Le merle

[bassmaniac]

Parfois sous les rayons d'un beau soleil d'été
les murmures ressemblent à ces ailes timides
récoltant çà et là, à l'abri des mûriers,
une liqueur amère dans quelques fruits putrides.

Le merle, toujours avide de ces baies pourrissantes,
picore avec hardiesse vers chaque grain plus tendre
délaissant derrière lui autant de plaies béantes
et sur le sol les chairs comme un reste de cendres.

Couverte de ce sang et tachée par les fientes
la terre à cet endroit est une âme mourante
dont l'herbe a dépéri inondée par l'acide.

Seuls les vers et les larves goûtent la peau flétrie
et les dernières heures des cadavres livides.

Tout homme est oiseau noir et toute lèvre est fruit.

[Carcasse]

J'ai bien aimé !

Il y a juste le "récoltant çà et là" qui m'a dérangé, au niveau de la sonorité.

En tout cas, merci beaucoup

[Rimbaudelaire]

joli ce vers :

la terre à cet endroit est une âme mourante

[Raoulraoul]

J'aime beaucoup. Ton observation pointue du merle qui aboutit à une parabole, métaphore sur l'être humain, c'est réussi. "Tout homme est oiseau noir et lèvre est fruit".
Et aussi "Seuls les vers et les larves goûtent la peau flétrie" me donne envie d'interpréter le mot "vers" tel un vers poétique (versifier). Ainsi le vers poétique (l'écriture) goûte à notre corps flétri d'humain, notre maladie humaine que nous tentons de soigner (ou consoler) justement par l'écriture, en composant des vers... Suis heureux de t'avoir lu et découvert.
RAOUL

[Ba]

"Tout homme est oiseau noir et toute lèvre est fruit."

Pour celui-là.

[Arielle]

Je ne parviens pas bien à entrer dans cette vision d'un buisson de mûres dont les chairs pourissent empoisonnant le sol autour de lui. Il me semble que les baies sèchent généralement sur pied quand elles ne sont pas cueillies.
Tant pis pour moi, ces détails réalistes m'empêchent de goûter l'allégorie qui aurait sans cela une certaine puissance. Bien que je ne sois pas certaine non plus du sens à lui donner...

[bassmaniac]

Merci beaucoup pour vos commentaires.

Arielle, pour les mûres, il s'agit du merle qui (gourmand) préfère en picorer une plus séduisante, délaissant celle qu'il tient dans son bec. Ainsi les restes de mûres se retrouvent au sol. Pour autant, l'empoisonnement de la terre reste une perception sur le moment, pas forcément réaliste. D'autres y auraient au contraire vu un engrais fertile...

[Invité]

Je ne parviens pas bien à entrer dans cette vision d'un buisson de mûres dont les chairs pourissent empoisonnant le sol autour de lui. Il me semble que les baies sèchent généralement sur pied quand elles ne sont pas cueillies.
Tant pis pour moi, ces détails réalistes m'empêchent de goûter l'allégorie qui aurait sans cela une certaine puissance. Bien que je ne sois pas certaine non plus du sens à lui donner...

Tout à fait exact, Arielle ! Je suis cueilleuse et confitureuse de mûres, elles ne tombent que... si on les laisse tomber ! Leur "attachement" empêche la chute. Et puis, ce n'est pas un poison pour la terre !

J'ai été arrêtée -lors de mes lectures- par ce "Parfois sous les rayons d'un beau soleil d'été" très cliché...

Mais j'ai apprécié pas mal d'images, le dernier vers notamment.

[sally9394]

Lecture fluide et agréable, j'ai bien aimé la fin.

[Contenu sponsorisé]