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La statue égyptienne

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La statue égyptienne  Empty La statue égyptienne

Message  hugofan Sam 21 Mai 2011 - 14:59

Il faisait froid. Le ciel était sombre, d'un noir violacé. Avant de rejoindre le collège où, depuis vingt ans, je donne des cours de français à une poignée d'individus gueulards, ahuris, absolument indifférents, j'ai décidé de faire un saut chez l'antiquaire, où se trouve la curieuse statue Égyptienne dont je subis, depuis quelques jours, le charme magnétique. C'est une petite boutique insignifiante, au coin d'une rue. En me voyant entrer, le propriétaire m'a lancé un regard torve. Décidément, ma tête ne lui revenait toujours pas. Avant hier déjà, il me surveillait d'un oeil circonspect, tandis que je me promenais parmi ses vieux objets, avec lenteur et nonchalance. C'est un gros homme trapu, chassieux, portant d'énormes lunettes. J'ai haussé les épaules et me suis dirigé, tout de suite, vers le coin gauche de la boutique. Là, se dressant sur une petite table en marbre blanc, se trouve ma statue, absolument mirifique à mes yeux... presque divine. Elle représente une femme, très jeune apparemment... ses yeux sont noirs... vivant pour ainsi dire... d'une vitalité si singulière ! Ce qu'elle a de mauvais cependant, c'est la bouche : rouge, tordue, comme convulsée. Je ne parle même pas de ses seins, ronds, chauds, aux mamelons pointus. Chaque fois que je la contemple, j'en suis estomaqué. On dirait qu'elle vous parle, qu'elle essaie de communiquer avec vous, pauvre branleur aux yeux extatiques. C'est peu dire qu'elle me fascine ; je crois même qu'elle m'émoustille. Alors, après l'avoir regardé, le soir, je me précipite toujours chez Sophie, ma maîtresse... j'en ressort tout pâle et cerné. Ce qui me refroidit néanmoins, c'est son prix. Largement au-dessus de mes moyens. On se doute bien en effet qu'une statue Égyptienne, évidement, ça vous coûte la peau des fesses. Mais comment faire dans ce cas ? Il me faut pourtant absolument acquérir cet objet ! C'est une question de vie ou de mort. En effet, quelque chose de métaphysique en même temps que de charnel semble me lier à cette femme mystérieuse, au regard de feu. Parfois, j'ai la vague impression de distinguer son parfum... sucré... laiteux... alors qu'elle ne sentir que la terre cuite, ce dont elle est faite. Le propriétaire, par une toux sèche et bilieuse, m'a ramené à la réalité. Apparemment, il en avait marre de ma présence. Il voulait que je me tire. J'ai pas insisté.

Dans la voiture cependant, sur le chemin du collège, l’Égyptienne me turlupinait l'esprit. Elle voulait pas me lâcher. Son image, ses yeux, sa bouche, ses seins... quelle merveille ! J'y revenais toujours, malgré mes efforts pour m'en détacher. A la fin de la journée, après avoir subi toutes les facéties capricieuses d'enfants préférant le grand air à ma salle de classe, j'ai retrouvé Sophie. Comme d'habitude, j'étais très excité. Néanmoins, quand elle m'embrassait, quand ses mains, légères et hardies, sillonnaient mon corps de caresses, il me semblait, encore et toujours, ne voir, ne sentir, ne faire l'amour, qu'à l' Égyptienne. Décidément, il y avait là quelque chose de très louche. Je vous demande un peu, coucher avec une une vraie femme, appétissante qui plus est, charnue, et ne rêver qu'à une statue ! Voilà qui semble vachement tordu. Et pourtant, c'est la vérité. Alors, exsangue, à bout de force, je me suis endormi. Ce n'est qu'à l'aube, après avoir quitté l'appartement sans un mot d'au revoir à Sophie, que j'ai résolu de dérober la statue Égyptienne. J'en crevais trop d'envie ; c'était devenu inévitable. Pour cela, il me fallait attendre le soir, qu'il fasse très nuit. Le problème, c'est que je n'avais jamais commis de vol, ni la moindre effraction. L'angoisse me tordait l'estomac ; j'avais peur de me dégonfler. Seulement, je n'ai pas même eu besoin de tenter le cambriolage : le destin s'est immiscé dans mon affaire. Deux jours plus tard en effet, j'ai appris qu'il devait y avoir une grande exposition d'antiquités, à la mairie locale, aménagée pour l'occasion. Chaque antiquaire était invité à venir y exhiber ses plus beaux trésors, tout en nourrissant l'espoir raisonnable de pouvoir faire une bonne affaire en en cédant quelques uns à des spectateurs passionnés, pour des prix exorbitants. Dès que j'ai été mis au courant (par le journal quotidien) je me suis précipité vers ma boutique.


