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À tâtons rompus

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Message  Invité Dim 28 Aoû 2011 - 8:22

«Nous aimerions vous compter parmi nos invités à un débat dînatoire qui aura lieu le quinze de ce mois.
La séance sera filmée et retransmise à la télévision.
Afin de conserver sa spontanéité à la rencontre que nous avons programmée, le thème des discussions ne vous sera pas communiqué, non plus que le nom des autres convives.»

Voilà en substance, le carton que l’on apporta sur un plateau à Mme X ( discrétion oblige…) alors qu’elle s’évertuait à mettre au clair un rapport urgent pour son ministre de tutelle.
Mme X, ne doutant pas une seconde de sa capacité à se bien acquitter d’une entreprise aussi difficile soit-elle, persuadée d’avoir dans sa besace plus de grain à moudre que n’importe quelle sommité, s’empressa d’accepter, un rien flattée d’avoir été choisie.
Il se trouve qu’à l’autre bout de la capitale, un coursier pas très rassuré, s’engouffra dans une cage d’escalier, escalier qu’il prit quatre à quatre, pour cause de dysfonctionnement d’un ascenseur délabré.
Il frappa à une porte et crut que l’appartement était vide, quand en trois coups de savates traînantes, un individu ébouriffé à l’élocution incertaine lui demanda en entrebâillant la porte de quoi il s’agissait.
Il s’ensuivit ce dialogue :
_ Mr Y?
-ouais, c’est quoi ? t’y es qui, toi ?
-Je suis chargé de vous remettre en mains propres, au nom de…
-Bon, tu accouches ou quoi ? t’as vu l’heure ?
L’œil du rappeur aux débuts fulgurants sur les ondes skyrockeuses se faisant menaçant, le coursier lui colla l’invitation dans les mains et dévala l’escalier sans poursuivre les civilités. Il entendit la porte se refermer et ce dernier mot :
C …ard , non pas canard, ça, il en était sûr .

Mme X chargea aussitôt sa secrétaire de prendre date chez son coiffeur et faillit s’énerver quand on lui répondit que Franck P ne pourrait prendre en charge lui-même son auguste chef. L’incident réglé, elle consigna le rendez-vous dans son PDA à écran tactile.
Y jeta le carton sur le tas de baskets qui obstruait l’entrée de sa salle de séjour et retourna se coucher.
Son pote-impressario le ramassa quelques plombes plus tard en décrétant :
-‘tain, c’est bon ! faut y aller ! la télé, mec !

Le jour J, Mme X saucissonnée dans son petit tailleur à la Simone V. se présenta aux portes des studios.
Elle y fut accueillie en grand mystère, traversa couloirs déserts et longs paliers, pour se retrouver dans une loge où il lui fut demandé d’attendre qu’on vienne la chercher.
Une maquilleuse profita de l’attente pour lui repoudrer le museau.

Y se laissa traîner selon le même processus dans les couloirs, mais il émit une ou deux réflexions style :
c’est quoi cette embrouille ? ‘tain, je la sens mal !
Il refusa le poudrage et menaça de se casser si on l’obligeait à quitter sa casquette.

L’heure vint enfin de quitter la loge.
Mme X trembla pour son brushing et Y pour l’aplomb de sa casquette quand on leur banda les yeux.
-Nous allons vous guider sur un plateau de télévision. Une table sera dressée. Un repas vous sera servi, et vous devrez répondre aux questions de l’animateur Artifils et converser entre vous. Seule règle du jeu, tout cela se fera dans le noir le plus complet.

Les effluves d’ylang-ylang dont Mme X avait pris soin de s’asperger faillirent faire reculer Y.
-‘tain, c’est un’ meuf ! elle a pas dû se fournir au Casino du coin, ça pue la bourge !
Mme X titubant dans le noir, effleura à tâtons le thorax du rappeur et en conclut immédiatement qu’elle avait affaire à un représentant de la gente masculine. Un bel échantillon, ma foi, comme il ne lui avait pas été donné depuis longtemps l’occasion d’en rencontrer.

Oubliant les caméras, Y pensa qu’il allait s’en mettre plein la lampe sans se soucier des bonnes manières. On a beau être un révolté, on a sa dignité !
Mme X craignit de se mal conduire en constellant de taches son corsage de soie sauvage, une affaire en solde qu’elle étrennait.
L’une trouva l’aventure saumâtre pendant que l’autre la trouvait chelou.

