La venue de l'automne

[Tollelege]

C’est à peine si l’air me semble plus léger,
Que la lumière crue qui blessait mes paupières
S’adoucit, et rejoue sur les vieux murs de pierre
Le théâtre des ombres aux masques affligés.

Dans la haie qui rougit, la sève coule encore,
Et son flux fait jaillir mille pousses fantasques,
Le bégonia craintif s’épanouit dans sa vasque,
Les stolons du jasmin se nouent en corps à corps.

Rien n’y paraît ; pourtant la rosée du matin
Fait scintiller les brins du gazon larmoyeur,
Et la bergeronnette à la robe satin

S’active en sautillant autour de la piscine.
On se croit en été, mais déjà se dessine
De l’automne naissant le visage charmeur.

[Maryse]

Tollelege
Quel dommage que "Le bégonia craintif s'épanouit dans sa vasque" Il coule moins bien que ta sève dans la baie rouge. Il est trop long.
C'est un automne agréable sinon.
J'ai beaucoup aimé.

[Invité]

J'ai aimé l'atmosphère de ton poème. Une association me gêne "le bégonia craintif", ce qui évoque une fleur qui se resserre et "s'épanouit" qui suggère au contraire une ouverture, un étalement. Mais c'est peut-être un ressenti personnel.

[Invité]

A la lecture, j'ai oublié la forme classique et ça me réjouit !
Le bégonia craintif qui s'épanouit ne me gène pas du tout. J'y ai senti un "même le bégonia craintif"...
Une grande sérénité dans ce poème, selon moi. Beaucoup aimé.

[bassmaniac]

Oui l'atmosphère automnale est très bien rendue
Je butte au même endroit que Maryse, sinon j'aime beaucoup.

[Tollelege]

( à l'attention du modérateur). je ne peux différer ma réponse car je m'absente.
Aux intervenants:
Pour ce qui est de ce bégonia craintif, rassurez-vous, c'est au gel que je pensais, et là il est vite piteux.
Quant à la longueur du vers, dyérèse, synérèse, c'est un peu du jargon pour moi, un petit cours me ferait du bien.
Au pire il ne s'épanouira pas, et on lui trouvera un autre mode d'expression.
merci à tous (tes) de vos propos sympathiques et à plus tard.

[Terrains Vagues]

Pas besoin de cours de classicisme même si ce sonnet n'en est pas un ( "integristement" parlant lol).
Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse, et l'ivresse est au rendez vous.

J'aime ces couleurs.

[Béatrice44]

Je me laisse glisser avec délice dans cet automne-là.
Tout en délicatesse...une belle célébration

[Philippe]

Bonjour
Bien aimé ce joli tableau automnal, à la douce atmosphère.
Amicalement
Philippe

[Frédéric Prunier]

c'est beau comme un sonnet !

(juste un désaccord ? ... la dernière note de l'automne, ici, sans cette mort qui nous motive...)

[Janis]

Un peu chargé à mon goût, en adjectifs et en images
mais ça parle, et c'est doux comme l'automne

[Arielle]

J'ai ressenti la fragilité, la vulnérabilité de cette saison qui s'attarde comme si sur un beau visage s'imprimaient les premières rides. J'ai été un peu surprise, dans cette optique, de trouver "charmeur" cet automne que s'annonce. Je l'aurais imaginé ... songeur, mais c'est une lecture tout à fait personnelle !
Un beau sonnet classique qui me rappelle ceux qu'on apprenait en classe au moment de la rentrée.

[Invité]

En voilà de l'impeccable (néo)-classicisme ! Un tableau sensible et délicat, finement brossé, où aux images séduisantes s'ajoute une telle domination des convenances métriques qu'on les ressent à peine à la lecture.
L'attrait pour le mot rare éveille en moi des échos parnassiens tout à fait ravissants.

[Jean Lê]

J'aime beaucoup. Un détail : la bergeronnette marche plus qu'elle ne sautille.

[Annie]

Des observations précises et doucement restituées, mais une remarque me semble peu justifiée: pourquoi des masques affligés?

Sinon la diérèse et la synérèse, le latin me réjouit.

Je sais qu'il ne convient pas de commenter les commentaires, mais j'aimerais comprendre ce que veut dire Frédéric quand il écrit "... la dernière note de l'automne, ici, sans cette mort qui nous motive..."

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