Ours en peluche, lunettes et cœur de bois

[Ratz19]

Un bourdonnement. Faible et continue. Lentement, dans une noirceur totale. Dans un vide, des chuchotements scintillants. Un bruissement par-ci, par là. Où ?
Là.
Quand ? Maintenant.
Il n’y avait rien.

Mais le temps d’un rien, une plage de sable se dessina. Des grains souriaient au ciel qui était apparu au même moment. Un rêve d’enfant :
- Bonjour ciel.
- Bonsoir désert, répondit la bleutée.
- Bonne nuit monde.

La lueur fut. Une immense luciole éclairait le parterre. L’enfant ouvrit les yeux et par une échelle invisible, chemin qui était sans retour, descendit sur la plage.

Ours en peluche, lunettes et cœur de bois, il s’arrêta à mi-chemin, mais des mains approchaient. Tiraient, tiraient, tiraient vers le fond, vers le bas, tiraient vers le fond.

L’enfant regarda un dernier instant les lucioles de ciel danser, brisa ses lunettes pour oublier la peur et se laissa aller par le courant. Flotter, flotter par les mains blanches. Flotter, flotter par le ruisseau.

À cœur de bois, l’enfant cria.

***
« L’enfant est sauf », disait un médecin.

Le père soupira, regrettant le reste.

Mère au bois dormant.

L’enfant, dans les bras d’une infirmière souriait. Dans le ventre de sa mère, vivait un ourson en peluche.
Bonjour ciel.
Bonne nuit monde.
Bonne nuit.

[Rebecca]

Ce texte dans sa simplicité apparente crée un univers fascinant à la fois cruel et poétique. J'aime beaucoup.

[CROISIC]

Bonne vie mon petit...

Ton titre est parfait et complet.

[Invité]

Ratz, c'est un vrai plaisir de te retrouver, avec ce superbe texte... que je n'entends pas de la même oreille que Croisic, mais sur un mode plus noir.

Rien à ajouter : il est parfait.

[elea]

Un joli texte, émouvant, sombre et apaisé en même temps, qui dit entre les mots, touche au cœur des lignes et reste un petit moment en tête.

[Invité]

Moi aussi ça me parle fort aux tripes, tu penses bien !

Bravo Ratz, tu as fait fort ici, tout en évocations, tout en subtilités, tout en demi-mot, tout en poésie. Je suis vraiment contente de t'avoir lu. J'aime, entre autres mais tout particulièrement, ce "Mère au bois dormant".

Quelques petites choses, sur le plan formel :

Un bourdonnement. Faible et continue. ("continu")

par-ci, par là ("par-ci, par-là")


L’enfant ouvrit les yeux et par une échelle invisible, chemin qui était sans retour, descendit sur la plage. (je supprimerais le "qui était" pour une meilleure fluidité, d'autant qu'il y a déjà un "qui" dans un phrase juste avant)

« L’enfant est sauf », disait un médecin. (je mettrais "dit" un médecin, même si vu le contexte "nébuleux", onirique, le "disait" passe aussi).

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