Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-28%
Le deal à ne pas rater :
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 couverts – L60cm
279.99 € 390.99 €
Voir le deal

Souvenirs de vacances

5 participants

Aller en bas

Souvenirs de vacances Empty Souvenirs de vacances

Message  Frédéric M Mar 1 Nov 2011 - 12:45

Déjà au primaire, des codes bien précis régissaient nos vies : il y avait ce qui était cool et ce qui ne l’était pas. La référence absolue, c’était Michel, Mimich comme tout le monde l’appelait. Il était vieux, au moins treize ans, presque un adulte. Il était adulé de tous ; inaccessible, une vedette, une star. Pour peu, on lui aurait demandé un autographe.
Il avait sa bande : La bande à Mimich.
Ils étaient les seigneurs de la cour. Quand ils se déplaçaient, Michel en tête, tout le monde s’écartait. On les admirait mais je pense qu’on les craignait d’avantage. Il n’était pas rare de les voir distribuer des beignes aux téméraires qui avaient eu la mauvaise idée de s’approcher un peu trop de leur territoire. La légende racontait même que Mimich avait un jour refusé d’aller au tableau et que l’instit n’avait pas osé le punir.

Quand un gars se pointait le lundi avec un jeans un peu trop foncé, tous les gosses étaient attirés comme des pies par un objet brillant. Peu importait le vêtement en lui-même, ce qui comptait, c’était l’inscription sur l’étiquette. Si elle avait été déjà été vue au cul de Mimich, alors c’était un gage de coolitude. Le gars était adulé pour au moins trois jours. Si c’était une marque inconnue, il avait deux possibilités : soit il ne disait rien et il passait pour un nul, soit il parvenait à convaincre les autres que même Mimich n’était pas assez cool que pour déjà la connaître. Ça c’était plutôt risqué.
Moi j’étais du genre à me ramener en début d’année avec un froc sans étiquette. La honte. C’était même pas une marque nulle, c’était pas de marque du tout. Ils s’étaient tous rassemblés autour de moi et m’avaient examiné sous toutes les coutures avant de repartir en pouffant.
Un jour après l’école, Laurent sonna chez moi pour aller jouer. La boule de poils qui me servait de chien en profita pour ficher le camp. Laurent me demanda :
— Quel drôle de chien. C’est quoi comme marque ?
Je réfléchis à toute vitesse et inventai une espèce qu’il ne pouvait connaître :
— C’est un Dobbershire. Une race très rare, il n’y en a que dix-huit dans le monde.
Laurent sembla impressionné et se mit à courir après le cabot.
— Magne-toi ! Il ne faut pas qu’il nous échappe !
Interloqué, je lui emboîtai le pas. Quand finalement nous parvînmes à rattraper ce maudit clebs, Laurent déclara :
— Dix-huit dans le monde ? Il doit valoir un paquet de fric !
— Ouais, il vaut à peu près la moitié de la nouvelle bagnole de ton père, dis-je avec fierté.
Le père de Laurent venait de s’offrir un coupé Alfa qui rendait verts de jalousie les autres parents. Chaque matin, quand il le déposait à l’école, il faisait vrombir le moteur avant de repartir. Il semblait satisfait des regards envieux pendant que son fils se dirigeait vers l’entrée en roulant des mécaniques.
Laurent demeura coi, puis secoua la tête.
— J’y crois pas ! Cette mocheté ?
Je répondis par un petit sourire satisfait.

Nous, on n’avait pas de voiture.

Le lendemain à l’école, tout le monde était au courant. J’avais un futal sans étiquette mais ça ne comptait plus. J’avais un Dobbershire. Pendant deux jours, je fus cool.

Puis vint le mois de juin. Celui que je détestais par-dessus tout. Le mois où ils commençaient tous à parler de leurs destinations de vacances.
La veille, ils avaient passé Le gendarme de Saint-Tropez à la télé et tout le monde sifflait le thème dans la cour de récré. C’était cool, Saint-Tropez. C’est donc là que je décidai de partir.

