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Love is Hard-Core

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Message  JIM DUK Dim 19 Juin 2011 - 22:20

L.H.C
Love is Hard-Core

Je suis chaste un temps, baiseur un temps,
christ un temps, antéchrist un temps, néant un temps,
merde un temps, con un temps, vit un temps, être un temps,
cul un temps, dieu tout le temps. Moi, Antonin Artaud, je suis tout cela, et moi.

1


Je serrais le guidon de la moto tellement fort qu'il aurait pu disparaître. Il le fallait, sinon on allait se ramasser. Le Duc était accroché derrière moi, beaucoup moins bourré, et beaucoup plus paisible. On ne s'était pas lâché un mot depuis qu'on s'étais enfuis, le vent et la pluie battaient trop fort pour qu'on puisse s'entendre. Et puis il s'en foutait royalement de l'endroit où on allait. Moi aussi. On a continué à rouler comme ça pendant des heures, j'avais les bras en compote, et ma queue flottait dans mon caleçon humide. Ratatinée à 200 km/h. 
Je me suis rendu compte que je roulais en zigzag, tangent aux bords de la route, lorsqu'il le Duc a enfoncé ses doigts dans mes côtes. Sa tête planquée dans mon rétroviseur, il venait de tous lâcher dans son casque, tout hier soir. 

Je me suis arrêté sur le bas côté pour qu'il puisse enfin respirer. Il enleva son casque et tout dégoulina le long de son corps, des vagues de whisky et des morceaux de cacahuètes. J'ai allumé une clup et je lui ai donnée, il était mal, très mal, et toute à la fois mort de rire. Une clairière en croissant de lune dégageait la vue. Il a dit "on est en forêt, c'est humide". Ouais, il était pas dans son état normal pour dire ça le Duc, ça flottait comme ça flotte sous la mer. Et puis je sais pas, il faut toujours se méfier des mecs qui ont un portrait de Jesus dans leur salon, ils parlent toujours en parabole. 

La première fois que je me suis ramené chez le Duc, il m'a foutu devant son tableau, et il ma dit sur un ton solennel : "on est pareil lui et moi, on en a lourd sur les épaules". Il était 6h du mat, le soleil pointait son nez, les oiseaux sortaient des arbres en guirlande, le soleil était rouge, un vrai matin de crépuscule. Encore une fois j'ai pas su quoi répondre, j'étais gêné qu'il se prenne pour le Christ, ça m'attristait de voir que je lui ressemblais. C'était un matin triste, l'alcool nous avait plombé le moral, l'alcool nous avait abruti. 

J'ai éteins le moteur fumant de ma moto, et le monde s'est tu, plus un bruit, seulement des courants d'air, et de l'eau encore de l'eau. Assis sur un tronc pourris, la décomposition du bois résonnait dans ma tête, ça me foutait la nausée comme si moi aussi j'étais un tronc abandonné au bord de la route, enfin voilà, je me suis calé là pour me reposer, mais ça m'a juste fait tomber dans une longue, longue dépression qui dura quelques secondes tout au plus. J'en sortis en sursautant, sur le son d'un long, long klaxon qui fonçait tout droit sur le Duc posté au milieu de la route les bras en équerre. Voilà qu'il remettait son histoire avec le Christ au milieu de cette jungle qui ne devait être qu'un simple bois posté le haut d'une colline, oui, je me souvenais avoir monté des côtes. Je l'adore le Duc, c'est mon meilleur pote, mais quand il fait ça j'ai envie de l'insulter, notre histoire n'est pas un pèlerinage, on est juste bourrés, perdus, mouillés. 

Les phares jaunes de la voiture s'approchaient de nous, la pluie tombait dessus, c'était beau. J'avais réussis à tirer le Duc vers moi, alors quand la voiture arriva à notre niveau et qu'elle s'arrêta en nous aspergeant de terre, on se pencha simultanément pour dire "bonsoir". Il y avait toute une famille dans ce break, c'est la femme qui conduisait, son mari devait sûrement être entrain de dormir quelques secondes plus tôt vu sa tête. On avait tous les deux été surpris par le klaxon, lui à l'intérieur, au sec, une bouteille d'eau entre les cuisses, moi dehors, trempé jusqu'à l'os comme un chien errant, mais sa femme tenait le volant, et même sous la pluie une nuit de novembre, ça m'excite. 

"Je vois que vous avez une bécane, il y a un abri-bus à trois kilomètres, vous y serez en deux secondes." Si il n'y avait pas eu les enfants, j'aurais embrouillé le mari pour qu'il s'occupe du Duc, et je serais monté dans la voiture, au sec, au sexe, et j'aurais déchiré son tailleur avec mes dents, et je lui aurais fait l'amour sur la banquette avant par l'arrière, sur la banquette arrière par devant, comme si rien ne s'était passé jusque là, des années, des mirages, dans ma tête embuée par les pleurs d'abandon, j'aurais aimé cette femme. 

Mais non. Le mari remonta la vitre, et elle me jeta un dernier regard que je reçu comme une douce claque. Je pris le Duc par le bras et je le ramenai sur le côté "putain reste là, là tu bouges plus, c'est parfait là. Assieds toi même si tu veux, mais plus le milieu de la route, quoi, merde !" . Alors il me dit, "J'étais sur qu'il s'arrêteraient j'avais une aura à la Weber, un truc de dingue, j'aurais pu stopper un douze tonnes". Je tournai la tête d'un coup sec en m'imaginant un poids lourd percuter le Duc, la différence de taille me saisissait de peur, et puis son corps en lambeau le long des lignes blanches, la nausée de toute à l'heure est revenue, fulgurante, le tronc pourris s'est imprimé dans mes yeux et à mon tour, j'ai vomis. 

2

Je ne sais pas depuis combien de temps j'étais là, mais toutes les lumières de la gare éteintes ne laissait rien présager de bon, en passant la tête par la fenêtre je remarquai que les grilles étaient fermées. Je pris la bouteille d'eau d'entre mes jambes et je la bu d'une traite, je mourrais de soif, mon haleine était brûlante. Je composai le numéro d'Anne et l'appelai, elle devait être entrain de dormir, parce que en regardant l'heure sur mon portable je me rendais compte que j'aurais dû être chez elle il y a au moins trois heures. Je lui ai envoyé un texto qui allait passer pour le plus gros faux plan mais tant pis.

Les portes du train étaient fermées. Les employés de cette gare devaient être soit des nains, soit des cons, mais en tout cas il n'ont pas vu que j'étais là. Du coup, je me suis glissé par la fenêtre après avoir laissé s'écrouler mon imposante valise sur le quai. La gare de Cerbère est dans les Pyrénées-Orientales, c'est une gare de frontière entre la France et l'Espagne. Rien que le nom ne me faisait pas bander, dans une ville comme ça, comment les gens font pour vivre normalement. Elle est postée en haut de la ville. J'ai descendu des routes, des chemins, des escaliers, puis encore des chemins pour arriver à ce qui devait être la place du village, où une statue en bronze de chien féroce me dominait. 

L'intérieur de ma valise était un champ de bataille, impossible de trouver la deuxième bouteille d'eau. J'avais encore si soif. Mes lèvres étaient gercées et ma langue restait plafonnée à mon palais. J'aurais voulu m'allumer une gainz, mais la fumée aurait soudé le tout jusqu'à créer un bloc de chaire sèche. J'étais agenouillé devant Cerbère ma valise grande ouverte telle une procession sacrificielle ! La sécheresse me montait lentement à la tête, comme si, - comme si une tumeur brulante naissait en moi, me donnant la toute puissance l'instant d'une seconde, avant que je m'évanouisse.

