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L'heure du penduliste

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Message  spleen75 Mar 31 Mai 2011 - 16:01

L’heure du penduliste

Le penduliste travaillait à son atelier comme chaque jour, bien qu’il ne fût pas débordé par le travail. Les gens s’étaient désintéressés de cet instrument qui avait pourtant autrefois habité chaque demeure. Sa profession se raréfiait. Il ne faisait pas fortune mais étant le seul penduliste établi de la ville, les quelques possesseurs d’horloge lui confiaient immanquablement leur entretien et leur réparation. Certains venaient même des comtés voisins. Il portait pour travailler une paire de chaussures en vernis noir traversées de larges rayures blanches, il chérissait ces chaussures parce que leurs rayures blanches lui rappelaient le défilement des aiguilles sur le cadre.
Son appentis était exigu, mais l’endroit n’était pas sinistre. De larges baies vitraient les quatre murs et d’ingénieuses lucarnes jonchaient la toiture, laissant le soleil de mai pénétrer la pièce et l’emplir d’une douce chaleur. Le halo caressant du soleil, la vue sur les plaines à l’Est rendaient l’atelier reposant et serein. Néanmoins, l’étroitesse du lieu lui imposait une rigueur et une organisation qui frôlaient la maniaquerie. Le fouillis et l’encombrement l’insupportaient. Plus qu’une lubie, le désordre l’handicapait, il ne parvenait plus à se concentrer et songeait sans cesse qu’il lui faudrait chercher ses outils dispersés. Il ne concevait pas que l’esprit humain, par paresse, négligeât d’ordonner et de compartimenter les choses et conduisît ainsi les hommes à la confusion et à la dispersion.
Lorsqu’il travaillait, l’horloge était captive et le temps suspendu. Il n’avait qu’à stopper de ses mains agiles le fragile mécanisme et les aiguilles se figeaient instantanément. Le silence et l’immobilité l’apaisaient. Il ne se sentait jamais aussi vivant que lorsque le temps semblait s’être interrompu, pour lui, par lui. Mais en quittant son placide atelier le soir, jeté dans la foule pressée de la fin de journée, tout perdait sens et il se sentait inexorablement accablé.
Les femmes étaient pour lui tout aussi insaisissables que le temps, elles lui échappaient sans cesse, s’enfuyaient lorsqu’il croyait enfin les posséder. Elles lui rappelaient toujours qu’il était impuissant : l’inéluctable se produirait, tout périrait un jour et il ne pourrait pas lutter. Mais leur vie à elles ? Elle ne dépendait que de sa volonté, elle lui appartenait pour quelques orgastiques minutes. Il décidait : maitre du temps et de la vie.

Célia habitait Castle Hill, une zone résidentielle bourgeoise du Maine. Agée d’à peine 24 ans elle avait étudié l’art au Northeast College, établissement cossu dont la réputation n’était plus à faire. Elle travaillait aujourd’hui dans la galerie d’art de Cape Elizabeth. Elle s’était montrée si compétente et efficace qu’on lui en avait presque attribué l’entière responsabilité. Célia se distinguait également par sa beauté, beauté dont elle usait parfois, souvent même. Bon nombre de prétendants la sollicitaient, mais ça n’avait plus d’importance, elle l’avait rencontré, lui. Alors qu’elle portait deux tableaux du XVIII ème en restauration à l’atelier du Byron museum, elle vit venir de la direction contraire un jeune homme d’une beauté tout aussi insolente que la sienne. Ils se regardèrent, ils s’arrêtèrent. C’était une belle journée ensoleillée, il lui dit qu’il avait du temps, que quelque fût sa destination il se ferait un plaisir de l’y accompagner. Elle avait accepté à demi-mots, ravie. Depuis ils s’étaient revus, autant que leur emploi du temps respectif le permettait. Le week-end, ils se baladaient de Chain of Pounds jusqu’à Portage Lake. Du soleil de midi jusqu’à son coucher. Jasper était toujours d’une agréable compagnie.
Jasper était un beau jeune homme, il plaisait, il le savait. D’un naturel sociable, il avait toujours été entouré, depuis l’école jusqu’à aujourd’hui, les gens l’avaient aimé. Ses amitiés étaient solides mais de ses aventures sentimentales ne restaient rien que d’agréables souvenirs. Et cela le contentait pleinement.
Aussi beau et inconstant jeune homme Jasper était-il, il ne pensait véritablement qu’à elle seule. Le jour, il lui devait ses rêveries, la nuit ses insomnies. Elle avait complètement altéré sa perception du temps et il maudissait chaque jour passé sans elle. Elle qui était si douloureusement belle. Elle riait, souvent, pleurait rarement et toujours avec pudeur. Bien loin des travers hystériques qui avaient animé les quelques névrosées avec lesquelles il lui était arrivé de sortir. Oui, Célia était une chic fille et il l’aimait. Vraiment.

