La chemise d’Héraclès
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La chemise d’Héraclès
et pourtant
la solitude n’est jamais absente
elle te frôle imperceptiblement
comme un vêtement que tu portes
et que tu oublierais
s’il n’y avait pas
ces moments insupportables
où la chaleur vient te coller
à la peau
tu sens alors
son étreinte passionnée
le venin te brûler
jusqu’à l’os
tu cherches à ton angoisse
une issue
ne sais-tu donc pas
que contrairement aux serpents
nous ne changeons pas de chemise ?
Ioannis Dimitriadis
Notes:
- Traduit du grec.
- En grec le mot πουκάμισο (chemise) signifie aussi la mue du serpent.
la solitude n’est jamais absente
elle te frôle imperceptiblement
comme un vêtement que tu portes
et que tu oublierais
s’il n’y avait pas
ces moments insupportables
où la chaleur vient te coller
à la peau
tu sens alors
son étreinte passionnée
le venin te brûler
jusqu’à l’os
tu cherches à ton angoisse
une issue
ne sais-tu donc pas
que contrairement aux serpents
nous ne changeons pas de chemise ?
Ioannis Dimitriadis
Notes:
- Traduit du grec.
- En grec le mot πουκάμισο (chemise) signifie aussi la mue du serpent.
Re: La chemise d’Héraclès
ou:
où la chaleur vient le coller
à ta peau
?
Mais pourquoi est-elle d’Héraclès, cette chemise ?
où la chaleur vient le coller
à ta peau
?
Mais pourquoi est-elle d’Héraclès, cette chemise ?
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 53
Date d'inscription : 03/09/2010
Re: La chemise d’Héraclès
Très réussi, à mon avis.
Juste "étreinte passionnée" qui me paraît un peu cliché. Sinon, j'aime vraiment beaucoup.
Juste "étreinte passionnée" qui me paraît un peu cliché. Sinon, j'aime vraiment beaucoup.
Invité- Invité
Re: La chemise d’Héraclès
n'est-ce pas la tunique de Nessos (Nessus) qui lui fut refilée, à Héraclès, par sa femme dans l'espoir de le rendre fidèle ?
(perdu : le poison qui enduit la chemise fut cause de sa perte)
(perdu : le poison qui enduit la chemise fut cause de sa perte)
Celeron02- Nombre de messages : 713
Age : 51
Localisation : St-Quentin
Date d'inscription : 19/12/2009
Re: La chemise d’Héraclès
Je fais allusion à la tunique d'Héraclès que son épouse Déjanire lui avait donné à porter le jour de... sa mort. Tunique lavée au venin mortel de l'Hydre de Lerne. Il avait utilisé des fleches trempées dans ce venin pour tuer le centaure Nessus qui avait cherché à s emparer de son épouse. Celui ci avant de rendre son dernier souffle fût croire à Déjanire que laver un vetement de son époux avec du sang de sa plaie le rendrait fidèle à jamais.. Héraclès porta la tunique pour un voyage entrepris de bon matin. Quand le soleil acommença à taper fort, le venin, se mêlant à la sueur se colla à sa peau le brûlant atrocement. Fou de cette douleur insupportable, il demanda alirs qu on lui mette le feu... Ce que l on fit... Sur le feu, les dieux accoururent et l emmenèrent à Olympe (l'apothéose d'Héraclès) et on le maria à la déesse de la jeunesse.
Quand j'ai écrit le poéme, cette histoire était un souvenir d'enfant :-)
PS: Merci dusha, je tenterai de trouver une formule plus originale.
Celeron02, tu y étais presque!
Quand j'ai écrit le poéme, cette histoire était un souvenir d'enfant :-)
PS: Merci dusha, je tenterai de trouver une formule plus originale.
Celeron02, tu y étais presque!
Re: La chemise d’Héraclès
Une fable que j'ai bien aimée, la tunique d'Héraclès métaphore de l'angoisse est une image qui me séduit. Je partage l'avis de Dusha concernant "l'étreinte passionnée"
J'aimerais que tu nous parles un peu de tes traductions. Sont-elles littérales, conçues au plus près du texte de l'auteur ou bien te laisses-tu une marge d'interprétation, ne gardant que l'idée générale, te permettant de jouer avec les sonorités et les rythmes de la langue française qui sont certainement très différents de ceux du grec.
J'ai toujours beaucoup de mal à imaginer la possibilité d'une traduction en poésie. Même si de grands auteurs s'y sont employés avec succès, cela me semble un art extrêmement délicat.