Chacun fut diligenté à sa place et l’on passa les premières minutes à prendre ses repères : le bord de la table, son assiette, ses couverts.
Madame X se cramponna au bord de la table comme l’aurait fait un naufragé du Titanic à la première planche venue et attendit docilement la suite des évènements.
Y, ayant acquis précocement l’art de la débrouille, dénicha d’emblée une tranche de pain et se mit à faire des boulettes de mie tout en essayant de percer les ténèbres de son œil exercé.
-Trop fort, leur délire ! se dit-il
-Que suis-je venue faire en cette galère ? regretta Mme X.

D’autres convives qu’ils ne voyaient pas, étaient déjà installés et leur souhaitèrent cordialement la bienvenue.
Ils étaient en quelque sorte des convives placebo.
L’animateur prit enfin la parole :
-Si je vous dis…Avoir…que me répondez-vous ?
Le moteur de recherche de Mme X se mit aussitôt en branle.
-Avoir…compte, débit, crédit, passif, chiffres...
-… ?…
Je me dois de préciser qu’à sa grande stupéfaction, Mme X entendit sortir de sa bouche une voix aigrelette et haut perchée qu’elle ne se connaissait pas. Pour tout dire, une voix de poissarde.
-Monsieur Y, quels sont les mots qui vous viennent à l’esprit ?
-Avoir ou se faire avoir…à ton avis … ?
Y, connu pour ses éructations incendiaires et sa voix rocailleuse, avait prononcé ses mots avec la lenteur d’exécution et le timbre de Jean d’Orrmesavoine .

Ni l’un ni l’autre n’osant désormais s’exprimer, les deux personnages entreprirent d’explorer le contenu de leur assiette .Une chose molle et froide gicla sur le pantalon d’Y qui proféra un « putain ! » que Mme X n’entendit pas perdue dans ses réflexions .
-Je suis à deux doigts de la migraine. Mais quelle idée de m’être inondée de parfum ! Et ce corsage qui me colle à la peau …soie sauvage, je t’en ficherais ! on a beau dire, mais rien ne vaut le coton !
Les convives placebo proférèrent quelques mots, qui pour proposer de remplir un verre, qui pour offrir un plat, qui pour relancer la conversation qui, il faut bien le dire, était tombée à plat.

On aurait juré entendre Donald Duck, Arielle Jeanbasle et pour le troisième…quelque chose comme un bœuf rendant son quatre heures.
-Oui, vous disiez donc, …avoir ou se faire avoir … ?
L’animateur était le seul dont la voix ne soit pas « floutée ».

Mme X était occupée à négocier avec succès le parcours d’une bouchée d’elle ne savait trop quoi de l’assiette à sa bouche, sans se pencher. Très important ! Elle se tuait à l’enseigner bénévolement à de jeunes donzelles à l’Ecole du protocole :
-à table, correctement tu te tiendras.
-tu ne te baisseras par vers les aliments, mais porteras la fourchette à ta bouche.
-tu plieras ta salade, etc…
Enfin, toutes ces règles de bienséance dont on s’étonne qu’une certaine baronne les possède tant elle est d’apparence commune.