Le penduliste connaissait intimement ses victimes, elles avaient toutes étaient ses amantes, ses amies, ses distractions. Il avait rencontré Ellen la semaine précédente à la Moose Celebration. Sa beauté l’avait saisi, il lui avait dit, elle avait souri.
Ils flirtèrent ensemble dès le jour suivant, il l’invita à diner. Elle était de cette race de femmes assez communes qui opposent de la résistance aux sollicitations pour se donner de la contenance. Ainsi, bien qu’au début elle repoussa ses avances par principe, elle céda avec tout autant de conviction dès qu’ils eurent passé le seuil de sa porte. Elle n’était pas difficile et il fut déçu, déçu mais assouvi. Ils s’étaient ensuite livrés à tous les usages de circonstances, il la rappela, l’emmena au cinéma, ils dinèrent, puis repassèrent le seuil de la porte.
Ce soir il allait donc voir Ellen, il l’emmena diner indien pour 21h30. Durant tout le repas, elle n’avait fait que glousser niaisement à chacune de ses interventions. Elle semblait ne s’intéresser à rien, elle se montra d’un ennui intarissable. Il anima donc toute l’interminable soirée la discussion seul, discutant des derniers événements sportifs de la saison, jusqu’à la nouvelle coiffure de Lauren Bentham, la miss météo locale. Elle ne fit qu’acquiescer ses dires ; elle, si creuse, si inutile. Elle tenta laborieusement d’orienter la discussion en fin de diner. Elle conversait de trivialités déconcertantes avec l’assurance d’un philosophe annonçant une vérité jusqu’alors méconnue. Ce qui la rendait plus absurde encore.
Ellen était une surface qui s’efforçait, vainement, d’imiter la profondeur. Elle était belle, les traits au repos, la mine insondable. Elle avait la grâce des visages sans expression auxquels on peut prêter le recueillement et la pudeur de l’intelligence. Mais lorsque ses traits s’animaient, son visage émanait la niaiserie, ses gestes transpiraient cette vulgarité que revêtent toutes les choses communes, dépourvues d’âme et de singularité. En parlant elle avait brisé le charme. Ses grands airs laissaient présager du mystère et de la cogitation, mais ses interventions révélaient sa futilité. Il réalisa alors qu’il la préférait telle qu’elle était habituellement : silencieuse. Tout le diner durant, il avait lancé des regards désespérés vers ses chaussures noires striées de blanc tic-toc.
Ils rentrèrent ponctuellement chez lui après le diner. Il était 23h30, comme il l’avait prévu. Ils burent un verre en ne discutant pas de choses intéressantes puis minuit sonna à son montre. Enfin, il était l’heure. Il s’enflammait intérieurement, tant à l’idée jubilatoire de son macabre dessein qu’en ce que sa réalisation le délivrerait enfin de sa pénible compagnie. Il sortit discrètement un fin foulard de soie de sa poche, se pencha vers Ellen. Celle-ci aperçut le foulard, dans son affligeante naïveté, elle crut qu’il s’apprêtait à lui offrir et sourit bêtement. Il lui offrirait bien plus. Il l’embrassa tendrement, caressa ses cheveux, passa le foulard autour de son cou délicat puis serra. Incrédule et paniquée, elle se débâtit à peine. C’était allé vite, il était minuit passé de sept minutes, elle gisait sur le sofa, c’était là ce qu’elle faisait le mieux. Il ne resterait plus qu’à bruler son corps dans une parcelle excentrée de la Forêt Chesterwood, il serait rentré pour 5h. Dormirai deux heures puis se rendrait à son atelier pour 8h30. Satisfait.
Avant de partir, le penduliste savoura sa victoire contre le temps. Il redressa Ellen, afin qu’elle retrouve une posture digne. C’était le souvenir qu’il garderait d’elle, l’image impérissable qu’il emporterait. Alors il la contemplait admirativement, voulant conserver chaque détail et pouvoir restituer à chaque instant le tableau de sa beauté sauve et éthérée. Il resta assis, à ses côtés. Collé a son flanc droit, parcourant des yeux ses formes irréprochables et effleurant du bout des doigts les traits fins et réguliers de son visage paisible. Il pouvait toujours établir le même constat : qu’elles étaient belles libérées de l’irrévérencieux souverain qu’est le temps. C’était plaisant, la grâce débonnaire qui s’installait en elles dès lors que la vie les avait quittées. Que le spectacle était beau et émouvant, qu’il suffisait à effacer les heures lentes, les heures d’angoisse muette, les heures de solitude. Il s’allongea près d’elle et reposa quelques instants sa tête sur sa poitrine, que désormais plus aucun souffle ne viendrait soulever. Tout était si parfait.
Il ne ressentait jamais de tristesse ou de remords après les avoir tuées. Il ne leur faisait pas de mal. Il leur épargnait même un triste sort : elles auraient vieilli, leurs cheveux auraient perdu leur éclat ardent, leur corps sculptural aurait flétri, leur peau ferme et douce se serait fripée. Puis elles s’en seraient allées, ternies, vieillies et enlaidies. Le temps leur aurait affligé des maux terribles, il aurait fait affront à leur beauté et elles auraient fané. En les tuant, il ne leur donnait pas la mort, il offrait l’immortalité à leur beauté. Bien sur elles ne comprenaient pas et ce soir là il avait lu dans les yeux d’Ellen la même expression, trop déchiffrable expression, qu’il avait lu ans le regard de chacune d’elles : l’incompréhension.

