la dure vie des baby-sitters

[ellastique]

Alors que je te berce
pour apaiser les pleurs
qui depuis la veille percent
mes oreilles de douleur,
ton doux visage rougis
d'angoisse et de colère,
réclame avec furie
le retour de ta mère.
Le jour passe à l'envers:
matin est encore sombre
que tes yeux sont ouverts.
Mon pied dans la pénombre
se cogne dans la porte –
mais n'a-t-on pas idée
de brailler de la sorte?
Vu mon œil fatigué
ce pourrait être soir;
mais déjà le tourment
emplit ton âme noire.
Tu têtes goulument,
couché sur ma poitrine,
ton repas tiède qui
sur mon pull dégouline.
Enfin, l'après-midi,
un repas trop digeste
par mes mains inexpertes
à l'heure de la sieste
me couvre de chiasse verte.
Vois, en fin de journée,
mes paupières qui se touchent
quand je dois rechanger
une énième fois ta couche!
C'est le soir; pourtant vois
comme ta voix énorme
cause ma gueule de bois!
Je prie que tu t'endormes
et que cette soirée
termine avec son air
de jour recommencé,
enfin que ce calvaire
s'achève, et que tu puisses
au sommeil te soumettre,
ou bien que tu finisses
là-bas, par la fenêtre.
:p



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