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Toute la révolte entre les paumes de quinze ans

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Toute la révolte entre les paumes de quinze ans Empty Toute la révolte entre les paumes de quinze ans

Message  boudi Mar 6 Sep 2011 - 23:20

Demain je meurs, j'ai avec les mots faits assez de mensonges, commis tous les crimes, violés toutes les fillettes aux yeux d'opales, aux mains vrombissantes de caresses. J'ai fait, avec le langage, claquer des langues de disparues, j'ai fait entendre à la terre les rimes sanskrites qui ont chanté jusqu'après la nuit leurs hymnes d'argile incestueux. Quand il pleuvait sur les combles de Sils Maria les plaintes en soufre des volcans anciens, je dansais dans des bars à plafond bas, avec les bras de papier d'une Élodie, d'une Émilie, enfin, de ces filles sans relief que la nuit efface.
Je dis, vous êtes des pas de neige, le blizzard couvre tout votre souvenir. Je ne peux plus vous retrouver, jeunes filles aux yeux finnois. Vos vos voix lourdes et graves, à vos gorges pareilles à de grossiers bijoux. Lorgnent dessus, pour vos indélicates caresses, les hommes costumés pour le bal quotidien, la cravate est une laisse mondaine.

Pardon à vos détresses. Quand je dis « tu as le corps d'une Eglise » souviens-toi, j'ai du péché sur les linéaments du pardon Quand je te dis, que je m'invite sous ton orgue, c'est ton pleur que je cherche, ton cri de rage qui vient dérober à la nef son silence d'infini. Je n'ai pas de baptême, je n'ai pas de ce fluide odieux pour deuxième peau, je vais dans la vie avec toute ma grâce, toute ma haine, tout mon crime natal. Sur mon derme se tendent les chaleurs d'un enfer que l'eau béate n'a pas dissipée, j'ai le magma douloureux de dessous l'écorce d'un sacrement. Je suis toute l'hostilité d'une hérésie qui se tapit sur le dernier banc de l'Église, et qui prête ses genoux au bois sec pour l'espérer maudir. Sous la semelle traine l'hostie, et sur l'haleine du jour froid, j'ai écrit « le craquement des os de Christ est une berceuse ». Les insomniaques dormiront demain.

Demain, je meurs, je ne viendrai plus au café des péris secouer ma chope mendiante, j'ai une nuque d'ardoise, s'inscrivent en lettres infidèles mes débits, mes ivresses, mes talents. J'ai bu toute la nuit, et je ne veux pas dire « durant toute la nuit », mais bien avoir absorbé ce qui parfume de sombre le ciel. Je déglutis la teinte couverte de tard qui maugrée dans sa barbe quelques embruns, des miettes de biscuits sucrés, dit-on des constellations ou des arpèges ?

Demain, je finis de faire mes adieux, j'irai à ma tombe, ce qu'on appelle emploi du temps, je dirai enfin, faites moi une place, moi aussi j'ai droit au cimetière urbain, aux habitudes, aux uniformes , moi aussi je veux de cette solitude où l'on mélange son mutisme avec d'autres mutismes. Faites moi parapher vos esclavages, faites moi consentir à vos jours identiques à des nuits inutiles. Mettez mes lèvres à cette coupe sans saveur, laissez moi glisser la langue jusque cette boisson infâme qui enfante les civilisations. Toutes vos fleurs poussent depuis ce ruisselet d'eau sale, oh, vous dites, des fleuves immenses, vous dites des chants de miel, vous dites des ciels de lait, vous dîtes des voûtes d'or, et l'on ne voit rien que de la lumière captive de tubes en verre qui se débat frileusement. On n'entend rien, que des voix mécaniques et quelques funambules espèrent trébucher, dire, j'ai vécu au milieu du vide, et j'y chute, c'est beau comme une lèvre empoisonnée.