3

Nous nous réveillions, heureusement au même endroits où nous nous étions couchés deux jours auparavant. On avait beaucoup dormis, nos cerveaux marchaient à très très bas régime. La première chose que je vérifiais était si j'avais bien encore mes clés de moto. En me levant je constatais qu'elles pendaient bêtement, tel je ne sais quel animal paresseux et vautré, au dernier fil de ma poche arrière. « Elles sont là tes clefs, dit le Duc », il s'était réveillé d'un coup, on aurait pu croire qu'il était dans un sommeil où il vivait la réalité. Qu'à ce moment précis il en était sortis fraichement, de nulle part. Mais bon, il avait quand même une sale gueule, pour avoir une image de la tête qu'il a quand il est sobre, il aurait fallu remonter toutes les parties de son visage de trois bons centimètres.

On a finis par se lever, parce que les gens voulaient rentrer dans le bus qui en s'arrêtant venait de nous gicler au visage cinq sacs de boue et trois sacs de merde. On était crasseux comme des cochons, et quand nous nous levâmes tout le monde s'écarta comme si nous étions des apôtres mal lavés. Nos casques n'étaient plus là, je commençais à chercher alors que très lentement les synapses de mon cerveau se reliaient entre elles, et le soleil me tapait dans les yeux où giclaient des étoiles. Plus de casques, mais aussi plus moto comme le faisait remarquer le Duc maintenant debout et comme à son habitude fier comme un coq :

-Elle n'est plus là !

Quel culot ! Et en plus quel naturel ! Il y a ca d'hallucinant chez le Duc que même recouvert de vomis de la tête au buste, et de merde du nombril aux pieds, il demeure arrogant. On meurt d'envie de le clouer au mur, jaloux de sa liberté, vagabond des villes en fuite en campagne, perdu. S'il avait été une femme, quelle prosti-pute il aurait fait, l'Europe entière serait passée sur lui.

-Ben oui, j'ai vu, c'est pas le moment de faire des blagues pourries, je préfèrerai vendre ta mère que de devoir marcher.
-Elle est morte et depuis un bail, mon vieux, elle vaut plus rien sur le marché de l'art !

Oui c'est vrai, il me l'avait dit le premier jour où on s'est rencontré.

On devait avoir une vingtaine d'années, et on ne se connaissait pas encore. Affalés chacun de notre côté parmi une foule de gens gueulant, buvant, crachant, j'étais fou de jalousie, car j'étais seul et il était accompagné de la seule femme présente dans le bar, qui en plus de ça se trouvait être absolument sublime. Elle était un peu plus âgée que nous de quelques années, et elle avait l'aura d'une lionne. Lorsque je réalisais qu'elle était dingue de lui, la rage me monta instantanément au ventre pour me serrer d'un poing à l'intérieur, et alors que mon coeur battait à toute allure, le mec qui s'avèrera plus tard être le Duc se leva de sa chaise et vînt jusqu'à moi, « Regarde ma gonz j'te fais bouffer du marbre. » A ce moment là j'étais complètement tétanisé, rageur et tétanisé, j'ai serré très fort le verre que j'avais dans la main pour venir l'éclater contre sa tête. La main en feu.

Si aujourd'hui le Duc avait les cheveux longs c'était à cause de moi. Tombant telles des lianes de part et d'autre de son visage, ils cachaient la partie gauche de sa face scarifiée de l'oreille à la joue. Le jour où il m'annonçait que depuis cet « accident » il ne supportait plus qu'une femme lui touche le visage, j'étais devenu son plus fidèle serviteur. Par ma faute il ne vivrait plus jamais l'ultime plaisir des doigts raffinés.

4

Je crachais le surplus d'eau de ma bouche, quelqu'un martelait ma tête avec quelque chose de dur, quelqu'un me criait à l'oreille et ça sonnait comme des insultes, j'étais entrain d'être sauvé et je me sentais agressé. Deux chemineaux en bleu de travail, l'un me secouant, l'autre me filant des litres d'eau par intraveineuse. Ma tête, ma tête, ma tête est un four et mon cerveau a brûlé. Bruts de décoffrage, ils m'ont pris chacun un bras et m'ont traîné comme on traine un condamné. Je suis resté perché là assez de temps pour retomber dans le coma et me faire électrocuter l'instant d'après. Ils venaient de me balancer dans le liquide stagnant d'une fontaine en grès d'un autre temps comme on rejette un poisson trisomique dans une marée noire : ça collait partout, j'étais visqueux, mon corps ramolli vacillait dans la merde.

Les deux chemineaux étaient repartis depuis un moment quand je finissais de me changer et laissais mes fringues boueuses sur le muret. Je réussis à me débarbouiller en récupérant de l'eau claire à la surface de la fontaine, un travail d'orfèvre, pour une eau agréable à l'oeil mais nauséabonde. J'avais revêtu le complet gris acheté dans la gare avant de partir, il était trop grand pour moi, je ressemblais à un clown, un clown propre, mais un clown qui pu, dans la ville la moins propice à l'humour des enfers, de la terre, et du ciel.

Je viderai ma bouteille de parfum quelques secondes avant de la serrer dans mes bras, je lui proposerai de lui faire l'amour sous la douche, qui sait !

Si bien sûr elle voudrait encore de moi. Le départ de la première heure que je lui avais promis s'était transformé en insolation au Zénith. Il était midi passé et ma propre odeur me repoussait. J'ai entrepris la remontée de la colline, chaque mètre me faisait l'effet d'une traversée, chaque marche celui d'une escalade, et lorsque j'arrivais en haut, fringué en patachon, les deux chemineaux étaient là accoudés à la rampe. Plus tôt, ils étaient partis avant que je réouvre les yeux, maintenant devant moi, je constatais qu'ils étaient jumeaux. Celui qui m'avait mis des claques se tourna vers celui qui avait essayé me noyer :

-Faut demander à M'sieur le Maire de pauser des escalators, ça s'rait bon pour l'tourisme !

Ils rigolèrent en me tendant quatre mains.

La gare était aussi vide qu'à mon arrivée et le guichet était fermé. Les chemineaux me laissèrent là après une franche tape dans le dos qui faillit me faire déglutir, mais c'était de bon coeur ; et aussi le plus sérieux des deux, non pas qu'ils le fussent, mais lui ne riait que par intervalle quand son frère riait en continu, me jura :

-La fontaine dans laquelle on t'a sauvé, personne vide l'eau parce que c'est la gamelle de Cerbère. Nous on y croit pas mais les gens sont superstitieux ici. Enfin moi j'y crois pas. Georges il veut pas me dire... C'est à cause qu'ils habitent à la frontière, ils ont besoin de croire à des choses. C'est pas facile d'avoir le cul entre deux chaises, y-a besoin de sentir qu'on a un truc en dessous parce qu'on a toujours l'impression qu'on va tomber. 


5


Le Duc passait son peigne dans sa crinière d'un air désuet, à l'aise partout, on l'aurait cru dans sa salle de bain. Un coup de langue sur la main, un coup de main sur la tête, et il peignait, il peignait - sifflotant un air de son invention, le tempo long joyeux, le tempo court rapide et triste. Il avait troqué ses vêtements contre un sac poubelle et s'était acheté un ensemble douteux. Un sorte de bermuda jaunâtre sa mariait à une chemise à fleurs à manche longue. Ce grand mec, sec, aux cheveux longs, le manteau tombant jusqu'aux chevilles et le short jusqu'aux genoux, grave et coloré comme un bouquet de fleurs italien tenu par un ponte de la Camorra.