Jasper invita Célia à diner au luxueux Dougall’s. Elle avait évidemment exulté de joie à cette invitation, et s’en était réjouie toute la semaine.
Célia rêvait d’amours chastes. La pensée de corps qui se frottent, s’emmêlent et se chevauchent la laissait irrémédiablement froide. Elle aimait plaire aux hommes : elle entretenait cette séduction par vanité, parce qu’elle aimait susciter le désir mais dès lors qu’il s’agissait de le consommer, elle fuyait. Parce que le désir d’un homme est comme l’estime d’une femme. Les hommes étaient pour elle des êtres sanguins et primaires qui manifestaient leur affection, leur admiration en la désirant. Etre désirée la rassurait, la flattait mais n’éveillait en elle aucune excitation semblable. Elle s’y était presque essayée l’année passée avec Alan, son petit ami de l’époque. Mais le contact de ses mains tremblantes de nervosité sur son corps indocile, le souffle de sa respiration haletante sur sa peau insurgée l’avaient répugnaient. Elle s’était finalement dérobée. C’était une certitude, l’amour physique n’était qu’une mascarade animale, l’expression primitive de sentiments mésestimés. Et depuis, elle avait définitivement renoncé à ne jamais l’envisager différemment.

Jasper avait attendu ce soir avec une impatience et une excitation irrépressibles. Son être tout entier était disposé aux choses du corps. Son âme s’embrasait à la pensée du corps de Célia frémissant sous le sien, découvrant avec lui les premiers émois du plaisir charnel, les premières jouissances voluptueuses. Il ne pouvait refreiner son désir, et il la désirait plus ardemment encore qu’elle se refusait à lui. Il en avait pourtant connu des femmes. Combien de petites conquêtes minables ? Avec combien de femmes s’était-il vautré dans les draps avilissants du plaisir facile et miséreux ? Nombreux étaient ces petits matins ou il s’était réveillé, écœuré du corps impudique étendu à ses côtés. Corps qu’il avait pourtant désiré, caressé, aimé, honoré et déshonoré de toutes les malices qu’offre l’amour. Mais Célia était un fantasme absolu et triomphant, pas du résidu de désir abject, non, elle était l’incarnation la plus noble et sulfureuse du désir, malgré elle.
Ils dinèrent à la chandelle, discutèrent, rirent. Tout était simple avec Célia, elle était cultivée et réfléchie. Ils pouvaient s’entretenir de tout. En sa compagnie pétillante les minutes défilaient, les heures coulaient sans qu’il s’en rendît compte. Vers 23 h, on poussa les tables inoccupées ou désertées et des couples se mirent à danser sur des airs de BB King. L’agitation autour d’eux les tira de leur autarcie amoureuse. Après avoir observé les déhanchements maladroits et survoltés