Clandestin
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Hamadân
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Clandestin
Il était acquis que l'horizon n'en finissait de se rétrécir et de perdre tout son charme encombré qu'il était des lignes brisées de babylone la grande qui étendait ses tentacules dans toutes les directions. Ajusté et grimé de l'uniforme des conventions en apparences, il s'agissait de prendre la couleur des murs pour préserver ce grain de folie et d'aventure qui hante certains cœurs nés inassouvis. Il suffisait de croiser le long de la rue un bosquet de fleurs, un frisson dans la ramure basse d'un jardinet pour que des flots de nostalgie (notos - retour, algie - douleur) se précipitent en soupirs dans cette âme hantée par la beauté perdue, violée, gâchée pour des considérations pratiques et difformes.
Longeant les rues toujours plus crépusculaires qui s'étiraient indifférentes et mornes, yeux baissés il écoutait les heurts aboyés de chocs métalliques et les moteurs qui vrillaient le silence de la nuit tombante, comme des griffures dans la soie de son silence. Alors qu'il accélérait le pas pour retrouver le havre de la solitude et de sa claustration indispensable il songeait à des jardins frétillants bruisselants roséeux dans lesquels il eût pu herber son âme sous les rayons guérisseurs. Entre deux mondes, ni tout à fait dans l'un ni tout à fait dans l'autre, il portait en lui-même son propre désert, une longue attente
entêtée. Seulement la naïveté d'un visage enfant aperçu à la hâte lui apportait un instant embaumé d'une fraicheur survivante. Il y a dans l'innocence quelque chose de sattvique de vernal, mais cette innocence était happée dans la mécanisation des formes urbaines, se heurtant à cet océan de cubes frigides et à ses tours jetant leur ombre vénéfice sur les quartiers, plus loups que chiens.
Il pensait si fort qu'il craignait d'être entendu. Il pensait à ces pèlerins aux robes brunes et souillées par la marche qui rompirent ce triste sort en partant par les routes, et sur les chemins de chèvres en quête d'un éden perdu, fuyant le milieu humain défiguré par l'ambition, la convoitise et l'amour de la puissance.
Sans un bruit, car il avait une pleine conscience de n'être ici qu'un clandestin, il avait ouvert sa porte et s'était faufilé dans le silence préservé de son appartement.
Il s'assit à son bureau. Il baissa les paupières.
Le premier mot qu'il écrivit fut le mot prairie.
Son texte se terminait par ces mots: "Désormais l'amoureux des prés est devenu un déviant."
Longeant les rues toujours plus crépusculaires qui s'étiraient indifférentes et mornes, yeux baissés il écoutait les heurts aboyés de chocs métalliques et les moteurs qui vrillaient le silence de la nuit tombante, comme des griffures dans la soie de son silence. Alors qu'il accélérait le pas pour retrouver le havre de la solitude et de sa claustration indispensable il songeait à des jardins frétillants bruisselants roséeux dans lesquels il eût pu herber son âme sous les rayons guérisseurs. Entre deux mondes, ni tout à fait dans l'un ni tout à fait dans l'autre, il portait en lui-même son propre désert, une longue attente
entêtée. Seulement la naïveté d'un visage enfant aperçu à la hâte lui apportait un instant embaumé d'une fraicheur survivante. Il y a dans l'innocence quelque chose de sattvique de vernal, mais cette innocence était happée dans la mécanisation des formes urbaines, se heurtant à cet océan de cubes frigides et à ses tours jetant leur ombre vénéfice sur les quartiers, plus loups que chiens.
Il pensait si fort qu'il craignait d'être entendu. Il pensait à ces pèlerins aux robes brunes et souillées par la marche qui rompirent ce triste sort en partant par les routes, et sur les chemins de chèvres en quête d'un éden perdu, fuyant le milieu humain défiguré par l'ambition, la convoitise et l'amour de la puissance.
Sans un bruit, car il avait une pleine conscience de n'être ici qu'un clandestin, il avait ouvert sa porte et s'était faufilé dans le silence préservé de son appartement.
Il s'assit à son bureau. Il baissa les paupières.
Le premier mot qu'il écrivit fut le mot prairie.
Son texte se terminait par ces mots: "Désormais l'amoureux des prés est devenu un déviant."
Hamadân- Nombre de messages : 70
Age : 66
Date d'inscription : 31/08/2011
Re: Clandestin
Je trouve mon conte à rentrer derrière le narrateur dans l'espace débarrassé des hommes. Texte ou bouture de textes intéressant.
