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Le Château

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Message  Lord Longford Sam 17 Sep 2011 - 20:11

Bonjour à tout le monde, je reviens poster un petit texte que j'ai écrit il y a plusieurs mois, et quelques avis extérieurs sont les bienvenus !



Une bougie dans un coin, posée sur le bord en chêne massif de la grande cheminée, éclairait presque imperceptiblement la pièce. Il y avait dans cette lumière vacillante toute la tendresse, l’humilité et la tristesse du monde. Des ombres se formaient, disparaissaient puis réapparaissaient différemment, comme autant d’âmes qui naissent au monde et y meurent.

Walter apparut sur le pas de la porte. Le château de ses ancêtres était bien trop vaste pour sa seule présence ; et la seule pièce qui était de taille humaine était celle-ci, la seule réconfortante, chaleureuse. L’homme s’approcha pas à pas de la cheminée. Il claqua deux fois des doigts, et dans le léger claquement sec une flamme jaillit dans l’âtre, suivie d’un vrai foyer. La lumière, cette fois, avait non seulement la vivacité et le vacillement des âmes du monde, mais aussi ceux de la vie toute entière.

Walter se tint près de la cheminée flamboyante, tandis que les écussons, les armes et les armures de ses aïeux semblaient étinceler à la lueur du feu. Les casques voulaient parler, les armes, épées, haches, boucliers, dagues, masses d’arme, toutes voulaient s’agiter dans l’air et montrer à l’unisson leur ancienne force, leur vieille hardiesse. Les armures intégrales, devant les murs décorés de tableaux, désiraient elles-mêmes se mouvoir, déambuler dans un fracas métallique le long des couloirs du château. Tout dans la pièce semblait espérer se réveiller de sa torpeur. Le feu ronronnait dans l’âtre, les flammes crépitaient, ailleurs le silence était maître.

Walter resta longtemps sans bouger devant la cheminée, à se chauffer les mains, le regard alerte, brillant, puissant. Son ombre était grande et inquiétante, et l’on aurait dit que ses cheveux blonds coiffés en arrière étaient subrepticement soulevés par un souffle invisible. Mais il était seul dans ce château depuis bien longtemps.

De nombreuses peintures décoraient les murs de la pièce, qui comprenait en tout et pour tout qu’un long et confortable fauteuil de cuir face à la cheminée, une lampe à pied dans un coin, éteinte mais de belle facture, une petite table de bois ouvragée et un meuble vitré très ancien.

Une jeune femme contemplait Walter de dos. Elle était très jeune, semblait-il, pas plus de vingt ans, et ses cheveux blonds étaient tressés avec soin en longues nattes tombant sur ses épaules. Ses yeux étaient bleus et brillaient intensément. Il dégageait d’elle une forme de raffinement, d’élégance et de maturité peu coutumière.

Walter se retourna soudain et regarda le tableau accroché au mur au-dessus de la porte. Il s’aperçut que le portrait de la jeune femme blonde était plus beau encore la cheminée allumée. Ses yeux étaient plus vifs et expressifs, son visage plus vivant et éclairé. Elisabeth semblait revivre avec la lumière et la chaleur des flammes. On aurait pu oublier que l’obscurité l’avait emportée huit années auparavant. Walter sourit tristement. Il resta longuement à regarder le portrait, de loin le plus important à ses yeux parmi les centaines de tableaux que contenait le château.

Des volets claquèrent au-dehors. Le vent soufflait fort sur les plaines et les forêts du Nord, et son hurlement prolongé se glissait dans les murs de pierre, sous les fenêtres, pour mourir en brises glacées dans les couloirs sombres et déserts de l’édifice.

Des cloches lointaines sonnèrent douze fois. Walter ne bougea pas d’un pouce, comme s’il avait lui-même été un de ses tableaux inertes.

Les yeux bleus d’Elisabeth brillaient avec encore plus d’éclat dans le foyer. Les flammes léchaient son visage, ses joues pâles et ses longues nattes, mais leurs caresses semblaient ne pas l’atteindre, comme si la jeune femme était loin, très loin d’elles... Elle regardait Walter de dos, tandis que son visage se confondait avec le feu sans perdre de sa netteté, et elle voyait le doux portrait que Walter lui-même lui avait fait bien des années auparavant. Walter était un si bon peintre... Cela était si ressemblant... Si proche de la réalité, si proche qu’il l’avait frôlée...

Mais Walter ne voulait plus se servir de son don, depuis ce jour étrange où le froid s’était glissé... Le portrait était sa dernière réalisation. A présent, il donnait vie aux armes et aux armures, avec le secret des flammes et de leur chaleur. Et de leur lumière aussi.

