MST2:Abracadabra

[Kilis]

Contraintes de Loupbleu
Genre : pseudo-espionnage décalé

Thème général : Un homme paranoïaque arrivant dans l'aéroport dans un pays inconnu (ce sera le lieu clos de l'histoire) croit recevoir des informations très confidentielles et une mission. L'histoire sera plus une errance qu'une quête.

Nombres de personnages principaux : L'homme en question, quelques personnages secondaires récurrents (genre un pesudo-clochard, une hotesse de l'air et un douanier)

Ton : mélange de fantasme sur les événements et de lucidité sur les choses

Technique : Emploi du je et du présent. Et avec style comme dit Yali ;-)

Début :Zou ; Suite :Kilis

Abracadabra

Applaudissements.
Voix off « Le commandement de bord et l’équipage de la Sibelair vous remercie et vous souhaite un agréable séjour en Belgique ».
Sûrement un message préenregistré. J’en suis même certain. Ce n’était pas un commandant mais une femme pilote. Ils sont fous ces belges. Vous me direz, c’est quand même un homme qui a planté le Concorde et pas une femme. N’empêche là, on n’est pas certain que cela n’ait pas été un attentat déguisé en accident. Facile de semer quelques clous sur une piste d’envol. C’est pour ça que ce matin dès potron minet, j’ai pris mes précautions et passé la piste de décollage de Charles de Gaulle au détecteur à métaux. Nada. Et mon déguisement de pigeon les a bien bluffé. Pas un qui ait bougé une oreille.

Zaventem, ça sonne comme requiem. Mauvais présage. Mais ne pas discuter les ordres a toujours été ma devise. Juste s’assurer et assurer. Donc j’ai vérifié. Cet aéroport s’est toujours appelé Zaventem. Apparemment pas d’embrouilles. Du moins jusqu’à présent. Qu’a-t-il celui là à me dévisager ? Je travaille à la banalité de mon look depuis des années. A la fonte de ma personne dans les décors les plus criards. Expert de l’imper en Angleterre, pro du maillot à Lugano et même fan de latex dans les boutiques du sexe.

- Meneer, uw koffer, alstublieft
- Pardon ? Mon coffre ?
Où voit-il un coffre celui-là ? Pire que moi.
- Ah ! U bent franstalig ! Votre valise, Monsieur.
Un douanier ! Je pensais que ça n’existait plus. Bon, disons donc que ça reste une espèce en voie de disparition avec soubresauts épisodiques.Va falloir compter avec. Mais pas de panique, je voyage toujours léger. Pas de quoi alarmer le garde-frontière.
Mais c’est bien sûr ! Suis-je sot. Je me laisse aller moi. C’est probablement mon contact ? Je reste néanmoins sur mes gardes !
- Je vous en prie, voilà.
- Rien à déclarer, Monsieur ?
- Prestidigitateur
- Wat ? Euh ? Vous dites ?
C’était pourtant le nom de code que je devais donner à l’homme en costume bleu censé m’aborder à l’aéroport. Evidemment, mon contact aurait pu me prévenir qu’il ne serait peut-être pas francophone ? Comment cela se dit, prestidigitateur en flamand ? Essayons autre chose.
- Lapin ….Chapeau….Baguette magique ? Vous voyez ?
Je joins le geste à la parole. Deux mains index levé de part et d’autre de la tête, ondulement de croupe, courbettes avec retrait d’un chapeau imaginaire et grand geste du bras droit.

