nébuleuse. En prose ?
Ce texte raconte une histoire, et chie sur sa propre histoire, plus précisément "se coloscopise".
Un sacrilège en littérature, en quelque sorte. Dommage.
J'aimerais bien une version moins nébuleuse. En prose ?
Ce texte raconte une histoire, et chie sur sa propre histoire, plus précisément "se coloscopise".
Un sacrilège en littérature, en quelque sorte. Dommage.
Invité- Invité
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Tout à fait d'accord avec Panda : c'est trop facile, tout le monde peut faire pareil, se contenter de faire flou artistique. Et c'est d'autant plus dérangeant qu'on sent ici une vraie capacité à écrire, pas seulement une aspiration motivée par l'ego, le printemps ou les affres d'une sale journée...
Invité- Invité
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
D'autant plus frustrant que je viens de relire le précédent poème que je n'avais d'ailleurs pas commenté, Le dormeur et les robes. Cela confirme ce que je pressentais : il y a là du matériau, du bon matériau, reste à le rendre accessible tout en le mettant dignement en valeur.
Invité- Invité
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Je ne suis pas d'accord. Ca veut dire quoi : c'est trop facile, tout le monde peut en faire autant (toute proportion gardée on disait la même chose de Picasso) .Nébuleux?
Ce serait intéressant (peut-être dans "conversation") de discuter de la façon dont on "juge" les poèmes. Que fait-on exactement?
Personnellement je lis à haute voix. Je recherche d'abord comment la sonorité résonne en moi, le flux, le rythme . En même temps, j'essaye d'éprouver l'état dans lequel me met le poème, dans les mots qu'il emploie (le sens oui mais pas forcément l'histoire...c'est ce qui différencie pour moi la prose de la poésie).
Pour en revenir à ce poème.
J'aime bien le rythme et le flux (ça me rappelle Arnaud Fleurant Didier : france culture). Certains trucs achoppent parfois : sans doute as-tu tes raisons mais le passage de "Non je n'ai jamais habité l'Éden" à "Non je n'habite pas l'Éden" me gêne. Une autre chose, on sens parfois un retour vers un rythme presque alexandrin : un laisser aller peut-être :-). Mais globalement j'aime beaucoup et pour moi ce qui est important c'est le "globalement".
Au niveau du sens c'est effectivement impressionniste. J'adore ce passage :
"Je parle d'une pute pour mieux me faire comprendre. Je parle et quand il n'y a plus rien à dire
j'entends les talons hauts qui giflent le trottoir
Et la joie du colon qui vient crever le vide
Et le silence"
Un peu moins certains autres:
"L'amour trop grand, l'amour trop sale, l'amour comme un bijou sur la peau qui s'abîme,"
qui est pour moi (mais ce n'est que mon ressenti) un peu cliché.
Voilà.
Ce serait intéressant (peut-être dans "conversation") de discuter de la façon dont on "juge" les poèmes. Que fait-on exactement?
Personnellement je lis à haute voix. Je recherche d'abord comment la sonorité résonne en moi, le flux, le rythme . En même temps, j'essaye d'éprouver l'état dans lequel me met le poème, dans les mots qu'il emploie (le sens oui mais pas forcément l'histoire...c'est ce qui différencie pour moi la prose de la poésie).
Pour en revenir à ce poème.
J'aime bien le rythme et le flux (ça me rappelle Arnaud Fleurant Didier : france culture). Certains trucs achoppent parfois : sans doute as-tu tes raisons mais le passage de "Non je n'ai jamais habité l'Éden" à "Non je n'habite pas l'Éden" me gêne. Une autre chose, on sens parfois un retour vers un rythme presque alexandrin : un laisser aller peut-être :-). Mais globalement j'aime beaucoup et pour moi ce qui est important c'est le "globalement".
