Les insomnies
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Les insomnies
Aujourd'hui je suis allé au parc. Je me suis assis sur un banc. J’ai regardé les enfants qui jouaient et j’imaginais que ces feuilles qu’ils foulaient, ces cris qu’ils lançaient, la terre froissée et le gravier qui éclatent étaient le cadavre de la saison à finir. Je me suis assis sur un banc, pour faire le deuil du printemps qui quittait les calendriers. Je n’ai jamais aimé l’été, sinon de loin, dans le col doublé de regret de l’hiver. Je n’ai jamais aimé l’hiver ; les saisons dogmatiques. Il n’y a pas de place dans leur humeurs pour mes indécisions enfantines.
Je n’aime pas les saisons, obstinés dans leur développement à suivre le plan rigide d’un tuteur, je les veux éclatées, éclatées comme la nuit.
Alors quand elle vient, je veille. Il y a une ivresse à suivre, dans une journée sans nuit, quand on l'emploie à veiller, le fil conducteur de son corps maintenu à conscience.
La nuit en vérité allonge ses ongles jusqu'au midi.
La lumière en saigne un peu.
Ses perceptions ainsi troublées, c’est la douleur et la joie de l’insomniaque.
C’est sa fierté.
Il se trouve une complicité à la nuit, dans cette offense qu’il s’imagine faire aux vivants – aux dormeurs – cependant que lui seul se concède une existence vraie, une existence qui ne s’est pas pliée au sommeil, et qui, par l’autorité des heures qui se succèdent, se charge d’un poids de mythe.
Voilà où j’en étais de mes réflexions, et, chaque nuit, je veillais, voguant sur la fatigue comme une épave heureuse. Tout le noir que je voyais, et dont mes yeux témoignaient au jour, conférait à celui-ci une lumière crue et presque blanche. Les objets, comme offensés que je me permette de contempler leur visage nocturne, eux dont les traits se recomposent en silence quand nul ne les fixe, pour retrouver leur fonction diurne, les objets offensés resplendissaient de plus belle, d’une cruauté aveuglante.
Le corps peu à peu se déshabitue au sommeil. Le corps se trouve dans les ténèbres des parentés qu'il ignore, il se fait ami de ce silence, de cette noirceur, du monde replié dans la paume de sa main, replié entre les interstices de ses yeux, qui ne sont pas clos, du monde qu'il veille, et qui veille pour lui.
La nuit infiltre, et elle jette, sur le corps, un drap lourd qui étale son souvenir, pareil à sa beauté au suaire sur le visage de la morte.
Il y a différentes sortes de nuits.
Il y a celles couleur tache de vin rouge sur la nappe où viendra poindre le soleil.
Il y a celles pour l'orage, et de jolis éclairs tout blancs, comme les robes des mariées, où l'on fête avec bruit des noces dans le ciel.
Il y a la nuit du silence et des recueillements et des rites et des messes.
Celles aux bouches trempés d’alcools. Celles qui se tendent pour recueillir le jour.
Celles qui se plient comme un mouchoir de poche et que l’on fait tenir dans un coin de sa veste.
Que l’on garde sur soit, et que l’on dépose
Comme un témoignage aux vases qui se chargeront de fleurs.
Celles que l'on recueille sur les paupières des amoureuses, à la manière des éveillés qui regardent l’eau alourdir la première rose.
Celles que l'on accueille quand elle laisse à terre son grand vélo qui a tourné tout autour du monde, tandis que sa robe froissait les fleuves.
Celles où les rires coulent aussi bien que les eaux
Sous les draps qui sont des villes
Qui sont gantée de velours et de soie, qui ont l'éclat d'une reine d'Espagne, et la malice d'un enfant nu.
La nuit a dix mille corps, dix milles corps de femmes changeantes
Et je la replie
Elle traine au sol
Je la replie et je la pose, délicatement, à ton oreille
Dans ce mouvement même, qu’à l'aube naissante, qui prend son vol
Je n’aime pas les saisons, obstinés dans leur développement à suivre le plan rigide d’un tuteur, je les veux éclatées, éclatées comme la nuit.
