Les passionnés

[laurent140978]

Voici un premier texte qui j'espère vous plaira. En espérant aussi avoir le plus de commentaire possible, c'est comme ça qu'on progresse...
Bonne Lecture...



N'osez pas prétendre devant moi que jamais vous n'avez discuté avec un passionné. Je ne vous parle pas du passionné d'amour, celui éperdument amoureux de sa douce dulcinée, de sa moitié. L'amour rend aveugle et le temps se chargera de lui redonner la vue.

Non! L'autre passionné, celui qui, à défaut d'avoir trouvé un sens à sa vie, a trouvé une raison de vivre en accaparant un sujet, le maîtrisant à la perfection, le peaufinant, et malheureusement en nous le racontant... Avec toute cette verve qui le caractérise, ce don de soi, cette envie de nous communiquer cette passion et qui sait, peut-être, de nous transmettre ce virus.

Mais comment n'arrive-t-il pas à deviner l'ennui quand les yeux de son interlocuteur basculent vers le néant? Ce moment clé où tout se coupe. Un grand silence, un vide. On se sent protégé, on réalise à quel point le silence peut procurer un sentiment de bien être. On attend paisiblement la fin. On sait qu'elle ne viendra pas d'elle même, qu'il faudra la provoquer, la prétexter, jouer de malice et de ruse tel un renard devant sa proie, parce qu'un renard est rusé, il ruse le renard, il ruse... Ça y est, c'est le signal, moi aussi je commence à dire des conneries. Il est temps de retourner au combat avec toujours ce petit espoir que l'assaillant ait pris peur devant mon être amorphe.

Que nenni, il est toujours là, avec le même ton, le même enthousiasme. Je sens la larme monter à l'œil: « Pourquoi moi... », l'envie de crier : « Si tu savais à quel point je m'en fous de savoir... ».
Faire cela, c'est risquer d'être pris, au mieux pour un fou, au pire pour un con insociable avec qui on ne peut vraiment pas discuter. Il faut prendre sur soi, savoir qu'on n'est pas seul, que c'est le combat de millions de gens à travers le monde.
Je n'ai pas de solution miracle pour le faire taire. Tout au plus puis-je regarder intensément mon gsm, lui envoyer des ondes d'espoir : la télépathie m'enverra peut être un sauveur.

Par contre je peux expliquer au passionné comment décrypter le je m'en foutisme ambiant chez son 'ami', si je peux l'appeler ainsi. Lire dans les yeux, se mettre à la place de l'autre, ça ne s'apprend pas. Par contre, il peut analyser certaines phrases qui peuvent servir de déclic :
Un «  Mmmmmmmmmmmm » trop itératif signifie à mon sens qu'il est peut être temps d'écourter la conversation.
Un «  C'est pas vrai!! » atteste une forme d'intérêt énorme, mais peut quand même sembler suspect quand il se place à la fin d'un :  « et quand tu penses que Roger Delbruyère à franchi deux fois l'Everest à 52 ans. A 52 ANS, tu te rends compte? »
Un « tu m'étonnes » ou « j'y avais pensé » est souvent synonyme d'un «  si tu savais à quel point je m'en fous, mon vieux! »
Quand il répond oui alors que la question demandait un non, ne pas y voir le signe avant coureur d'une débilité naissante chez lui. Comprendre simplement par là qu'il n'y a sans doute même pas écouté la question.
Un «  c'est cela ouiiiiii » ou autre « j'organise un dîné mercredi prochain, tu y es invité » est le summum. On ne peut plus clair! Pourtant, si ces répliques provoquent l'hilarité chez le spectateur neutre, il arrive que ce ne soit pas suffisant pour le passionné, car il ne prend, parfois, même pas le temps de regarder la télévision. Absorbé qu'il est par son univers....

En fait, je me demande si le fait de nous bassiner n'est pas, pour lui, une revanche en soi. Il a tellement dû 's'importuner' à apprendre toutes ces conneries que, quelque part, avec un certain sadisme refoulé, il m'y fait communier ; et c'est maintenant à son tour de m'importuner. La phrase précédente marche aussi avec le verbe «  s'emmerder » en lieu et place d'importuner, tout est évidement une question de nuance et de degré.

Bon sang mais c'est bien sûr, voilà la vraie raison pour laquelle je trouve bien souvent le passionné intelligent. Je ne peux que m'incliner devant quelqu'un qui sait que la gestation d'un poulpe en eau de mer est de 6 mois et demi. Ou bien que linux n'est en fait qu'un dérivé de java 6.1 en application bios. ( Tout qui aura compris que mes deux dernières phrases sont pure invention peut s'inquiéter d'être lui-même un passionné)

Oui, mais je dit non! Je contre-attaque en affirmant que le passionné s'enferme, 's'analphabétise', se 'désocialise'. Il oublie que l'étendue du monde, du savoir, ne se limite pas à son seul sujet. C'est sans doute plus rassurant pour lui, ça lui donne l'impression de dominer, de maîtriser. Le pire dans tout ça, c'est que je ne lui avais rien demandé. Je voulais juste parler de la pluie et du beau temps mais il se glisse dans la moindre brèche qui s'offre à lui.

