Au revers de l'hiver
+5
Rebecca
Damy
Lyra will
Frédéric Prunier
Arielle
9 participants
Page 1 sur 1
Au revers de l'hiver
Volons
l'éclair joyeux
du cri de l'hirondelle
épinglons son sourire
aux rides de nos yeux
comme un été trop mûr au revers de l'hiver
ou ce plissé d'azur entre les volets clos
Nous broderons à jours
le lin de nos rideaux
tirant benoîtement nos aiguillées jumelles
tandis que lumineux
l'écheveau des saisons se dévide au carreau
Les grilles du jardin
ourlant notre horizon
j'épaulerai ton pas de mon pas qui chancelle
lorsqu' un soir damassé
lassés de nos festons
nous descendrons l'allée sans rêver de retour
Et ne viens pas me dire
que ton fil est trop court
je te défends d'y croire
et même d'y
songer
l'éclair joyeux
du cri de l'hirondelle
épinglons son sourire
aux rides de nos yeux
comme un été trop mûr au revers de l'hiver
ou ce plissé d'azur entre les volets clos
Nous broderons à jours
le lin de nos rideaux
tirant benoîtement nos aiguillées jumelles
tandis que lumineux
l'écheveau des saisons se dévide au carreau
Les grilles du jardin
ourlant notre horizon
j'épaulerai ton pas de mon pas qui chancelle
lorsqu' un soir damassé
lassés de nos festons
nous descendrons l'allée sans rêver de retour
Et ne viens pas me dire
que ton fil est trop court
je te défends d'y croire
et même d'y
songer
Re: Au revers de l'hiver
un fin plutôt autoritaire !
j'aime bien cette partie, tant et si bien qu'elle éclipse un peu le reste :
j'aime bien cette partie, tant et si bien qu'elle éclipse un peu le reste :
j'épaulerai ton pas de mon pas qui chancelle
lorsqu' un soir damassé
lassés de nos festons
nous descendrons l'allée sans rêver de retour
Invité- Invité
Re: Au revers de l'hiver
Avec des mots de tous les jours, de belles images et une syntaxe irréprochable, ce texte est magnifique et fait naître des émotions positives.
Pourquoi avoir choisi d'aller à la ligne et de ne pas accentuer ?
La lecture eût été plus plaisante si vous aviez choisi de le présenter de façon linéaire.
Avec quatre paragraphes, vous auriez proposé un remarquable sonnet en prose.
Chiche
Pourquoi avoir choisi d'aller à la ligne et de ne pas accentuer ?
La lecture eût été plus plaisante si vous aviez choisi de le présenter de façon linéaire.
Avec quatre paragraphes, vous auriez proposé un remarquable sonnet en prose.
Chiche
Invité- Invité
Re: Au revers de l'hiver
Des choses que j'aime plus que d'autres, ce pas qui chancelle qui épaule un autre pas, c'est très beau. Le sourire épinglé.
Le "soir damassé" aussi, au niveau du son c'est parfait. "Ourlant" aussi, très mélodieux. D'autres vers qui je pense sont plus faibles au niveau images et sons. J'ai l'impression que la fin n'est plus trop dans le même registre, je ne sais pas si c'est dérangeant... mais j'aime bien ce petit côté autoritaire ;0)
Le "soir damassé" aussi, au niveau du son c'est parfait. "Ourlant" aussi, très mélodieux. D'autres vers qui je pense sont plus faibles au niveau images et sons. J'ai l'impression que la fin n'est plus trop dans le même registre, je ne sais pas si c'est dérangeant... mais j'aime bien ce petit côté autoritaire ;0)
Re: Au revers de l'hiver
Toujours aussi charmé par la musique et notamment celle de ces vers :
comme un été trop mûr au revers de l'hiver
ou ce plissé d'azur entre les volets clos
J’aime beaucoup l’expression subite finale de cette révolte contre celle qui croirait illusoirement à un retour éternel des saisons, soigneusement « brodé ». Elle affirme le courage (qui n’est pas la résignation) de faire face à la fatalité.
J’ai beaucoup aimé aussi « lassés de nos festons »…d’avoir trop festoyé enlacés ou en lacets.
comme un été trop mûr au revers de l'hiver
ou ce plissé d'azur entre les volets clos
J’aime beaucoup l’expression subite finale de cette révolte contre celle qui croirait illusoirement à un retour éternel des saisons, soigneusement « brodé ». Elle affirme le courage (qui n’est pas la résignation) de faire face à la fatalité.
J’ai beaucoup aimé aussi « lassés de nos festons »…d’avoir trop festoyé enlacés ou en lacets.
Re: Au revers de l'hiver
Festons, festons encore !
Bien sûr, je suis sensible à ces noces ébranlées, touchée de ce cri d'amour (et la forme, tellement belle, tellement juste...)