Au niveau du sens c'est effectivement impressionniste. J'adore ce passage :
"Je parle d'une pute pour mieux me faire comprendre. Je parle et quand il n'y a plus rien à dire
j'entends les talons hauts qui giflent le trottoir
Et la joie du colon qui vient crever le vide
Et le silence"
Un peu moins certains autres:
"L'amour trop grand, l'amour trop sale, l'amour comme un bijou sur la peau qui s'abîme,"
qui est pour moi (mais ce n'est que mon ressenti) un peu cliché.
Voilà.
Invité- Invité
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Pourquoi! C'est trop facile?
Ce texte a du chien... Moi j'ai aimé.
Ce texte a du chien... Moi j'ai aimé.
Maryse- Nombre de messages : 811
Age : 80
Localisation : Montélimar
Date d'inscription : 22/09/2010
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Je serai moins sévère. D'abord, parce que j'ai bien aimé le début, ensuite parce qu'il y a, de ci, de là, de jolis passages. l'ensemble est un peu flou, certes, un rien inabouti, re certes, mais, comme "on" dit ici, je "sens du potentiel".
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 53
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Très original, jusqu'au titre qui m'a d'ailleurs donné envie de lire ce poème. Ca change, j'aime beaucoup.
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Ce texte se fout bien de l'appréciation de chacun.
Il a sa propre histoire. D’aucun le trouverait nébuleux, où serait le problème ?
Il est libre, il est clair et il est maîtrisé, avec son trait sanglants
J’adore
Il a sa propre histoire. D’aucun le trouverait nébuleux, où serait le problème ?
Il est libre, il est clair et il est maîtrisé, avec son trait sanglants
J’adore
Jha- Nombre de messages : 1374
Age : 48
Localisation : Archaeopteryx à l'envolée
Date d'inscription : 30/05/2011
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Je trouve qu'il y a de sacrées images et un sens de la formulation qui fonctionne vraiment très bien..., en fait je crois que ça sonne juste ainsi, dans la section poésie, dans le sens où on ne s'encombre pas trop de la narration, et que ça reste un concentré d'images et d'émotions - c'est vrai assez destructuré et flou - mais de mon côté, ici, c'est ce qui me semble réussi, maitrisé, et l'ensemble me plait bien.
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Ce texte est puissant et, même si je n'aime pas le milieu (pute/glauque etc) qui de plus ne me semble pas être d'un apport flagrant, il commence de main de maître :
A ce texte je lui trouve un petit côté YoniWolf. Il est étonnant que ce dernier ne l'ait pas commenté, cela ne va peut-être d'ailleurs pas tarder.
Ah oui, j'oubliais cette perle (genre poète roady):
Je livrais des batailles à des êtres sans chair. Je haïssais les mots et sans jamais me taire j'entrais par d'autres portes.
Un début qui pourrait constituer un poème en lui-même.Hue a écrit:Non je n'ai jamais habité l'Éden. Non je n'habite pas les roses. J'habite le soufre, la passion et l'incertitude. J'habite par là, entre tes impostures et mes impatiences.
Je n'ai jamais aimé les fleurs.
Je n'ai jamais pris ta main.
Je ne connais pas ton nom ni ta manière de dire bonjour.
Je t'ennuie.
A ce texte je lui trouve un petit côté YoniWolf. Il est étonnant que ce dernier ne l'ait pas commenté, cela ne va peut-être d'ailleurs pas tarder.
Ah oui, j'oubliais cette perle (genre poète roady):
Je livrais des batailles à des êtres sans chair. Je haïssais les mots et sans jamais me taire j'entrais par d'autres portes.
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Comme une pie, j'ai fondu sur ce "on ne fait pas de pain sans faire des affamés" qui brillait... mais le reste n'est pas mal non plus, même si inégal ( milieu un peu creux).
Invité- Invité
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Bravo Hue. J'ai lu et relu ce texte qui m'apparaît puissant et fort. De belles images et des émotions justes. J'ai adoré...Merci.
Je trouve assez drastique certains commentaires et je le déplore...