-Tu veux pas que je te rachète ton manteau là ?
-Je ne sais pas tu vois..., je commence à m'y habituer.
-T'en trouveras un autre plus tard, je t'en offrirai un mieux, allez vas-y, regarde je te prends un comme ça en attendant !

Rien à faire, c'est moi qui me suis retrouvé avec ce truc d'aviateur, peau de mouton renversé, ou peau de mouton retournée, je sais plus si c'est la bête ou son cuir qui a valdingué.

J'ai payé et j'ai rejoint le Duc qui m'attendait un peu plus loin... la main posée sur ma moto ! Elle était précisément à mi chemin entre la boutique et l'abri-bus. Les casques avaient disparu, mais elle était là quoi, inchangée, sublime, trop heureux. Il n'avait pas l'air étonné.

-Génial tu l'as retrouvée ! Comment t'as fait ?
-J'ai de l'instinct pour ces trucs là ; j'ai comme on dirait du feeling avec les machines...

Peu importe. On allait pouvoir rouler.

Cette fois j'avançais droit et à une vitesse normale. Assis à l'arrière, j'imaginais le Duc s'adonner à quelconques activités ; se recoiffer avec patience, arracher les peaux de ses ongles d'un coup sec, siffler cet air lent et joyeux puis rapide et mélancolique, et alors qu'on s'approchait de plus en plus de ce qui paraissait être un intense feu de camp, sa musique fendait l'air et le soleil à la lisière de la terre remplissait l'horizon d'un rouge diffus. C'était drôlement beau. Le Duc me tapota l'épaule gauche comme on l'avait prévu pour que je lui file l'allume cigare. La pointe brillait au bout de ce ridicule cylindre en fer brossé, et alors que je lui passais en essayant de maintenir la moto dans l'axe de la route, des étincelles très jaunes s'en échappaient. Avant la ville, la forêt, après la ville encore la forêt. Je devais maintenant allumer les phares pour voir les bandes blanches sur l'asphalte. La vitesse donnait l'impression de rouler sur un long éclair tatoué dans le sol. La veste en peau de mouton faisait office de cockpit. Je sentais la tête du Duc endormi à l'intérieur. Ses bras encerclaient ma taille.

6

Anne avait trouvé refuge dans ma culpabilité. Je baisais coupable, je tuais mon ange allongé les jambes grandes ouvertes. Je ne la faisais plus jouir, mais elle s'était blottit dans les creux de ma faiblesse. Après avoir baisé jusqu'à l'épuisement nous reposions sur ses draps souillés. Je ne l'avais jamais vu sous ce jour. Les plis des draps brillaient à travers sa peau blanche.

Le ballon de la courtoisie de fin du monde est bleu. La société morte, la société blanche sur un nuage véreux !
Des singes aux culs rouge blanchit par la coke, voilà ce qu'ils étaient le soir de la nouvelle année, fêtant tous ensemble la race des sous-races, se jetant des mots vides aux oreilles. Le paradis en quelque sorte. Pour l'occasion ils s'étaient tous habilles en blanc, accentuant leurs démarches fantomatiques, a ce moment la, il n'y avait rien d'aussi terne que leurs vies. Anne était allongée de tout son corps dans un des longs canapé blanc, comme on s'allonge sur un drap mortuaire. Evidemment qu'elle était blonde et blanche. Elle semblait si a l'aise, si incapable de tourner une page, planter la comme un personnage dont on aurait dessine les traits sans appliquer de la couleur. Plus je la regardais plus je tombais profond dans le vide de sa peau, cette fille était un trou qu'on pouvait baiser sans relâche, sans qu'elle ne bronche ni ne jouisse, pleinement satisfaite de son ignorance. Tout le monde était passe dessus mais personne ne s'en souvenait. Ils avaient tous crachés sur elle, leurs jus trop tièdes pour qu'elle se réveillât. Il aurait fallu la mettre sur le bûcher, mais qui sait, peut-être qu'elle soupire dans les flammes ! Anne était une pute qui ne prenait pas son boulot au sérieux, elle se faisait baiser gratos, et par dessus le marché elle baisait mal ! C'est comme ça que je me suis encanaillé pour elle et que j'ai décidé de l'aimer, pour l'aider.

Maintenant qu'elle était la devant moi je n'avais plus le moindre désir de la sortir de son apathie, j'étais devenu apathique d'Anne ! Petite fille, petite pute aux seins généreux, si seulement ils pouvaient parler dans ce corps frustre ! Ils feraient des merveilles ces lolos, et leurs gros tétons ce sont des bavards eux je suis sur ! Enfin quoi si ton corps parlait Anne je te baiserai sans prendre cet air de chien battu fourrant une grande étoile de mer ! Peu importe de toute façon, c'est terminé, j'ai décide d'en finir avec toi, de te tuer un bon coup pour m'avoir fait crever a petit feu, oui je t'en veux car tu ne m'as pas laissé partir alors que tu savais que je ne rêvais que de ça, m'enfuir. Mais non il fallait pour que tu te rassures me garder auprès de toi, avoir dans tes moments de tristesse, ridicules petits chagrins dont tu as le don pour en faire des montagnes, que je sois la, con de moi, a supporter tes simagrées, sans que je puisse dire un mot, car ma petite en plus d'être vide t'es sourde ! Et le problème il vient peut être de la, de tes oreilles, bouchées par les bouts de ton cerveau ramollis par trop de silence.

Je me suis demande si ça venait de moi, tout ce vide, avant de t'insulter, et puis j'ai lâché les chiens, oui ; - je ne supporte plus les gens qui ne sont pas faits pour l'amour !


7

Voilà maintenant une semaine que le Duc et moi nous étions enfuis de notre cure de désintoxication sexuelle. On avait signé un papier comme quoi l'Hôpital était responsable de nous avant nous, et qu'ainsi nous ne pouvions sortir de l'enceinte sous peine de poursuite. Après trop de conneries entendues nous nous sommes concertés et avons décidé de prendre nos jambes à nos cous. On allait se barrer de cet asile ou vous rentrez plus que sain et sortez fou et mou. Maintenant libre de toute cette idéologie merdeuse, nous roulions sur les routes, avec peut-être une armée d'infirmiers au cul. Ils avaient le droit pendant encore trois semaine de nous attraper et nous ramener de force dans leur clinique. Cet endroit où dans chaque pièce est placardé « Libido is a CRIME ». Au sein de ce cauchemar, nous avions tout de même trouvé des moments de détente que nous passions entre autre à se prendre en photo cul nu devant leur slogan débile. Mais quand la nuit venu, les collés de surveillance balayaient le dortoir de leur lampe torche, s'arrêtant momentanément sur les visages des plus souffrants, alors des bruits montaient à nos oreilles comme des hululements. Les uns se tordaient de souffrance, les autres étaient tombés dans un sombre mutisme, mais tous étaient convaincu qu'ils étaient là pour leur bien.

