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Mon petit Camarguais / Nuit de Féria

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Mon petit Camarguais / Nuit de Féria Empty Mon petit Camarguais / Nuit de Féria

Message  Nathanaël Zenou Mar 14 Juin 2011 - 19:01

Mon petit Camarguais / Nuit de Féria

Mon petit Camarguais, je voyage dans les taches de ta robe gris pommelé ; et je vois comme si je les survolais en vision les marécages où poussent les joncs. Je vois les gués dans tes épaules, et les salines aux parfums sauvages sous ton ventre et je vois sur ta croupe les barques des coupeurs de joncs à travers les marécages.
Mon petit Camarguais.
On raconte, ce dans les pays arabes, ô amour de cheval, que Dieu t’a créé avec une poignée de sable et un souffle de vent d’Est... Je veux bien le croire. Quelle noble image. Elle est juste.

Ta cuisse que les manadiers ont tatouée au fer rouge, toi qui foulais encore hier le sol de tes sabots nus, ressemble à une carte de la haute Afrique ; les entrelacs de tes veines et de tes nerfs en imitent les fleuves, tes muscles ses reliefs montagneux, et ton écume verte et blanches ses massifs forestiers et ses plaines.

Je suis toujours surpris quand tu... — Oh ! J’entends sonner sur le pavé tes pieds chaussés de fer. — La rumeur de tes pas parcoure le vieil Istres ; ses ruelles de bistre par le vent battues. Istres s’est parée de lumière et de guirlandes, Istres dont les habitants sont ce soir épris de sa beauté,

Tu trottes d’un pas fier entre les jambes du gardian. Tu m’évoques la Liberté. Petit Camarguais. Il y a encore quelque temps, tu faisais de la poussière un nuage pâle autour de tes flancs ; tu paraissais être un roi recouvert de son manteau de velours et de soie fleurdelisés.

Ton crin blanc te nimbait comme une couronne
Et on aurait dit que tu contemplais ton royaume
Depuis ton trône.

Tu dominais la Grande Bleue, ton souffle grondait comme le grand Rhône.

Tu étais le Roi de ce Delta, mais ce soir tu ne sais quelle est cette mer qui n’a pas de flot, quelle est cette mer d’un autre aspect, qui se tient derrière les barreaux des barrières en métal, et qui semble n’avoir pour toi que peu de respect. Cette mer, elle déborde sur la chaussée — comme les vagues le long de la route vers Marseille, — C’est la mer des hommes, cette race qui t’a dominé. C’est ainsi qu’elle se nomme.

Et dire que tu t’es battu contre dix étalons,
Et que tu en es sorti dix fois vainqueur !
Ce soir ce n’est plus un rival que tu fais trembler
Mais c’est mon cœur !

A ton arrivée
Les tambours de la Féria
Sont muets...
Muettes les trompettes de la fanfare,
Muets les cuivres et les voix.

Le fourgon bascule de droite à gauche sous le poids de la bête noire aux yeux rouges, et tu t’inquiètes. Ce fourgon de fer on dirait une forge moyenâgeuse, les fourneaux de l’enfer à tes yeux. Tu croirais reconnaître le fracas des marteaux frappant les enclumes, et tu hennis en piaffant.

Tu sens le vieux gardian serrer les rênes,
Ses éperons coincés entre deux côtes,
Ce seul que tu acceptes comme hôte ;
Et les tambours de la fanfare qui reprennent !...
Et la ville, et la nuit sans lune illuminée !

C’est un peu de ta liberté que tu reprends
Quand le vieux gardian relâche tes rênes ;
C’est un chemin rouvert à tes rêves, et tu pars...

A la poursuite de la grosse Bête noire...

Le petit Camarguais, monté par le gardian,
Investit la grand-rue comme un vrai assaillant.
Les tambours de la fête, alors qu’ils vont battants,
Semblent devenus muets tout en l’apercevant.

Il fait sonner ses fers, ce seigneur à l’air nargue,
Ce beau monarque blanc, prince de la Camargue,
Il a cette énergie des discours que l’on argue,
C’est un voilier filant aux voiles que l’on cargue.

Sur lui sont ces habits qu’ont les toréadors,
Ces beaux habits de pourpre aux broderies en ors,
Il semble dire: « Allez, j’y vais, je prends le mors !!!

A l’assaut ! Car ce flot de Bêtes noires est
A ma robe d’ivoire un affront qui est fait
Et il me faut laver cet ignoble forfait ! »

Nathanaël Zenou

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Mon petit Camarguais / Nuit de Féria Empty Re: Mon petit Camarguais / Nuit de Féria

Message  elea Mer 15 Juin 2011 - 20:45

C’est joli par l’hommage, un peu naïf parfois (sans doute en partie à cause du "petit") mais dont on sent poindre un accent sincère et une certaine poésie, pas seulement dans les vers de la fin mais tout le long.
Ceci dit, la scène décrite me parait un peu plate, étant donné le thème je lui aurais vu plus de fougue, de "bruit et de fureur".

elea

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