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La parenthèse sentimentale

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Message  Calvin Dim 19 Juin 2011 - 4:03

je ne sais pas ce que tu fais, qui tu aimes... je ne sais pas... parfois à ne pas réagir je me demande seulement si tu me lis, si vraiment je ne parle pas dans le vide... enfin. bonjour, marie, bonjour, bonsoir. je suis ici, ailleurs. je suis malade. c'est un alibi. alors. je ne sais pas qui tu aimes, pour qui tu soupires, ce que tu brûles de tes jours et de tes nuits. mathilde pour m'embêter fait : "elle parle à beaucoup de garçons" ... ce n'est pas ça le problème, bien sûr, ce n'est pas de ça dont je suis jaloux. les garçons, les garçons, ce ne sont que des corps. ça ne veut pas dire grand-chose, ça s'oublie. mais enfin, si l'on vient, un soir, à un peu trop prêter sa lèvre... peu importe. non, le problème, ce ne sont pas ces corps. le problème, c'est le silence, l'oubli. entre nous tout ce soudain pays de neige. l'abîme qui s'installe, sépare. comme si c'était naturel. pourtant ce n'est pas naturel, marie, et notre séparation n'avait rien de naturel, que du forcé enfin, dans ce geste, je crois qu'on le savait tous deux .bon. il y a eu des choses, avant, après, qu'importe... mais tout de même, un mot, un mot...un petit mot, pour ne pas laisser s'installer ce silence comme s'il était évident, ce silence, ce faux silence. oui, je t'ai aimée et, je t'aime toujours, d'une certaine manière qui, je dois bien le dire, n'est sans doute pas celle dont tu voudrais, mais c'est de l'amour enfin, de l'amour. j'ai aimé très peu de filles. très peu. deux. même si je leur dit je t'aime à toutes, comme si c'était une politesse, ou un devoir. enfin, deux. et dans le compte il y avait toi marie, toi, ça fait une, une, une, une...


Blanche était à la terrasse, elle regardait le crépuscule descendre dans cette ville où la nuit tombe, d'un geste de théâtre, sans prévenir, la nuit. Alors tout est sombre. Elle releva la tête, salua la nuit, dit bonjour à ces lumières, dit bonjour à la pénombre. A la fraicheur. Bonjour, Bonsoir. Elle pensa à l'homme qui sommeillait à l'intérieur, dans ce lit, le lit... Blanche ne voulait pas y retourner. Elle regardait la nuit défaire son visage. Et son visage se modifiait, lentement, et tout le corps de s'assouplir, comme fait sur les peaux fraiches aux mouvements lents une lourde masseuse. Bonjour, Bonsoir. Bientôt le sombre pèsera à ses épaules de tout son poids crépusculaire. En attendant il se raccroche aux lèvres du balcon, aux lèvres de Blanche, aux lèvres... Blanche laissait tranquillement la nuit emplir son visage... L'homme, dans la chambre, respirait faiblement ; on l'entendait à peine. Pouvaient alors commencer les cérémonies des corps. Fermer les yeux, et s'imaginer théâtre. Défaire sa robe... ne rien laisser que ces lumières confuses entrer à son regard. Elle rêve de visages, elle rêve. Bien sûr elle ne dit rien. Pas un son ne doit troubler l'ambiance qui confusément s'installe. Les spectateurs qu'elle se crée. Blanche se déshabille pour un public imaginaire. L'homme dort. Elle s'assied à côté de lui. Passe ses jambes sous la couverture. Elle s'allonge. Pas un bruit. Elle ferme les yeux. Elle rêve.

Blanche rêve. Elle pense à ces visages. Elle ferme les yeux, longtemps, puis les ouvre et, incapable de se rappeler quoi, elle retient de ces songes l'impression de quelque chose de très loin, de très beau, très doux...

Parfois je crois amasser, dans le bruit, dans la confusion que j'engendre ou dont je me repais, assez de chair pour me composer un autre corps, un corps qui me serait soumis, le corps social. Le corps de toute les paroles, tous les vertiges ramassés un soir d'alcool et d'insomnie. Enfin que j'aille quêter sa dentition dans les rires, et ses cheveux dans une étreinte, et ses yeux dans un mensonge. Ce corps composé de toutes les parcelles de mes expériences, et la nuit tombante retrouvant une solitude je le ferais coucher avec moi, sur le drap frais, contre un bras lourd, et je m'y blottirais et je boiras son ombre, faite de baiser, d'oublis. Ainsi je peux dormir. Ainsi. Ainsi je fais passer mes rêves comme l'étoffe provisoire aux doigts du commis. Mais je me lasse vite de cette chimère et,quand je la vois s'effondrer, aussi bien que le fantasme d'une femme que l'on rêve, quand la veille vient, et que je retrouve ces draps où pas une ombre ne passe, je récupère au seuil de la conscience ce vertige, enfin ce vertige, toujours ce vertige.
Alors je ne dors plus. Je suis tant fatigué parfois qu'une impression de mourir me vient. Je dis bien : une impression. C'est fugace, ainsi, et ça ne tient pas à grand-chose. Tout de même ça se raccroche, quelque part. L'impression de tout ce corps, de toute cette masse qui pourrait disparaitre ici, simplement, dans la brièveté d'un geste, devenir poussière. Se disperser aux vents. Peut-on perdre ainsi son corps, son corps... ? Partout autour de moi, comme un jeu su du monde, je regarde les cérémonies des corps. Ils arrivent. Ils entrent à ma périphérie, à mon regard. Ils m'affectent, de par leurs maladresses répétées, qui sont aussi leur grâce lointaine. Et me laissent ainsi, de par tout l'espace qu'ils occupent, dans la délimitation de mon corps propre, seul.
Vraiment seul.
Il n'y a pas un corps qui ne me porte à l'idée de l'amour.
Cependant eux seuls semblent réels, si bien que je viens à douter de l'existence du monde et de ce que je vis, aussi bien qu'un rêve, quand aucun ne vient m'éclairer de sa présence.

