Le labyrinthe

[Lord Longford]

" Dans sa cité de la Vanité, Yllos, un beau jour, s’ennuyant plus que de coutume, décida qu’il en avait assez. Il avait combattu, il avait souffert dans sa chair pour le siège ultime qu’il détenait à présent, il n’avait jamais connu plus de joie, de satisfaction qu’à partir de cet instant où, des années auparavant, son rêve avait pris forme : édifier la ville de la Vanité, forteresse grandiose où toute la force de l’homme allait se manifester, où son pouvoir serait illimité et craint de tous ses ennemis, par delà le temps, les peurs et les doutes.

Mais le Roi Yllos s’ennuyait. Il avait les femmes, une chaque jour en vérité, il avait le monde à ses pieds, du moins le sien, il détenait pouvoir et argent, et il n’arrivait pourtant pas à se défaire du sentiment que le temps passait – ou dans son cas précis qu’il ne passait pas assez.

Comme Gilgamesh en son temps, il avait essayé de trouver la meilleure arme pour se soustraire à cette forme horrible de sensation, il avait cherché l’artefact qui lui permettrait de se vautrer dans le faste sans éprouver auprès des filles qu’il caressait une énigmatique et irrépressible angoisse. Il avait farfouillé, fouiné, cherché encore et encore partout dans le vaste monde, et lorsqu’il avait cru détenir l’objet magique contenant l’immortalité, il s’était rendu compte que le talisman en question ne lui indiquait qu’une chose : accepter l’idée du temps est l’accès à l’humilité. L’humilité est l’accès à l’éternité. L’éternité ne va pas contre le temps, elle est le non-temps... La magie qu’il contenait proposait de l’accompagner dans cette quête de sagesse, disait-elle. De sagesse.

Mais Yllos n’était pas comme son frère Yllis, qui aurait été submergé de bonheur en trouvant cet objet-là. Le crédule aurait cru à ces inepties, lui qui avait été capable de créer une autre ville, la rivale, la maudite, la mauvaise. La ville de la Félicité, cet autre nom pour une citadelle d’idiots, de dégénérés jouant aux sages désintéressés, et désireux de venir en aide aux plus faibles.

Alors Yllos, s’ennuyant plus qu’il ne pouvait supporter, décida qu’il fallait cette fois se consacrer exclusivement à cette quête. Détruire le temps, l’ennui et les angoisses qui vont avec. Profiter de ses richesses illimitées sans subir le néant de l’oisiveté.

Un beau matin il partit donc de sa cité, acclamé de tous ses sujets, les plus gras côtoyant et écrasant de leur énormité les plus maigres, les plus décharnés, pour être les premiers à saluer le roi partant en guerre contre le temps, l’ennemi de tous, pour se voir offrir un geste de la main, pour, surtout, espérer de lui une jolie récompense.
Mais le roi, voyant sa route barrée par ces drôles, sentit une fois de plus l’ennui déchirer sa poitrine. Il était las de ces corbeaux qui s’amassaient sur son passage et le gênaient, las de leurs jeux de soumis, il les haïssait tous, il ne supportait pas qu’ils puissent l’entraver alors que lui, si fort, si imposant, s’apprêtait à chercher et à trouver l’arme la plus puissante au monde !

Il lâcha ses sbires parmi la foule de rapaces ; et le roi put tranquillement sortir de sa cité, le cœur plein de satisfaction à l’idée de la grandeur de son entreprise, le regard tout tourné vers les plus hautes montagnes du monde et vers son désir, laissant derrière lui quelques dizaines de mécréants tombés sur les dalles somptueuses de sa cité, victimes de leur voracité, et du plus vorace d’entre eux.

Dans un premier temps, Yllos, parti dans une sorte d’impulsion, ne sut pas vraiment quelle direction prendre. La dernière fois, deux ans auparavant, il s’était dirigé vers le Nord, loin dans les régions septentrionales, glacées et vierges de toute trace humaine. Il avait cru que dans l’immensité du désert blanc la magie qu’il recherchait brillerait à lui comme le soleil et qu’il n’aurait ainsi plus qu’à la saisir. Il l’avait saisie, certes, mais cette magie-là était la création d’un fou, incompréhensible et stupide tout à la fois. Mange une herbe immortelle sur une île perdue. Le roi d’Uruk avait déjà essayé, et c’est un maudit serpent qui lui avait volé l’herbe sous le pied. Et à cause de cette erreur, les serpents changent de peau, maintenant. Mais les hommes n’ont rien eu des promesses qui leur ont été faites. A cause de cette bévue originelle. Yllos n’était pas crédule.

Désormais, le roi se dirigeait plutôt vers l’Est, vers les montagnes de l’Himalaya. Il avait entendu parler de quelques légendes fort intéressantes, mais ne savait pas encore quel crédit leur accorder. Entre autre, on racontait que dans le cœur des montagnes, très haut au-dessus du monde, vivaient des êtres de pierre qui avaient autrefois été des hommes et qui, par un secret bien gardé et inconnu de tous, avaient trouvé le moyen de changer leur peau en pierre tout en restant vivants et mobiles, ce qui leur avait assuré l’immortalité du granit et la vie des hommes. Ils ne subissaient plus la torture du temps. Certes, être en pierre n’était pas très pratique si l’on aimait bien s’amuser avec les femmes, mais qu’était le plaisir des femmes face à celui de l’immortalité ?

Yllos voyagea trois mois à dos de cheval sans rencontrer une âme qui vive. Sa monture était partie grasse, elle était devenue presque maigre de tant d’efforts fournis. Le roi lui-même avait perdu de sa bedaine, et gagné en muscle, en souplesse, en héroïsme. Il traversa l’Europe de l’Est, où tout le monde se battait ; il gagna ensuite le Moyen-Orient où tout le monde se faisait la guerre ; puis parcourut successivement l’Extrême-Orient, l’Asie centrale et l’Inde, où il n’y avait pas un endroit sans combats et pillages ; et un beau jour il arriva enfin au pied des montagnes himalayennes, où un étrange calme régnait..."

[Lord Longford]

Je précise qu'il s'agit d'une nouvelle que j'ai terminée en début d'année, une sorte de, comment dire, de prolongement d'une saga fantastique et mythologique que je projette d'écrire plus tard.
Ce qui m'intéresse surtout, c'est de savoir si ce début de nouvelle est engageant, et si le style va avec le propos.

[Hamadân]

On va peut-être arriver un peu vite à la fin, non ?

[Lord Longford]

Ah, et bien ça dépend de quoi vous parlez, Hamadân... En tout cas, c'est une histoire qui reprend un des persos de la saga, mais qui en est quand même indépendante. Une histoire dans l'histoire, quoi...

[Lord Longford]

Peut-être n'y a t-il rien à dire sur ce texte...?


< Peut-être.
Dans ce cas, merci d'éviter de le faire remonter trop souvent vous-même en haut de page.
Merci de votre compréhension.
La Modération >
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[Invité]

Je trouve que c'est une écriture très scolaire, ça manque de fluidité et le style n'y est pas. Désolée mais ça ne me donne pas envie de lire la suite. Amicalement.

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