Ce jour-là, quand Laurent, Christophe et Pascal vinrent sonner après l’école pour aller jouer, je n’eus pas le temps de descendre de ma chambre. J’entendis mon père se diriger vers l’entrée. Je dévalai les marches quatre à quatre, mais j’arrivai trop tard. Pour une fois que mon père était à la maison, il avait fallu qu’il aille ouvrir. Je me dépêchai de courir vers la porte et entendis Laurent lui demander :
— Alors, vous allez en vacances à Saint-Tropez ? Vous avez de la chance. Qu’est-ce que j’aimerais y aller !
Quel con ! Que lui prenait-il de poser des questions à mon père ?
J’arrivai en trombe et tentai d’éluder sa question.
— Bon, vous venez ? les pressai-je en sortant.
Mon père me darda de son œil vitreux, sa bouteille de bière à la main. Rien que pour ça, je regrettais qu’il soit là, alors que d’habitude je déplorais son absence.
— Il vous a dit qu’on allait à Saint-Tropez ? demanda-t-il à Laurent.
— Oui, M’sieu.
J’étais de plus en plus mal à l’aise. J’avais envie de dire à Laurent de fermer sa gueule, sans quoi je lâcherais mon Dobbershire sur lui, mais je n’en eus pas le temps.
— Saint-Tropez ? C’est plutôt « Saint-trompé » ! lâcha mon paternel en éclatant d’un rire gras qui me répugnait.
Il but une lampée de bière et rentra, l’air satisfait.
Je restai silencieux et gêné. Je le maudissais. La seule fois où il était là, il fallait qu’il me casse la baraque. Qu’est-ce que ça pouvait lui foutre, ce que je racontais à mes copains ?
Un silence inquisiteur s’était installé.
— Qu’est-ce qu’il a voulu dire ? s’enquit Laurent.
J’étais sur le point de baisser les bras, j’étais vaincu. Puis, je me rendis compte que la question de Laurent était ma planche de salut. S’il me questionnait, c’était qu’il avait un doute sur le mot d’esprit foireux de mon père.
— Juste que je me suis trompé dans les dates, hasardai-je.
Je jaugeai les regards. Pas de réactions. Ça prenait.
— Je me souviens, maintenant. C’est à Noël qu’on va à Saint-Tropez. Cet été, on va aux Etats-Unis.
Mines déconfites, envieuses. Yes !
Les USA, c’était le Saint Graal, le top. C’est de là que venaient le disco, les planches à roulettes, Michael Jackson, les Harlem Globe Trotters.
Ils restèrent sans voix tandis que je me délectais de leur mutisme admiratif. Je m’en étais sorti haut la main.

L’année scolaire se termina de manière plaisante. J’avais laissé parler la rumeur et, étrangement, lorsque Mimich me croisait dans la cour, il me regardait avec une pointe de curiosité.

Pendant deux mois, je me rendis chaque jour à la bibliothèque et passai des heures à éplucher tous les bouquins que je trouvais sur les Etats-Unis. Je prenais des notes, fermais les yeux devant les photos et imaginais les odeurs, les bruits, les ambiances. Après soixante jours de voyage imaginaire, je m’étais inventé tellement de souvenirs de là-bas que je ne parvenais plus à distinguer le réel de l’onirique.

Quelques jours avant la rentrée des classes, j’accompagnai ma mère pour les emplettes annuelles. Elle acheta trois jeans pas cool que j’étais censé garder dans un état acceptable jusqu’en juin.
De mes piètres dotations d’anniversaire, j’avais fait l’acquisition de trois écussons représentant le drapeau des Etats-Unis. Je demandai à ma mère des les coudre sur la poche arrière des pantalons. Elle accéda à ma requête en haussant les épaules.
— Si y’a que ça pour te faire plaisir…

Le jour de la rentrée, je fus assailli de questions. C’est comme à la télé ? T’as vu des chanteurs ? T’as croisé Arnold et Willy ?
Je racontai tous mes souvenirs à une audience pendue à mes lèvres. Chacun de mes mots semblait résonner en eux comme un chant sacré. Et, bien évidemment, j’avais rencontré Arnold et Willy. J’avais même un autographe mais il était resté à la maison. Je promis de le leur montrer le lendemain.
Soudain, ce fut le silence. Mon auditoire se fissura et Mimich apparut dans la brèche. Ses fidèles lieutenants toisaient mon public à présent muet.
Mimich s’approcha.
— C’est vrai que t’es allé à New-York ?
Je déglutis et opinai du chef.
Il me considéra longuement et d’un haussement du menton me questionna sur mon futal.
— Ton froc, il vient de là-bas ?
— Oui.
— Fais voir.
Je me tournai légèrement et relevai mon blouson. Il se pencha et observa le drapeau américain.
— Cool.
Il me prit par l’épaule et m’entraîna à l’écart.
— Tu veux venir avec nous ?
Je me demandai si ce que j’entendais n’étais pas le fruit de mon imagination.
— Sérieux ?
— Ouais. T’as plus rien à faire avec ces gamins. Tu vaux mieux que ça.
J’avais du mal à y croire. Mimich me demandait de faire partie de sa bande !
Un large sourire illumina mon visage et j’acceptai sans hésitation.
D’un signe de tête, il rappela ses sbires qui rappliquèrent dans la seconde. Michel leur annonça la nouvelle et je fus congratulé par tous ces types qui deux mois plus tôt me regardaient avec dédain.

Ce fut la plus belle année scolaire de ma vie. Ceux qui avaient pouffé l’année précédente en voyant mon jean sans marque me regardaient à présent avec admiration. De temps à autres, je leur faisais grâce d’une oeillade. C’était bon. J’étais enfin quelqu’un. Et je comptais bien le rester.