Bien sûr, je suis sensible à ces noces ébranlées, touchée de ce cri d'amour (et la forme, tellement belle, tellement juste...)
Invité- Invité
Re: Au revers de l'hiver
Tès joli ce "vol" de vie à accrocher à nos yeux pour affronter l'inéluctable
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Au revers de l'hiver
Il me semble discerner une constante dans ta poésie, Arielle, celle du goût pour la vie. La quête d’un art de vivre, d’un art de savourer la vie, se retrouve dans beaucoup de tes textes. Cette recherche me semble encore présente ici, dans ce beau poème.
« Volons » : ce verbe, isolé dans la première ligne, permet de rendre avec plus de force son ambiguïté, et d’engager une belle équivocité : il y a quelque chose de précieux à dérober ; il faut s’élancer vers le ciel, vers l’espace sans fin.
Volons avec l’hirondelle pour lui ravir (en une autre équivoque) « l’éclair joyeux » de son « cri ».
L’hirondelle n’est pas éternelle, elle est fulgurance, elle est passagère. Un « éclair » aussi, une éclaircie. Il faut prendre l’éclair au vol pour le conserver toujours, pour le prendre avec soi, en un trait continu sans limites.
L’hirondelle n’est pas l’oiseau qui annonce le printemps, il est celui dont on se souvient quand l’été n’est plus là. Il n’anticipe pas les beaux jours, il est mémoire des jours ensoleillés. Une hirondelle seule ne fait pas le printemps, ni l’été, raison pour laquelle il faut la prendre avec soi, la renouveler au revers de l’été.
C’est le « cri » de l’hirondelle qui est à conserver. Cri joyeux, cri fulgurant. Rumeur de soleil, rumeur des horizons clairs et sereins, murmure de lumière, éclat sonore de la vie savourée pleinement dans chaque miette d'azur.
Etre soi le sillage d’un vol jaillissant et joyeux, l’écho de la vie exaltée, quand vient l’automne, quand il fera froid dans sa vie.
Pour le retenir précieusement,
« Epinglons son sourire
Aux rides de nos yeux »
Le regard a vieilli. Tout ridé, il a perdu sa fraîcheur, sa limpidité, toute sa candeur. Il s’est fané. Il est pluvieux. Il faut lui redonner le sourire, l’ouverture sur la vie, et l’azur de l’hirondelle qui s’enivre de ciel. Cri d’éveil pour un regard accueillant.
Les rides se font rideaux.
Devant les fenêtres qui ouvrent sur le monde sont les âges à filer, à tisser, les années à inventer, à les faire belles. À coudre un destin. À tirer le fil des saisons, à dévider l’écheveau du temps dans l’entrelacs des « aiguillées jumelles », dans les mailles de vies serrées l’une près de l’autre. Un intérieur est à broder. Toute une vie à étoffer.
Le temps défile à la fenêtre, et les saisons. Mais les rideaux sont de « lin ». Ils ferment sur le monde tout en permettant une légère transparence, une porosité pour le ciel et l'espace. Règnent luxe, calme et beauté du « damassé » et des « festons » de l’intériorité d’un foyer.
Puis vient le soir, le « soir damassé ». Le soir, dame, quand c’est assez. Assez vécu dans l’intérieur calfeutré, festonné. Le soir, quand le soleil baisse. Quand les années ont passé. Quand l’horizon s’est rétréci
« les grilles du jardin
Ourlant notre horizon ».
« Ourlant », comme une douceur dans le mot qui masque un cri, assez, damassé, hurlant l’horizon limité, la vie étriquée, l’existence trop resserrée.
Dans la vieillesse du soir, retentit un autre cri, joyeux, celui de l’oiseau que l’on tient en soi. Et l’un avec l’autre, l’un en soutient de l’autre affaibli par l’âge, « j'épaulerai ton pas de mon pas qui chancelle », il sera temps d’un nouvel envol, comme celui de l’hirondelle fragile et libre, temps d’un renouveau, d’une aventure nouvelle, d’une nouvelle audace.
Il sera temps de vivre encore.
Et toute résistance est à briser, et toute résignation au temps dévidé. Ne pas penser que le « fil est trop court ». Il est toujours assez long pour filer ailleurs, franchir les limites, toujours assez long pour aller coudre de nouveaux horizons. Et réinventer la lumière d’un matin.
« Volons » : ce verbe, isolé dans la première ligne, permet de rendre avec plus de force son ambiguïté, et d’engager une belle équivocité : il y a quelque chose de précieux à dérober ; il faut s’élancer vers le ciel, vers l’espace sans fin.
Volons avec l’hirondelle pour lui ravir (en une autre équivoque) « l’éclair joyeux » de son « cri ».
L’hirondelle n’est pas éternelle, elle est fulgurance, elle est passagère. Un « éclair » aussi, une éclaircie. Il faut prendre l’éclair au vol pour le conserver toujours, pour le prendre avec soi, en un trait continu sans limites.
