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Intermède

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Message  Calvin Ven 14 Oct 2011 - 22:36

Qu’est ce que cela veut dire
Mon ami (dit-elle)
Je me sens lasse
(elle défait sa robe)
Je me sens nue (elle se regarde)
Je me sens un drôle de souffle sur la peau (elle s'inspecte)
Mes pores sont des bourgeons que le vent fertilise
du pollen de tes regards
Et je détourne les yeux de voir pousser la fleur d'envie sur le balcon des rues
Chargées comme un miroir du reflet d’une femme
Ma beauté est bavarde.
Il n’y a aucune marge d’hésitation dans ces visages ronds comme le désir.
Ces visages de femmes qui je crois sont si inutiles d’être là, qui sont si lisses, qui sont si doux, ils sont en vérité simplement lassés « d’apparaitre au monde » ...

Car parfois tu sais, parfois... une végétation que les botanistes ignorent s'agite dans ma poitrine. Mon cuir se fige. Mes nerfs aussi, dans une position de douleur. Mes poumons dans la pierre se trouvent une seconde peau. Alors je suffoque. La nuit tourne... il fait si chaud. Ces crises, comme beaucoup d'autres je les aies nommées d'angoisse. Quand on me demande, je dis que c'est la vie qui s'échappe. En fait, c'est qu'elle n'arrive pas à rentrer.

Et, parfois, je crie, je geins, - je pleure... Mais, vrai, rien, il ne m'arrive rien. On appelle ça la vie.

Mais on ne devrait pas être ici comme dans un réquisitoire. Je ne veux pas me grimer devant les juges, faire des mines aux jurés, je ne veux pas séduire le public avec mes tressaillements et mes cernes, pour lui dire combien je suis sincère. Je ne veux pas être sincère, je n'ai pas à l'être. Peu importe que ce que je dis soit vrai ou faux, que je le pense ou non. Peu importe ce que je pense... Je n'assiste qu'au spectacle de ma bouche qui remue, des mes doigts qui s'agitent, ma voix, à ta conversation n'en est que le simple médium. Alors ne prend pas cet air soupçonneux. Ne plisse pas ton museau dans un angle méfiant. Ne concède pas aux autres cette hésitation vulgaire. Allez, s'il te plait. Parle-moi. Parle moi toute nue.

Car un jour tout ne sera plus que rêves. Et je n'aurais plus ni yeux ni mains pour saisir et les corps et les idées.

Calvin

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Message  Calvin Sam 15 Oct 2011 - 1:10

Fin de l'entracte ; le chant commence.


Ma vie j’ai pris l’habitude la conjuguer au futur antérieur, c’est à dire le lieu où il n’y a ni corps ni idées mais plus que le rêve. J’ai beaucoup voulu vivre avec seulement une voix, je croyais que c’était plus joli, je disais « chair, dégoût » et quand le matin se levait « travail, tristesse ». Je préfère être souple comme le rêve ; avoir des yeux avec tant de profondeur qu’on les croirait sans dimension
J’aime me promener le long des chemins où le soleil crève doucement comme un ballon qu’un enfant perce d’une aiguille pour que le jaune quitte l’enveloppe du ballon et s'étale partout dans l’espace
Et vienne emplir le sourire
De cet enfant malicieux de pouvoir toucher toutes les choses
Les arbres dessinent des formes aimées pour moi, les racines noueuses des chênes ont quelque chose de la main que la mère prend à son enfant
Et je ne fait que regarder tous les oiseaux qui peuplent la couleur
J’ai pris l’habitude de rester à cette frontière entre l’action et le rêve ; à cette ride que fait le temps sur le visage de celui qui refuse une vie d’habitudes. Les cases je veux les déborder de ma nuance vive, les emplois du temps ne sont là que pour être violés
Et le chant qui m’envahit quand je regarde la forme que j’aime
L’amour est un outil délicat nécessaire pour forger le monde, car sans lui quand je marche dans les couloirs, quand je marche dans le métro, je pourrais tuer des gens, j’ai le corps violent, l’œil insoumis, le crime me précède. Mon visage creusé de fleuves durs
L’amour je l’utilisais pour, quand je rencontrais des yeux doux, y verser le concept qui me permettra de faire d’un visage une horloge où me suspendre à l'aiguille
Je fais dans la balançoire sur le cadran
Je suis cet artisan, cet alchimiste dont les secrets sont perdus, depuis cent ans au moins, ou bien jusqu’à cent mille ans. Le monde devient si petit quand j’aime, c’est à peine un galet dans ma bouche
Que je met sous ma langue comme démosthène de ne pas bégayer
Et mon corps peut s’éteindre jusqu’aux quatre coins du monde, toucher tous les pôles poli de n'en oublier aucun ; mais je rencontre si peu de formes à saisir
Et de corps à aimer
Ma vie j’ai tracé son motif sous les yeux des jolies filles, dans la cerne où je veux dormir sous le frimas de la lune
Glacée de découper du blanc où tombe l'oeil
Ma poitrine peut être est de ce blanc-là.
Je peux écouter les ruisseaux, je peux m’assoir sous les saules, les imaginer dire quelque chose dessous l’écorce pour moi, juste pour moi
Ma mort ce sera par un beau matin de la mi-juin. Ces matins où se loge le dernier printemps du monde
Et dans la narine j'aurais tout ce qui reste du rêve
Je mettrais à ma bouche un bonbon
Je demanderais à boire et je boirais mon ombre
Et je fermerais les yeux, je ne sentirais rien
Il fera si froid (j’ai toujours froid) et je passerais ma main sur les filles des herbes, et je me plierai contre l'argument d’une fleur
Quand je marche par les bocages, par les vallées où la terrasse est fleurie je pleure ; j'y vois tout ce que j’aurais pu être