Il ne faut pas se laisser marcher sur les pieds, il faut se battre. J'ai décidé de lui tendre un piège. Je vais moi même me trouver une passion bien « chiante ». Une de celles qui peut vous tuer un homme psychologiquement en moins de deux heures. Au plus je me pose la question de savoir quel sujet pompeux je vais bien pouvoir trouver, au plus germe en moi une théorie farfelue. Elle voudrait que tout passionné ne soit en fait qu'une victime au départ, qui par vengeance a décidé de se passionner. Mais au départ le tout premier, qui l'avait ennuyé?
C'est le principe du veau et de la vache. Ici je me singularise par rapport à tous ceux qui connaissent l'autre principe de l'œuf et de la poule...
C'est contrariant, car je viens à l'instant de trouver un sujet 'intéressant ' ; « L'empire chinois, deux siècles d'esclavage. ». Saviez-vous qu'en chine occidentale....

« Ce texte est dédié à Gerard qui a oublié de revenir du néant. Mort sans être retourné au combat. Son bourreau? Un passionné d'apiculture qui sévit toujours. Gérard est la preuve morte que l'intelligence tue et que la connerie repose. Alors s'il vous plaît, je vous en conjure, pour éviter un massacre : REPOSONS NOUS TOUS! »

[Lifewithwords]

Bonjour ! Je ne suis pas convaincue par votre texte. Je pense que vous souhaitiez réaliser un portrait humoristique dépeint par un narrateur mi-désabusé mi-amusé. Seulement je pense que cela manque un peu de subtilité. Votre narrateur porte de gros sabots qui le rendent un peu pathétique, de plus son analyse reste extrêmement superficielle (ce qui aurait pu passer s'il n'avait pas pris le ton d'un 'psychanalyste'^^).
Bref tout cela manque un peu de relief, le plus difficile à créer.

Voilà désolée pour ce premier commentaire pas très positif, je vous souhaite malgré tout une bonne continuation !

Si qqch de positif : j'ai lu car le sujet des passionnés est intéressant, vous partez d'une idée qui peut être pleine de surprises !

[Invité]

Pour ma part, je préfère écouter un passionné me parler du dimorphisme sexuel des escargot de Bourgogne que d'entendre les passionnantes con-sidérations météorologiques (ou tout autre sujet encore plus palpitant) d'un non passionné .... Ne serait-ce que parce que le passionné a l'œil brillant, face à l'œil atone de celui qui ne l'écoute pas. Et que c'est quand même plus seyant !

Le texte est un peu laborieux, le ton semble forcé et la chute... Bof !

Enfin, c'est un premier texte, on ne choisit pas forcément bien, dans l'émotion !

A te lire sur un autre sujet...

[solfa]

Ai trouvé ça moyen.
Moyennement drôle, moyennement intéressant, un peu gros, un peu facile.
Je pense que le sujet gagnerait à être traité de manière plus radicale, dans la forme ou dans le fond: mi-figue mi-raisin, amusé/désabusé comme dit Lifewithwords, à mon avis, ce n'est pas le bon truc. Le passionné intrigue parce qu'il est à l'extrême - parce qu'il sait, et qu'il s'ignore.
Alors pourquoi ne pas essayer de basculer vers de la vraie méchanceté? Ou de la vraie tendresse? D'un extrême à l'autre...

[thegreatwhore]

un texte qui se laisse lire, un bon fond mais surtout une belle idée, ça fais sourire parce que ma femme est passionnée de télé réalité et je me demande toujours comment elle fait pour ne pas se rendre compte que je préférais manger mes chaussettes sales plutôt que de l'écouter.

[midnightrambler]

Bonsoir,

Outre quelques détails de forme à règler, ce texte me met mal à l'aise.
Notre époque manque de passionnés ! Depuis "Le dîner de cons" ils se cachent. Il est de notre devoir de les supporter à la française et même à l'anglaise (to support = soutenir) ...
Le texte pour être clairement humoristique (mais peut-être n'était-ce pas le but) manque d'illustrations, d'exemples de passions extrêmes comme celle de la télé-réalité dont le principal symptôme est l'écoulement de la cervelle liquéfiée par les orifices bucaux, nasaux, auditifs ...