-Avoir ou se faire avoir…relança l’Arielle Jeanbasle, voulez-vous laisser entendre, Mr Y que la société est ainsi faite qu’on la peut partager en deux catégories d’individus…
-la formulation de ce débat me paraît incorrecte, s’insurgea Mme X , se résignant à faire entendre sa voix de poissarde.
Le fait d’avoir, le fait de posséder , me rangerait nécessairement dans la catégorie des prédateurrs ?
Mme X eut soudain le sentiment que le son de sa voix ajoutait de la force à ses propos et elle en fut confusément honteuse.
-Mr Y ?
Mr Y couché dans son assiette jouait les crabes, coudes à l’horizontale, et pattes tricotant désespérément dans le vide.
-hein ?c’est à moi qu’vous causez ? c’est quoi le problème ?
-Avoir ou se faire avoir…dit le bœuf barbouillé.
-Ouais, c’est bon, j’ai dit ça sans calculer, faut pas se prendre la tête, non plus !
Mme X se laissant bercer par la voix de Jean d’Ormesavoine, ne releva pas l’indigence des propos et se mit à philosopher.
-Je proposerais bien une autre formulation…
-je vous en prie ! cancana Donald.
-Posséder sans être possédé pour reprendre une pensée de Sénèque...
-Qui c’est çuilà encore ? pensa le crabe en manquant de s’éborgner avec une frite.
Ouais, tout ça, c’est bonnet, cagoule et compagnie…dit-il à haute et intelligible voix, si l’on puit dire .
-Mais pas du tout, mon cher Jean,… pardon, Mr Y, il y a dans votre formule l’idée erronée de la seule alternative de…
La poissarde commençait à le fatiguer grave.
-Cool, cool !c’est bon ! j’en ai rien a braire de ces salades. Je vous conseille d’aller dans le 9-3…
Le 9-3, le 9-3…le moteur de recherche de Madame X se remit en branle …le Dalloz …le B.O …le code du…le décret du...
Le bœuf rendant son quatre heures tenta d’intervenir quand un larsen vrillant occupa l’espace sonore.
Cinq paires de billes luminescentes se dirigèrent vers lui. Le regard de Mme X s’arrêta quant à lui sur l’image effrayante de deux boules au halo blanchâtre surmontant deux lignes d’une brillance inquiétante .C’était le visage d’Y qui exhibait son dentier en or.
C’est à ce moment précis que la migraine décida de s’installer définitivement.
Le bœuf retrouva enfin sa voix, mais il avait mué en Léonard Cohen dans Tonight will be fine. C’était nettement mieux .Toutefois, le technicien n’avait pu épargner à Léonard ses problèmes de digestion. On avait dpnc désormais Léonard rendant son quatre heures.

Mme X reprit ses esprits au prix d’un effort surhumain  tout en fermant les yeux d’une façon convulsive.
-Je n’ai pas mal à la tête, je n’ai pas mal à la tête…et d’ailleurs, qu’est-ce que la douleur ? …n’est-il pas donné à l’homme le pouvoir de la mépriser ? Comme disait…euh…
Le 9-3… ?…elle avait dû mal entendre. Il devait s’agir du 49-3. Serait-il bien adroit de s’étendre sur cet article à ce terme de la « conversation ? »
Elle rouvrit les yeux.
Jean d’Ormesavoine laissa échapper un rire nerveux semblable au cri d’une hyène, toutes dents étincelantes dehors.
C’est vrai qu’il avait parfois les intonations d’une hyène, finalement.
Elle l’avait déjà remarqué un jour où il s’était laissé emporter par son sujet lors d’une interview.
Le dentier en or laissa échapper le fruit de ses réflexions :
-‘tain ! sérieux ! mais c’est un truc de ouf !
-Vraimeeeent, Madaaaame , nous sommes dééééésolés de cet incident techniiiique, indépendant de notre volonté. Voulez-vous bien poursuiiiivre ?
-Ah non ! pas l'Arielle Jeanbasle, il ne manquait plus qu’elle !

Cela faisait un moment que l’animateur n’animait plus grand chose. En fait, il se décomposait littéralement en percevant dans son oreillette les propos peu amènes, pour ne pas dire furibonds de son directeur de chaîne.
Mes félicitations Ardifils ! Vous auriez voulu offrir un sujet en or au bêtisier du réveillon, vous ne vous y seriez pas pris autrement.
Franchement, que vouliez-vous que ça donne, une énarque et un demeuré …Bon, limitez les dégâts et abrégez. Filez -leur leur dessert, rallumez les lumières, et essayez de ne pas être trop ridicule pour conclure sous les projos.

Sans doute les placebos étaient-ils munis d’oreillettes également, car on sentit un vent de panique s’installer, ou en tous cas un flottement que Mme X perçut très nettement.
Y mit à profit ce moment d’accalmie pour brouter dans son assiette.

-Bien, déclara Ardifils, nous arrivons au terme de notre passionnante expérience. Vous n’ignorez pas que vous étiez les premiers à avoir été invité. Nous avons en quelque sorte essuyé les plâtres ensemble.
Rugissement dans les oreillettes.
Nous vous remercions de vous être prêtés au jeu. Ce n’était pas simple, j’en conviens. Il ne me reste plus qu’à demander à chacun le mot de la fin.
-Oui, tu l’as dit, de la fin, siffla le patron dans ses oreilles.
-Mme X ?
Oui, eh bien à vrai dire, je ne suis pas persuadée de la pertinence du concept …
Abrège, abrège , tu veux te faire dire tes quatre vérités en public
Mr Y ?
Ouais, le coup du repas dans le noir, ça déchire !Je peux ajouter un message ? Je commence une tournée : je serai le 21 à Marseille, le 28 à Béziers, le…
Je suis désolé Mr Y, mais nous devons rendre l’antenne, prochain rendez-vous le… Je vous demande pardon…
C’est bon, abrège, abrège…et tu passeras dans mon bureau.