Elle était fermée. Cependant, juste devant, se trouvait le propriétaire, occupé à discuter avec une vieille dame. Il était tiré à quatre épingles ; le sentiment de vivre un après-midi solennel se lisait sur son visage. Non loin de lui, à quelques mètres à peine, se trouvait un vieux camion. Quelque chose me disait que ma statue était là-dedans. J'ai attendu, patiemment. Le patron parlait encore, parlait toujours. Je m'étais garé dans la rue, de façon à ce qu'il ne puisse pas me voir. Pendant une heure, j'ai fumé clopes sur clopes. Je ne savais pas ce que j'allais faire exactement. Mais voilà que soudain, le type se sépare de la dame, et s'enfonce dans une allée, certainement pour rejoindre la grande rue parallèle. Mon sang n'a fait qu'un tour. J'ai marché vers le camion d'un air calme, pour ne pas éveiller les soupçons. Malgré cela, j'étais terrifié. En arrivant devant la porte de derrière, j'ai constaté qu'elle était ouverte. Qu'il est facile de commettre des délits quelquefois ! il suffit d'un coup de chance, et d'un petit peu de sang froid. Après avoir jeté un coup d'oeil à l'intérieur, j'ai tout de suite repéré ma statue. Elle avait l'air de sourire en me revoyant. Je m'en suis emparé, l'ai cachée dans mon manteau, et me suis tiré dare-dare vers ma bagnole. Cette étonnante facilité dans le crime peut vous surprendre ; à moi aussi. Mais qu'importe ? J'ai eu ce que je voulais.

En regagnant mon domicile, je transpirais. D'énormes gouttes perlaient sur mon front. A vrai dire, je suais comme une vache. C'était l'excitation, en même temps qu'une peur indicible, celle de me faire coffrer. J'avais posé l’Égyptienne à côte de moi, recouverte d'un drap noir. Sa présence me rendait tout drôle ; j'avais du mal à conduire. Une fois dans le couloir de mon immeuble, j'ai respiré plus librement. J'avais même réussi à éviter une rencontre avec monsieur Perse, mon ignoble voisin. C'était un sacré dégueulasse que cet homme là. Irritable, soupçonneux, versatile, il faisait vivre un enfer à sa jeune femme, belle et séduisante cependant, comme j'en ai vues très très peu. Elle me saoulait de sourires insinuants, de regards langoureux, de soupirs forcés. Je l'aurais volontiers mise dans mon lit celle-là ! Mais je ne tenais pas à avoir des problèmes : le mari était bien capable de me tuer. Dans mon appartement, l'air était lourd, beaucoup trop chaud. J'ai ouvert les fenêtres ; je me suis servi un thé glacé. Ensuite, j'ai commencé à me torturer l'esprit pour savoir où j'allais poser mon Egytienne. Lentement, mon regard s'est arrêté sur le magnifique tableau représentant les frères Éros et Thanatos, au centre de la pièce. J'en étais très fier de cette oeuvre là. Je l'avais acquise en travaillant dur, à la sueur de mon front comme on dit. Finalement, ne trouvant pas de solution, je l'ai posée sur ma table, en plein milieu, à défaut de trouver un endroit plus convenable. Très satisfait, je suis allé prendre une douche. J'étais euphorique. J'en resplendissais. En me rasant néanmoins, d'un geste brusque, je me suis coupé. Le sang a jailli, épais, noirâtre, et a coulé le long de mon cou. " Merde ! " me suis-je écrié, avant de me mettre à insulter le rasoir, par une réaction stupide. En regagnant le salon, la statue était toujours là, immobile. Elle me semblait majestueuse... une vraie merveille cette chose là. Ensuite, sur la commande de ma chambre, à plein nez, j'ai sniffé de la cocaïne... un véritable feu d'artifice mental. Ça m'a défoncé. J'en consomme depuis cinq ans à peu près... trop de solitude... il faut bien se distraire. La soirée s'est déroulée comme toutes les autres, devant la télé, les pantoufles aux pieds. Seulement la présence de la statue me rendait incroyablement heureux... on aurait dit qu'elle me consolait. C'était étrange. A minuit, je suis allé me coucher. J'étais crevé.