J'aimerais que tu nous parles un peu de tes traductions. Sont-elles littérales, conçues au plus près du texte de l'auteur ou bien te laisses-tu une marge d'interprétation, ne gardant que l'idée générale, te permettant de jouer avec les sonorités et les rythmes de la langue française qui sont certainement très différents de ceux du grec.
J'ai toujours beaucoup de mal à imaginer la possibilité d'une traduction en poésie. Même si de grands auteurs s'y sont employés avec succès, cela me semble un art extrêmement délicat.
Re: La chemise d’Héraclès
Voici le texte avec quelques retouches apportées suite à vos retours :
et pourtant
la solitude n’est jamais absente
elle te frôle imperceptiblement
comme un vêtement que tu portes
et que tu oublierais
s’il n’y avait pas
ces moments insupportables
où la chaleur vient se coller
à ta peau
tu sens alors
son étreinte fébrile
le venin te brûler
jusqu’à l’os
tu cherches à ton angoisse
une issue
ne sais-tu donc pas
que contrairement aux serpents
nous ne changeons pas de chemise ?
Arielle,
Les traductions que je poste ici concernent des poèmes que j'ai écrits moi-même.
Si je précise toujours quand il s'agit d'une traduction, ce n'est pas pour avoir une excuse, je considère que le résultat devrait pouvoir se tenir (être lu et jugé) comme un poème écrit en français.
C'est ce qui m'intéresse d'ailleurs : mettre à l'épreuve ces poèmes traduits en version française et recevoir le regard de lecteurs français (ou plutôt francophones).
La traduction exige quelque part une grande aisance en langue cible, plus encore qu'en langue source.
Franco-grec ayant grandi en Grèce et suivi un parcours scolaire essentiellement grec, j'ai conscience que ma connaissance du français a ses limites.
Tout en affutant mon expression en français, dans mes traductions je me fie plutôt à ma sensibilité poétique (et un certain sens du rythme).
Être poète ou en tout cas avoir une telle sensibilité me semble essentiel quand on cherche à traduire de la poésie, puisqu'il s'agit d'arriver à ré-écrire un poème dans une autre langue.
Bien sûr, tout n'est pas traduisible. Ou du moins ne peut être rendu de façon satisfaisante. Mais il y a vraiment des moments de bravoure et des réussites surprenantes auxquels on ne s'attendait pas (lire les Vies Minuscules de Pierre Michon en grec, par exemple!). Il n'y a pas de limite préétablie.
Personnellement, je m'attache à traduire des auteurs ou des textes dont je me sens proche. Sans cette complicité (mais aussi tout simplement cette envie de... partager), je ne pense pas que j'aurais entrepris de traduire quoi que ce soit !
Je cherche à être assez fidèle au poème original. Mais cela ne signifie pas que je fais du mot-à-mot, la fidélité peut justement faire appel à des libertés, à des jeux avec le rythme et les sonorités. Mais il y a comme un axe invisible que je suis de près.
Je te rejoins dans ce que tu dis : la traduction est un art très délicat.
Souvent, je vis aussi l'écriture comme un travail de traduction.
Un travail pour rendre par des mots une réflexion 'incorporée'. Pour dire parfois l'indicible, l'impossible, l'intraduisible, ce qui existe 'avant' le langage... langage intérieur.
Sans une certaine audace et une certaine insouciance (en contrepoids à l'appel de l'exigence), on ne devrait pas non plus entreprendre d'écrire, pour tout ce qui se perd en chemin jusqu'aux mots.
et pourtant
la solitude n’est jamais absente
elle te frôle imperceptiblement
comme un vêtement que tu portes
et que tu oublierais
s’il n’y avait pas
ces moments insupportables
où la chaleur vient se coller
à ta peau
tu sens alors
son étreinte fébrile
le venin te brûler
jusqu’à l’os
tu cherches à ton angoisse
une issue
ne sais-tu donc pas
que contrairement aux serpents
nous ne changeons pas de chemise ?
Arielle,
Les traductions que je poste ici concernent des poèmes que j'ai écrits moi-même.
Si je précise toujours quand il s'agit d'une traduction, ce n'est pas pour avoir une excuse, je considère que le résultat devrait pouvoir se tenir (être lu et jugé) comme un poème écrit en français.
C'est ce qui m'intéresse d'ailleurs : mettre à l'épreuve ces poèmes traduits en version française et recevoir le regard de lecteurs français (ou plutôt francophones).