On avait jamais fréquenté un endroit aussi codé, ils avaient poussé le vice jusqu'à définir une méthode particulière pour ouvrir les portes, suite à une étude menée par l'un de leur chercheur consanguin, concluant sur le rapport phallique avec la poignée. Lors de la réunion de bienvenue, ils nous avaient informé de cette « manière de faire », pour ne pas dire « règle », et nous avaient demandé dans le respect de l'institution de suivre cette prérogative à la lettre. Nous voilà à ouvrir les premières portes de notre lieu de villégiature de la main gauche, la main sainte, Comme si ouvrir la porte de la main droite équivalait à une double peine : « ne touche pas ta bite avec la main du diable. ». On était fou devant ce balai de foutaises. Malgré la haine, malgré le dégoût et la révolte, nous étions sur le chemin de la septicémie. J'ai pensé au Duc, et à ce qu'il m'avait dit sur la masturbation, qu'il aimait bien alterner un jour avec la gauche, un jour avec la droite, ainsi il pouvait exprimer sa dualité. Un pied dans les nuages, un pied dans la lave.
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Message  JIM DUK Lun 20 Juin 2011 - 0:04

Le sol était recouvert de lino gris impeccable, un homme assis sur une sorte de grosse tondeuse à brosses passait toutes les deux heures. Lors de la procession, il regardait droit devant lui d'un air solennel. Il oeuvrait pour Dieu. Le Duc l'avait déjà ramené plusieurs fois sur notre place ici, selon lui nous avions une mission apostolique. J'étais interloqué, triste et interloqué de voir qu'il se prenait au jeu du pale sosie. Il était entrain de sombrer, et les habits blancs dont nous étions vêtus n'attisaient en rien ses relans christiques. Les murs avaient été peins d'un blanc immaculé afin que deux personnes puissent se croiser sans se voir, ainsi nous pouvions nous recueillir et ravaler notre surplus de désir. Les infirmiers, eux, avaient le privilège en tant qu'individus sains de porter des blouses grises, l'Hôpital n'avait pas poussé la fantaisie à la couleur, mais au sens pur des choses, le gris est la couleur normale. Avant d'être internés nous étions noirs de perversion, en sortant nous serons gris. Comme nous l'avait fait remarqué le directeur de l'Hôpital lors de cette désagréable réunion de bienvenue, « Tout est question de mélange. Si vous êtes ici, c'est qu'il manque une touche de blanc! ».
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Message  JIM DUK Lun 20 Juin 2011 - 13:57

8

Elle habitait seul dans un appartement de rez-de-chaussée. Deux jours après mon arrivée et nous n'étions pas encore sorti de son terrier, petit temple de la coquetterie où ma biche allongée à quatre pattes se pavanait sans dire un mot. Seulement quelques regards, mais des regards vides. Elle portait des jupes courtes et de couleur claire. Sans culotte. C'était bien elle ça ! Le naturel ! Les sous vêtements irritent sa peau qu'elle dit... Ce qui lui fait rougir l'entre-cuisse c'est pas le tissu, c'est moi ! Personne ne lui en aurait voulu si elle n'avait été qu'une biche, mais merde, c'était une femme.

En attendant de lui toucher un mot sur notre rupture, je l'avais baisé sans relâche, et plus je la sautais, plus je me parlais à moi même, me réfugiant dans un mutisme insultant. Lâche d'éviter le moment fatidique, je compensais ma frustration en professant des propos haineux, au-delà des mots, des vagues de mazout s'écoulaient de moi et se rompaient sur elle. Anne n'était pas cette pute russe la chatte à l'air dormant à côté de moi, elle avait eu ses moments de gloire à mon égard, elle m'avait fait rêver. Elle n'a jamais beaucoup parlé, enterrée dans le culte du silence de ses parents protestants, mais plus tôt son corps vibrait. Lorsque je faisais mon coq, expliquant ceci, ou théorisant cela, elle faisait mine de réfléchir. Je me suis lassé lorsque j'ai découvert que son visage était une caricature, elle fronçait les sourcils à la manière d'un professeur d'université, mais n'en avait pas la carrure, ses sourcils d'un blond translucide lui donnait l'air de penser dans le vide. Ma perception était floutée par le trop d'elle en moi, elle était fine, elle était gracieuse, chaleureuse, elle était d'une générosité exclusive, souvent égoïste incapable de s'échapper pour donner, emprisonnée dans sa peur. La rage tordait mon ventre d'un poing à l'intérieur ! Seuls les Saints, insensibles créatures, se laissent flageller en silence.
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Message  Invité Lun 20 Juin 2011 - 17:22

Jim Duk, le texte est très long ; je propose que tu arrêtes de poster pour le moment jusqu'à ce que tu recueilles des commentaires. Tu peux aussi te présenter ici https://vosecrits.1fr1.net/t7284-presentez-vous-ici et commenter les autres.

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Message  Invité Lun 20 Juin 2011 - 17:53

J'ai trouvé malheureux d'imposer A.A en introduction, cela pose une pression sur le texte, qui n'en n'avait initialement pas besoin. C'est enjoué, drôle joueur moderne, mais c'est aussi très long, suffisant et lourdingue.
Le grotesque est mal maîtrisé, je me suis perdu à prendre pitié de l'un puis de l'autre personnage, puis d'un troisième. Demain d'un autre et le surlendemain d'un nouveau. Si on avait voulu pasticher Kundera et en rater une adaptation trash, le résultat aurait ressemblé, à mon sens, à ce texte.

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Message  JIM DUK Lun 27 Juin 2011 - 13:26

L.H.C
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Je suis chaste un temps, baiseur un temps,
christ un temps, antéchrist un temps, néant un temps,
merde un temps, con un temps, vit un temps, être un temps,
cul un temps, dieu tout le temps. Moi, Antonin Artaud, je suis tout cela, et moi.

1


Je serrais le guidon de la moto tellement fort qu'il aurait pu disparaître. Il le fallait, sinon on allait se ramasser. Le Duc était accroché derrière moi, beaucoup moins bourré, et beaucoup plus paisible. On ne s'était pas lâché un mot depuis qu'on s'étais enfuis, le vent et la pluie battaient trop fort pour qu'on puisse s'entendre. Et puis il s'en foutait royalement de l'endroit où on allait. Moi aussi. On a continué à rouler comme ça pendant des heures, j'avais les bras en compote, et ma queue flottait dans mon caleçon humide. Ratatinée à 200 km/h.
Je me suis rendu compte que je roulais en zigzag, tangent aux bords de la route, lorsqu'il le Duc a enfoncé ses doigts dans mes côtes. Sa tête planquée dans mon rétroviseur, il venait de tous lâcher dans son casque, tout hier soir.

Je me suis arrêté sur le bas côté pour qu'il puisse enfin respirer. Il enleva son casque et tout dégoulina le long de son corps, des vagues de whisky et des morceaux de cacahuètes. J'ai allumé une clup et je lui ai donnée, il était mal, très mal, et toute à la fois mort de rire. Une clairière en croissant de lune dégageait la vue. Il a dit "on est en forêt, c'est humide". Ouais, il était pas dans son état normal pour dire ça le Duc, ça flottait comme ça flotte sous la mer. Et puis je sais pas, il faut toujours se méfier des mecs qui ont un portrait de Jesus dans leur salon, ils parlent toujours en parabole.

La première fois que je me suis ramené chez le Duc, il m'a foutu devant son tableau, et il ma dit sur un ton solennel : "on est pareil lui et moi, on en a lourd sur les épaules". Il était 6h du mat, le soleil pointait son nez, les oiseaux sortaient des arbres en guirlande, le soleil était rouge, un vrai matin de crépuscule. Encore une fois j'ai pas su quoi répondre, j'étais gêné qu'il se prenne pour le Christ, ça m'attristait de voir que je lui ressemblais. C'était un matin triste, l'alcool nous avait plombé le moral, l'alcool nous avait abruti.

