Un banc

[Philippe]

Deux amoureux
Transis d'eau fraiche
S'embrassaient.
Sur un banc amnésique
Dont l'ennui s'écaillait
Dans la douce musique
Des cordes qui tombaient
Ils repeignaient leurs jours
Aux pastels d'un baiser.

Et leurs doigts se croisaient
Retenant leurs toujours
Dans leurs paumes mouillées
Par un ciel peu clément.

L'onde,
Et le sel de leur amour
Avait le gout de l'océan.

Cannes 2010

[Jha]

c'est tendre mais il me manque de l'élan pour être conquis

je te le dis en toute amitié parce que ton texte me rappelle le mien posté il y a peu

Bienvenue ici à toi Philippe !

[Lisa Decaen]

Certains trouveront ça parnassien ou mièvre, pour ma part j'ai franchement aimé !

"Sur un banc amnésique
Dont l'ennui s'écaillait" génial !!

"Ils repeignaient leurs jours
Aux pastels d'un baiser.

Et leurs doigts se croisaient
Retenant leurs toujours" superbe !!

Un tout petit bémol : "L'onde, " ce mot me gêne un peu. Pourquoi pas plutôt "L'ondée" ?

[Frédéric Prunier]

belles images
que l'on suit,
comme d'un coup d'oeil voyeur
en passant devant
eux sur le banc
et nous, l'instant de lire, et on s'éloigne, géneurs

merci
pour cette belle page

(je suis sur que l'on est nombreux avec une image de banc, quelque part, enfoui dans ses souvenirs)

[Terrains Vagues]

Sur un banc amnésique
Dont l'ennui s'écaillait

Et le sel de leur amour
Avait le gout de l'océan

Même si je ne crois pas en l'amnésie des bancs, j'aime ce texte.

[Philippe]

c'est tendre mais il me manque de l'élan pour être conquis

Bonsoir
Je voulais faire court, un peu comme une esquisse, un pastel délavé, en laissant à chacun le soin d'en finir le trait.
Merci de me lire
Amicalement Philippe

[Jha]

hé ben c'est exactement comme ça que j'aime apprendre ! :-)

[Lunatiic]

Ca donne envie de s'asseoir.

[Philippe]

Bonjour Lisa
Merci pour « Parnassien » car la recherche du beau, et « l'art pour l'art » sont à mon avis ce qui devrait motiver les poètes.
J'ai longtemps hésité entre l'onde et l'ondée, et idem entre corde et pluie (« des cordes qui tombaient ») mais de la même manière que  « corde » évoque un instrument de musique « l'onde » aussi peut être musicale.
D'autre part à la lecture, l'ondée est déjà présente phonétiquement, il suffit de faire la liaison entre l'onde-et le ciel, et ce n'est pas un hasard!
Encore merci Lisa...
Amicalement Philippe

[Tollelege]

"le ciel peu clément" est vraiment banal comparé aux images qui émaillent ce beau texte.
Les paumes moites du désir....

[Invité]

J'ai beaucoup aimé ce poème que j'ai pris plaisir à lire plusieurs fois.

[Sweet Heart]

J'aime beaucoup cette image pastelle qui m'a rappelé une chanson de Renaud (Album Boucan d'enfer), sauf que toi, tu t'es arrêté à cette image presque trop belle de l'amour, avant que le temps ne passe griser le tableau...

Le tableau reste poétique et cela n'enlève rien à son charme.

[Philippe]

Merci Frédéric, terrains vagues, Lunatic, Tollege Iris et Sweet Heart, pour vos commentaires.
Afin de ne pas faire remonter ce petit texte, je vais essayer de répondre à tous et d'en expliquer la construction.

Ce poème commence par une note d'humour, car si les amoureux vivent d'amour et d'eau fraiche, il est rare qu'ils en soient transis.
Le banc amnésique (ça c'est pour Terrains vagues) n'est la que pour le détacher d'un lieu ou d'une histoire en particulier, et le rendre impersonnel, presque transparent, comme dirait Frédéric, on a tous «une image de banc, quelque part, enfoui dans ses souvenirs « cette amnésie laisse à chacun le choix d'y mettre «SON banc» et non le mien.
Une fois le décor planté nulle-part, ou ailleurs si vous préférez, nous passons à l'essentiel de ces quelques vers, à savoir «La pluie!» et plus que la pluie, l'eau! Elle est présente dans les deux premiers vers, dans «les cordes qui tombaient», dans les pastels, dans «leurs paumes mouillées » dans l'onde et dans l'océan pour finir. La pluie, qui dans chacun de ces états ressemble à l'amour.
On peut aimer; A verse, en tempête et en bruine, sans pluie point d'arc en ciel, elle peut tomber à chaudes larmes, en larmes de crocodile, mais elle est de toutes façons l'essence de la vie.
Dans ce décors, la musique que j'ai essayé de mettre en commençant par trois vers à la métrique aléatoire, puis le corps du poème en six syllabes et les deux derniers vers en huit.
Car L'onde est à inclure dans l'avant dernier vers, si je l'ai détaché, c'est pour que la liaison ne soit pas trop évidente, et laisse le choix au lecteur de la faire ou pas.
Pour Lisa à qui j'ai déjà répondu par ailleurs, l'onde colle mieux à l'océan que l'ondée.
Pour Tollege qui note très justement la banalité d'un « ciel peu clément » Je dois avouer que ce vers n'est la que pour la rime avec « océan » (très mauvaise rime, il faut bien l'avouer), c'est une concession faite à la sonorité du poème, mais je pense que le son des mots a aussi son importance.

Pardon à tous d'avoir été si long et merci à ceux qui ont tout lu!! Lol
393 mots pour un texte de 58 Faut l'faire!!!!
Merci de me lire

Philippe

[JI]

L'onde,
Et le sel de leur amour
Avait le gout de l'océan.

C'est juste ce qu'il faut. Très belle fin !
Sinon, le reste de la poésie est une succession de douces images.
Malgré la réponse fournie à Jha, je suis quand-même de son avis : je trouve que le début du poème manque d'élan...
Merci pour ce joli texte !

Ji

[Invité]

Pour moi, un poème très réussi dans son genre ! L'image "sur un banc amnésique // dont l'ennui s'écaillait" a aussi retenu mon attention. Les effets de rythme me semblent aboutis, les rimes discrètes, habilement réparties (leur alternance dans la première strophe, féminine puis masculine —"amnésique", "s'écaillait", "musique", "tombaient" — me paraît efficace, musicalement comme structurellement puisqu'elle m'évoque la dualité amoureuse). Les hexasyllabes auraient cependant mérité à gagner en variations, car s'ils distillent une mélancolie languissante et légère, ils finissent parfois par manquer de surprise.
En tout cas, un poème que je trouve gracieux, délicat, sensible.

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