L’estive festival
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Aoshi
Lifewithwords
Ba
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L’estive festival
MOnsieur et MadAme prenaient leurs vacances en ayant soin d’informer l’entourage qu’ils ne rentreraient pas avant un certain temps. Les amis et la famille avertis à date fixe pouvaient de la sorte disposer du temps qui leur était octroyé. En général cela n’excédait pas huit jours, au-delà desquels tout le monde était rappelé à l’ordre :
- Hello, nous sommes de retour et nous comptons sur votre présence
- Quand ça ?
- Là tout de suite
Les proches rappliquaient sans demander leur reste, ou plutôt en le ramassant. MOnsieur et MadAme, généreux par éducation et nécessité de survivre en milieu social, distribuaient alors les souvenirs glanés durant le séjour. Une année ce fut la Bretagne rapportée dans les bagages. Ainsi, tous bénéficièrent, qui de crêpes sous cellophane garanties « pur beurre » de vache déconcentrée en plein air, qui d’un lot de saucisson « pur porc » sans lisier, et qui enfin, de caramels salés à marée basse mortels pour le bridge posé à prix d’or dans une bouche déjà bien esquintée. Chacun se tut sur les dégâts intestinaux provoqués par le sarrasin « bactérisé » et le gras excédentaire de la bête élevée au cholestérol de croissance. Une vieille tante heureuse élue du sachet de caramels, en eut pour une fortune à ravaler sa cavité buccale.
MOnsieur et MadAme se plaisaient à détailler leur séjour enchanteur et béni de la météo, les amis eurent droit aux heures de marées, aux courses sur la plage de sable humide couverte de crabes et autres variétés d’ennuis plantaires, les parents admirèrent les couchers de soleil à l’ouest d’ébène, et les éloignés du cercle intime se contentèrent d’anecdotes : l’on avait pris le tramway bleu subventionné par un conseil général de centre droit, acheté les babioles à poussière dans un vaste « tout à deux euros » made in mondial, et failli perdre Bichon ( le huaha épileptique) sur le bateau des îles. Les voisins purent, par procuration, savourer les tangages et les maux de têtes de MadAme peu habituée au roulis des caboteurs. Les collègues de MOnsieur s’esclaffèrent sur les aventures du char à voile et du boudin à vagues expérimentées par leur téméraire chef de service que tout prédisposait à pareil exploit.
D’aucuns lui envièrent son hâle si délicat, pour un peu on ne l’aurait pas reconnu tant les vacances l’avait reposé. Monsieur, secrètement flatté, bombait le bassin près de la machine à café et jetait un œil attendri sur les vitres douteuses qui le séparaient des malchanceux, à savoir les laisser pour compte des vacances. Une secrétaire, plus hardie, alla même jusqu’à le comparer à un acteur célèbre, vu à la télévision la semaine précédente. C’est dire comme l’air marin vous change un homme…
MadAme quant à elle, ne cessait de montrer ses fesses raffermies par la thalasso offerte par MOnsieur ; les copines de salon de manucure et de réunion « soutifs » opinaient en confirmant les bienfaits de la boue argileuse, des douches glacées et des mains expertes de masseurs cambodgiens réfugiés politiques. Certaines jalousèrent ces muscles retrouvés et se promirent de partir, elles aussi, dans cette région fertile qui vous requinque une quadra en deux temps trois mouvements et quelques tours de carte bancaire.
Bref, ce n’était que réjouissances, congratulations, applaudissements et « hiphip » comme chaque fois que le Couple répandait, impérial et pas peu fier, son expérience au sein de la communauté qui les portait à bas le cœur…
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: L’estive festival
Tiens, mes voisins ! ;-)
Si j'osais, je dirais qu'il me manque quelque chose, la morale de l'histoire ou le vrai grincement vachard habituel. C'est la trêve estivale, peut-être...
"à savoir les laisser pour compte des vacances." ("laissés")
Si j'osais, je dirais qu'il me manque quelque chose, la morale de l'histoire ou le vrai grincement vachard habituel. C'est la trêve estivale, peut-être...