Des femmes en draps rouges sortent d'entre les planches, elles inventent le ciel, ont des grands yeux d'oiseaux poignardés, et des senteurs exotiques, elles viennent de si loin, qu'on les dit d'un autre temps. Elles disent adieu à la pudeur dans un verre de liqueur, elles boivent par petites gorgées le plaisir et les bouches des hommes s'ouvrent comme la fenêtre sur le jour. Quand elles finissent leurs verres de courage, elles croisent les jambes sur les canapés de couleur, et elles attendent qu'un suivant les invite, lui présente l'alcool qu'il aime, et l'oubli qu'il cherche et ne trouve pas au fond des bouteilles argentées. Elles ont, dit-on, l'amnésie entre les cuisses et de la tendresse glacée. Mais en attendant qu'un autre vienne, elles dansent des mêmes gestes, se suivent dans le mouvement. Elles posent les mains bien à plat sur leurs genoux si brillants qu'on dirait du quartz, et qui donnent une idée du temps qui passe quand leurs jambes s'agitent. Si j'ai bien compté, il faut vingt-quatre hochements de genoux pour faire une minute. Il y a des habitués, des nouveaux, des arrogants, il y a des écrivains, des poètes, des évadés et des libérés sur parole, il y a toutes sortes de délinquances ici qui cherchent à gâcher l'énergie que le sommeil du midi met en eux. Si c'est la première fois, Anna, vous prendra par la main pour vous faire danser tout près de son corps, pour habituer à la vaporeuse flanelle des charmes d'ici, pour accoutumer à la magie que ces corps fébriles invoque. Anna connaît tous les tours, et peut les faire un bâillon sur les yeux. Anna, avant de mettre ses intimités au péril, pose sur le comptoir un grand verre de mélancolie, et si le poète les veut, qu'il la boive, elle en a plein les souvenirs...

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Message  Invité Mer 7 Sep 2011 - 7:53

Bon... Il va falloir nettoyer tout ça, dégraisser, aller vers du plus sobre. L'utilisation systématique ou quasi nom adjectif ne fait qu'alourdir et obscurcir le sens. Pour le dire franchement, j'ai le sentiment d'une écriture poudre aux yeux qui ne saurait séduire que le lecteur en recherche de sensations faciles. Il me semble que outre cette volonté de faire poétique à tout prix, tu veux trop en dire, concentrer trop d'info dans une phrase, ça déborde de partout, le fond y perd. Inutile de dire que si je prends la peine du commentaire c'est parce que je trouve un intérêt à ce texte, quelque chose qui demande à être travaillé, mieux maîtrisé.

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Message  Lyra will Mer 7 Sep 2011 - 10:00

De la prose poétique ?

Il y a beaucoup d'images que j'aime, fortes et formulées dans - on dirait - une rapidité spontanéité "entraînante", qui fait lire dans une sorte de vitesse boulimique, j'aime assez cette manière de donner à lire. Après il y a des phrases et images qui tombent d'avantage à plat, qui ne sont pas à la hauteur des autres, et qui je crois provoquent cette impression de "trop" en noyant les qualités qu'il y a par ailleurs.

Mais là dessous, il y a vraiment quelque chose qui me plait.

En attendant de lire un autre texte.. (j'irai voir les précédents)
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Message  boudi Mer 7 Sep 2011 - 13:36

Je publie ce texte en conscience de ses défauts et sans vouloir l'excuser (plutôt que le défendre) il est le plus ancien de ceux-là que j'ai portés à votre connaissance. Je crois avoir, déjà, épuré mon écriture, l'avoir défait de ses scories. Le titre vient manifester cet excès, cette emphase qu'on ne trouve nulle part mieux que dans quinze ans, dans le brouillon adolescent de nos premiers cernes. C'est ce que je veux y dire, j'ai de l'affection pour cet écrit (surtout le dernier paragraphe) et je suis ravi qu'il suscite ici vos réactions. Mes écrits sont toujours un prétexte à l'image, à son déploiement, à son...innovation, c'est elle que je traque, elle que je cherche, elle que je scrute longtemps dans la nuit, à travers les haies de silence. Je suis très peu narrateur, parce que la narration m'ennuie et je préfère écrire ce que j'aimerais lire, un panier de magnolias mis en verbe, les fleurs amères de l'aubépine et aussi, dans toute cette douleur d'amoureux qui aime aussi mal qu'à une première fois, les parfums obscurs des fleurs malsaines.

< Remarque valable pour tout un chacun ici : prière d'éviter de répondre systématiquement à chaque commentaire, cela fait remonter le texte en haut de page au détriment de ceux des autres auteurs. Veuillez donc patienter un peu puis regrouper vos réponses. Merci.
La Modération >

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Message  Invité Mer 7 Sep 2011 - 16:16

Boudi, je suis assez séduite par les images, mais je pense néanmoins qu'il serait utile de leur donner un fil conducteur plus solide, sous peine de perdre le lecteur. On sent nettement la jubilation que tu as à écrire, ( et je suis toujours sensible à ça) mais un texte est réussi dans la mesure où il répond à la fois au plaisir de l'auteur et à celui du lecteur.Ici, on a un peu l'impression que tu nous dis "débrouille-toi, prend ton pied si tu peux" !

Mais au niveau de la verve poétique, pas de doute, tu sembles intarissable et dans un registre qui bouscule.

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