« Tu aimes cette lumière, Elisabeth, dit doucement Walter de sa voix grave et posée, en s’adressant au portrait. Tu as toujours aimé t’asseoir devant la cheminée. Tu as toujours voulu être comme une flamme, si belle, si chaleureuse, et pourtant si éphémère. »

Il se tourna vers la cheminée et regarda les flammes crépiter et danser dans l’âtre. Les trois armures de la pièce désiraient plus que jamais s’animer ; et dans le casque de l’une d’elles deux yeux bleus regardaient Walter de dos. Des nattes blondes dépassaient de ses côtés et tombaient sur les épaules d’acier. L’homme réchauffait ses mains depuis longtemps froides et seules. Son regard était encore plus attentif, et l’on pouvait comprendre à la lueur qui y scintillait que ses autres sens aussi étaient aux aguets. Mais il restait immobile.

Le vent qui hurlait, les cloches au loin et le crépitement du foyer semblèrent soudain s’amplifier ; et dans le coin de la pièce une armure s’approcha de Walter. Elle glissa vers lui par derrière, furtive comme la brise glacée, et la lueur bleutée des yeux l’entoura comme un halo. Un bras d’acier se leva, une main gantée s’approcha des épaules de Walter comme pour le saisir et l’obliger à se retourner.

Les cloches cessèrent de teinter dans la campagne, le vent faiblit et le crépitement des flammes s’interrompit. Walter se retourna, sentant un mouvement derrière lui. Ses yeux cherchèrent. Les armures étaient dans leur coin, silencieuses et immobiles comme la Mort.

« Elisabeth, chuchota-t-il avec calme, j’attends depuis si longtemps... J’ai été... inconscient. Mais je ne voulais... » Sa voix se brisa. Il attendait depuis huit ans le moment du repentir. Le feu, la flamme, la pièce, celle-là même, le château, c’était son rituel. Il fallait tout tenter, il l’avait sentie maintenant. Elle était là, et son remords s’accroissait avec sa demi présence.

Le vent hurlait de nouveau et le craquement du bois sous les flammes reprenait. Il semblait qu’un prêtre chantait au loin, sa belle voix raisonnant dans toute la plaine comme un chant divin. Walter attendait, droit devant l’âtre comme sa fille des années plus tôt lorsqu’elle rêvait à ses voyages et son exil. L’homme ne bougea pas pendant un temps infini. Son âme était emplie de regrets et de dégoût pour lui-même. Il s’était figé comme les armures. Comme ses armures.

Le portrait le regardait une fois de plus de dos. Les yeux bleus dans le casque aussi. Les flammes de l’âtre s’agitèrent et dans leur mouvement elles tracèrent un mot. Puis un autre. Peinture et Rédemption. Les deux mots restèrent suspendus quelques instants au-dessus de la bûche, enfin ils disparurent en volutes de fumée.

Walter s’assit alors sur le fauteuil de cuir, et dans la chaleur de la pièce et son incompréhension, il s’assoupit brusquement. Le feu crépitait avec force joie, le moine et les cloches chantaient dans la campagne, le vent, lui, se lamentait.

Il rêva qu’il peignait. Un portrait. Un deuxième portrait d’Elisabeth, mais plus beau, plus vivant que le premier. Ses aïeux étaient là, au complet autour de lui, et Walter saisissait à peine leurs paroles. Seuls quelques mots se gravaient dans son esprit et raisonnaient en lui, lourdement, comme le profond gong d’un bourdon. ‘ Trahi ta famille, déshonoré ton nom, tes ancêtres... Tué... Ta fille... Remords... Don du château et de la famille... Perdurer à travers les âges... Peindre. Alors il peignait, encore et encore, jusqu’à n’en plus pouvoir, en dehors des chemins du temps et de la conscience.

Quand Walter s’éveilla il vit un portrait sur une toile, posée sur ses genoux. Il tenait deux pinceaux dans chaque main, et de la peinture maculait jusqu’à son visage, ses cheveux blonds et ses pieds. Le vent avait cessé de souffler, le moine de chanter, les cloches de sonner et le feu de crépiter. Les armures, elles, désiraient plus que jamais bouger, marcher, courir. L’homme se releva alors lentement en cherchant quelque chose du regard. Puis il baissa les yeux, contempla le deuxième portrait d’Elisabeth qu’il venait de faire, et soudain il reprit ses pinceaux. Il venait de s’apercevoir qu’il avait oublié quelque chose, quelque chose de fondamental. Dans les yeux de la jeune femme, il ajouta une flamme.

