Dimanche d'octobre

[Arielle]

Plages de sable fin
sagement repliées
entre les draps de bain des souvenirs iodés

Les genoux de l'été pâlissent sous la treille
qui détache vermeilles
ses mains de parchemin

Le dimanche est songeur et traîne un peu les pieds
en raclements de feuilles
au tournant de l'allée

Le verger délaissé par le chant des oiseaux
est un cloître désert
le vent seul s'y recueille

et la migraine joue
de son maillet railleur
au cadran de ma tempe où grenaillent les heures

[Invité]

La métrique (variations sur 12/6/6) donne à ce poème beaucoup de musicalité.
On y sent d'abord la quiétude, puis un brin de nostalgie, pour terminer sur un spleen douloureux.
C'est très beau

[Invité]

"Les genoux de l'été pâlissent sous la treille
qui détache vermeilles
ses mains de parchemin

Le dimanche est songeur et traîne un peu les pieds
en raclements de feuilles
au tournant de l'allée"

En quote, ma préférence.

Beaucoup aimé la douceur de ce temps d'automne, Arielle. Au point qu'un écho m'est venu... Excuse-moi.

Tout paraît si lointain
que le temps s'use et rouille,
balise fragile pour nos paroles nues...

[Janis]

oh j'aime bien !
j'aime quand les mots (maux) du quotidien viennent se nicher dans la poésie
draps, genoux, migraine...
c'est oui

[Maryse]

C'est oui, oui, oui , moi aussi !

[Ba]

On dirait Colette sous la vigne, le rouge des feuilles sur le front.
Délicieux.

[CROISIC]

Colette... qui demeure dans mon jardin actuellement par la volonté d'Elea, me disait justement ce matin, j'ai besoin de mots pour quitter la Bretagne et m'accompagner en Bourgogne, les tiens Arielle sont les bienvenus.
L'été est bien terminé, les chiliennes et les chapeaux de paille remisés... reste les maux et leurs tisanes parfumées. Hummm ! c'est quand le printemps ?

[Lyra will]

Ah, très imagé, j'aime beaucoup !

Ce dimanche qui traîne les pieds dans les feuilles va me rester en tête je pense.
Et j'aime aussi l'idée de commencer par le sable fin et de finir par une migraine.

[Invité]

Le printemps ? C'est chaque fois qu'on lit un texte d'Arielle : le plaisir toujours renouvelé !

[Terrains Vagues]

Une des saisons du plaisir... de lecture.

J'aime.

[Carmen P.]

Très beau poème...et la migraine, comme une saison, passera, tandis que le poème restera.

[Frédéric Prunier]

comm'd'hab'
ça n'engage que moi
mais l'arrivée de la migraine
m' apparait un peu àlabrupte dans l'histoire

sinon, le reste, c'est du roudoudou à la JdB (Jo du Balais)

[Frédéric Prunier]

... peut-être aussi un coma en dessas pour le mot iodé qui me stockhausen la mélodie..

[Frédéric Prunier]

dessi dessas de laaaaaa... (442 herz)

[Invité]

et la migraine joue
de son maillet railleur
au cadran de ma tempe où grenaillent les heures

Et je pioche, je pioche avec gourmandise... Ces sonorités m'enchantent, tout comme les échos internes et l'alternance alexandrins/hexasyllabes...
Je déteste ce genre de commentaires peu recherché, mais au-delà du sujet qui m'inspire et de son traitement vigoureux, je tenais à dire que j'aime, et c'est déjà beaucoup.

[Damy]

Passeuse magicienne de musique, Arielle...


et la migraine joue
de son maillet railleur
au cadran de ma tempe où grenaillent les heures


Je vois dans beaucoup de tes poèmes ce thème récurrent de la vieillesse (je crois ?) qui ne serait pas acceptable.
C'est vrai que l'automne des ans est propice à ce sentiment...

[Jean Lê]

Arielle, si je lis bien il y a cinq distiques d'alexandrins et la faiblesse me semble dans l'absence de rime au quatrième distique. Ça devrait s'arranger facilement d'autant que tu as la rime à l'hémistiche précédente et puis tous les oiseaux ne désertent pas le verger en octobre. Pour la migraine ça devrait aussi s'arranger facilement avec un bon whisky, ça fluidifie le sang ; sinon il y a l'aspirine, toujours mieux que : "pas ce soir chérie..."

Plages de sable fin sagement repliées
entre les draps de bain des souvenirs iodés

Les genoux de l'été pâlissent sous la treille
ses mains de parchemin se détache vermeilles

Le dimanche est songeur et traîne un peu les pieds
en raclements de feuilles au tournant de l'allée

Le verger délaissé par le chant des oiseaux
est un cloître désert le vent seul s'y recueille

et la migraine joue de son maillet railleur
au cadran de ma tempe où grenaillent les heures

[Invité]

Je sais qu'on ne répond pas aux commentaires, mais je vais déroger : Jean Lê, j'aime mieux les ombres d'alexandrins d'Arielle, plus souples dans leurs acrobaties...

[Jean Lê]

Arielle : Les oiseaux des jardins et vergers demeurent et chantent toute l'année. Même étourneaux et grives passent l'hiver dans notre région tempérée, seule la discrète fauvette migre.
Je t'inviterai à venir observer les oiseaux dès que les feuilles seront tombées, ils sont plus faciles à repérer. Bon, je me remet à ma confiture de châtaignes, hier un écureuil sautillait entre les bogues.

[JI]

Rien à dire,
C'est beau, ça sonne merveilleusement bien l'automne.

[Invité]

Arielle, toute ouïe, le nez au vent et l'œil aux aguets...
Puis-je dire que j'ai été un peu gênée par la répétition du même schéma avec l'article défini en début de chaque strophe (ou presque) ? Hormis cette réserve (profane), j'ai bien sûr beaucoup aimé ce poème, j'ai surtout aimé t'y retrouver à la fin, même si ce n'est pas sous ton meilleur jour.
Ton prochain recueil pourrait s'intituler Les belles images, mais cela ne rendrait pas grâce à la musique de tes mots.

[Arielle]

Merci à ceux et celles qui ont accepté de venir traîner les pieds parmi les feuilles mortes de mon verger.

Jean Lê, je viendrais bien écouter chanter les oiseaux chez toi parce qu'ici, en dépit de ces belles journées, ils sont étonnament silencieux même s'ils restent présents pour la plupart comme tu me le fais remarquer. (Ne me dis pas que même les écureuils chantent chez toi !)
Je ne suis jamais très à cheval sur la rime. J'ai préféré ici un vague écho sonore tombant à l'improviste, qui réveille ou non l'oreille du lecteur plutôt que l'usage d'alexandrins réguliers et bien coiffés. Ils auraient habillé trop "à la française" mon jardin qui n'est en fait qu'une friche à peine améliorée.
Ta remarque Easter "Puis-je dire que j'ai été un peu gênée par la répétition du même schéma avec l'article défini en début de chaque strophe (ou presque) ?" est tout à fait judicieuse et je m'en vais de ce pas tenter une variante.
"Roudoudou les belles images" ! Tu m'as fait rire en me rappelant cette vieille revue pour les petits avec ta suggestion de titre... Je vais changer de pseudo, je crois ;-)

[Manon Lunalice]

C'est magnifique, que dire. Sous la douceur et la musique des mots, on la sent, la migraine...

[Polixène]

Je n'ose plus commenter tes poèmes qui me laissent sans voix .
Merci.

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