J'ai éteins le moteur fumant de ma moto, et le monde s'est tu, plus un bruit, seulement des courants d'air, et de l'eau encore de l'eau. Assis sur un tronc pourris, la décomposition du bois résonnait dans ma tête, ça me foutait la nausée comme si moi aussi j'étais un tronc abandonné au bord de la route, enfin voilà, je me suis calé là pour me reposer, mais ça m'a juste fait tomber dans une longue, longue dépression qui dura quelques secondes tout au plus. J'en sortis en sursautant, sur le son d'un long, long klaxon qui fonçait tout droit sur le Duc posté au milieu de la route les bras en équerre. Voilà qu'il remettait son histoire avec le Christ au milieu de cette jungle qui ne devait être qu'un simple bois posté le haut d'une colline, oui, je me souvenais avoir monté des côtes. Je l'adore le Duc, c'est mon meilleur pote, mais quand il fait ça j'ai envie de l'insulter, notre histoire n'est pas un pèlerinage, on est juste bourrés, perdus, mouillés.

Les phares jaunes de la voiture s'approchaient de nous, la pluie tombait dessus, c'était beau. J'avais réussis à tirer le Duc vers moi, alors quand la voiture arriva à notre niveau et qu'elle s'arrêta en nous aspergeant de terre, on se pencha simultanément pour dire "bonsoir". Il y avait toute une famille dans ce break, c'est la femme qui conduisait, son mari devait sûrement être entrain de dormir quelques secondes plus tôt vu sa tête. On avait tous les deux été surpris par le klaxon, lui à l'intérieur, au sec, une bouteille d'eau entre les cuisses, moi dehors, trempé jusqu'à l'os comme un chien errant, mais sa femme tenait le volant, et même sous la pluie une nuit de novembre, ça m'excite.

"Je vois que vous avez une bécane, il y a un abri-bus à trois kilomètres, vous y serez en deux secondes." Si il n'y avait pas eu les enfants, j'aurais embrouillé le mari pour qu'il s'occupe du Duc, et je serais monté dans la voiture, au sec, au sexe, et j'aurais déchiré son tailleur avec mes dents, et je lui aurais fait l'amour sur la banquette avant par l'arrière, sur la banquette arrière par devant, comme si rien ne s'était passé jusque là, des années, des mirages, dans ma tête embuée par les pleurs d'abandon, j'aurais aimé cette femme.

Mais non. Le mari remonta la vitre, et elle me jeta un dernier regard que je reçu comme une douce claque. Je pris le Duc par le bras et je le ramenai sur le côté "putain reste là, là tu bouges plus, c'est parfait là. Assieds toi même si tu veux, mais plus le milieu de la route, quoi, merde !" . Alors il me dit, "J'étais sur qu'il s'arrêteraient j'avais une aura à la Weber, un truc de dingue, j'aurais pu stopper un douze tonnes". Je tournai la tête d'un coup sec en m'imaginant un poids lourd percuter le Duc, la différence de taille me saisissait de peur, et puis son corps en lambeau le long des lignes blanches, la nausée de toute à l'heure est revenue, fulgurante, le tronc pourris s'est imprimé dans mes yeux et à mon tour, j'ai vomis.

2

Je ne sais pas depuis combien de temps j'étais là, mais toutes les lumières de la gare éteintes ne laissait rien présager de bon, en passant la tête par la fenêtre je remarquai que les grilles étaient fermées. Je pris la bouteille d'eau d'entre mes jambes et je la bu d'une traite, je mourrais de soif, mon haleine était brûlante. Je composai le numéro d'Anne et l'appelai, elle devait être entrain de dormir, parce que en regardant l'heure sur mon portable je me rendais compte que j'aurais dû être chez elle il y a au moins trois heures. Je lui ai envoyé un texto qui allait passer pour le plus gros faux plan mais tant pis.

Les portes du train étaient fermées. Les employés de cette gare devaient être soit des nains, soit des cons, mais en tout cas il n'ont pas vu que j'étais là. Du coup, je me suis glissé par la fenêtre après avoir laissé s'écrouler mon imposante valise sur le quai. La gare de Cerbère est dans les Pyrénées-Orientales, c'est une gare de frontière entre la France et l'Espagne. Rien que le nom ne me faisait pas bander, dans une ville comme ça, comment les gens font pour vivre normalement. Elle est postée en haut de la ville. J'ai descendu des routes, des chemins, des escaliers, puis encore des chemins pour arriver à ce qui devait être la place du village, où une statue en bronze de chien féroce me dominait.

L'intérieur de ma valise était un champ de bataille, impossible de trouver la deuxième bouteille d'eau. J'avais encore si soif. Mes lèvres étaient gercées et ma langue restait plafonnée à mon palais. J'aurais voulu m'allumer une gainz, mais la fumée aurait soudé le tout jusqu'à créer un bloc de chaire sèche. J'étais agenouillé devant Cerbère ma valise grande ouverte telle une procession sacrificielle ! La sécheresse me montait lentement à la tête, comme si, - comme si une tumeur brulante naissait en moi, me donnant la toute puissance l'instant d'une seconde, avant que je m'évanouisse.

3

Nous nous réveillions, heureusement au même endroits où nous nous étions couchés deux jours auparavant. On avait beaucoup dormis, nos cerveaux marchaient à très très bas régime. La première chose que je vérifiais était si j'avais bien encore mes clés de moto. En me levant je constatais qu'elles pendaient bêtement, tel je ne sais quel animal paresseux et vautré, au dernier fil de ma poche arrière. « Elles sont là tes clefs, dit le Duc », il s'était réveillé d'un coup, on aurait pu croire qu'il était dans un sommeil où il vivait la réalité. Qu'à ce moment précis il en était sortis fraichement, de nulle part. Mais bon, il avait quand même une sale gueule, pour avoir une image de la tête qu'il a quand il est sobre, il aurait fallu remonter toutes les parties de son visage de trois bons centimètres.

On a finis par se lever, parce que les gens voulaient rentrer dans le bus qui en s'arrêtant venait de nous gicler au visage cinq sacs de boue et trois sacs de merde. On était crasseux comme des cochons, et quand nous nous levâmes tout le monde s'écarta comme si nous étions des apôtres mal lavés. Nos casques n'étaient plus là, je commençais à chercher alors que très lentement les synapses de mon cerveau se reliaient entre elles, et le soleil me tapait dans les yeux où giclaient des étoiles. Plus de casques, mais aussi plus moto comme le faisait remarquer le Duc maintenant debout et comme à son habitude fier comme un coq :

-Elle n'est plus là !

Quel culot ! Et en plus quel naturel ! Il y a ca d'hallucinant chez le Duc que même recouvert de vomis de la tête au buste, et de merde du nombril aux pieds, il demeure arrogant. On meurt d'envie de le clouer au mur, jaloux de sa liberté, vagabond des villes en fuite en campagne, perdu. S'il avait été une femme, quelle prosti-pute il aurait fait, l'Europe entière serait passée sur lui.

-Ben oui, j'ai vu, c'est pas le moment de faire des blagues pourries, je préfèrerai vendre ta mère que de devoir marcher.
-Elle est morte et depuis un bail, mon vieux, elle vaut plus rien sur le marché de l'art !

Oui c'est vrai, il me l'avait dit le premier jour où on s'est rencontré.

