MST 2 : Confessions non grata

[mentor]

Rappel des contraintes :

1 - genre : journal intime
2 - thème général : un homme (ou une femme) raconte ses longues journées de travail avant de décider d'éliminer quelques uns de ses collègues.
3 - nombre de personnages principaux : ça va dépendre de la taille de l'entreprise: Commençons par le ou la narrateur-trice et une secrétaire de direction
4 - « ton » privilégié : ironie, méchanceté clairvoyante
5 - Et bien sûr, journal intime oblige, emploi du je.


Noat : Le début est de Bluewitch, la suite de moi-même, aucun de nous n'a modifié le texte de l'autre...

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CONFESSIONS NON GRATA

Bi. Ba. Bo.

Il faut bien commencer par quelque chose. Première ligne d’un délire oratoirement écrit, cher journal. Merci Monsieur le Psy, j’entame un traitement de fond à votre conseil : confier mes méditations sur papier. En avant, frustrations et mauvaises pensées : c’est ici que vous viendrez vous loger, dans ce cahier à spirales aux feuilles quadrillées, couverture cartonnée rouge, à l’image de mes humeurs.

Ah oui, j’oubliais : la date. Nous sommes le 22 Octobre 2006, il ne faudra pas que je néglige de te souhaiter un heureux anniversaire, dans un an tout pile, cher cahier. Ce sera une bonne occasion de trinquer. Et de se rappeler toutes les autres occasions que j’aurai trouvées avant. D’ailleurs, je trinque à ta naissance, tant qu’à faire. Peut-être même que j’oserai demander un congé parental pour cet heureux événement. J’imagine déjà la tête de Babeth.

Babeth ? La secrétaire, la presqu’île du boss. Des yeux globuleux, un sourire de hareng saure. Et peut-être aussi un cul légèrement trop mou mais…
Bon j’exagère un peu, en réalité, elle est plutôt mignonne, Babeth. Une carrosserie de Mini Cooper, mais un de ces intérieurs cuir ! Quand elle cause, on en oublie qu’elle a refusé nos avances et, au fond, on en est presque heureux. Enfin, c’est ce que je me dirais sûrement si je lui en avais fait, des avances…
Mais voilà, rien. Je suis préposé photocopies et courrier interne. On ne me parle pas, on me dispatche. La bouche en cœur si je suis veinard, les yeux au-delà de mon oreille gauche la plupart du temps. Et Babeth, je doute qu’elle ait jamais songé une seule seconde à me dispatcher sous ses draps…

Mais je suis trop con, j’oubliais même de te dire pourquoi je suis là, à te griffonner les pages sans craindre fautes ni taches ! C’est de la thérapie intime, Journal. Des confessions non grata. L’inclusion non exhaustive du stress professionnel sous forme littéraire non littérale. Je te cause pour me faire du bien.
Parce que j’ai un gros problème, cher cahier. Un réel problème.
Je suis une âme de destruction massive.

Et ça, c’est que toi qui le sauras, qui le sais déjà, puisque, ça y est ! je viens de l’écrire !
C’est toi, journal, que j’ai choisi pour détenir les plus lourds de mes secrets, les plus légères de mes pensées, les plus horribles de mes intentions, les plus atroces de mes actions.
Tu seras l’unique pièce à charge, IR-RÉ-FU-TA-BLE, pouvant servir aux besoins futurs d’une intime conviction d’un jury ou d’une reconstitution judiciaire…

Je t’ai choisi mince. 30 pages. Mais ces 30 feuillets pèseront lourd, très lourd. Pourquoi 30 ? Mais parce que je veux une page par victime. Que j’ai bien comptées, je suis sûr de moi. Que mes cibles sont exactement 30. Ni plus ni moins. Que je ne serai enfin libéré de tous mes tourments que lorsque tes 30 pages seront complètes. Je me garde une seule liberté : l’ordre. Je te prie de me laisser commencer et finir où je voudrai et quand je voudrai.

Je suppose bien que mes humeurs – qui varient au gré des humiliations – me feront choisir tel plutôt que telle. Peut-être même que je n’aurai pas besoin des 30 pages… si je fais des regroupements… On verra.
Bi. Ba. Bo… Ba comme… A nous deux, Babeth !…
.