des danseurs improvisés, Jasper l’invita à danser. Elle accepta avec une excitation enfantine à peine contenue. Ils dansèrent longuement, tantôt elle maitrisait la cadence, tantôt elle se confondait à lui et s’abandonner servilement. Cette communion passionnelle laissait deviner une jouissance plus intense encore. Il se sentait affamé d’elle. Il n’aurait su contenir plus longtemps le désir contrarié et attisé qui le consumait.
Ereintés de leur danse endiablée, ils ne tardèrent pas à quitter le restaurant. Jasper proposa un dernier verre à Célia, chez lui. Elle accepta innocemment. Ils marchèrent bras-dessus bras-dessous à travers la nuit, dans les rues désolées. Ils déambulaient amoureusement, avec la confiance paisible de ceux qui ont trouvé en l’autre une moitié rassurante. Ils n’en avaient alors pas pleinement conscience, mais, à cet instant, ils étaient heureux.
Le couple arriva à 1h30 au coquet appartement de Jasper. Ils prirent place sur son sofa. A peine assis, Jasper ne put se contrôler. Il avait attendu ce moment depuis si longtemps. Transporté par son incandescente envie, il la regarda et lui dit combien il avait envie d’elle. Il s’approcha, l’embrassa effrontément en serrant son corps chaud tout contre lui. Elle le repoussa violemment, se leva telle une furie, indignée d’être l’objet de telles intentions et s’enfuit hâtivement. Traversant le salon, se jetant dans les escaliers, dévalant les marches comme si elle eut été poursuivie par son désir obsédé lui-même. Elle courut loin, inconsciente qu’elle pleurait déjà. Ce n’était pas tant Jasper qu’elle cherchait à fuir, c’était sa dignité qu’elle cherchait à retrouver. Là quelque part, loin de ses élucubrations obscènes et méprisable, dans les rues mornes et dépeuplées.
Jasper, demeura immobile, comme paralysé pendant plusieurs minutes. Fut-il possible que celle qu’il avait désirée avec le plus de sincérité et de ferveur se refusât à jamais à lui accorder ce que d’insipides créatures lui avaient octroyé sans difficulté ? Il ne pouvait pas l’admettre. Il était profondément malheureux. Non pas parce qu’elle avait écorché son viril orgueil mais parce qu’il venait de comprendre que jamais, autant qu’elle l’aimât, elle ne partagerait son désir. A force de persévérance il aurait peut-être réussi à lui faire consentir à quelque intimité, mais sans son envie à elle, quelle saveur aurait-ce ? Il devait renoncer à partager ses fantasmes brulants avec elle un jour. Il se consumerait seul, incompris. Cette pensée finit de l’abattre. Il glissa doucement vers un sommeil profond et sans rêves. Pour tout oublier de cette fatale soirée, oublier le chagrin qui le ravageait et son désir meurtri.

Célia regagna son lit, tristement. Elle l’aimait, voulait encore se sentir toute petite au creux de ses bras, elle en voulait encore des ballades joyeuses, elle voulait encore mêler ses rires au sien et tromper le temps et la monotonie. Mais se livrer à lui, lui inspirait un sentiment ineffable qui mêlait le dégoût et la honte. Elle aurait tant voulu que jamais sa frigidité ne rencontra son avidité. Oh comme elle eut aimé qu’il la comprît. Elle se sentait dévastée, les sanglots agitaient tout son frêle corps, les larmes déferlaient et lui brulaient les yeux. Elle resta éveillée toute la nuit, inconsolable, tout aussi incapable de se laisser aller au sommeil qu’au désir.
A l’enthousiaste espérance de leurs premières rencontres succéda l’amère résignation. Ils ne reparlèrent jamais de l’incident de leur dernier rendez-vous. C’eut été inutile, leurs attentes étaient ennemies, c’était tout. A présent, il recueillait avec reconnaissance ce qu’elle lui donnait, mais n’attendait d’elle plus rien qui puisse faire frémir son âme. Quelque chose était brisé en lui, alors qu’il était dans la fleur de l’âge, son effervescence puérile était ébranlée. Leur relation était telle que Célia l’entendait, platonique. Il l’aimait, indéniablement, mais son amour semblait s’être terni. Affranchi des rêves puissants et colorés, des fantasmes étourdissants et exaltés, il s’épanouissait là, paisiblement, entre l’amitié et l’envie défendue.

Ce matin là, lorsque Jasper se réveilla, il adressa invariablement sa première pensée à sa gracieuse Célia. Il s’efforçait durant la journée de ne pas la laisser trop envahir ses pensées, exercice difficile. Jusqu’au soir ou, à défaut de la voir en raison des horaires contraignants de la galerie, il lui téléphonerait et échangerait avec elle un tas de banalités réconfortantes.

Lorsque le penduliste rentra chez lui le soir même, il était dépité, comme de coutume. Chaque soir était porteur de son lot de mélancolie, loin de son cabinet de maitre du temps. Dans son antre, la nuit s’immisçait sournoisement, elle coulait imperceptiblement le long des murs. Le salon baignait dans une pénombre oppressante. Assis dans son fauteuil, il fixa longuement la grande horloge de chêne qui trônait fièrement face à lui, à la recherche d’une vérité qui semblait se défiler à lui chaque fois qu’il s’en approchait. Les aiguilles trottinaient dans l’infini, poursuivant leur ronde indifférente. Il contemplait leur récurrent et indolent spectacle. Observateur désarmé de la fuite du temps mais arbitre de la vie. Bien qu’il eût gardé les yeux rivés sur les aiguilles, il n’aurait su dire combien de temps il était resté ainsi, amorphe et pensif dans la sépulcrale obscurité. Après avoir frugalement diné à 21h45, il regagna son lit. Sa torpeur contemplative l’avait reposé, et son incapacité à aboutir sa réflexion l’avait frustré. Il était agité et ne trouva pas le sommeil avant 2h09.
Jasper fut brutalement extirpé de son sommeil cette nuit là. Il avait rêvé de Célia, de sa chevelure flamboyante, de son visage encore insoumis aux épreuves du temps. Tout lui sembla évident. Il allait le faire, il devait le faire : il fallait qu’elle sache tout ce qu’elle lui inspirait. Elle l’avait habité, avait hanté ses pensées les plus profondes, elle l’avait torturé insidieusement. Longtemps. Un large sourire défigurait son visage alors qu’il enfilait déjà ses chaussures noires rayées de blanc. Il était temps : il irait, il le ferait, il le faudrait. Car il était toujours l’heure.
FIN
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Message  elea Mar 31 Mai 2011 - 18:06

Désolée, je n’ai pas pu aller au bout, pas à cause du texte, au contraire, j’ai bien accroché au début, et je suis même un peu frustrée d’arrêter là, mais en ce moment je lis beaucoup sur ordinateur et j’ai les yeux en vrac, donc c’est les caractères qui m’ont arrêtés.
Promis, si une nouvelle version lisible par mes pauvres yeux est postée, je viendrais la lire et commenter.