Dans la semaine, les lecteurs de RamaTV pouvaient lire sous la plume de Guillemette d’Olio-Poirier :
« A Tâtons Rompus, l’émission météore.
Comme une étoile filante, luminosité en moins hélas !
Et il ne s’agit pas de l’absence de lumière tout le long de la soirée, mais bien du côté obscur du concept même.
Qu’est-ce qui a pu faire croire à Hardyfils qu’il sortirait quelque chose d’intéressant d’une telle mascarade ?
De l’inégalité du niveau des candidats ne pouvait ressortir qu’un produit absurde.
Et le téléspectateur se serait bien accommodé de cet absurde –là, si on moins l’animateur avait poussé ces pauvres gens à terminer leurs phrases.
Ne nous étonnons pas après cette soirée de voir disparaître pour quelques temps notre cher animateur dans quelque placard, obscur,c’est bien le moins ! »

Mme X que sa migraine ne quittait plus, se fit prescrire un congé de maladie. Revoir ses collègues était une épreuve qu’elle ne se sentait pas encore en mesure d’affronter.
Quant à Y, il reçut dans le mois qui suivait son premier disque d’or.


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Message  Invité Dim 28 Aoû 2011 - 11:39

La mise en page et la ponctuation défaillantes rendent le texte vraiment difficiles à lire, c'est principalement la raison pour laquelle je n'ai pas fini.
Accessoirement, je pense aussi avoir été rebutée (carrément larguée, si je suis honnête) par le thème, je suis à des années lumière du monde télévisé et de ses personnalités. Désolée.

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Message  Ba Dim 28 Aoû 2011 - 14:36

J'ai reconnu bien des bonhommes et des bonnefemmes dans ce récit sans doute que les masques n'adhèrent plus sur des maquillages...
Peut-être un peu moins de pistes aurait acidifié ces portraits.
Ba
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Message  Invité Mer 31 Aoû 2011 - 9:26

J'ai pas la télé.

J'ai bien capté des noms, mais ne réussissant pas à les relier à quelque chose ça manque vraiment de consistance pour moi.

Sinon, j'ai trouvé l'idée marrante, mais sous-exploitée. Mais encore une fois, ça vient probablement de ma totale ignorance des choses télévisuelles.

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Message  Invité Mer 31 Aoû 2011 - 12:17

Je profite de ma position monentanée de presque tête de gondole pour répondre aux commentaires qui ont été faits.

Easter : Il n'y a pas à être désolée. Tu donnes ton avis, et je le reçois sans problème. C'est le principe même d'un forum, non ?
En revanche, ce qui m'aiderait serait d'avoir des précisions quant à la mise en page et à la ponctuation défectueuses du texte. Ceci dit, ce n'est peut-être pas la peine de faire remonter mon sujet. Je n'y tiens pas particulièrement.

Ba : Moins de pistes ...c'est vrai, j'y suis allée avec mes gros sabots, je reconnais.

Coline Dé : J'ai noté les mêmes remarques que celles adressées par les autres lecteurs. Mais malgré cela, si tu as perçu l'histoire comme un peu marrante, eh bien je l'avoue, je suis un peu contente.

A tous trois, merci pour votre lecture.

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Message  Invité Mer 31 Aoû 2011 - 12:34

Il y a quelques temps, un restaurateur "in" ( dont j'ai oublié le nom) a lancé - je crois à l'occasion de la semaine du goût - des repas dans le noir, au principe que la privation de la vue décuple les autres sens.

J'avais trouvé l'idée intéressante. La tienne est plus sulfureuse : faire manger à la même table une personnalité politique et un rappeur et en faire un évènement médiatique offre matière à réflexio et à des développements assez croustillants !

Je crois que cette idée pourrait être creusée davantage, mais sur du texte plus long : là tu as trop essayé de concentrer, ce qui donne un rendu un peu caricatural et en même temps nous laisse sur notre faim... Les invités potiches auraient pu se désigner par potiche 1, potiche 2, quelques traits descriptifs permettant au lecteur d'exercer sa perspicacité... mais je suis en train de refaire ton histoire, pardon !

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