J'aime beaucoup ton corps

[Calvin]

Je suis né d'un amour malheureux. sur le lit de travail ma mère voyant l'appendice se détacher de son corps pour en former un autre propre versa derrière celles de douleur physique une de ces larmes qui naissent aux racines qui font la robe des coeurs abandonnés. j'ai posé mes lèvres à ce calice sans grâce; et concéda au prêtre une prière, à l'eau une gorgée. ainsi j'apprenais à distinguer les jeux de la lumière et du songe.

C'est sous ces hospices que débuta ma vie. reproche perpétuel, ma mère ne laissait point trainer longtemps ses yeux sur moi, amas de chair riant, pleurant, bientôt désirant. je fus très vite attiré par ces choses de l'amour. il me semblait que le seul acte qui puisse donner texture à mon corps étranger au monde était ce sentiment d'abandon, cette corde suspendue entre un corps et un autre corps, où celui ci, à chaque instant se penche, et se perd, et dans sa confusion enfin s'abîme. dès que je sus le désir, j'en eus un gout effroyable. j'en eus un gout de risque. les mauvais romans appellent cela la passion dévorante. je désirais désirer. chaque chose devenait prétexte à mes caprices, à mon besoin de posséder, de défaire, de briser, de tordre. enfant mauvais, je me rêvais tempête, distribuant les rafales et les pleurs. mon corps était ce support emporté comme fétu de paille, par l'ouragan qui défie le ciel en embrassant le toit des maisons.

Ma perte était donc savamment calculée : poussé partout par un désir qui n'avait de cesse, son renouvellement perpétuel, sa poigne d'or, ses gestes d'autorité soulevaient toute chose possédée pour la remplacer par la quête furieuse d'une autre. piètre cavalier, j'étais trainé par la bride de mon propre cheval. je devins incapable de savourer les choses. aliments communs, que me font vos pulpes, vos jus, vos chairs, parfois vos grâces ? ce n'a jamais été dans vos feux provisoires que je devais retrouver cet élan perpétuel qui me menait au vertige, toujours au vertige, enfin au vertige.

Mon corps devenait peu à peu insensible. je sentais, sous les plis de son étoffe, mon coeur cognant au désir seule source de chaleur. ô feu intérieur, ô ma flamme aimée. j'ai les yeux noirs qui boivent aux origines du monde. avec le temps j'oubliais mon corps. incapable de saisir, je ne pouvais posséder. et mon désir retrouvé sans objet n'avait pour seul horizon qu'un paysage vide.

Misérables miroirs. dans cette abîme le visage honteux se recompose, par l'action du temps et du malheur mêlés. on me présentait des corps de femme; je les disais d'animaux. d'homme; cela a le même parfum, c'est tourné tout au plus dans une paume différente. on me présenta des corps dont je ne désirais en leur présence rien de plus que leur départ, dans leur manque rien de plus que leur être. sentir leur être près de moi. un être, n'importe lequel, il ne me fut pas donné d'être qui ne me conduisit aux dégouts de la chair.

Mes pauvres offrandes.

Corps, corps, corps, je vous aime. j'étudie votre géographie; vos monts, vos lacs, vos vallées. mon amour, mon amour se déchire comme une présence au faîte de quelque sommet. langues, serpents dansants; - etc. - etc.