Frédéric M

Nombre de messages : 29
Age : 53
Date d'inscription : 04/10/2011

Revenir en haut Aller en bas

Souvenirs de vacances Empty Re: Souvenirs de vacances

Message  Invité Mar 1 Nov 2011 - 14:16

Un récit sympa, mené joyeusement, mais qui souffre pour moi de sa banalité. Je m'attendais à la lecture à une chute, un retournement de situation, voire, pourquoi pas, une morale... Dans l'état, je trouve cette tranche de vie un peu gratuite.

Voici quelques remarques orthotypographiques :

- « Il avait sa bande : La bande à Mimich. » : pas de majuscule après les deux points.
- « mais je pense qu’on les craignait d’avantage. » : « davantage ».
- « Si elle avait été déjà été vue au cul de Mimich » : redondance. « Si elle avait déjà été vue ».
- « convaincre les autres que même Mimich n’était pas assez cool que pour déjà la connaître. » : syntaxe. Le deuxième « que » est de trop.
- Trop d'occurrences du verbe « être » à l'imparfait dans le passage et de tournures présentatives « c'était ».
- « Cet été, on va aux Etats-Unis. » : il convient d'accentuer aussi les majuscules. Pour obtenir l'« É », tapez alt + 144 ou copiez la lettre
à partir de mon profil.
- « Yes ! » : l'emprunt à une langue étrangère s'écrit en italique.
- « tous les bouquins que je trouvais sur les Etats-Unis. » : voir ci-dessus.
- « le drapeau des Etats-Unis. » : idem.
- « Je demandai à ma mère des les coudre » : « de ».
- « Je me demandai si ce que j’entendais n’étais pas » : « n'était ».
- « De temps à autres » : « de temps à autre ».
- « je leur faisais grâce d’une oeillade » : « œillade », avec la ligature. L'E dans l'O est accessible sur mon profil ou à partir de la combinaison Alt + 0156.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Souvenirs de vacances Empty Re: Souvenirs de vacances

Message  Invité Mar 1 Nov 2011 - 15:06

Je ne dirai rien sur la vraisemblance du récit, je suis bon public. Là où, en revanche, j'achoppe, c'est sur la fin, on dirait que tu n'as pas su terminer, ça me rappelle ces "rédactions" du collège qu'on avait toujours du mal à conclure. J'aurais bien aimé que tout ce récit mène quelque part, donne lieu à quelque chose d'inattendu sinon de surprenant, j'aurais aimé trouver une cerise sur ce gâteau d'enfance.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Souvenirs de vacances Empty Re: Souvenirs de vacances

Message  Invité Mar 1 Nov 2011 - 15:09

Petite coquille qui semble avoir échappé à la vigilance d'Alex (mais fait partie de mes bêtes noires orthographiques personnelles) :
— Si y’a que ça pour te faire plaisir… (y a)

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Souvenirs de vacances Empty Re: Souvenirs de vacances

Message  Invité Mar 1 Nov 2011 - 16:52

Je l'avais repérée mais l'ai laissée passer dans le doute. :-)

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Souvenirs de vacances Empty Re: Souvenirs de vacances

Message  Jano Mar 1 Nov 2011 - 17:05

Un texte correctement écrit mais trop gentillet. On n'a pas grand chose à se mettre sous la dent. Il manque cette ironie mordante que l'on retrouve dans les bandes dessinées de Titeuf par exemple, quelque chose qui rende ce récit plus attractif.
Jano
Jano

Nombre de messages : 1000
Age : 54
Date d'inscription : 06/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Souvenirs de vacances Empty Re: Souvenirs de vacances

Message  elea Mar 1 Nov 2011 - 19:49

C’est une petite tranche de souvenirs sans prétention, que j’ai lu avec plaisir sans chercher plus. Je l’ai pris comme une anecdote, un instantané saisi sur le papier, donc la fin me convient telle quelle, je n’en attendais pas plus. J’ai trouvé bien rendu ce passage de l’enfance où le paraitre est important et la place à se faire dans la cour de récré difficile. Et j’ai bien aimé le côté malin du personnage qui arrive à gruger ses camarades avec le peu de moyens qu’il a.

elea

Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010

Revenir en haut Aller en bas

Souvenirs de vacances Empty Re: Souvenirs de vacances

Message  Janis Mar 1 Nov 2011 - 20:05

très sympathique, oui, sans prétention. Comme easter, je reste un peu sur ma fin (faute voulue) ! J'attendais une petite chute inattendue qui relance l'affaire. Mais bon, je répète, sympa comme tout.
Janis
Janis

Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011

Revenir en haut Aller en bas

Souvenirs de vacances Empty Re: Souvenirs de vacances

Message  Ba Mer 2 Nov 2011 - 7:36

C'est un petit air de rien siffloté derrière le platane là où personne ne porte d'écusson salvateur.
Ba
Ba

Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Souvenirs de vacances Empty Re: Souvenirs de vacances

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum