Compostelle

[Jano]

Pèlerins,
je vous vois souvent traverser mon village,
engoncés dans la brume matinale,
les chaussures humides de rosée.

Marcheurs de tous âges,
le bâton à la main,
les yeux rivés vers Saint-Jacques.

La route est longue,
lourd le sac,
mais la voie est prise.

Pèlerins,
en toutes saisons,
par le soleil accablés
ou les pieds dans la boue,
depuis mille ans vous avancez.

Derrière vous le passé,
L'espoir, au loin, pour renaître.

Cohorte pensive rompue à l'effort.

Je loue votre courage,
mais je m'interroge :
que cherchez-vous par-delà les montagnes ?

La reconnaissance du Père,
une vérité,
le silence des campagnes,
ou bien tentez-vous d'absoudre quelques fautes,
dans le regard bienveillant de vos hôtes ?

De ma fenêtre embuée,
à regrets, je vous vois disparaître
tout au bout du chemin.

Pèlerins,
moi aussi, un jour,
je rejoindrai vos pas.

[Arielle]

J'aime bien cette image de celui qui reste, rêvant à sa fenêtre de suivre cet autre qui passe.
Ce qu'ils cherchent tous deux ? La force d'avancer peut-être...
Je te ferai signe en passant Jano !

"Lorsque j’aurai touché le bout de ce voyage
déposé le bourdon orné du coquillage
je ne serai sans doute
ni pire ni meilleure
mais j’aurai partagé la peine et les bonheurs
de ces vieux compagnons qu’un même cri rallia
pendant plus de mille ans
pas à pas :
ULTREÏA !"

[Damy]

Je cherche à me débarrasser
Des superflus de mes tourmentes
La marche a la vertu de m'amener
Au nu de l'âme qui me tente

[Fauve noir]

Joli texte, même si la fin me laisse un peu l'eau à la bouche

"moi aussi, un jour,j
je rejoindrai vos pas"


C'est trop simple à mon goût. La fin serait à retravailler mais à part ça j'ai aimé ce poème.

[Jano]

Une invitation au voyage intérieur que vous avez joliment relayée Arielle et Denis. Merci aussi à toi Fauve noir.
Hier encore je voyais passer des pèlerins, reconnaissables à la coquille accrochée à leurs sacs, mais ils étaient en vélo ! Pfffftt, les bonnes valeurs se perdent ....

[Invité]

En lisant je rêvais de la fin, vous nous l'avez offerte;
Je suis sensible à cette écriture "terrienne" qui va bien au-delà.

[GERWAL]

Tiens... Un texte que j'aurais pu écrire (du moins quant au thème abordé), même si je ne vois pas passer de pèlerins sous ma fenêtre; par contre, j'y vois l'église un peu abandonnée, mais une église "St Jacques le Majeur"... alors...
Un texte que j'aurais pu écrire... autrefois... quand ce pèlerinage faisait partie de mes projets... autrefois (il y a une dizaine d'années), avant que ce chemin ne soit devenu un banal G.R. sur lequel il est devenu banal de faire quelques pas profanes, entre exploit plus ou moins sportif et mondanité, et de le faire savoir à la terre entière à grands coups de "blogs" dénués d'intérêt... mais c'est un autre débat...
A noter que le port de la coquille pour les pèlerins en partance pour Compostelle relève plus d'un certain snobisme que d'autre-chose, cet attribut étant réservé -originellement- à ceux qui en revenaient et prouvaient ainsi qu'ils avaient effectué le voyage... Pfffftt, les bonnes valeurs se perdent ....

[Philippe]

Bonjour

J'ai bien aimé cette marche imaginaire!

Amicalement
Philippe

[Terrains Vagues]

Question

Sans aucune arrière pensée ni agréssivité, mieux vaut prévenir que blablabla :-).

[Polixène]

Une belle cohérence du thème et de son rendu : la forme convient, ainsi que la longueur, le degré de vocabulaire, on est accoudé avec toi à la fenêtre, bref ! tout va bien...sauf ce passage

La reconnaissance du Père,
une vérité,
le silence des campagnes,
ou bien tentez-vous d'absoudre quelques fautes,
dans le regard bienveillant de vos hôtes ?


que je te propose de supprimer carrément.
En effet la question précédente que cherchez-vous par-delà les montagnes ?
(qui pourrait d'ailleurs se passer du "je m'interroge") a une forte charge poétique, par l'immensité des réponses possibles, toutes contenues dans l'imaginaire du lecteur ! Le fait de nous imposer ta réponse nous prive de cet envol, et donc bof, on retombe dans ton monologue . Voleur!...

Une bricole cette fois: pour renaître :vraiment de quoi trébucher .

Sinon j'apprécie l'ambiance que ce texte installe, c'est doux sans mièvrerie.

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