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Message  Janis Sam 15 Oct 2011 - 13:44

et bien j'aime cette espèce de promenade douce et mélancolique
les phrases aérées
les mots simples et graves qui mis ensemble crèent un mouvement, commes des petites vagues qui viennent lécher les pieds (où l'herbe qui ondule sous la main)
Voilà ce que ça m'a fait, cette lecture un dimanche après-midi
Janis
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Message  Calvin Sam 15 Oct 2011 - 13:55

Merci Janis. Le premier texte est un peu pénible (c'est, en fait un textes de "chutes" (du camion), un collage) mais je trouve que le second, quoi que toujours un peu bavard est ce que j'ai fait de meilleur depuis longtemps;


< Le message suivant vaut pour tous, même pour les anciens du forum : Prière de regrouper vos commentaires plutôt que de répondre à chacun, ceci évitera de faire remonter votre texte en haut de page au détriment des autres.
merci de votre compréhension.
La Modération >

.

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Message  Calvin Sam 15 Oct 2011 - 22:47

Voilà :

Ma vie j’ai pris l’habitude la conjuguer au futur antérieur, c’est le lieu où il n’y a ni corps ni idées mais plus que le rêve. J’ai beaucoup voulu vivre avec seulement une voix, je croyais que c’était plus joli, je disais « chair, dégoût » et quand le matin se levait « travail, tristesse ». Je préfère être souple comme le rêve ; avoir des yeux avec tant de profondeur qu’on les croirait sans dimension
J’aime me promener le long des chemins où le soleil crève doucement comme un ballon qu’un enfant perce d’une aiguille pour que le jaune quitte l’enveloppe du ballon et s’étale partout partout dans l’espace jusqu’au sourire de cet enfant malicieux de toucher toutes les choses et les arbres dessinent des formes aimées pour moi, les racines noueuses des chênes ont quelque chose de la main que la mère prend à son l’enfant et je ne fait que regarder les oiseaux dans le ciel
J’ai pris l’habitude de rester à cette frontière entre l’action et le rêve ; à cette ride que fait le temps sur le visage de celui qui refuse une vie d’habitudes. Les cases je veux les déborder de ma couleur, les emplois du temps ne sont là que pour être violés et le chant m’envahit quand je regarde la forme que j’aime, l’amour est un outil délicat, et sans lui quand je marche dans les couloirs, quand je marche dans le métro, je pourrais tuer des gens, j’ai le corps violent, l’œil insoumis, le crime me précède. Mon visage creusé de fleuves durs
L’amour je l’utilisais pour, quand je rencontrais des yeux doux, y articuler le concept qui me permettra de faire d’un visage une horloge où remonter les heures en les fixant à l’aiguille je fais de la balançoire dans le cadran
Je suis cet artisan, cet alchimiste dont les secrets sont perdus, depuis cent ans au moins, ou bien cent mille ans. Le monde devient si petit quand j’aime, c’est à peine un galet dans ma bouche, je le met sous ma langue comme démosthène de ne pas bégayer et mon corps peut s’étendre jusqu’aux quatre coins du monde ; toucher tous les pôles poli de n’en oublier aucun mais je rencontre si peu de formes à saisir, et de corps à aimer
Ma vie j’ai tracé son motif sous les yeux de jolies filles, à la cerne où je veux dormir sous le frimas de la lune
Glacée de découper du blanc où tombe le regard
Ma poitrine est peut-être de ce blanc-là ;
Je peux écouter les ruisseaux, je peux m’assoir sous les saules, les imaginer dire quelque chose dessous l’écorce pour moi, juste pour moi
Ma mort sera par un beau matin de la mi-juin. Ces matins où se loge le dernier printemps du monde
Et dans la narine tout ce qui reste du rêve
Je mettrais à ma bouche un bonbon
Je demanderais à boire et je boirais mon ombre
Je fermerais les yeux, et je ne sentirais rien
Il fera froid (j’ai toujours froid) et je passerais ma main sur les sourires des herbes, et je me plierai contre l’argument d’une fleur
Quand je marche par les bocages, par les vallées où la peau est fleurie je pleure ; j'y vois tout ce que j’aurais pu être

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Message  Infinitive Dim 16 Oct 2011 - 5:48

Du sable fin qu'on laisse filer entre les doigts. Du sable chaud et doux.
C'est parfait pour moi.
Je grogne souvent sur la ponctuation, ici, qu'importe, les mots l'inscrivent d'eux-mêmes.
C'est juste un tic-tac délicat.
Merci pour cette promenade nonchalante et raffinée vers le renoncement.
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Message  Invité Dim 16 Oct 2011 - 10:00

Je te trouve pas mal en mode réflexion ces jours. Et des réflexions, ton texte m'en suscite tout plein au fur et à mesure de ma lecture. Presque chaque idée, chaque image demanderait à être examinée, discutée, décortiquée. Sinon, eh bien je suis déçue de ne l'avoir vu apparaître nulle part textuellement ce futur antérieur, la cerise qui aura manqué :-) au gâteau...

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Message  Calvin Dim 16 Oct 2011 - 22:35

Je ne sais pas tant si je suis en réflexion d'avoir l'écriture toujours spontanée, mais c'est que désormais dans le hasard au lieu de n'y découvrir que des images, j'y découvre aussi des idées :') c'est agréable...

Calvin

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