On devait avoir une vingtaine d'années, et on ne se connaissait pas encore. Affalés chacun de notre côté parmi une foule de gens gueulant, buvant, crachant, j'étais fou de jalousie, car j'étais seul et il était accompagné de la seule femme présente dans le bar, qui en plus de ça se trouvait être absolument sublime. Elle était un peu plus âgée que nous de quelques années, et elle avait l'aura d'une lionne. Lorsque je réalisais qu'elle était dingue de lui, la rage me monta instantanément au ventre pour me serrer d'un poing à l'intérieur, et alors que mon coeur battait à toute allure, le mec qui s'avèrera plus tard être le Duc se leva de sa chaise et vînt jusqu'à moi, « Regarde ma gonz j'te fais bouffer du marbre. » A ce moment là j'étais complètement tétanisé, rageur et tétanisé, j'ai serré très fort le verre que j'avais dans la main pour venir l'éclater contre sa tête. La main en feu.

Si aujourd'hui le Duc avait les cheveux longs c'était à cause de moi. Tombant telles des lianes de part et d'autre de son visage, ils cachaient la partie gauche de sa face scarifiée de l'oreille à la joue. Le jour où il m'annonçait que depuis cet « accident » il ne supportait plus qu'une femme lui touche le visage, j'étais devenu son plus fidèle serviteur. Par ma faute il ne vivrait plus jamais l'ultime plaisir des doigts raffinés.

4

Je crachais le surplus d'eau de ma bouche, quelqu'un martelait ma tête avec quelque chose de dur, quelqu'un me criait à l'oreille et ça sonnait comme des insultes, j'étais entrain d'être sauvé et je me sentais agressé. Deux chemineaux en bleu de travail, l'un me secouant, l'autre me filant des litres d'eau par intraveineuse. Ma tête, ma tête, ma tête est un four et mon cerveau a brûlé. Bruts de décoffrage, ils m'ont pris chacun un bras et m'ont traîné comme on traine un condamné. Je suis resté perché là assez de temps pour retomber dans le coma et me faire électrocuter l'instant d'après. Ils venaient de me balancer dans le liquide stagnant d'une fontaine en grès d'un autre temps comme on rejette un poisson trisomique dans une marée noire : ça collait partout, j'étais visqueux, mon corps ramolli vacillait dans la merde.

Les deux chemineaux étaient repartis depuis un moment quand je finissais de me changer et laissais mes fringues boueuses sur le muret. Je réussis à me débarbouiller en récupérant de l'eau claire à la surface de la fontaine, un travail d'orfèvre, pour une eau agréable à l'oeil mais nauséabonde. J'avais revêtu le complet gris acheté dans la gare avant de partir, il était trop grand pour moi, je ressemblais à un clown, un clown propre, mais un clown qui pu, dans la ville la moins propice à l'humour des enfers, de la terre, et du ciel.

Je viderai ma bouteille de parfum quelques secondes avant de la serrer dans mes bras, je lui proposerai de lui faire l'amour sous la douche, qui sait !

Si bien sûr elle voudrait encore de moi. Le départ de la première heure que je lui avais promis s'était transformé en insolation au Zénith. Il était midi passé et ma propre odeur me repoussait. J'ai entrepris la remontée de la colline, chaque mètre me faisait l'effet d'une traversée, chaque marche celui d'une escalade, et lorsque j'arrivais en haut, fringué en patachon, les deux chemineaux étaient là accoudés à la rampe. Plus tôt, ils étaient partis avant que je réouvre les yeux, maintenant devant moi, je constatais qu'ils étaient jumeaux. Celui qui m'avait mis des claques se tourna vers celui qui avait essayé me noyer :

-Faut demander à M'sieur le Maire de pauser des escalators, ça s'rait bon pour l'tourisme !

Ils rigolèrent en me tendant quatre mains.

La gare était aussi vide qu'à mon arrivée et le guichet était fermé. Les chemineaux me laissèrent là après une franche tape dans le dos qui faillit me faire déglutir, mais c'était de bon coeur ; et aussi le plus sérieux des deux, non pas qu'ils le fussent, mais lui ne riait que par intervalle quand son frère riait en continu, me jura :

-La fontaine dans laquelle on t'a sauvé, personne vide l'eau parce que c'est la gamelle de Cerbère. Nous on y croit pas mais les gens sont superstitieux ici. Enfin moi j'y crois pas. Georges il veut pas me dire... C'est à cause qu'ils habitent à la frontière, ils ont besoin de croire à des choses. C'est pas facile d'avoir le cul entre deux chaises, y-a besoin de sentir qu'on a un truc en dessous parce qu'on a toujours l'impression qu'on va tomber.


5


Le Duc passait son peigne dans sa crinière d'un air désuet, à l'aise partout, on l'aurait cru dans sa salle de bain. Un coup de langue sur la main, un coup de main sur la tête, et il peignait, il peignait - sifflotant un air de son invention, le tempo long joyeux, le tempo court rapide et triste. Il avait troqué ses vêtements contre un sac poubelle et s'était acheté un ensemble douteux. Un sorte de bermuda jaunâtre sa mariait à une chemise à fleurs à manche longue. Ce grand mec, sec, aux cheveux longs, le manteau tombant jusqu'aux chevilles et le short jusqu'aux genoux, grave et coloré comme un bouquet de fleurs italien tenu par un ponte de la Camorra.

-Tu veux pas que je te rachète ton manteau là ?
-Je ne sais pas tu vois..., je commence à m'y habituer.
-T'en trouveras un autre plus tard, je t'en offrirai un mieux, allez vas-y, regarde je te prends un comme ça en attendant !

Rien à faire, c'est moi qui me suis retrouvé avec ce truc d'aviateur, peau de mouton renversé, ou peau de mouton retournée, je sais plus si c'est la bête ou son cuir qui a valdingué.

J'ai payé et j'ai rejoint le Duc qui m'attendait un peu plus loin... la main posée sur ma moto ! Elle était précisément à mi chemin entre la boutique et l'abri-bus. Les casques avaient disparu, mais elle était là quoi, inchangée, sublime, trop heureux. Il n'avait pas l'air étonné.

-Génial tu l'as retrouvée ! Comment t'as fait ?
-J'ai de l'instinct pour ces trucs là ; j'ai comme on dirait du feeling avec les machines...

Peu importe. On allait pouvoir rouler.

Cette fois j'avançais droit et à une vitesse normale. Assis à l'arrière, j'imaginais le Duc s'adonner à quelconques activités ; se recoiffer avec patience, arracher les peaux de ses ongles d'un coup sec, siffler cet air lent et joyeux puis rapide et mélancolique, et alors qu'on s'approchait de plus en plus de ce qui paraissait être un intense feu de camp, sa musique fendait l'air et le soleil à la lisière de la terre remplissait l'horizon d'un rouge diffus. C'était drôlement beau. Le Duc me tapota l'épaule gauche comme on l'avait prévu pour que je lui file l'allume cigare. La pointe brillait au bout de ce ridicule cylindre en fer brossé, et alors que je lui passais en essayant de maintenir la moto dans l'axe de la route, des étincelles très jaunes s'en échappaient. Avant la ville, la forêt, après la ville encore la forêt. Je devais maintenant allumer les phares pour voir les bandes blanches sur l'asphalte. La vitesse donnait l'impression de rouler sur un long éclair tatoué dans le sol. La veste en peau de mouton faisait office de cockpit. Je sentais la tête du Duc endormi à l'intérieur. Ses bras encerclaient ma taille.

