Prologue : Le rêve de Sylvain

[MémoireDuTemps]

Prologue : le rêve de Sylvain.
Je cours dans la nuit sur le parvis de Jussieu. Je ne prête pas attention à une cascade fort inhabituelle qui jaillit du vingt-quatrième étage de la tour Zamansky. Arriver à temps : j’envoie des signes désespérés aux vigiles avant que les portes ne se referment. Que la destination de ma course folle est lointaine… Ouf ! j’entre dans l’amphithéâtre. Pourquoi n’ont-ils pas allumé les néons ? Me voilà obligé de m’installer à tâtons dans l’obscurité sur le banc d’une rangée du fond. Je bouscule une étudiante qui tombe à l’instar d’une poupée de chiffon. Sa chute déclenche un nuage de poussières. Elles deviennent lumineuses et éclatent en crépitant. Je m’aperçois en pleine angoisse que je suis sorti cul nu sans même emporter mes affaires. Je demande à mon voisin lorsqu’il s’affale sur sa tablette tel un pantin désarticulé. Une petite lumière blanche s’élève de ce nouveau tas informe et se dirige vers le tableau. Je distingue une vague ombre en train de distribuer peut-être les sujets de l’examen.
Les volets d’occultation se ferment, tout devient noir. Le point lumineux disparaît et soudain une clarté éblouissante grandit en bas des gradins, absorbe tout, se dirige vers moi.
Je me lève et tente de fuir sans succès ; je recule car je ne peux détacher mon regard de la forme d’un blanc crayeux et laiteux ; elle envahit le moindre espace. Les portes sont closes, ma reculade ne se poursuivra pas ; je dois affronter l’inconnue.
C’est cotonneux, mou, glacial, tout à la fois visqueux, compact et ardent partout. Ma main s’enfonce mais ne pénètre pas et pourtant je sens qu’elle me veut, m’absorber, me gober. J’ai peur. La pression de la chose m’empêche de respirer, je cherche mon air. Une toison de petits poils me chatouille et me dévore.
Je tente une échappée sans espoir. Ma résistance faiblit.
« Viens ! » Une voix féminine. Une silhouette loin à travers le nuage translucide de la forme. Elle n’en fait pas partie, elle se trouve ailleurs. Elle suggère : « Prends ma main. »
Elle m’effleure et saisit la mienne. Elle me tire. La porte s’est ouverte. Elle doit m’arracher, m’extirper de la dévoration du monstre.
Nous fuyons vers la Lune, elle m’y entraîne dans son vol et se retourne. Son sourire éclaire mon retour à la vie…

Je vous présente le prologue écrit il y a peu de mon roman (qui lui est assez avancé... environ 155000 secs). Un de mes bêta-lecteurs du roman m'a donné cette idée qui me permet de résoudre quelques remarques de bêta sur le réel début du texte.
Ce roman, "La sentinelle des mortes", est le tome 2 et dernier tome d'une saga de science-fiction commencée il y a un an et demi.
Comme l'épigraphe sera "Parce que moi je rêve, moi je ne le suis pas." citation venant du film "Léolo" du regretté réalisateur canadien Jean-Claude Lozon, j'ai eu cette idée de prologue sur un rêve - cauchemar... mais en réalité la citation ne sera expliquée que dans l'épilogue et n'a rien à voir avec le prologue.
Mon chapitre I commence au réveil brutal de Sylvain par une apparition assez inattendue de la Princesse de la Terre Odile qu'il ne connaît pas et qui veut le contraindre à se rendre à son examen d'astrophysique. C'est bien sûr elle qui apparaît dans le rêve. Oui, les Princesses de la Terre, toutes nées humaines, ont un pouvoir commun : elles explorent le cerveau des humains pour les contrôler, le modifier et parfois tuer ainsi.
Ce n'est qu'un premier jet, donc je me doute qu'il y a des remarques à faire... Mais ne vous étonnez pas trop d'une ou deux expressions de mon crû, celles-là elles sont volontaires.

[Hamadân]

Être attaqué cul nu par un fantôme laisse entrevoir un dénouement inquiétant.
Une faiblesse stylistique là :

Sa chute déclenche un nuage de poussières.

Je le dis parce qu'il m'a été recommandé de participer, mais je le fais le rouge au front...