Andréi dort. Taisons-nous. Laissons ce visage s’empourprer de la teinte particulière du rêve. Andrei dort, dans un pays de voyage. Blanche ne dit rien. Elle feint le sommeil.

C’est peut-être à la périphérie de ces zones indéterminées, peut-être, comme des fruits mûrissant au creux d’une ombre silencieuse, tandis qu’une ravaudeuse passe le long des champs, chantant sa chanson, et qu’elle voit le meunier jeune, levé déjà qui sue par delà la terre, à grosses gouttes, comme par un pressentiment de midi, et toute la chaleur qui viendra liquéfier l’ombre, et bleuir les temps, et faire se détacher les lèvres, que l'on verra dans le ciel gris aller ces oiseaux étranges étranges de leurs gestes migrateurs border la nuit le long du rêve où se font les corps.


Calvin

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Message  Lizzie Dim 19 Juin 2011 - 7:43

Bonjour Louis,
Quand j’ai commencé à lire sur ce site, longtemps avant de m’inscrire, je me souviens avoir copié un de tes textes pour l’envoyer à un ami, tant il m’avait touché. Là, je retrouve cette émotion. Très beau texte, très belle dernière phrase (répétition de « étrange ?). Merci de nous ouvrir ce petit angle de ton univers.

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Message  Invité Dim 19 Juin 2011 - 8:15

Voilà ce que ça donne quand tu y mets le meilleur de ton écriture. C'est un très beau texte sensible et fin, j'aime cette façon d'approcher l'intime.
Il y a quelques fautes d'orthographe et une syntaxe discutable ici :

"oui, je t'ai aimée et, je t'aime toujours, d'une certaine manière qui, je dois bien le dire, n'est sans doute pas celle dont tu voudrais, mais c'est de l'amour enfin, de l'amour." Le relatif "dont" est acceptable si l'on part du principe que "vouloir de quelque chose". Il me semble que "que" serait plus fluide ("vouloir quelque chose") : "ce n'est sans doute pas celle que tu voudrais". Mais bof, à la relecture les deux me vont :-)




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Message  Invité Dim 19 Juin 2011 - 9:54

Je reviens sur cette phrase : "oui, je t'ai aimée et, je t'aime toujours, d'une certaine manière qui, je dois bien le dire, n'est sans doute pas celle dont tu voudrais, mais c'est de l'amour enfin, de l'amour." Va pour le "dont", parce que "qui... que", ça manque d'harmonie. Désolée pour le dérangement :-)

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Message  Calvin Lun 20 Juin 2011 - 14:56

Blanche pense : on connait sa silhouette à ce que les objets ou non s'y heurtent. Il n'y a rien que je puisse chez moi connaitre. Mes pensées, mes actions sont tournées vers le monde, et agir sur l'autre ce n'est que se l'approprier d'une manière illusoire. A moi-même j'ai ce rapport à un objet. Mon corps est à la fois objet, sujet ; simplement objet avec des yeux, objet avec une bouche, objet qui se regarde. Elle est jolie, ma bouche. Je vois les hommes autour de moi, de leurs regards, ça déshabille. Ils me polissent, ils me font luire; ils m’indiquent en somme mes contours et les limites de mes métamorphoses. Là où mes mots échouent, où mes gestes deviennent impuissance, je suis tout ce que je touche et, au fond, le sentiment irréductible d'une durée.

C'est le temps qui passe, l’ennui.

Blanche pense : avant le sommeil, je rêve à mon corps et dans mon corps il y a le monde entier : d’autre corps. Je les défais, couches après couches. J’arrive à un drôle d’os, après. Je suis comme nue, il n’y a rien de plus que mon essence : d’autres corps. Ma vie est ce geste, qui déroule un long ruban, insistant sur le motif, seulement sur le motif. Mais il manque quelque chose au geste, seulement ; je ne sais pas, du liant.

Du liant, du liant ? Qu’est ce qui fait une vie ? Andrei dort. Elle fait silence en elle un moment, et écoute cette respiration lente, le souffle qui monte qui s’en va, qui s’en va et qui remonte, comme deux gestes s’entrainant l’un l’autre, dans le roulis d’une vague.

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Message  Invité Jeu 23 Juin 2011 - 13:50

Le mieux est l'ennemi du très bien. Je ne sais pas si ce rajout est pertinent.

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