6

Anne avait trouvé refuge dans ma culpabilité. Je baisais coupable, je tuais mon ange allongé les jambes grandes ouvertes. Je ne la faisais plus jouir, mais elle s'était blottit dans les creux de ma faiblesse. Après avoir baisé jusqu'à l'épuisement nous reposions sur ses draps souillés. Je ne l'avais jamais vu sous ce jour. Les plis des draps brillaient à travers sa peau blanche.

Le ballon de la courtoisie de fin du monde est bleu. La société morte, la société blanche sur un nuage véreux !
Des singes aux culs rouge blanchit par la coke, voilà ce qu'ils étaient le soir de la nouvelle année, fêtant tous ensemble la race des sous-races, se jetant des mots vides aux oreilles. Le paradis en quelque sorte. Pour l'occasion ils s'étaient tous habilles en blanc, accentuant leurs démarches fantomatiques, a ce moment la, il n'y avait rien d'aussi terne que leurs vies. Anne était allongée de tout son corps dans un des longs canapé blanc, comme on s'allonge sur un drap mortuaire. Evidemment qu'elle était blonde et blanche. Elle semblait si a l'aise, si incapable de tourner une page, planter la comme un personnage dont on aurait dessine les traits sans appliquer de la couleur. Plus je la regardais plus je tombais profond dans le vide de sa peau, cette fille était un trou qu'on pouvait baiser sans relâche, sans qu'elle ne bronche ni ne jouisse, pleinement satisfaite de son ignorance. Tout le monde était passe dessus mais personne ne s'en souvenait. Ils avaient tous crachés sur elle, leurs jus trop tièdes pour qu'elle se réveillât. Il aurait fallu la mettre sur le bûcher, mais qui sait, peut-être qu'elle soupire dans les flammes ! Anne était une pute qui ne prenait pas son boulot au sérieux, elle se faisait baiser gratos, et par dessus le marché elle baisait mal ! C'est comme ça que je me suis encanaillé pour elle et que j'ai décidé de l'aimer, pour l'aider.

Maintenant qu'elle était la devant moi je n'avais plus le moindre désir de la sortir de son apathie, j'étais devenu apathique d'Anne ! Petite fille, petite pute aux seins généreux, si seulement ils pouvaient parler dans ce corps frustré ! Ils feraient des merveilles ces lolos, et leurs gros tétons ce sont des bavards eux je suis sur ! Enfin quoi si ton corps parlait Anne je te baiserai sans prendre cet air de chien battu fourrant une grande étoile de mer ! Peu importe de toute façon, c'est terminé, j'ai décide d'en finir avec toi, de te tuer un bon coup pour m'avoir fait crever a petit feu, oui je t'en veux car tu ne m'as pas laissé partir alors que tu savais que je ne rêvais que de ça, m'enfuir. Mais non il fallait pour que tu te rassures me garder auprès de toi, m'avoir dans tes moments de tristesse, ridicules petits chagrins dont tu as le don pour en faire des montagnes, que je sois la, con de moi, a supporter tes simagrées, sans que je puisse dire un mot, car ma petite en plus d'être vide t'es sourde ! Et le problème il vient peut être de la, de tes oreilles, bouchées par les bouts de ton cerveau ramollis par trop de silence.

Je me suis demande si ça venait de moi, tout ce vide, avant de l'insulter, et puis j'ai lâché les chiens, oui ; - je ne supporte plus les gens qui ne sont pas faits pour l'amour !


7

Voilà maintenant une semaine que le Duc et moi nous étions enfuis de notre cure de désintoxication sexuelle. On avait signé un papier comme quoi l'Hôpital était responsable de nous avant nous, et qu'ainsi nous ne pouvions sortir de l'enceinte sous peine de poursuite. Après trop de conneries entendues nous nous sommes concertés et avons décidé de prendre nos jambes à nos cous. On allait se barrer de cet asile ou vous rentrez plus que sain et sortez fou et mou. Maintenant libre de toute cette idéologie merdeuse, nous roulions sur les routes, avec peut-être une armée d'infirmiers au cul. Ils avaient le droit pendant encore trois semaine de nous attraper et nous ramener de force dans leur clinique. Cet endroit où dans chaque pièce est placardé « Libido is a CRIME ». Au sein de ce cauchemar, nous avions tout de même trouvé des moments de détente que nous passions entre autre à se prendre en photo cul nu devant leur slogan débile. Mais quand la nuit venu, les collés de surveillance balayaient le dortoir de leur lampe torche, s'arrêtant momentanément sur les visages des plus souffrants, alors des bruits montaient à nos oreilles comme des hululements. Les uns se tordaient de souffrance, les autres étaient tombés dans un sombre mutisme, mais tous étaient convaincu qu'ils étaient là pour leur bien.

On avait jamais fréquenté un endroit aussi codé, ils avaient poussé le vice jusqu'à définir une méthode particulière pour ouvrir les portes, suite à une étude menée par l'un de leur chercheur consanguin, concluant sur le rapport phallique avec la poignée. Lors de la réunion de bienvenue, ils nous avaient informé de cette « manière de faire », pour ne pas dire « règle », et nous avaient demandé dans le respect de l'institution de suivre cette prérogative à la lettre. Nous voilà à ouvrir les premières portes de notre lieu de villégiature de la main gauche, la main sainte, Comme si ouvrir la porte de la main droite équivalait à une double peine : « ne touche pas ta bite avec la main du diable. ». On était fou devant ce balai de foutaises. Malgré la haine, malgré le dégoût et la révolte, nous étions sur le chemin de la septicémie. J'ai pensé au Duc, et à ce qu'il m'avait dit sur la masturbation, qu'il aimait bien alterner un jour avec la gauche, un jour avec la droite, ainsi il pouvait exprimer sa dualité. J'en parlai lors de l'entretiens du matin, lorsque les sourcils de mon charlatan de docteur se froncèrent jusqu'à faire disparaître ses deux yeux débiles sous un amas de poils. Je détournai aussitôt la discussion pour l'amener vers des questions plus banales.

Le sol était recouvert de lino gris impeccable, un homme assis sur une sorte de grosse tondeuse à brosses passait toutes les deux heures. Lors de la procession, il regardait droit devant lui d'un air solennel. Il oeuvrait pour Dieu. Le Duc l'avait déjà ramené plusieurs fois sur « notre place ici », selon lui nous avions une mission apostolique. J'étais interloqué, triste et interloqué de voir qu'il se prenait au jeu du pale sosie. Il était entrain de sombrer, et les habits blancs dont nous étions vêtus n'attisaient en rien ses relans christiques. Les murs avaient été peints d'un blanc immaculé afin que deux personnes puissent se croiser sans se voir, ainsi nous pouvions nous recueillir et ravaler notre surplus de désir. Les infirmiers, eux, avaient le privilège en tant qu'individus sains de porter des blouses grises, l'Hôpital n'avait pas poussé la fantaisie à la couleur, mais au sens pur des choses, le gris est la couleur normale. Avant d'être internés nous étions noirs de perversion, en sortant nous serons gris. Et comme nous l'avait fait remarqué le directeur de l'Hôpital lors de cette désagréable réunion de bienvenue, « Tout est question de mélange. Si vous êtes ici, c'est qu'il manque une touche de blanc! ».