Il me regarde interloqué.
— Wat ? répète-t-il
Mais je perçois une espèce d’ironie dans sa voix. Etrange voix, d’ailleurs, un peu fluette.
Je pense : une voix de castra… en tous cas pas en harmonie avec sa moustache.
—Wat ?
Et, je rêve ou il me fait un clin d’œil ?
Je me pince.
Je ne rêve pas.
C’est alors que dans mon petit cerveau tirelire, l’euro se décoince et tombe. Tilt ! Je viens de me souvenir : à ma réplique « Prestidigitateur », il devait m’être répondu « Coton hydrophile ».
Il n’a pas trouvé le mot en français… c’est ça ! J’ai cru entendre « wat », alors qu’il me disait « ouate ». Bingo ! C’est la ouate, oui, autrement dit : du coton hydrophile !
Il voit que j’ai capté, il sourit puis m’invite à le suivre.
Je le suis.
Déambulant, je me fais la réflexion qu’il n’y a pas grand monde dans cet aéroport, nous croisons à peine quatre ou cinq personnes valises à la main. Pourtant, Bruxelles est la capitale de l’Europe, non ? Bof! ne nous posons pas trop de questions, suivons mon douanier. Il a une drôle d’allure, tout de même, svelte, élégante… un douanier d’opérette.
Quoi qu’il en soit, il ouvre une porte.
— Entrez ! me dit-il.
Nous entrons. La pièce est exiguë et sans fenêtre. Il y a juste un bureau et, de part et d’autre, un siège. Une ampoule pendouille au plafond diffusant une lumière jaunâtre. Ça ressemble à un décors pour série B, une scène d’interrogatoire dans un commissariat.
— Prenez place, me dit mon contact.
Je m’assieds. Un grand miroir couvre tout le pan de mur qui me fait face. Un miroir sans tain, ça ne m’étonnerait pas. Je commence tout doucement à flipper.
L’étrange douanier manipule une télécommande, la lumière se tamise et une musique envahit la pièce, langoureuse, envoûtante.
Le douanier s’approche de moi, s’assied sur le bureau et se penchant, il effleure de sa badine mon menton.
Puis d’un geste délicat, tire doucement sur sa moustache et l’enlève. Ensuite il ôte son képi duquel s’échappe une chevelure abondante et fauve qui glisse le long de son visage et se répand sur ses épaules.
— Vous n’avez rien à déclarer ? me demande-t-il-elle, d'une voix suave.
J’entre dans une nébuleuse.
Ma conscience pétille en fines bulles dont chacune éclate et s’évapore. J’atteins un état second, je ne suis plus moi complètement. Mon rythme cardiaque décélère. Chacun de mes sens semble engourdi, mes moindres gestes paraissent durer une éternité. Je suis dans un film qui se déroule au ralenti.

[Zou]

Kilis ! Pile loufoque ! ;-))
Tout le long, je me demandais où tu nous emmenais ! Et j'avoue ne pas encore être très sure ! Tu sais nous tenir en haleine. Le texte repart pour s'envoler de plus belle. Rien à ajouter ni à enlever, ça roule tout seul et de fort belle manière ! J'aime beaucoup cette suite.

[Sahkti]

Belle continuité Kilis, pas de rupture de rythme ni de style, même si on reconnaît ta touche perso. Tu arrives à poursuivre le délire du type, de manière amusante sans être lourde. Juste la fin qui m'intrigue (mais j'en saurai plus au tour suivant!) avec cette douanière-femme qui ne semble plus être un fantasme mais une réalité, ce qui nous fait quelque peu quitter le côté délire parano intérieur du type. A suivre!

[Krystelle]

Une belle suite, sans heurt et bien écrite. Le personnage perd un peu de sa dimension paranoïaque mais gagne en candeur ce qui le rend un peu plus attachant je trouve.
Le coup du coton hydrophile, c'est un peu tarbiscotté à mon avis mais puisque le jeu c'est la "loufoquerie"... !
La nébuleuse finale ouvre des perspectives intéressantes.

[grieg]

j'avais aimé le début de zou et j'avais peur pour la suite...
me voilà rassuré.
De belles pirouettes, beaucoup d'imagination, une suite qui tient ses promesses et promet de belles suites
plaisir

[Loupbleu]

Alors quand même une petite mise au point, comme j'ai écrit le "sujet", et contrairement à d'autres, je n'ai jamais demandé à ce que ce soit loufoque, moi :-)

C'est une bonne suite, imaginatif comme le début, et c'est écrit très agréablement.

J'avoue que j'ai un peu du mal quand même avec cette histoire, malgré les qualités de l'écriture, qui me semble partir trop vite un peu dans tous les sens, j'ai pas l'impression de trouver de la cohérence ni de la profondeur dans les personnages, ce qui me semble nécessaire, même pour un truc loufoque :-).

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