Une heure plus tard environ, alors que j'allais enfin atteindre au sommeil, j'ai entendu un cri suraigu, dans la nuit. C'était une femme, la voisine très certainement. J'ai sursauté. Après cela, un bruit sourd a retenti... mais pas un mot, pas un seul. C'était à vous coller des sueurs froides. J'ai même entendu la porte de l'entrée s'ouvrir et claquer. Quelqu'un sortait de chez elle ! après ce bruit, mon Dieu, il avait dû la frapper ! Je me suis levé, et en arrivant dans le salon, merde alors ! la vache ! ma statue n'était plus là ! J'ai tout de suite pensé à un cambriolage. Mais qui avait pu entrer chez moi sans que je n'entende rien ? Furieux, je suis sorti dans le couloir... et alors... comment décrire cela ? Quel mot employer ? Quelqu'un peut-il m'aider ? Que Dieu me secoure, s'il existe ! La femme de monsieur Perse était étendue là, par terre, tout ensanglantée. Elle avait la bouche ouverte. Du sang en coulait abondamment, comme d'une fontaine. Ses joues étaient meurtries, violacées. Même ses lèvres tordues faisaient horreur à voir... elle qui avait été si belle... madame Perse... ses seins étaient nus, là, devant moi, quelqu'un lui avait arraché son soutien gorge... le pervers ! Je suis rentré chez moi pour appeler la police. J'avais complètement oublié la disparition de ma statue... mais elle était là... de nouveau sur ma table... lorsque je suis entré. J'en ai été très surpris. Comment se fait-il qu'elle n'était plus là tout à l'heure ? peut-être ai-je mal vu, peut-être que tout cela n'est qu'un rêve. Je me suis pincé très fort. J'ai hurlé. Ce n'était pas un rêve.



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Message  hugofan Sam 21 Mai 2011 - 15:06

Mes mains tremblaient. J'ai appelé les secours. Je bafouillais. Mais en regardant l’Égyptienne, j'ai eue la très nette impression qu'elle avait changé, malgré l'obscurité. Ses lèvres en effet n'étaient plus tordues... elles étaient fines, parfaites, d'une courbure merveilleusement artistique. Néanmoins le pire, c'est qu'elle des tâches au niveau des seins... des tâches noires. En les touchant, je me suis rendu compte qu'elles étaient toutes fraîches. C'était du sang ! mon Dieu ! et si c'était celui de l'autre... de la morte... que faire ? et quoi penser ? ...


à suivre.

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Message  bertrand-môgendre Ven 27 Mai 2011 - 7:20

Difficile de commenter un texte pareil. Que dire sans blesser l'auteur sinon l'encourager à tout reprendre.

Parfois, Avant hier déjà, il me surveillait d'un oeil circonspect, tandis que je me promenais parmi ses vieux objets, avec lenteur et nonchalance. C'est un gros homme trapu, chassieux, portant d'énormes lunettes... , tu sembles volontaire dans ton désir de bien écrire, mais ... Apparemment, il en avait marre de ma présence. Il voulait que je me tire... un naturel malheureux vient gâcher ton travail.

Tente l'expérience : griffonne le scénario sans construire de phrases de manière à visualiser les personnages, le décor, la lumière, le son, les moments clés de ton histoire puis adopte un ton celui qui persistera tout au long du récit et ensuite écris un premier jet. D'elles-mêmes les phrases épouseront ce que tu désire raconter, sans répétition inutiles, et aberrations contextuelles.
Par exemple : ce professeur... depuis vingt ans, je donne des cours de français... utilise un langage un peu cru ... Voilà qui semble vachement tordu...
Autre exemple : l'antiquaire qui ... était invité à venir y exhiber ses plus beaux trésors, tout en nourrissant l'espoir raisonnable de pouvoir faire une bonne affaire en en cédant quelques uns à des spectateurs passionnés, pour des prix exorbitants... aurait-il risqué de transporter la statue dans son véhicule sans housse protectrice, ou caisse d'emballage ?

Que va-t-il donc se passer autour de la statuette ?
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