Je trouve assez drastique certains commentaires et je le déplore...
gaeli- Nombre de messages : 417
Age : 77
Date d'inscription : 21/05/2011
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Quelqu'un m'a parlé de ce poème
je ne connais pas ce Hue je crois (quoique je crois avoir déjà vu ce poing levé)
mais je le fais remonter car je l'adore, depuis le titre jusqu'au dérnier mot
je ne connais pas ce Hue je crois (quoique je crois avoir déjà vu ce poing levé)
mais je le fais remonter car je l'adore, depuis le titre jusqu'au dérnier mot
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
C'est bien de l'avoir remonté.
Du coup, suis allé voir les autres textes de Hue.
De belles choses.
De très belles choses.
Du coup, suis allé voir les autres textes de Hue.
De belles choses.
De très belles choses.
Hop-Frog- Nombre de messages : 614
Age : 35
Date d'inscription : 11/04/2012
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Ce Hue vous remercie tous deux pour votre passage à travers cette porte.
Hue- Nombre de messages : 51
Age : 35
Date d'inscription : 31/08/2008
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
ah !
plaisir d'avoir un écho !
plaisir d'avoir un écho !
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
je confirme : on aimerait plus te lire le poing Hue
Jha- Nombre de messages : 1374
Age : 48
Localisation : Archaeopteryx à l'envolée
Date d'inscription : 30/05/2011
La porte qui disait...
Je crois te l'avoir déjà dit : je devine en toi un fort potentiel et je lirai ton prochain texte avec plaisir
Cependant je pense que tu as une propension à t'éparpiller, ce qui rend le texte par moment inintelligible ou trop"tarabiscoté"
Je ne suis pas d'accord avec toi, Invité, lorsque tu écris[i] "[.......] le sens oui mais pas forcément l'histoire...c'est ce qui différencie pour moi la prose de la poésie)". Voila bien des poètes, parmi nos plus grands, ravalés au rang de rimailleurs de seconde zone...
Cependant je pense que tu as une propension à t'éparpiller, ce qui rend le texte par moment inintelligible ou trop"tarabiscoté"
Je ne suis pas d'accord avec toi, Invité, lorsque tu écris[i] "[.......] le sens oui mais pas forcément l'histoire...c'est ce qui différencie pour moi la prose de la poésie)". Voila bien des poètes, parmi nos plus grands, ravalés au rang de rimailleurs de seconde zone...
Albert-Robert- Nombre de messages : 492
Age : 81
Localisation : Drôme
Date d'inscription : 21/04/2012
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Merci d'avoir remonté ce texte : il le mérite.Il y a tellement de force et de personnalité là-dedans qu'un reproche de flou n'a vraiment pas beaucoup d'importance !
Hue, tu devrais venir poster plus souvent !
Hue, tu devrais venir poster plus souvent !
Invité- Invité
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
Toujours un plaisir
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Vlam, la porte qui disait « arrête de te taire »
" C'est un texte qui a du chien"
Tout à fait ce que j'ai pensé. Et par n'importe quel chien. "je ne t'ai pas pris la main" Oui, elle a échappé belle.
Quelqu'un a parlé de "destructuré" et "maîtrise", et c'est bien ça aussi que je relis - parce que j'y suis revenu deux jours de suite.. La début est très tranchant, puis ça divague, mais je pense que c'est normal, voire nécessaire.
Je ne parle pas du fond du texte, il n'y a personne à juger. Juste l'écriture, ce (celui) qui est décrit.
Je dirais que le chien n'est pas de race, mais le cynisme, si.
Très....
Tout à fait ce que j'ai pensé. Et par n'importe quel chien. "je ne t'ai pas pris la main" Oui, elle a échappé belle.
Quelqu'un a parlé de "destructuré" et "maîtrise", et c'est bien ça aussi que je relis - parce que j'y suis revenu deux jours de suite.. La début est très tranchant, puis ça divague, mais je pense que c'est normal, voire nécessaire.
Je ne parle pas du fond du texte, il n'y a personne à juger. Juste l'écriture, ce (celui) qui est décrit.
Je dirais que le chien n'est pas de race, mais le cynisme, si.
Très....
Ariel- Nombre de messages : 160
Age : 68
Localisation : Finistère, ascendant CévennE
Date d'inscription : 03/10/2011
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