La fileuse
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La fileuse
La fileuse
C’est un ballet sonore où cette ballerine
Dans le plus grand secret répète ses figures,
La douce se dandine, et bercé en sourdine
Son rouet mécanique a des ronrons d’or pur,
Et les fils qu’elle y lie font une mandoline !
Ici nuls entrechats, aucun chassé-croisé,
Aucun jeté de pieds, ni de pointes sous la
Poursuite au bras blafard dont l’éclat sût griser
Telle étoile d’un soir qui les planches foula,
Et dont le tutu prit des teintes irisées ;
Comme il faut du temps pour que l’œuvre s’accomplisse !
(Découvrant au passage une forme utopiste
D’un torse, ou bien d’un bras, enfin d’une pelisse),
Quand l’ouvrage apparaît, quand la laine se tisse,
Notre belle ouvrière a les airs d'une artiste !
Le poète s’émeut en contemplant les mailles
S’embrasser là ainsi aussi intimement
Imitant le poème au plus haut qu’un vers aille
Si tant que l’on croirait à un enfantement !
— Le poète s’émeut en contemplant les mailles. —
C’est un ballet sonore où cette ballerine
Dans le plus grand secret répète ses figures,
La douce se dandine, et bercé en sourdine
Son rouet mécanique a des ronrons d’or pur,
Et les fils qu’elle y lie font une mandoline !
Août 2011
C’est un ballet sonore où cette ballerine
Dans le plus grand secret répète ses figures,
La douce se dandine, et bercé en sourdine
Son rouet mécanique a des ronrons d’or pur,
Et les fils qu’elle y lie font une mandoline !
Ici nuls entrechats, aucun chassé-croisé,
Aucun jeté de pieds, ni de pointes sous la
Poursuite au bras blafard dont l’éclat sût griser
Telle étoile d’un soir qui les planches foula,
Et dont le tutu prit des teintes irisées ;
Comme il faut du temps pour que l’œuvre s’accomplisse !
(Découvrant au passage une forme utopiste
D’un torse, ou bien d’un bras, enfin d’une pelisse),
Quand l’ouvrage apparaît, quand la laine se tisse,
Notre belle ouvrière a les airs d'une artiste !
Le poète s’émeut en contemplant les mailles
S’embrasser là ainsi aussi intimement
Imitant le poème au plus haut qu’un vers aille
Si tant que l’on croirait à un enfantement !
— Le poète s’émeut en contemplant les mailles. —
C’est un ballet sonore où cette ballerine
Dans le plus grand secret répète ses figures,
La douce se dandine, et bercé en sourdine
Son rouet mécanique a des ronrons d’or pur,
Et les fils qu’elle y lie font une mandoline !
Août 2011
Nathanaël Zenou- Nombre de messages : 206
Age : 43
Date d'inscription : 02/05/2010
Re: La fileuse
Bonsoir
J'ai franchement aimé, et mon esprit critique, ce soir restera au panier!
Ma préférence, comme la votre va bien évidement au premier et dernier quintil.
Allez je ne résiste pas à vous donner la version d'un certain Paul Valéry
La fileuse
Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline1 ;
Le rouet2 ancien qui ronfle l'a grisée.
Lasse, ayant bu l'azur, de filer la câline
Chevelure, à ses doigts si faibles évasive,
Elle songe, et sa tête petite s'incline.
Un arbuste et l'air pur font une source vive
Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose
De ses pertes de fleurs le jardin de l'oisive.
Une tige, où le vent vagabond se repose,
Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,
Dédiant magnifique, au vieux rouet sa rose.
Mais la dormeuse file une laine isolée ;
Mystérieusement l'ombre frêle se tresse
Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.
Le songe se dévide avec une paresse
Angélique, et sans cesse, aux doux fuseaux crédule,
La chevelure ondule au gré de la caresse...
Derrière tant de fleurs, l'azur se dissimule,
Fileuse de feuillage et de lumière ceinte :
Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.
Ta sœur, la grande rose où sourit une sainte,
Parfume ton front vague au vent de son haleine
Innocente, et tu crois languir... Tu es éteinte
Au bleu de la croisée où tu filais la laine.
Ben moi, j'aime autant le votre.
Amicalement
Philipe
J'ai franchement aimé, et mon esprit critique, ce soir restera au panier!
Ma préférence, comme la votre va bien évidement au premier et dernier quintil.
Allez je ne résiste pas à vous donner la version d'un certain Paul Valéry
La fileuse
Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline1 ;
Le rouet2 ancien qui ronfle l'a grisée.
Lasse, ayant bu l'azur, de filer la câline
Chevelure, à ses doigts si faibles évasive,
Elle songe, et sa tête petite s'incline.
Un arbuste et l'air pur font une source vive
Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose
De ses pertes de fleurs le jardin de l'oisive.
Une tige, où le vent vagabond se repose,
Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,
Dédiant magnifique, au vieux rouet sa rose.
Mais la dormeuse file une laine isolée ;
Mystérieusement l'ombre frêle se tresse
Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.
Le songe se dévide avec une paresse
Angélique, et sans cesse, aux doux fuseaux crédule,
La chevelure ondule au gré de la caresse...
Derrière tant de fleurs, l'azur se dissimule,
Fileuse de feuillage et de lumière ceinte :
Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.
Ta sœur, la grande rose où sourit une sainte,
Parfume ton front vague au vent de son haleine
Innocente, et tu crois languir... Tu es éteinte
Au bleu de la croisée où tu filais la laine.
Ben moi, j'aime autant le votre.
Amicalement
Philipe
Philippe- Nombre de messages : 153
Age : 69
Date d'inscription : 17/09/2011
Re: La fileuse
J'ai aimé l'effet de boucle procuré par la répétition de la première strophe à la fin, l'ampleur d'un néo-classicisme qui me paraît à peu près maîtrisé, quelques formules que je trouve heureuses (dont le jeu de mots "l'on croirait à un enfantement !", amusant). Mais peut-être que le tour gagnerait à être un peu moins enflé. Tu pourrais être plus moderne tout en respectant les canons du néo, après tout. Des inversions comme "Telle étoile d’un soir qui les planches foula," me paraissent soit artificielles, soit fort maladroites car préposées à la rime. Sinon, c'est agréable, pour sûr !
Invité- Invité
Re: La fileuse
De la danse classique à la musique classique en passant par les vers de haute volée, l'ouvrière, sa matière première et son outil sont dans l'art.
C'est beau
(je n'ai toutefois pas aimé le 2° quintil dont j'ai perdu le sens)
C'est beau
(je n'ai toutefois pas aimé le 2° quintil dont j'ai perdu le sens)
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