La traduction exige quelque part une grande aisance en langue cible, plus encore qu'en langue source.
Franco-grec ayant grandi en Grèce et suivi un parcours scolaire essentiellement grec, j'ai conscience que ma connaissance du français a ses limites.
Tout en affutant mon expression en français, dans mes traductions je me fie plutôt à ma sensibilité poétique (et un certain sens du rythme).
Être poète ou en tout cas avoir une telle sensibilité me semble essentiel quand on cherche à traduire de la poésie, puisqu'il s'agit d'arriver à ré-écrire un poème dans une autre langue.
Bien sûr, tout n'est pas traduisible. Ou du moins ne peut être rendu de façon satisfaisante. Mais il y a vraiment des moments de bravoure et des réussites surprenantes auxquels on ne s'attendait pas (lire les Vies Minuscules de Pierre Michon en grec, par exemple!). Il n'y a pas de limite préétablie.
Personnellement, je m'attache à traduire des auteurs ou des textes dont je me sens proche. Sans cette complicité (mais aussi tout simplement cette envie de... partager), je ne pense pas que j'aurais entrepris de traduire quoi que ce soit !
Je cherche à être assez fidèle au poème original. Mais cela ne signifie pas que je fais du mot-à-mot, la fidélité peut justement faire appel à des libertés, à des jeux avec le rythme et les sonorités. Mais il y a comme un axe invisible que je suis de près.
Je te rejoins dans ce que tu dis : la traduction est un art très délicat.
Souvent, je vis aussi l'écriture comme un travail de traduction.
Un travail pour rendre par des mots une réflexion 'incorporée'. Pour dire parfois l'indicible, l'impossible, l'intraduisible, ce qui existe 'avant' le langage... langage intérieur.
Sans une certaine audace et une certaine insouciance (en contrepoids à l'appel de l'exigence), on ne devrait pas non plus entreprendre d'écrire, pour tout ce qui se perd en chemin jusqu'aux mots.
Re: La chemise d’Héraclès
Fébrile, oui, je préfère aussi.
Merci pour tes explications concernant les traductions. J'avais d'abord pensé que tu traduisais des poètes grecs mais étant toi-même l'auteur, je suppose que la connivence entre les deux versions est très proche de l'idéal qu'on peut espérer dans ce domaine.
Je ne mets aucunement en doute l'excellence de traductions en prose. Tu fais allusion aux vies minusculestraduites en grec mais il ne s'agit pas là de poésie (quoique !)
Pour moi, les sonorités, les rythmes d'un poème ont autant d'importance que le sens des mots auxquels je vais jusqu'à donner une couleur. Je ne crois pas qu'une telle précision soit aussi essentielle en prose, même quand il s'agit d'une prose aussi fine que celle de Pierre Michon.
Mais encore une fois, je parle de ce que je connais mal n'ayant jamais tenté moi-même l'expérience parce que je ne maitrise pas assez une langue étrangère, ce qui me permettrait d'apprécier les choses à leur juste valeur.
En tout cas je te félicite pour la subtilité avec laquelle tu sembles manipuler notre langue.
Merci pour tes explications concernant les traductions. J'avais d'abord pensé que tu traduisais des poètes grecs mais étant toi-même l'auteur, je suppose que la connivence entre les deux versions est très proche de l'idéal qu'on peut espérer dans ce domaine.
Je ne mets aucunement en doute l'excellence de traductions en prose. Tu fais allusion aux vies minusculestraduites en grec mais il ne s'agit pas là de poésie (quoique !)
Pour moi, les sonorités, les rythmes d'un poème ont autant d'importance que le sens des mots auxquels je vais jusqu'à donner une couleur. Je ne crois pas qu'une telle précision soit aussi essentielle en prose, même quand il s'agit d'une prose aussi fine que celle de Pierre Michon.
Mais encore une fois, je parle de ce que je connais mal n'ayant jamais tenté moi-même l'expérience parce que je ne maitrise pas assez une langue étrangère, ce qui me permettrait d'apprécier les choses à leur juste valeur.
En tout cas je te félicite pour la subtilité avec laquelle tu sembles manipuler notre langue.
Re: La chemise d’Héraclès
Souvent, je vis aussi l'écriture comme un travail de traduction.
Un travail pour rendre par des mots une réflexion 'incorporée'. Pour dire parfois l'indicible, l'impossible, l'intraduisible, ce qui existe 'avant' le langage... langage intérieur.
Oui, je suis tout à fait d'accord avec toi !
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