"à savoir les laisser pour compte des vacances." ("laissés")
Invité- Invité
Re: L’estive festival
C'est bien c'est d'actualité. Pour bosser dans le tourisme en ce moment en Bretagne je vous assure que les dits-touristes sont tout sauf heureux et fiers d'y être. Comprenez qu'ils sont déprimés par le temps, c'est vrai que la mer est tellement impraticable lorsqu'il pleut...
Rien à redire sur cette description, elle est bien menée. Manque peut-être une chute c'est vrai. Cela aurait pu je pense être encore plus cynique et derrière la moquerie, on peut peut-être déceler tout de même un peu d'envie non ?
Rien à redire sur cette description, elle est bien menée. Manque peut-être une chute c'est vrai. Cela aurait pu je pense être encore plus cynique et derrière la moquerie, on peut peut-être déceler tout de même un peu d'envie non ?
Lifewithwords- Nombre de messages : 785
Age : 32
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 27/08/2007
Re: L’estive festival
Je suis d'accord que le texte manque d'une chute, cependant il est bien rattrapé par une conclusion tout aussi acerbe et sarcastique que le reste du texte. J'ai beaucoup aimé le ton pris, avec un enchaînement réaliste qui font beaucoup penser à des expériences personnelles !
Re: L’estive festival
Incursion au pays des Bidochon, qui virera, je l'espère, à l'immersion en terre Ubu...
"...qui les portait à bas le coeur." : bien mieux qu'une chute, un tramplin...
"...qui les portait à bas le coeur." : bien mieux qu'une chute, un tramplin...
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: L’estive festival
Youpi ! dit-il. Maman, l'été prochain: Les Landes ! (je serais vraiment curieux...)
J'aii beaucoup aimé la vache déconcentrée, mais j'ai peur que le centre-droit gagne les présidentielles à force de démagogie. Et pi, j'ai peur aussi d'être envahi par des cambodgiens à quatre mains.
Bref, la réalité me fait peur. (J'écris ça de l'île de Ré où j'ai vu un éléphant)
J'aii beaucoup aimé la vache déconcentrée, mais j'ai peur que le centre-droit gagne les présidentielles à force de démagogie. Et pi, j'ai peur aussi d'être envahi par des cambodgiens à quatre mains.
Bref, la réalité me fait peur. (J'écris ça de l'île de Ré où j'ai vu un éléphant)
Re: L’estive festival
Je profite de ce que vos commentaires ont placé ces " aventures" en haut de la pile pour vous remercier de donner chair à ce Couple qui débute ses aventures avec vous.
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: L’estive festival
Après la Bretagne ce fut l’Auvergne. MOnsieur, enchanté par les volcans endormis, en rapporta dans sa clef USB 8 GB des vues couvertes de suie et MadAme une bonne angine. Pensez, l’altitude est mortelle aux citadins imprévoyants qui grimpent sur les sommets en décolletés plongeants. Cela lui rappelait leur séjour en Belgique et comment MadAme avait « chopé » une bronchite carabinée au musée Magritte devant la « pipe » qui n’en était pas une. C’était à n’y rien comprendre d’ailleurs, notez-le bien ; car enfin le visiteur peinait à suivre les méandres du pinceau et les intentions cachées du peintre, qui au demeurant peignait fort bien, était-ce ou n’était-ce pas ?
Chacun pouvait voir que l’objet correspondait à l’idée que l’on s’en faisait, alors pourquoi taquiner les codes réconfortants ? Toujours est-il que la climatisation était bien mal réglée et le froid vous tombait sur les poumons comme le pôle Nord sur les branchies. Huit jours alitée. Huit jours à tourner sous le chignon la « pipe » mystérieuse sans que rien ne sorte de l’infernal fourneau.