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Message  spleen75 Mar 31 Mai 2011 - 18:28

Je publie de ce pas une version plus lisible afin de pouvoir accueillir cotre commentaire.

Pas la peine, version éditée et plus facilement lisible.
La modération
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Message  elea Mar 31 Mai 2011 - 20:18

Ahhhh !!! Merci Modération.

J’ai beaucoup aimé le début, original et prenant. Ensuite, je suis un peu plus mitigée.
Tous les passages concernant le penduliste m’ont plu, c’est un personnage qui a la bonne dose de mystère, et sa relation au temps et à la femme est intéressante.
Concernant Jasper et Célia, je trouve leur description moins réussie, sans doute car très explicative et fourmillant de détails ou plutôt de sentiments. Avec parfois une même idée développée longuement (par exemple concernant la beauté d'Ellen gâchée par sa personnalité). Le texte gagnerait peut-être à être un peu resserré, à aller plus à l’essentiel.

J’aime bien être surprise par une chute et j’ai été servie ici ! Je me suis faite avoir, me demandant quand est-ce que Célia allait croiser la route du penduliste… (d'ailleurs je ne connaissais pas ce terme, je me suis demandée, sans certitude, si c'était le bon).

Le tout se lit assez bien avec une écriture un peu chargée mais qui coule bien, parsemée toutefois de quelques grosses fautes...

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Message  midnightrambler Mar 31 Mai 2011 - 22:05

Bonsoir,

Désolé, je n'ai pas pu entrer dans ce texte ...
Trop serré, trop lourd, pas d'accroche ...

Amicalement,
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Message  Miinda Mar 31 Mai 2011 - 22:33

Ah ! J'ai bien aimé. J'ai eu un peu de mal au début, et puis j'ai réussi à lire. J'avoue que parfois, je me sentais submergée par les détails.
Cependant, l'histoire est bien menée. Comme elea, je ne me suis pas doutée que le penduliste était Jasper: j'attendais la suite de leur histoire, je ne m'attendais pas du tout à cette fin. Votre texte permet de nombreuses interrogations. Cet homme obsédé par la maîtrise du temps. Qui décharge son désir de puissance sur l'assassinat de ces femmes. Obsession à la fois morbide et humaine. Tous ces contrastes là, je les trouve particulièrement intéressants. C'est un texte très riche. L'histoire me marquera. Cet amour doux ou violent, on hésite. Ou est-ce le désir qui est doux et violent? Et cette dernière phrase qui sous-entend la fin tragique de cette femme. L'amour qui ne vainc pas le désir, voilà quelque chose de plutôt triste aussi.
En tout cas , merci pour ce texte qui me fait réfléchir et qui m'a plu.
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Message  spleen75 Mar 31 Mai 2011 - 22:47

Merci, je suis très touchée par votre commentaire, et surtout heureuse de savoir que vous avez été sensible à mon intrigue, à mon message. C'est un texte qui me tient beaucoup à coeur.
Amicalement.
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Message  Jano Mer 1 Juin 2011 - 19:53

Un très bon texte, vraiment. L'écriture est riche et précise, les portraits des différents protagonistes finement détaillés. Une histoire de serial killer qui sort de l'ordinaire par le caractère obsessionnel de Jasper par rapport au temps. Garder intacte la pureté des femmes en les tuant, fallait y penser.
Toute la dimension schizophrénique de Jasper est particulièrement bien rendue à la fin, même si on se doutait un peu qu'il ne faisait qu'un avec le penduliste.

Je suis en train de m'apercevoir d'une incohérence. Le premier crime était commis car Jasper aime les femmes quand elles sont "belles libérées de l’irrévérencieux souverain qu’est le temps"
Or le deuxième assassinat répond plus à un dépit amoureux. Il la tue car "il venait de comprendre que jamais, autant qu’elle l’aimât, elle ne partagerait son désir."