Amicalement,
midnightrambler

[Rebecca]

L'intelligence n'est pas le fait de posséder des connaissances ! L'intelligence c'est le fait d'être capable de mettre en connexion des connaissances pour en créer de nouvelles. L'intelligence c'est analyser et mettre en relation des faits des données voire même des sensations des émotions ou des intuitions et être capable de créer à partir de là de nouvelles perspectives d'inventer de nouveaux points de vue de déduire de nouvelles positions . Il y a différentes formes d'intelligence mais elles sont toutes basées sur la puissance créatrice.
Le contraire d'être intelligent n'est pas être con. Le con c'est celui qui en plus de ne pas être en mesure de combiner des savoirs pour en découvrir d'autres raisonne sur des postulats biaisés ( oeillères, fermeture intellectuelle et sensible au monde) et n'imagine pas qu'il soit possible d'aller plus loin dans la reflexion parce qu'il n'est pas capable d'assimiler et de gérer la somme des connaissances nécessaires pour avoir une opinion argumentée et pas trop polluée (par ses affects , son histoire personnelle et donc limitée etc...)
Etre cultivé, sur un plan général ou de façon monomaniaque ( ce que tu appelles être passionné) , est une chose, être intelligent en est une autre . Etre con c'est encore une autre histoire. Si on n'est pas trés intelligent ( ce qui est le cas de la majorité des gens , comme moi , ceux qui ne créent pas de nouvelles connaissances ou de nouvelles conceptions, de nouvellles grilles d'analyse, de nouvelles représentations - dans une réalité concrète ou imaginaire- si donc on n'est pas trés intelligent, on peut parfaitement travailler à ne pas être con.
(Bon en plus on peut être intelligent en certains domaines et con en d'autres, c'est aussi tout un travail de tenter d'être réaliste sur soi comme sur les autres en ce domaine , non ? Oups le mot qui tue, "travail")
En tout état de cause, une passion, monomaniaque ou pas, basée sur une somme de connaissances ou pas, ne révèle donc rien de l'intelligence ou de la connerie d'une personne. Ni de celle de la personne qui l'écoute ... ou pas.
Je trouve que tu mélanges tout dans ce texte qui sous couvert d'humour révèle une pensée assez pauvre à cause des amalgames que tu fais entre des choses différentes.
Sinon pour ce qui est de ta conclusion, la connerie repose , oui, comme la mort cérébrale et même la mort tout court....Si reposer en paix est ton objectif dans la vie , procure toi "Suicide mode d'emploi" :-)

[laurent140978]

Lifewithwords : Je sais que le mot pathétique est souvent très prisé par les critiques mais ici je trouve ça un peu fort voire 'hors contexte', mais bon... comme vous dites si bien, j'ai trouvé un sujet super intéressant, dommage que c'est moi qu'il l'ai traité... :-)
Coliné Dé : Voila une critique déjà plus constructive, j'ai juste un peu l'impression que vous prenez le texte pour vous, comme si celui que j'attaque c'était vous. Je ne critique pas les passionnés, la phrase clé du texte, c'est :  « Mais comment n'arrive-t-il pas à deviner l'ennui quand les yeux de son interlocuteur basculent vers le néant? » Le passionné ne me dérange pas en soi, tout le monde doit être passionné. Ce qui me dérange c'est les passionnés égoïstes, ceux qui ne vous écoutent pas. Peu être que l'on ne le ressent pas trop dans mon texte et que je me perds des fois sur plusieurs idées. Solfa : Sans doute le commentaire ou je suis le plus d'accord. J'ai sans doute trop contrôlé le texte et ce n'est pas dans mes habitudes, normalement je suis plus 'trash', donc rarement entre la méchanceté et la tendresse. Et ici c'est sans doute le cas.
The greatwhore : Une éclaircie dans ce monde brute :-) Enfin quelqu'un qui a lu sans se prendre la tête.
Midnightramblers : Je vois que cela t'inspire, je te laisserai écrire la suite alors, à ta façon qui à l'air d'être très biologique. Et ma critique sera : ton texte à trop d'illustrations, l'illustration tue l'illustration, trop d'exemples, on s'y perd. Et le ton trop gore te fait perdre de la crédibilité.
Amicalement
Laurent
Rebecca :Houla en parlant de passionné :-) je ne pense pas que tu as lu mon texte au premier degré. :-)
En tout cas, ça t'a interpellé et c'est sans doute le point le plus positif. Je suis d'accord sur le fait que je mélange beaucoup de chose dans le texte (mais dans l'ensemble ça reste cohérent, je ne passe pas du coq à l'âne) et sinon on peut se procurer ou 'Suicide mode d'emploi' parce que ta critique à presque faillit me tuer. :-)

[Rebecca]

euh sorry ...je regrette de t'avoir fait cette dernière remarque à l'humour douteux...je ne voulais éreinter que le texte en aucun cas l'auteur :-)))

[Lifewithwords]

Va falloir s'habituer à la critique dites donc... Ceci est un conseil d'ami, sincèrement, cela ne sert à rien de passer en revue les différents commentaires afin de plus ou moins les contrer. Les gens qui commentent ne font qu'exposer leur point de vue. Votre travail à vous c'est d'en tenir compte ou non, de faire le tri, voir ce qui revient ou non afin d'améliorer votre prochain texte. Voilà c'est encore une fois juste un petit conseil pour vivre bien ce forum et je vous assure qu'il peut vous apporter beaucoup de choses !

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