[Kilis]

Bien trouvé cette suite, Mentor. Ça annonce de l'action mais en laissant plâner tous les doutes: quoi, qui pourquoi comment.
Suspense en suspens donc ;-)

[Krystelle]

Quelques bonnes idées, 30 pages pour 30 crimes c'est bien vu. Du coup tu donnes une nouvelle dimension à ce journal; ce texte s'offre comme une introduction que se prolonge et s'achève pour laisser place à une suite pleine de promesses.
Je trouve néanmoins qu'on perd un peu de force par rapport au texte inititial, notamment parce que tu en reprends quelques bribes qu'il n'était, à mon avis, pas nécessaire de reformuler. Par exemple :
1 ère partie : " En avant, frustrations et mauvaises pensées : c’est ici que vous viendrez vous loger"
2 nde partie :"C’est toi, journal, que j’ai choisi pour détenir les plus lourds de mes secrets, les plus légères de mes pensées, les plus horribles de mes intentions, les plus atroces de mes actions"

[grieg]

Mentor,
Tu n’as juste pas osé te lancer dedans (ou pas eu le temps).
Ta première phrase, maladroite, même pour un journal, indigne de toi, semble souligner cette hésitation.
Tu as joué certes, mais sans te mouiller…
Un « je passe »… et paradoxalement, tu annonces déjà le nombre de victime, la longueur du récit !
Une suite comme de nouvelles contraintes, sans nouveaux éléments.

[Loupbleu]

Je suis un peu d'accord avec Kill, dans le sens où j'aurais aimé que ça avance plus !

J'avais dit (je crois) ma réserve sur le fait que l'auteur définisse trop ce qu'est ce journal (je pense qu'on gagne à précisément laisser ça dans le flou). On tourne un peu en rond, alors qu'il y a plein de choses à savoir : comment est ce type, là où il travaille, justement, ses collègues (car à part Babeth...).

Et aussi, il va falloir creuser un peu l'esprit du narrateur, c'est sans doute pas uniquement un fou furieux (ça serait moins intéressant). Faudrait aussi que ça devienne un peu plus détaillé sur la vie de bureau (avec éventuellement une petite critique sociale bien sentie ?) ...

Pour le reste, je suis aussi un peu réservé sur les 30 pages / 30 victimes (remarque qu'on pourra toujours modifier à la fin pour que ça corresponde au nombre qu'on a vraiment zigouillé dans les textes :-), bref, ce côté prémédité, ça casse (peut-être) un peu le suspens.

Malgré ces remarques, c'est un début qui a bien des qualtiés qui intrigue, et qu'il est bien tentant de poursuivre !

[Sahkti]

Je trouve que tu t'en sors plutôt bien Mentor. Parce que ce début (que je n'avais pas du tout aimé) n'était pas évident à poursuivre, il ne menait nulle part à mes yeux et le style était malaisé à reproduire. Tu apportes un peu d'action, on quitte le côté égocentrique du journal intime pour en faire un truc plys interactif, un outil inhérent à l'histoire, indispensable mais en même temps accessoire, il va nous raconter quelque chose qui se passe en-dehors. Pour ça, c'est bien, ça ouvre des pistes. Restera ensuite à trouver et conserver un style de narration aéré, pas alambiqué ou ampoulé ni pensant. Tu t'en es bien approché, me semble-t-il.

[Mutants Anachroniques]

Pas très convaincus par cette suite. Ce n'est peut-être pas un sujet pour toi. C'est un autre problème avec les oeuvres collectives. Parce que la distinction entre un bon et un mauvais sujet est RELATIVE, un excellent auteur peut se ramasser en s'attaquant à un sujet qui ne répond de son côté à aucune nécessité intérieure. Cela dit, il nous semble que, paradoxalement, le personnage aurait gagné à être plus éloigné encore des auteurs. Par exemple une secrétaire de direction aux cheveux péroxydés de presque 50 ans mais qui écrirait comme une adolescente, plutôt que le gars du service courrier, avec tout ce que ça implique de réminiscences pénaco-bukovskiennes. Bon, d'un autre côté, les auteurs nous ne les connaissons pas personnellement! Et un troisième souffle donnera peut-être a posteriori plus de consistance à ces premiers pas.

[Zou]

Ca tient la route pour moi, continuité respectée, génère le supense et ouvre des perspectives. Juste ne pas perdre de vue la thérapie ;-)

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