L’hirondelle n’est pas l’oiseau qui annonce le printemps, il est celui dont on se souvient quand l’été n’est plus là. Il n’anticipe pas les beaux jours, il est mémoire des jours ensoleillés. Une hirondelle seule ne fait pas le printemps, ni l’été, raison pour laquelle il faut la prendre avec soi, la renouveler au revers de l’été.
C’est le « cri » de l’hirondelle qui est à conserver. Cri joyeux, cri fulgurant. Rumeur de soleil, rumeur des horizons clairs et sereins, murmure de lumière, éclat sonore de la vie savourée pleinement dans chaque miette d'azur.
Etre soi le sillage d’un vol jaillissant et joyeux, l’écho de la vie exaltée, quand vient l’automne, quand il fera froid dans sa vie.
Pour le retenir précieusement,
« Epinglons son sourire
Aux rides de nos yeux »
Le regard a vieilli. Tout ridé, il a perdu sa fraîcheur, sa limpidité, toute sa candeur. Il s’est fané. Il est pluvieux. Il faut lui redonner le sourire, l’ouverture sur la vie, et l’azur de l’hirondelle qui s’enivre de ciel. Cri d’éveil pour un regard accueillant.
Les rides se font rideaux.
Devant les fenêtres qui ouvrent sur le monde sont les âges à filer, à tisser, les années à inventer, à les faire belles. À coudre un destin. À tirer le fil des saisons, à dévider l’écheveau du temps dans l’entrelacs des « aiguillées jumelles », dans les mailles de vies serrées l’une près de l’autre. Un intérieur est à broder. Toute une vie à étoffer.
Le temps défile à la fenêtre, et les saisons. Mais les rideaux sont de « lin ». Ils ferment sur le monde tout en permettant une légère transparence, une porosité pour le ciel et l'espace. Règnent luxe, calme et beauté du « damassé » et des « festons » de l’intériorité d’un foyer.
Puis vient le soir, le « soir damassé ». Le soir, dame, quand c’est assez. Assez vécu dans l’intérieur calfeutré, festonné. Le soir, quand le soleil baisse. Quand les années ont passé. Quand l’horizon s’est rétréci
« les grilles du jardin
Ourlant notre horizon ».
« Ourlant », comme une douceur dans le mot qui masque un cri, assez, damassé, hurlant l’horizon limité, la vie étriquée, l’existence trop resserrée.
Dans la vieillesse du soir, retentit un autre cri, joyeux, celui de l’oiseau que l’on tient en soi. Et l’un avec l’autre, l’un en soutient de l’autre affaibli par l’âge, « j'épaulerai ton pas de mon pas qui chancelle », il sera temps d’un nouvel envol, comme celui de l’hirondelle fragile et libre, temps d’un renouveau, d’une aventure nouvelle, d’une nouvelle audace.
Il sera temps de vivre encore.
Et toute résistance est à briser, et toute résignation au temps dévidé. Ne pas penser que le « fil est trop court ». Il est toujours assez long pour filer ailleurs, franchir les limites, toujours assez long pour aller coudre de nouveaux horizons. Et réinventer la lumière d’un matin.
Louis- Nombre de messages : 458
Age : 68
Date d'inscription : 28/10/2009
Re: Au revers de l'hiver
On aura bien du mal à " passer " derrière Louis. Je retiens donc le " fil " court ou pas de ces Parques humaines.
Et l'impuissante autorité enfantine.
Défense de partir.
Et l'impuissante autorité enfantine.
Défense de partir.
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Au revers de l'hiver
Ton oeuvre de lingère-brodeuse m'a redonné le sourire !
Que les fées qui se sont penchées sur ton berceau soient remerciées de t'avoir offert tant de grâce.
Que les fées qui se sont penchées sur ton berceau soient remerciées de t'avoir offert tant de grâce.
Re: Au revers de l'hiver
Merci à vous tous, hirondelles de passage, à vos lectures et vos commentaires. Ceux-ci me laissent entendre d'autres nuances que celles que j'avais épinglées à ce cri et je m'en réjouis.
" Festons ! Festons !", comme dit Coline, cette "vie à étoffer". Louis tu me donnes envie de rebondir sur ces derniers mots et ta vision positive du fil des Parques (Eh oui, Ba !) redonnerait la pêche à tous les marins d'eau douce entortillés dans leur fil !
" Festons ! Festons !", comme dit Coline, cette "vie à étoffer". Louis tu me donnes envie de rebondir sur ces derniers mots et ta vision positive du fil des Parques (Eh oui, Ba !) redonnerait la pêche à tous les marins d'eau douce entortillés dans leur fil !
Re: Au revers de l'hiver
Joli tricot !
Béatrice44- Nombre de messages : 125
Age : 55
Date d'inscription : 04/10/2011
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|