On frappa à la porte, d’un coup léger mais parfaitement audible et assuré. Walter se leva doucement et en tremblant il s’avança vers la porte. Le feu était normal, les armures tout à fait immobiles, le portrait au mur simple peinture. Sa main agrippa lentement la ronde poignée de la porte, puis il la tourna. Elle s’ouvrit toute grande en grinçant et une jeune femme entra dans la pièce d’un pas tranquille. Aussi blonde que son père et aussi grande, elle se tourna vers lui et le regarda simplement, en souriant gaiement.

« On dirait, dit-elle, que la magie du château est efficace. De l’ombre elle me ramène à la lumière... Enfin, me voici de retour ! »

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Message  Invité Lun 19 Sep 2011 - 13:46

une flamme jaillit dans l’âtre, suivie d’un vrai foyer
un foyer est plutôt le contenant que le contenu. Tu veux sans doute dire un brasier ?



...boucliers, dagues, masses d’arme, toutes
bouclier étant masculin, tu ne peux écrire toutes



De nombreuses peintures décoraient les murs de la pièce, qui comprenait en tout et pour tout qu’un long et confortable fauteuil de cuir

tournure à la fois lourde et fautive ( qui ne comprenait) mais tu dirais s " seulement meublée", ça allègerait ...

pour mourir en brises glacées
brise évoque plutôt un petit vent agréable, c'est la bise qui est glacée.

Elle regardait Walter de dos
c'est la 2e fois que je suis arrêtée par cette expression : c'est Walter qui est de dos, je suppose ( sinon elle ne pourrait le regarder !) mais cela crée une étrange impression, un flou, surtout répété ainsi...



furtive comme la brise glacée
bise

Les cloches cessèrent de teinter
tinter



sa belle voix raisonnant
résonnant



Romantique en diable... Il y a un peu trop de clichés, de feu qui crépite et de bise glacée mais cela se lit. Je pense que ce type de récit vise un public très jeune et très romantique... je suis vieille et difficile !

Mais je ne veux pas te décourager, essaie seulement de fabriquer un monde qui soit moins stéréotypé, celui-là a déjà été mille fois peint... Je suis sûre que tu peux imaginer des détails plus personnels, dans un même esprit.

Bon courage.

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Message  MémoireDuTemps Lun 19 Sep 2011 - 14:25

Très bien écrit, peut-être parfois un peu trop de détails dans une même phrase, mais ça se lit avec fluidité. En plus pas facile de faire original sur un sujet de départ qui ne l'est pas, et ça l'est original, personnel, bien construit. L'ambiance est nostalgique, sombre et un peu macabre, ce qui est voulu je pense.
Un seul détail (à part une majuscule non accentuée) :
Il semblait qu’un prêtre chantait au loin, sa belle voix raisonnant dans toute la plaine comme un chant divin.
je crois que le participe présent est plutôt "résonnant" ☺☺☺
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Message  Lord Longford Lun 19 Sep 2011 - 15:39

Il est saisissant de voir à quel point ce sont les fautes les plus banales et les plus simples qui sont les plus difficiles à repérer. J'ai du relire ce texte pas mal de fois, et je n'ai jamais réussi à voir toutes ces fautes, surtout quand je mélange les termes... Merci donc MémoireDuTemps et Coline Dé, pour vos remarques. De quoi aiguiser un peu ma vue.
Oui, j'ai volontairement choisi l'ambiance sombre et romantique, m'appuyant sur tous les clichés du genre. Je voulais les utiliser et y introduire une certaine originalité, quelque chose pour le coup de plus personnel. Cela dit, j'aime bien ces clichés, le feu dans l'âtre, les armures, le macabre... ça donne un caractère, un charme au texte je trouve, même si on l'a déjà vu. Et pourtant, ce n'est pas un fan de Twilight qui le dit !
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Message  Invité Lun 19 Sep 2011 - 19:16

On sent bien tout le travail, tout le soin et tout l'effort mis dans ce récit mais j'ai honnêtement trouvé l'ensemble trop long, trop détaillé, répétitif, et parfois approximatif et/ou maladroit dans l'expression. Je n'ai pas l'impression d'un texte qui apporte un regard nouveau, que cela concerne le traitement ou le fond. Cela dit, la fin m'a un peu surprise, j'en suis heureuse.

Remarques :

"De nombreuses peintures décoraient les murs de la pièce, qui comprenait en tout et pour tout qu’un long et confortable "
(manque un bout de négation : "qui ne comprenait en tout et pour tout qu’un ")
"Il dégageait d’elle une forme de raffinement, d’élégance et de maturité peu coutumière." (soit : "Il se dégageait d'elle une forme de etc." ; soit "Elle dégageait une forme de etc.")

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