Incapable d'amour physique, je m'abandonnais complètement à ma première passion, le sentiment désincarné, mes rêveries originelles de possessions de corps et de coeurs en actes qui devaient rester dans la confidence de ma chair. je levais mes bras hauts, pour faire tomber, des balustrades, des joues des jeunes filles dans la nuit, et m'y percher, dire "voilà le couffin où je le mon coeur délaisse". présent d’horoscopes et de rameaux. j'ai voulu jouer les prophètes dans la nuit de vos feuillages. je me penchais sur ce visage offert comme l'orgueil d'une femme. "je t'aime". oui, je t'aime, je t'aime. je t'aime comme le voyageur rêve du premier pas de son prochain voyage. je t'aime comme l'eau aime danser le long de ses lits de rivière. et dans tout mon trouble, je me ramassais en un unique acte, plus déterminé que le revolver, pour me déchirer entier dans l'amour par le biais de longues rêveries.
Mais de nouveau, la déception d'avoir tout bu le paysage et le désir de trainer son corps jusqu'à un autre mont, une autre butte, m'ennuya. je devenais difficile. je finis par être franchement incapable à satisfaire, mais de plus en plus nécessiteux d'aimer. mes amours d'un mois finirent par durer une heure, un jour. une seconde.tout me devenait prétexte à aimer. j'observais fasciné l'étrange mécanique de cette organe que rien ne rassasiait. belle passante, tu promènes dans tes gestes tout un pan d'éternité.

Comme cela s'épuise vite, un coeur.

Je suis né d'amour malheureux, il me fut donc souhaité le malheur; ou je décidais d'accomplir seul cette promesse choisie. j'ai longtemps rêvé à des corps; mais taisez-vous. il est une tempête qui se déguise avec les yeux des montagnes. le soleil s'en va visiter le ventre de la terre. son manteau, qui traine au sol, se détache en colombes, habit du ciel, habit du soir, de quels dieux la nuit est-t-elle les cils ? je sais qu'ils laissent un léger léger, léger parfum de mort.



< Louis! il faudrait vraiment savoir sur quel pied danser. Voulez-vous toujours que vos textes soient supprimés de VE et du catalogue comme vous l'avez demandé instamment il y a peu ?? Si oui, pourquoi continuer à poster ??
Merci de votre prochaine intervention explicative.
La Modération >
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[CROISIC]

Très touchée par ce texte qui exprime avec pudeur et abondance de chair pourtant, la confusion habituelle entre amour et désir de sexe.

Une faute relevée : à l'hospice ou sous de (bons ou mauvais) hauspices - peut s'écrire auspices également.

[midnightrambler]

Bonsoir,

Pas mal de fautes d'orthographe ...
Cette absence de majuscule en début de phrase ... une règle à transgresser ?
Finalement, un salmigondis inepte dont la suppression par la modération ne serait pas une grande perte !

Amicalement,
midnightrambler



< Ce jugement appuyé n'engage que vous.
Quant à la Modération, elle n'a a priori aucune raison de supprimer ce texte selon ce qui est écrit en page d'accueil :
" nous publions majoritairement en prose de la littérature de fiction ou d’auto-fiction. Nous ne publions pas a priori certains genres : heroic fantasy, érotisme, littérature sentimentale, essais, littérature de jeunesse…
...
Nos règles de publication : ... Nous ne publions pas les textes inachevés, les écrits commis à la va-vite, ceux trop tournés vers le pathos, et ceux encombrés de fautes d'orthographe et/ou de français."
Si nous jugions devoir éliminer ce texte, une petite multitude d'autres l'auraient été avant celui-ci...
Merci de votre compréhension.
La Modération >
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[Ladies man]

Salut,

J'ai vraiment trouvé ce texte bon, peut-être tu pourrais l'améliorer encore avec une petite relecture.
Je suis sûr que l'absence de majuscule vient du fait que tu es en train de lire du Bukowski, non?

Bonne continuation à toi!

[Invité]

Un texte profond et émouvant, de magnifiques images...

J'ai particulièrement aimé

une de ces larmes qui naissent aux racines qui font la robe des coeurs abandonnés.

belle passante, tu promènes dans tes gestes tout un pan d'éternité.

Je ne sais pourquoi tu souhaitais partir, mais j'aimerais que tu restes Louis !

[RICHARD2]

Pour quelqu'un qui aime autant écrire avec de belles images : c'est dommage de partir. Mais c'est sans doute seulement un départ en vacances. Un bol d'air peut donner la plume encore plus légère.

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