Alors quand elle vient, je veille. Il y a une ivresse à suivre, dans une journée sans nuit, quand on l'emploie à veiller, le fil conducteur de son corps maintenu à conscience.
La nuit en vérité allonge ses ongles jusqu'au midi.
La lumière en saigne un peu.
Ses perceptions ainsi troublées, c’est la douleur et la joie de l’insomniaque.
C’est sa fierté.
Il se trouve une complicité à la nuit, dans cette offense qu’il s’imagine faire aux vivants – aux dormeurs – cependant que lui seul se concède une existence vraie, une existence qui ne s’est pas pliée au sommeil, et qui, par l’autorité des heures qui se succèdent, se charge d’un poids de mythe.
Voilà où j’en étais de mes réflexions, et, chaque nuit, je veillais, voguant sur la fatigue comme une épave heureuse. Tout le noir que je voyais, et dont mes yeux témoignaient au jour, conférait à celui-ci une lumière crue et presque blanche. Les objets, comme offensés que je me permette de contempler leur visage nocturne, eux dont les traits se recomposent en silence quand nul ne les fixe, pour retrouver leur fonction diurne, les objets offensés resplendissaient de plus belle, d’une cruauté aveuglante.
Le corps peu à peu se déshabitue au sommeil. Le corps se trouve dans les ténèbres des parentés qu'il ignore, il se fait ami de ce silence, de cette noirceur, du monde replié dans la paume de sa main, replié entre les interstices de ses yeux, qui ne sont pas clos, du monde qu'il veille, et qui veille pour lui.
La nuit infiltre, et elle jette, sur le corps, un drap lourd qui étale son souvenir, pareil à sa beauté au suaire sur le visage de la morte.
Il y a différentes sortes de nuits.
Il y a celles couleur tache de vin rouge sur la nappe où viendra poindre le soleil.
Il y a celles pour l'orage, et de jolis éclairs tout blancs, comme les robes des mariées, où l'on fête avec bruit des noces dans le ciel.
Il y a la nuit du silence et des recueillements et des rites et des messes.
Celles aux bouches trempés d’alcools. Celles qui se tendent pour recueillir le jour.
Celles qui se plient comme un mouchoir de poche et que l’on fait tenir dans un coin de sa veste.
Que l’on garde sur soit, et que l’on dépose
Comme un témoignage aux vases qui se chargeront de fleurs.
Celles que l'on recueille sur les paupières des amoureuses, à la manière des éveillés qui regardent l’eau alourdir la première rose.
Celles que l'on accueille quand elle laisse à terre son grand vélo qui a tourné tout autour du monde, tandis que sa robe froissait les fleuves.
Celles où les rires coulent aussi bien que les eaux
Sous les draps qui sont des villes
Qui sont gantée de velours et de soie, qui ont l'éclat d'une reine d'Espagne, et la malice d'un enfant nu.
La nuit a dix mille corps, dix milles corps de femmes changeantes
Et je la replie
Elle traine au sol
Je la replie et je la pose, délicatement, à ton oreille
Dans ce mouvement même, qu’à l'aube naissante, qui prend son vol
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 34
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: Les insomnies
C'est bâclé tout ça...
Calvin- Nombre de messages : 530
Age : 34
Date d'inscription : 22/05/2010
Re: Les insomnies
Oui, un peu.
Des "s" oubliés. Un souci de temps (p-c "et" imparfait) dès les premières lignes. Dommage, il y a, aussi, de belles images, d'ongles, de nuit.
Des "s" oubliés. Un souci de temps (p-c "et" imparfait) dès les premières lignes. Dommage, il y a, aussi, de belles images, d'ongles, de nuit.
zenobi- Nombre de messages : 892
Age : 53
Date d'inscription : 03/09/2010
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