Je m'interroge donc. Qu'est-ce qui réellement anime ses pulsions meurtrières ?
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Message  spleen75 Mer 1 Juin 2011 - 21:17

Tout d’abord merci de l’intérêt que vous portez à ma nouvelle, et à ses thèmes. C'est très rassurant de savoir que j'ai réussi à retranscrire à la fois la laideur de ses actes psychotiques et la beauté de sa motivation.
Je vais tenter au mieux de répondre à votre interrogation :
Il est profondément effrayé par l’étiolement de la beauté, mais par extension par tout ce qui périt en général. Que ce soit son désir qui soit malmené ou son histoire d’amour charnelle qui soit avortée. Ce qui le motive constamment c’est la frustration, l’impuissance. Il est impuissant face au temps qui fuit mais également impuissant face à l’amour qui se dérobe. Jasper aime sincèrement Célia, seulement la tuer est la seule alternative, c’est, pour lui, un acte noble : il tue pour ne pas voir la beauté mourir et l’amour expirer.
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Message  Clarisse Jeu 2 Juin 2011 - 8:41

Belle lnouvelle, avec une chute inattendue. Bravo
Une petite chose toutefois : "son visage émanait la niaiserie". Il me semble qu'il eut fallu dire : "de son visage..."
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Message  Alshock Jeu 2 Juin 2011 - 11:05

c'est joli et la chute est bien menée, même si avec trois protagonistes dont un désigné par sa profession, un autre par un nom et les deux en quête d'amour le parallèle se fait vite. D'où l'intérêt à mon avis de réduire la charge de détails dans certains passages, pour garder le rythme.Pour les passages qui gênent un peu à la lecture et les fautes j'ai noté les points suivants :

« elle avait définitivement renoncé à ne jamais l’envisager différemment. » Double négation =positif, et « définitivement […] jamais » est un peu lourd ; « elle avait définitivement (ou à jamais) renoncé à l’envisager différemment. » est plus naturel. Une phrase courte heurte souvent plus qu'un amoncèlement de négations (je trouve).

« elle se confondait à lui et s’abandonnait servilement. »
« le contact de ses mains tremblantes de nervosité sur son corps indocile, le souffle de sa respiration haletante sur sa peau insurgée l’avaient répugné. »
« Fut-il possible que celle qu’il avait désirée avec le plus de sincérité et de ferveur se refusât à jamais à lui accorder ce que d’insipides créatures lui avaient octroyé sans difficulté »

Pour le coup je ne suis pas sûr de moi, mais le passé simple me paraît mal venu. Un imparfait irait peut-être mieux. Par contre le deuxième à dans « à jamais à lui accorder » est en trop
« il aurait peut-être réussi à lui faire consentir à quelque intimité, mais sans son envie à elle, quelle saveur aurait-ce ? »
Ici « aurait-ce » me semble un peu disgracieux, « aurait-elle [l’intimité] » me paraît plus fluide

Je sais c'est pas précis et clair comme zenobi l'aurait fait mais j'espère que c'est pas trop de la bouillie de commentaire quand même, au plaisir de te relire.
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Message  Alshock Jeu 2 Juin 2011 - 11:14

euh, j'ai déjà fait deux fautes désolé :
« le contact de ses mains tremblantes de nervosité sur son corps indocile, le souffle de sa respiration haletante sur sa peau insurgée l’avaient répugnés. » D'après ce que je viens de lire, mais moi et les accords du participe passé ça fait deux :S
« il aurait peut-être réussi à lui faire consentir à quelque intimité, mais sans son envie à elle, quelle saveur aurait-ce ? »
"Aurait-ce" sonne étrangement, mais "aurait-elle" peut s'avérer ambigu (est-ce la raison pour laquelle tu avais mis "ce" ?), donc j'ai rien dit.
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Message  spleen75 Ven 3 Juin 2011 - 17:15

Je te remercie, ça m'aide bien parce que j'ai toujours du mal à repérer mes propres fautes! Je vais les réctifier sur ma version.
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