8

Elle habitait seule dans un appartement de rez-de-chaussée. Deux jours après mon arrivée et nous n'étions pas encore sorti de son terrier, petit temple de la coquetterie où ma biche allongée à quatre pattes se pavanait sans dire un mot. Seulement quelques regards, mais des regards vides. Elle portait des jupes courtes et de couleur claire. Sans culotte. C'était bien elle ça ! Le naturel ! Les sous vêtements irritent sa peau qu'elle dit... Ce qui lui fait rougir l'entre-cuisse c'est pas le tissu, c'est moi ! Personne ne lui en aurait voulu si elle n'avait été qu'une biche, mais merde, c'était une femme.

En attendant de lui toucher un mot sur notre rupture, je l'avais baisé sans relâche, et plus je la sautais, plus je me parlais à moi même, me réfugiant dans un mutisme insultant. Lâche d'éviter le moment fatidique, je compensais ma frustration en professant des propos haineux, au-delà des mots, des vagues de mazout s'écoulaient de moi et se rompaient sur elle. Anne n'était pas cette pute russe la chatte à l'air dormant à côté de moi, elle avait eu ses moments de gloire à mon égard, elle m'avait fait rêver. Elle n'a jamais beaucoup parlé, enterrée dans le culte du silence de ses parents protestants, mais plus tôt son corps vibrait. Lorsque je faisais mon coq, expliquant ceci, ou théorisant cela, elle faisait mine de réfléchir. Je me suis lassé lorsque j'ai découvert que son visage était une caricature, elle fronçait les sourcils à la manière d'un professeur d'université, mais n'en avait pas la carrure, ses sourcils d'un blond translucide lui donnait l'air de penser dans le vide. Ma perception était floutée par le trop d'elle en moi, elle était fine, elle était gracieuse, chaleureuse, elle était d'une générosité exclusive, souvent égoïste incapable de s'échapper pour donner, emprisonnée dans sa peur. La rage tordait mon ventre d'un poing à l'intérieur ! Seuls les Saints, insensibles créatures, se laissent flageller en silence.

Elle sortait de la douche, nue comme un vers, encore mouillée, ses tétons hérissés pointés vers moi. J'aurais pu m'approcher d'elle et les suçoter, les tordre entre mes doigts avides. Mais la nudité dévoila sa faiblesse et me convînt de faire ce que depuis mon départ je redoutais. Le manège commença à tourner. D'abord mon silence pour trouver les bons mots, puis son silence déglutissant, une heure passa peut-être, je ne bougeais plus, elle grignotait. Rongeant, des chips, ses ongles, une chips, un ongle, et voilà que ça recommence, je la regarde et elle ne comprend pas, je la regarde et quelque part elle me dégoute, oui beaucoup, encore d'avantage lorsqu'elle fond en larme... « T'es un monstre » Mais non, mais non je ne suis pas ce monstre là, je pars pour te sauver de quelque chose de bien pire encore, je fuis la haine, la prison, la saleté. Comment peux tu croire à l'amour que nous avons détruis ?


9

Comment faire oublier aux patients ce qu'ils ont entre les jambes en leur refilant des slips aussi serrés ? Ma queue et mes couilles étaient comprimés dans un oeuf. Je n'arrêtais pas de tirer dessus en vue de détendre le tissu. Mais rien, j'étais condamné à porter ce truc en kevlar. Depuis que nous étions arrivés là bas, je sentais que le DUC n'était pas à son aise. Droit comme un piquet, pourtant habitué à se tordre son corps pour communiquer ses émotions, - il était planté dans le sol. La seule personne raisonnable que nous avions rencontré était un architecte de la capital. Il devait avoir une soixantaine d'années et passait son temps à justifier sa présence ici en nous assurant qu'il avait baisé toutes ses secrétaires. Cet homme sur le déclin transpirait la libido. Il allait mourir ici. Comment un homme avide de vie pouvait-il se trancher lui-même la tête ? Un « révolutionnaire » comme disait le Duc lorsqu'il parvenait à respirer. Ses vieux muscles saillants portaient ses bras dans le ciel : « les richesses ataviques de nos cités deviendront noires si nous ne les détruisons pas ! ». Le mec voulait faire péter une bonne partie de toutes ces vieilleries : au nom de notre survie. Le Duc et moi étions assis sur deux pratiques chaises en plastiques. L'idée nous plaisait énormément, au point que ce jour là, le premier jour, nous l'avons écouté pendant des heures alors que nos mines se laissaient bercer par les rêves du visionnaire. Très lucide et par là-même, très fou.

Nous sommes morts. Si j'ai de la peine a le dire, si le seul mot "mort" me donne la chaire de poule, alors je suis encore bien vivant, et dans mon corps, et dans ma tête. Je ne cesse de penser au Duc et à cette passion qui l'anime dedans et dehors pour un crucifié. Il se dit indifférent à la mort, car il l'est déjà un peu. Un homme comme le Duc, un regard aussi furieux, une passion torrentielle telle que celle qui l'anime a la vue d'une femme, ne font pas montre d'une once mortuaire. Il s'évertue pourtant à cultiver sa démarche de macchabée, son visage scarifié de torture, sa physionomie squelettique enroulée dans un manteau de cuir. Ses avants-bras osseux pourraient fister à la fois le Diable et le bon Dieu. Quoi que pour lui ces deux chimères se ressemblent, que ça vienne d'en haut ou d'en bas, c'est dégueulasse. Sauf le Christ bien entendu.

Nos peaux moites supportaient mal la canicule. Elle faisait rage depuis que nous étions arrivés à l'Hôpital. La climatisation en panne devait être réparée d'ici quelque jours, mais nous serons déjà partis. Depuis que nous avions passé le pas de la porte, on savait qu'on allait pas tenir plus de deux ou trois jours. Il se faisait tard et l'architecte poursuivait, approfondissait et imaginait ses théories en même temps qu'il nous parlait. Allongé de tout son corps ridé sur le lit de sa chambre, des gouttes de sueurs coulaient entre les maillures de sa vieille peau. Toutes ces constructions venaient remplir la pièce, assis dans un coin le Duc et moi commencions à nous sentir étouffés, peut-être était-ce aussi que notre conteur fatiguait, son débit de parole se faisait plus lent, comme si il peinait à aller au bout de ses idées. Voulant à tout prix remonter aux origines de l'architecture, le voilà qu'il se retrouvait au pied d'un mur, derrière lequel siégeait des idées, des idées pures. Le vieux s'endormait là, à bout de souffle, desséché de n'avoir pu trouver une véritable raison à tous ses questionnements, fascinant, son cheminement l'avait épuisé, rincé, pour rien, ou presque.

Maintenant, ses yeux étaient fermés. Entre deux ronflements, des spasmes secouaient son corps de ses pieds à son visage déformé par la douleur. Il avait 60 ans et s'était replié sur lui même. Le Duc fit couler de l'eau fraiche sur un gant et lui posa sur le front. Il arrêta de ronfler, il arrêta de gémir. Mais demain, demain nous ne serons plus là pour l'écouter, tout le monde s'en fout ici de l'architecture, même nous d'ailleurs, ce que nous aimions chez lui, c'était lui. Demain, après une longue journée de traitements des couilles, de la queue, du cul et de la tête, il peinera à s'endormir, et une fois que son âme aura quitté son corps, juste là, posé sur les draps, son vieux foetus poussera des cris d'horreur.
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Message  JIM DUK Lun 27 Juin 2011 - 13:29

Merci pour tes commentaires panda, je vais en prendre compte. Cependant, je n'ai pas compris la comparaison avec Kundera, j'écris sûrement un peu moins bien que lui, et puis je ne l'ai jamais lu !
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