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Clandestin
Partagée, très, je suis. L'impression générale après une première lecture est que c'est très chargé, un peu trop à mon goût. Pourtant, j'apprécie en général les textes denses, les phrases sans fin et la poésie prosée qui ne s'encombre pas de ponctuation ou de régularité. Toutefois, ici, en raison de succession de termes donnant par exemple des flots de nostalgie (notos - retour, algie - douleur) se précipitent en soupirs dans cette âme hantée par la beauté perdue ou encore des jardins frétillants bruisselants roséeux dans lesquels il eût pu herber son âme sous les rayons guérisseurs ou bien en quête d'un éden perdu, fuyant le milieu humain défiguré par l'ambition, la convoitise et l'amour de la puissance, j'ai du mal à pénétrer le texte et à m'imprégner de son essence. Certes, une certaine ambiance transparaît mais elle me paraît si lourde, si volontairement empreinte de mots assemblés non pas forcément pour faire joli mais pour créer quelque chose dans lequel le lecteur risque d'étouffer quelque peu. Dommage car on devine aisément la puissance qui se cache derrière ces mots et ne demanderait qu'à s'exprimer à travers davantage de sobriété, comme par exemple à partir de Sans un bruit et la suite, plus concise et plus efficace. Dans les dernières ligne,s le lecteur a le droit et la possibilité d'apprivoiser sa part de l'histoire sans se charger de mots "inutiles".
Ceci n'est bien entendu que mon ressenti et pourquoi je n'ai pas été séduite.
Ceci n'est bien entendu que mon ressenti et pourquoi je n'ai pas été séduite.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Clandestin
J'aime bien. Un peu comme Sahkti, à la première lecture, ça me semblait lourd et chargé. Mais bien que ce soit chargé, le style me semble bien cherché.
J'aime beaucoup : Longeant les rues toujours plus crépusculaires qui s'étiraient indifférentes et mornes, yeux baissés il écoutait les heurts aboyés de chocs métalliques et les moteurs qui vrillaient le silence de la nuit tombante, comme des griffures dans la soie de son silence.
J'aime beaucoup : Longeant les rues toujours plus crépusculaires qui s'étiraient indifférentes et mornes, yeux baissés il écoutait les heurts aboyés de chocs métalliques et les moteurs qui vrillaient le silence de la nuit tombante, comme des griffures dans la soie de son silence.
Re: Clandestin
(J'espère que j'ai le droit de répondre)
En fait j'ai écris ce texte d'une traite directement sur le forum. Je voulais voir ce que ça fait d'écrire en prose, et sur ce point je trouve que c'est raté: c'est semblable à ma poésie (puisqu'il faut bien un nom) mais en plus développé et en plus continu...
Donc j'ai écris ça au fil de la plume, mais je suis retombé immédiatement dans mes préoccupations constantes: "l'autrisme", la nostalgie, l'espérance.
< Vous écrivez : "j'ai écris ce texte d'une traite directement sur le forum."
Notre page d'accueil stipule : "Nous ne publions pas les textes inachevés, les écrits commis à la va-vite..."
Nous vous laissons la conclusion.
La Modération >
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En fait j'ai écris ce texte d'une traite directement sur le forum. Je voulais voir ce que ça fait d'écrire en prose, et sur ce point je trouve que c'est raté: c'est semblable à ma poésie (puisqu'il faut bien un nom) mais en plus développé et en plus continu...
Donc j'ai écris ça au fil de la plume, mais je suis retombé immédiatement dans mes préoccupations constantes: "l'autrisme", la nostalgie, l'espérance.
< Vous écrivez : "j'ai écris ce texte d'une traite directement sur le forum."
Notre page d'accueil stipule : "Nous ne publions pas les textes inachevés, les écrits commis à la va-vite..."
Nous vous laissons la conclusion.
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Hamadân- Nombre de messages : 70
Age : 66
Date d'inscription : 31/08/2011
Re: Clandestin
Clairement je ne sais pas écrire autrement. Ce qui donc risque de changer c'est que je ne le dirai plus. : )
Hamadân- Nombre de messages : 70
Age : 66
Date d'inscription : 31/08/2011
Sympa
Ah, est-ce celà l'écriture automatique ?
Perso j'aime assez. L'emploi de mots tarabiscotés ( parce que je n'en connais pas la définition, lol) m'a amusé.
Je ne m'ennuie pas à la lecture, pourquoi bouder son plaisir!
Marc
Perso j'aime assez. L'emploi de mots tarabiscotés ( parce que je n'en connais pas la définition, lol) m'a amusé.
Je ne m'ennuie pas à la lecture, pourquoi bouder son plaisir!
Marc
Marchevêque- Nombre de messages : 199
Age : 63
Date d'inscription : 08/09/2011
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