L’Auvergne et son parc volcanique ne leur avait pas procuré les mêmes sensations que la Bretagne, ni même que l’Atlas parcouru en trois jours intenses. Ce fut une déception discrète qui mâchouillait les commentaires d’après dîner. Une mauvaise langue de leur entourage ricana entre la poire et le sorbet quand Monsieur raconta les monts du Cantal et la rencontre des vaches de Salers. Le trou du…du…murmura même une cousine au lointain degré qui n’avait cure des aventures de ces modernes « Verdurin » et ne venait que pour se remplir le râtelier entre deux somnolences. On espérait la « sonate » on grinçait sur des sornettes. La vielle tante reçu un pot de miel de pissenlit qu’elle s’empressa de refiler à sa voisine. Les amis pour cette fois, n’eurent aucun souvenir. Pas même une carte postale jaunie. Certains se firent la remarque que…d’autres évitèrent le sujet en sirotant la liqueur de gentiane rapportée par MadAme. Laquelle liqueur ne valait pas le limoncello de Vintimille et ne guérissait pas les frissons d’été.
Bref, on oublia l’Auvergne aussi vite qu’on l’avait visitée et l’on se préparait à raconter l’inoubliable périple avec MaDemoiselle fifille….
Chacun pouvait voir que l’objet correspondait à l’idée que l’on s’en faisait, alors pourquoi taquiner les codes réconfortants ? Toujours est-il que la climatisation était bien mal réglée et le froid vous tombait sur les poumons comme le pôle Nord sur les branchies. Huit jours alitée. Huit jours à tourner sous le chignon la « pipe » mystérieuse sans que rien ne sorte de l’infernal fourneau.
L’Auvergne et son parc volcanique ne leur avait pas procuré les mêmes sensations que la Bretagne, ni même que l’Atlas parcouru en trois jours intenses. Ce fut une déception discrète qui mâchouillait les commentaires d’après dîner. Une mauvaise langue de leur entourage ricana entre la poire et le sorbet quand Monsieur raconta les monts du Cantal et la rencontre des vaches de Salers. Le trou du…du…murmura même une cousine au lointain degré qui n’avait cure des aventures de ces modernes « Verdurin » et ne venait que pour se remplir le râtelier entre deux somnolences. On espérait la « sonate » on grinçait sur des sornettes. La vielle tante reçu un pot de miel de pissenlit qu’elle s’empressa de refiler à sa voisine. Les amis pour cette fois, n’eurent aucun souvenir. Pas même une carte postale jaunie. Certains se firent la remarque que…d’autres évitèrent le sujet en sirotant la liqueur de gentiane rapportée par MadAme. Laquelle liqueur ne valait pas le limoncello de Vintimille et ne guérissait pas les frissons d’été.
Bref, on oublia l’Auvergne aussi vite qu’on l’avait visitée et l’on se préparait à raconter l’inoubliable périple avec MaDemoiselle fifille….
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: L’estive festival
Ce petit paragraphe m'a bien amusé.
MadAme quant à elle, ne cessait de montrer ses fesses raffermies par la thalasso offerte par MOnsieur ; les copines de salon de manucure et de réunion « soutifs » opinaient en confirmant les bienfaits de la boue argileuse, des douches glacées et des mains expertes de masseurs cambodgiens réfugiés politiques. Certaines jalousèrent ces muscles retrouvés et se promirent de partir, elles aussi, dans cette région fertile qui vous requinque une quadra en deux temps trois mouvements et quelques tours de carte bancaire. Même si c'est faux, la remarque en forme de "hérisse-poils" est pertinente.
L'Auvergne m'a laissé de glace. Attendons le périple avec MaDemoiselle fifille...
MadAme quant à elle, ne cessait de montrer ses fesses raffermies par la thalasso offerte par MOnsieur ; les copines de salon de manucure et de réunion « soutifs » opinaient en confirmant les bienfaits de la boue argileuse, des douches glacées et des mains expertes de masseurs cambodgiens réfugiés politiques. Certaines jalousèrent ces muscles retrouvés et se promirent de partir, elles aussi, dans cette région fertile qui vous requinque une quadra en deux temps trois mouvements et quelques tours de carte bancaire. Même si c'est faux, la remarque en forme de "hérisse-poils" est pertinente.
L'Auvergne m'a laissé de glace. Attendons le périple avec MaDemoiselle fifille...
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
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